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.2.3 Explications : pourquoi y a-t-il parfois de la “casse” ?
En fait, le joint constitué par la rondelle de caoutchouc maintenu par la fermeture métal-
lique n’est pas complètement étanche : il laisse passer l’air chaud contenu dans le bocal
lorsque la pression augmente pendant la cuisson. Par contre il est suffisamment étanche pour
empêcher l’eau de passer. La forme des couvercles en verre est d’ailleurs étudiée pour cela :
elle est en forme de trapèze dont la plus petite base se trouve à l’intérieur du bocal.
En fait les problèmes surviennent lorsque la “fuite” d’air chaud se fait trop lentement.
Lorsque l’on chauffe trop fort le stérilisateur au départ, la pression montre trop vite à l’inté-
rieur des bocaux. Ils peuvent alors “éclater” car ils n’ont pas été conçus pour résister à une
surpression intérieure trop importante. Ainsi, lors d’une montée trop rapide en température,
la casse n’est pas due à la dilatation du verre, mais à une pression trop importante à l’intérieur
du bocal. Cette “explosion” explique bien pourquoi le fond s’est détaché “en bloc” du reste
de la conserve. Notons que ce problème peut aussi apparaître avec un chauffage plus modéré,
lorsque le système de fermeture est trop puissant et que le joint est alors trop étanche.
Lorsque ce joint n’est pas assez étanche (par exemple si la fermeture métallique est un
peu lâche), l’eau contenue dans le stérilisateur entre dans le bocal et “il boit”. Pour éviter ce
problème, il faut aussi respecter la consigne des fabricants de bocaux et ne pas trop remplir
les bocaux. On comprend qu’il faut suffisamment d’air au départ pour obtenir une dépression
après la cuisson, par évacuation partielle de l’air chaud. C’est cette dépression qui maintien-
dra ensuite le couvercle bien fermé pendant plusieurs années.
.3 Limites de ce procédé : attention au botulisme !
Le botulisme est une maladie causée par des toxines sécrétées par la bactérie Clostridium
botulinum. C’est une affection neurologique grave, qui peut être mortelle. Les symptômes
se manifestent quelques heures après l’ingestion des toxines, généralement sous la forme de
troubles visuels et d’une très grande fatigue de tous les muscles entraînant une paralysie des-
cendante symétrique, sans fièvre. Dans les cas d’une contamination massive (et malveillante),
il peut y avoir un arrêt cardiorespiratoire brutal, sans signe avertisseur. Notons que ces toxines
botuliques ont été employées sous forme d’aérosols dans plusieurs attaques bioterroristes au
Japon entre 1990 et 1995, et figurent à ce titre dans le “plan biotox”.
En principe la stérilisation par ébullition à 100◦ne permet pas d’éliminer toutes les formes
microbiennes, et notamment les spores de la bactérie Clostridium botulinum, qui peuvent
donc se développer ensuite dans les conserves et produire les dangereuses toxines botuliques.
Heureusement, ces toxines peuvent être facilement détruites lorsqu’on fait cuire les aliments.
La toxine est très fragile, et est détruite en beaucoup moins de 10 min à 100◦C. Pour les
conserves de viande, un “bon réchauffage” suffit avant la consommation. Mais il est très peu
probable qu’il reste encore des spores dans les conserves, si on les fait bouillir comme moi
pendant plusieurs heures pour les stériliser.
Notons enfin que l’acidité inhibe le développement de cette bactérie. La majorité des
fruits étant acides, ainsi que les “légumes fruits” comme les tomates, les conserves de fruits
sont exemptes de ce risque. Mais on doit être vigilant avec les légumes verts, qui sont neutres.
Avant de les consommer, il est conseillé de recuire brièvement les conserves de légume de
pH neutre, comme les haricots verts, les asperges ou les olives (plusieurs cas d’intoxication
ont été rapporté avec ces légumes).
Bien sûr, le risque de botulisme n’est pas limité aux “conserves maison”. Il existe aussi
pour des aliments préparés par d’autres moyens et des cas d’intoxications ont été provoqués