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8 - La synthèse selon Samuelson 305
respecté, il est l’auteur d’un manuel illustre (Economics) qui, depuis sa
première parution en 1948, a connu vingt éditions2 ; démocrate, il
devient l’un des conseillers de Kennedy. Cet attachement à une gauche
américaine modérée le conduit à s’engager régulièrement lors des élec-
tions présidentielles aux États-Unis (il participe notamment à la cam-
pagne de John Kerry, le candidat démocrate en 2004) ; auteur de près
de 400 articles publiés dans les revues scientifiques, il a également été,
de 1960 à 1981, un des chroniqueurs réguliers de Newsweek. Eu égard
à cette universalité, Kenneth Arrow, prix Nobel d’économie en 1972,
l’a qualifié de meilleur économiste de l’histoire.
Il est mort en décembre 2009, sans avoir eu le temps de commenter
la grave crise économique qu’a connue le monde à partir de 2008.
Trois phrases célèbres de Samuelson
Les profits sont le sang vital du système économique, l’élixir magique
sur lequel repose tout progrès. Mais le sang d’une personne peut être
le cancer pour une autre.
La croissance des années 1960 fut une sorte de miracle économique ;
la véritable question n’est pas de savoir pourquoi les choses vont si
mal aujourd’hui, mais comment elles ont pu aller si bien à l’époque.
Les économistes sont comme les Esquimaux qui dorment à huit dans
un même lit et couchent tous du même côté, lorsque l’un d’eux se
retourne, les huit se retournent.
En termes de méthode, son approche scientifique s’inspire, comme
celle de ses prédécesseurs néoclassiques, de la physique. La thermody-
namique le fascine et son maître à penser revendiqué fut en tout domaine
Willard Gibbs, un physicien et chimiste américain de la fin du xixe siècle
particulièrement fécond. Il expose ses réflexions en 1947, dans un livre
reprenant en partie sa thèse de doctorat et intitulé Fondements de l’ana-
lyse économique, où il défend l’usage des mathématiques. L’intérêt des
mathématiques est de fournir un langage qui permet d’éviter la confusion
des idées. Mondialement partagées, les mathématiques sont le mode
d’expression naturel des sciences.
2. Economica, 2005 (dernière édition française).
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© 2010 Pearson Education France – Histoire vivante de la pensée économique – Jean-Marc Daniel