Comment Faciliter le Contrôle de votre Fibrillation Auriculaire I

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Comment Faciliter le Contrôle de votre Fibrillation Auriculaire
Document préparé par
Thao Huynh, MD, MSC, Jaleh Hassanloo, MD,
Avec la collaboration de Isabelle Couture, B.Pharm, M.Sc
Ariane Lessard, B.Pharm, M.Sc
Lucie Roger et Caroline Boudreault, inf.
I. Introduction
Importance et mécanisme
La fibrillation auriculaire (FA) est le trouble de la fréquence cardiaque le
plus courant. Dans la fibrillation auriculaire, les signaux électriques des
oreillettes (cavités supérieures du cœur) deviennent chaotiques et le cœur
commence à pomper de façon irrégulière. Comme les contractions des oreillettes
ne sont plus coordonnées, le sang peut y stagner et former des caillots. Ces
derniers peuvent être délogés et emportés vers le cerveau et causer un accident
vasculaire cérébral (AVC). Le nombre de patients atteints de FA augmente, en
raison du vieillissement de la population
Symptômes
Les patients peuvent être asymptomatiques. Chez d’autres, les battements
cardiaques rapides et irréguliers peuvent empêcher le cœur de pomper assez de
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sang pour irriguer les organes importants. Ces patients peuvent présenter un ou
plusieurs des symptômes suivants :









Étourdissements
Sudation
Évanouissement (syncope)
Douleur thoracique
Battements cardiaques rapides et irréguliers
Essoufflement
Anxiété
Palpitations
Capacité d’effort réduite
Facteurs de risque de la fibrillation auriculaire
 Âge : Le risque de FA augmente avec l’âge (< 1 % chez les personnes <60
ans et environ 10 % chez des personnes >80 ans).
 Hypertension
 Athérosclérose coronarienne (dépôt de cholestérol dans les artères du
cœur) ou défaillance cardiaque, maladie valvulaire, chirurgie cardiaque ou
maladies congénitales
 Mode de vie : tabagisme, consommation d’alcool, de caféine et de
stimulants
 Troubles endocriniens
Hyperthyroïdie (excès d’hormone thyroïdienne) et diabète
 Maladie pulmonaire telle que maladie pulmonaire chronique, caillots
sanguins dans
les poumons, emphysème ou asthme
 Obésité
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II. Épreuves diagnostiques
Vous devrez sans doute subir les tests suivants :
 Électrocardiogramme (ECG) (test qui consiste à poser des
électrodes sur la peau pour évaluer l’activité électrique au niveau
du cœur) afin de confirmer le diagnostic de FA.
 Échocardiographie (échographie du cœur) pour évaluer le
fonctionnement du cœur et la présence ou l’absence de caillots
sanguins.
 Une radiographie des poumons peut être nécessaire pour exclure
une maladie pulmonaire qui pourrait causer ou aggraver la FA ou
accumulation d’eau dans les poumons en raison de la FA.
 Analyses sanguines pour vérifier l’absence d’autre trouble
médical tel que des problèmes de la thyroïde (une glande située
dans le cou), de l’anémie (diminution du nombre de globules
sanguins) ou des anomalies des électrolytes.
 Votre médecin peut aussi vous faire subir une épreuve d’effort
.
pour éliminer la possibilité de blocages des artères du coeur.
III. Complications de la FA
La FA n’est pas en soi une maladie qui met la vie en danger. Chez des
patients âgés de moins de 60 ans et sans autre maladie, le pronostic est
généralement bon. Toutefois, la FA peut mener à d’autres problèmes médicaux
graves, notamment l’AVC, d’autres arythmies cardiaques, l’insuffisance
cardiaque, la fatigue et l’essoufflement.
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Facteurs associés à un risque accru d’AVC chez les patients
atteints de FA
Facteurs
Antécédents d’AVC ou de maladie vasculaire cérébrale
Tabagisme
Antécédents familiaux d’AVC ou d’accident ischémique
transitoire
Antécédents d’hypertension
Insuffisance cardiaque
Âge de plus de 65 ans
Diabète
Maladie des artères du coeur
Risque d’AVC
2,5
1,8
2,4
1,6
1,4
1,4
1,7
1,5
Par exemple, une personne qui fume est 1,8 fois plus
susceptible de subir un AVC qu’un non-fumeur atteint de FA.
IV. Traitements médicamenteux
Anticoagulants Appelés médicaments qui « éclaircissent le sang » dans le
langage courant.
Ces médicaments agissent en empêchant la formation de caillots sanguins.
Il existe trois types d’anticoagulants :
o Héparine (peut être administrée par voie intraveineuse ou sous-cutanée)
o Coumadin® (warfarine, administration par voie orale)
o Nouveaux types d’anticoagulants par voie orale tels que Pradax®
(dabigatran).
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Qui devrait prendre un anticoagulant?
Toute personne qui présente un risque significatif de formation d’un caillot dans
le cœur (déterminé par le médecin). Pour ces patients, l’aspirine ou autre antiplaquettaire n’est pas suffisant pour diminuer le risque d’AVC.
Durée de traitement?
La durée de traitement sera déterminée par le médecin. Certains patients
devront prendre l’anticoagulant de façon chronique.
C’est quoi un anticoagulant?
Le Coumadin®, le Pradax®, quelle est la différence?
La Warfarine (Coumadin®, aussi appelé Sintrom®) réduit la quantité de facteurs
de coagulation produit dans le foie en bloquant partiellement l’utilisation de la
vitamine K.
 La prise de Coumadin® requiert un suivi régulier d’analyse de sang, nommé
RNI. Plus le RNI est élevé, plus le sang sera clair, et plus le risque de
saignement sera élevé. Généralement, la valeur de RNI ciblée sera entre 2 et 3
(sauf chez les patients avec valves mécaniques dont la valeur ciblée sera entre
2.5 et 3.5).
Ces contrôles, fréquents au début, permettent l’ajustement de la dose de
Coumadin®.
 Le Pradax® est aussi un anticoagulant bloquant l’action d’un facteur spécifique
de la coagulation. Il ne requiert pas de suivi d’analyse sanguine. Cependant, il ne
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peut pas être utilisé chez les patients avec maladie rénale sévère, et son action
peut être plus difficilement renversée qu’avec Coumadin®.
Votre médecin choisira l’anticoagulant le plus approprié pour vous, selon votre
histoire médicale.
Comment prendre un anticoagulant?
Pour les patients qui prennent Coumadin®
 Le Coumadin® doit être pris 1 fois par jour, idéalement au même moment et
de préférence au souper ou au coucher, avec ou sans nourriture.
 Oubli d’une dose de Coumadin®? Si vous le réalisez le jour même, prenez
votre médicament immédiatement. Si vous y pensez le lendemain, ne doublez
pas la dose. Avisez votre médecin de tout oubli de Coumadin® lors de votre
prochain dosage de RNI.
 Il est essentiel de suivre avec assiduité les visites pour ajuster les doses
de Coumadin® selon les RNI.
 Coumadin® : chaque dose a une couleur différente. Prendre la dose de
Coumadin® telle que prescrite par votre médecin. Si vous devez couper un
comprimé en deux, munissez-vous d’un coupe-pilule (vendu en pharmacie).
 Les canneberges, le jus de canneberges ou les suppléments de canneberges et
le thé vert peuvent modifier le fonctionnement de la warfarine et doivent être
consommés avec modération.
 À éviter trop de variation dans la consommation quotidienne des aliments
contenant la vitamine K (légumes verts, huile de canola, huile d’olive).
 Certains produits naturels peuvent nuire au métabolisme du Coumadin ®
(ginkgo biloba, millepertuis, ginseng, etc), toujours demander à son pharmacien
avant de prendre quoi que ce soit, tant au niveau des produits de santé naturels
qu’au niveau des médicaments en vente libre.
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Pour les patients qui prennent Pradax®
 Le Pradax® doit être pris deux fois par jour, idéalement à la même heure tous
les jours. (ex : déjeuner et souper), avec ou sans nourriture. La prise de
Pradax® avec nourriture pourrait diminuer les brûlements gastriques (s’il y a
lieu).
 Pradax® doit être conservé dans son emballage original.
 Oubli d’une dose de Pradax®? Prenez votre dose dès que vous le réalisez.
Par contre, s’il reste moins de 6 heures avant la prochaine dose, prenez votre
prochaine dose à l’heure prévue. Ne doublez pas la dose pour compenser la
dose oubliée.
 La prise concomitante de certains médicaments (kétoconazole, rifampin) est
contre-indiquée. Les antiacides, vérapamil et quinidine pourraient interférer
avec l’action de Pradax®. Pradax® devrait être pris 2 heures avant la prise des
antiacides, vérapamil et quinidine. Soyez prudents en prenant clarithromycin
et pantoprazole avec Pradax® (possibilité d’interaction).
PRÉCAUTIONS POUR LES PATIENTS QUI PRENNENT DES
ANTICOAGULANTS ORAUX (COUMADIN® & PRADAX®)
Vigilance dans vos activités de vie quotidiennes : rasoir électrique au lieu du
rasoir à lames, brosse à dents avec poils souples, ne pas marcher pieds nus,
prudence avec les couteaux et ciseaux dans la cuisine, dans le jardin (port de
gants de jardinage).
 Prudence lors de vos activités sportives, port du casque en vélo, attention aux
chutes et aux blessures. Éviter les sports de contact.
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 Être attentif à tout saignement, tels ecchymoses ou selles noires (saignement
digestif).
 Attention aux malaises ou céphalées après une chute.
Ces symptômes
pourraient représenter un saignement interne. Dans ces cas, vous devriez
contacter votre médecin ou aller à l’urgence.
 Évitez toute interaction avec d’autres médicaments en vente libre, sans avoir
au préalable
consulté votre pharmacien.
 Évitez la consommation excessive d’alcool (≥15 consommations par semaine
pour un homme, ≥10 consommations par semaine pour une femme).
 Portez un bracelet (d’information médicale) médic-alerte mentionnant
le nom de votre anticoagulant.
 Informez tous les professionnels de la santé qui prennent soin de vous
que vous êtes anticoagulé en spécifiant le nom de votre anticoagulant.
Antiagrégants plaquettaires
L’acide acétylsalicylique (aspirine) et les thiénopyridines (Plavix®) diminuent
le risque d’AVC chez les patients qui présentent un faible risque d’AVC ou un
risque accru d’hémorragie avec les anticoagulants par voie orale.
Antiarythmiques
En
Ils agissent en régularisant le rythme cardiaque.
voici
quelques-uns :
amiodarone,
sotalol,
Rythmol® (propafénone),
Tambocor®, Rythmodan® (disopyramide), Pronestyl® (procaïnamide), Biquin®
(quinidine), Multaq® (Dronedarone).
Médicaments du contrôle de la fréquence cardiaque
Les bêta-bloquants, les inhibiteurs des canaux calciques et la digoxine
ralentissent la fréquence cardiaque.
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V. Interventions non pharmacologiques
Les interventions non-pharmacologiques sont des interventions qui visent
à rétablir la régularité du rythme cardiaque. Ces interventions
comprennent :
 La cardioversion électrique (utilisation de chocs électriques pour rétablir à un
rythme cardiaque régulier).
 La cardioversion chimique (utilisation de médicaments pour rétablir un
rythme cardiaque régulier).
 L’ablation par radiofréquence (utilisation de radiofréquences pour créer une
énergie semblable à la chaleur des micro-ondes) pour détruire de petites
régions définies du muscle cardiaque qui déclenchent le rythme anormal.
 La chirurgie à cœur ouvert, pour rompre les circuits électriques qui génèrent
et maintiennent la FA.
 Le stimulateur cardiaque de l’oreillette implanté sous la peau afin de
régulariser le rythme des oreillettes.
Le type d’intervention requis dépend de la gravité et de la fréquence de
vos symptômes et de la maladie cardiaque qui leur est associée. Vous
pouvez consulter votre médecin pour plus d’informations.
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VI. Modifications des habitudes de vie
Qu’est-ce que vous pouvez faire pour prévenir la FA ou réduire la sévérité
des symptômes et risque d’un AVC
Vous pouvez
 Cesser de fumer
 Adopter un régime alimentaire méditerranéen (privilégier les fruits, les
légumes, le poisson et la volaille)
 Perdre du poids
 Choisir des aliments à faible teneur en sel et à forte teneur en
fibres
 Consommer une quantité modérée d’alcool (≤2 verres par jour pour les
hommes et ≤1 verre et demi pour les femmes)
 Pratiquer des activités physiques régulières (au moins 5 fois par
semaine)
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