l’un des plus allergisants [1, 10, 12, 13]. Dans ce cas, la combi-
naison des influences directe et indirecte des activités humaines
est particulièrement sensible :
–influence directe : les graines d’ambroisie sont dispersées
presque exclusivement par les activités humaines, qui fournissent
par ailleurs à cette plante des milieux favorables pour germer et
se multiplier ;
–influence indirecte : des concentrations de gaz carbonique
plus élevées augmentent la production de pollen par l’ambroisie,
tandis que l’accroissement des températures prolonge sa flo-
raison et donne plus de chances aux graines d’atteindre leur
maturité [14].
Il n’est pas nécessaire d’attendre que l’ambroisie ait envahi
toute une région pour que les effets négatifs de sa présence soient
sensibles : l’importance de la présence de petites populations
locales d’ambroisie sur l’exposition de la population a été clai-
rement montrée [10]. Il est donc important de repérer assez tôt
l’arrivée de cette plante et de mener des actions préventives.
Autres aspects à considérer
Parmi les changements environnementaux induits par l’être
humain, la pollution n’est pas des moindres à avoir un effet sur la
santé. Dans le cadre des allergies, elle intervient au moins de
deux façons. D’une part, elle favorise l’allergie en irritant les
muqueuses (ozone, par exemple) et en modulant le système
immunitaire (particules fines de diesel, par exemple) ; d’autre
part, elle modifie le contenu biochimique du pollen, qui ren-
ferme plus de certains allergènes et de substances pro-
inflammatoires dans des régions fortement polluées. Il a été
suggéré que des stress hydriques ou thermiques en relation avec
le changement climatique pourraient avoir le même effet, de
nombreux allergènes étant des protéines de stress. Cette hypo-
thèse méritera d’être étudiée de façon plus approfondie, de
même que les conséquences de l’exposition simultanée ou suc-
cessive à différents types de pollution et d’allergènes, autant sur la
sensibilisation que sur l’expression des symptômes [15, 16].
Par ailleurs, il a récemment été mis en évidence que les
quantités d’allergènes contenues dans le pollen peuvent varier
considérablement d’une année à l’autre [17]. Cela justifie
d’autant plus les travaux visant à mesurer les quantités d’allergè-
nes dans l’air et à les comparer aux concentrations polliniques
[18]. Au lieu de la mesure des porteurs d’allergènes dans l’air
(grains de pollen, par exemple), c’est donc celle des concentra-
tions d’allergènes eux-mêmes qui commence à intéresser les
chercheurs. Les allergènes peuvent en effet également être portés
par des particules plus petites que le pollen (fragments ou élé-
ments du contenu cellulaire du grain de pollen, allergènes secon-
dairement attachés à d’autres aérosols, autres fragments de plan-
tes). Aujourd’hui, cette mesure n’est pas généralisée en raison des
difficultés techniques et des coûts.
Conclusion
L’exposition aux pollens est plus longue – la saison est
globalement prolongée –, plus intense – les concentrations de
certains pollens ont augmenté –, et plus variée – par la présence
de « nouvelles » plantes dont le pollen est allergisant. Les risques
de développer ou de manifester une allergie au pollen devien-
nent donc plus importants. Il ne faut pourtant pas en déduire que
l’augmentation de la prévalence des pollinoses au cours des
dernières décennies a été provoquée par ces seuls changements,
qui ne représentent qu’une des multiples facettes de la problé-
matique des allergies. L’augmentation de certains types de pol-
lution semble renforcer ces risques, en agissant à la fois sur le
pollen et sur nos défenses.
Il est intéressant de constater que dans la plupart des cas
cités, l’être humain intervient comme un facteur direct ou indi-
rect des modifications de l’environnement. S’il semble difficile de
résoudre à court terme certains problèmes globaux comme le
réchauffement climatique, on peut à tout le moins penser qu’il
devrait être possible à l’échelle locale ou régionale d’éviter
d’introduire ou de laisser se multiplier des plantes exotiques dont
le pollen est connu pour être allergisant. En effet, le pollen peut
dans certaines circonstances être transporté à longue distance par
le vent, mais sa dispersion est avant tout locale ou régionale.
n
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anté − Vol. 7, n° 6, novembre-décembre 2008 433
Pollen de l’air et risque d’allergie : l’évolution récente
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