de la session de négociations prévue à Bonn du 31 août au 4 septembre, la deuxième de l'année,
avant une ultime halte, du 19 au 23 octobre, toujours dans la cité rhénane.
" D'ici à fin octobre, un grand saut qualitatif est possible, autrement dit, un texte resserré, ne
comportant que peu d'options ", avance l'ambassadrice chargée des négociations sur le
changement climatique, Laurence Tubiana. La négociatrice en chef de la France fonde son
optimisme sur le document de trav ail dont disposent depuis fin juillet les représentants des
parties de la CCNUCC.
Consensus
Devant l'incapacité des délégués à simplifier le texte de négociations lors de leur premier rendez-
vous en juin à Bonn, mission avait été confiée aux coprésidents des débats (les " co-chairs ") de
proposer un " toilettage " du document. Dans la version communiquée le 24 juillet, de 83 pages –
au lieu de 1 30 pour le corpus présenté en juin –, le texte distingue les principes qui pourraient
dessiner un accord à Paris et les décisions en mesure d'être adoptées dès 2020, date de mise en
vigueur de l'accord.
" Les coprésidents ont remis cet été une proposition de texte pour la négociation, bien structuré
et clarifié. La table est donc dressée, confirme Pierre Cannet, responsable du programme climat
et énergie au WWF. Il faut maintenant que les pays se mettent rapidement d'accord sur le menu,
c'est-à-dire les options à retenir vers l'accord de Paris. C'est tout l'objet de ces cinq jours de
négociations à Bonn. "
Si un consensus s'est dégagé sur le principe d'un accord de longue durée, la question de son
actualisation fait toujours débat. " On parle d'un mécanisme de révision tous les cinq ans, mais
est-ce compatible avec l'urgence climatique à laquelle nous devons faire face aujourd'hui ? ",
s'interroge Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas-Hulot (FNH).
Le niv eau d'ambition des Etats est un deuxième point sensible. Seuls 56 pay s ont jusqu'à présent
remis leur scénario de lutte contre le réchauffement climatique -(contribution nationale), ce qui
représente, selon les modes de calculs, entre 58 et 62 % du total des émissions mondiales de gaz à
effet de serre. " Une nouvelle livraison devrait intervenir au moment de l'Assemblée générale des
Nations unies mi-septembre, assure Laurence Tubiana. L'objectif reste d'avoir sur la table 90 %
des émissions mondiales avant la COP21 . Nous ne sommes pas en retard. "
" Il va être intéressant bien sûr de suivre les nouvelles contributions. Celle de l'Inde, de
l'Indonésie et du Brésil en particulier, qui représentent à eux trois 15 % des émissions
mondiales. Mais une tendance se dégage d'ores et déjà, estime Matthieu Orphelin. Selon les
engagements actuels, la planète va émettre, d'ici à 2030, 56 milliards de tonnes équivalent
CO2, alors qu'il ne faudrait pas dépasser les 46 milliards pour rester sous la barre des 2 °C.Si les
chefs d'Etat et de gouvernement pensent réellement que le réchauffement climatique est le défi
de ce siècle, ils doivent faire un effort supplémentaire pour freiner les émissions nationales. "
Dans son analy se des engagements mise à jour le 28 août, la FNH rev ient sur un autre sujet qui
devrait nourrir les débats à Bonn : les enjeux de financement. Les pay s en développement exigent
que soit précisée la manière dont les pay s industrialisés respecteront l'engagement pris en 2009
à Copenhague : v erser 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020 aux pay s du Sud pour financer
notamment leur v irage v ers les énergies propres. On en est très loin." Les 100 milliards ne
représentent que 0,2 % du PIB des pays de l'OCDE, mais les investissements qu'ils généreront
représentent 6 % du PIB des 8 pays en développement qui ont chiffré leurs besoins, détaille le
porte-parole de la FNH. Les pays riches sont vraiment à l'heure des choix. "
Sim on Roger
© Le Monde