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1. Sur la diffusion
des Saintes Ecritures
et du Magistère de l’Eglise
concernant la famille
Dans les réponses, on distingue
clairement deux catégories de
personnes : les plus de 50 ans,
qui ont suivi le Concile Vatican II,
puis le Synode 72 des diocèses
de Suisse, qui connaissent
« Gaudium et Spes » et qui, par
conséquent, ont les prérequis
pour nuancer les réponses ; et
les moins de 50 ans, qui n’ont
une connaissance des docu-
ments du Magistère postconci-
liaire que par les médias géné-
ralistes. Pour ces derniers, la
formation à la vie familiale se
fait par l’expérience, au fur et
à mesure que des événements
comme le mariage ou la nais-
sance d’un enfant se produisent.
2. Sur le mariage
selon la « loi naturelle »
Ce thème a provoqué de lon-
gues discussions. Le terme
même de « loi naturelle » est
considéré comme ambigu. Il
soulève la question de la vision
anthropologique de l’Eglise :
doit-elle être infl uencée par les
courants philosophiques grecs,
comme cela a été le cas jusqu’à
présent, ou ne gagnerait-elle
pas à être basée sur l’ensei-
gnement biblique, qui ne sépare
pas corps et âme? Ce concept
de « loi naturelle » est délaissé
par la plupart des fi dèles.
3. Sur la pastorale
de la famille dans le contexte
de l’Evangélisation
Les réponses montrent la
richesse et la diversité des
couples, qui sont de plus en plus
multiculturels, ce qui ne favorise
pas l’insertion paroissiale. La
situation de vie des familles est
souvent très éloignée de celle
Famille : les Vaudois souhaitent une vraie ouverture
DOSSIER
A la fi n de l’année dernière, le pape François a lancé une consultation
mondiale en vue du Synode sur la famille qui se tiendra en octobre 2014. En
Suisse, près de 25 000 personnes y ont répondu. Avec Pascal Dorsaz, de la
pastorale familiale au sein du Département Adultes de l’Eglise catholique dans
le canton de Vaud, focus en huit points sur la vision des catholiques vaudois qui
se sont prononcés.
La famille : d’une manière ou
d’une autre, nul ne peut être
étranger à cette réalité. Car,
pour devenir homme, nous
avons besoin de personnes
qui nous engendrent au plan
biologique, certes, mais sur-
tout au plan de l’intelligence et
de l’amour. Car toute connais-
sance humaine s’apprend
avec d’autres hommes. Et
toute croissance humaine a
besoin de confi ance, de re-
connaissance, d’amour.
La famille est le lieu premier
où l’enfant doit pouvoir vivre
son devenir homme. La ques-
tion de base n’est-elle pas
celle-ci : de quoi l’enfant a-t-il
besoin, pour que son exis-
tence puisse se déployer dans
sa plus noble acception ?
Mais que de problèmes au-
jourd’hui autour de la famille !
Familles recomposées, mo-
noparentales ; recherche de
l’enfant à tout prix ; diffi cultés
de l’éducation, de la transmis-
sion des valeurs. Et la liste est
presque infi nie.
Est-ce si nouveau fi nalement ?
Si l’on regarde la trajectoire
des familles dans l’Ancien
Testament, on y rencontre
une grande diversité et beau-
coup de problèmes. Et des
ébauches de solutions.
La mission de l’Eglise, c’est
d’aider la famille à être ce lieu
premier d’humanisation, dont
chaque personne a besoin. Le
pape François l’a compris et
ses questions ont suscité un
grand intérêt.
Ce numéro de « relais » veut
évoquer la problématique de
la famille aujourd’hui. Ce n’est
pas encore le temps de la ré-
ponse. Le pape, les évêques
– et tout le Peuple de Dieu,
je l’espère – vont d’abord
prendre le temps d’écouter.
Puis de méditer. Mais c’est
pour ouvrir des voies réalistes
de croissance et de miséri-
corde.
de « la famille traditionnelle ». Il
y a clairement une tension entre
la vision idéale vue par Rome
et la réalité vécue au quotidien
dans la pastorale. Ces familles
sont souvent blessées dans leur
idéal. Les couples en diffi cul-
tés se tournent rarement vers
l’Eglise pour obtenir de l’aide,
car ils pensent qu’elle est peu
compétente et qu’elle les jugera
au lieu de les aider.
À noter que la pastorale des
familles se développe dans le
diocèse et qu’un travail impor-
tant est fait dans les paroisses,
les Centres de préparation au
mariage et des mouvements de
spiritualité.
4. Sur la pastorale
pour affronter certaines
situations matrimoniales
difficiles
Une question résume un avis
largement partagé : « Pourquoi,
alors que Dieu est capable de
tout pardonner, sauf le blas-
phème contre l’Esprit Saint (Mc
3,28-29), l’Eglise catholique af-
fi rme-t-elle qu’il n’y a pas de par-
don possible en cas de divorce
et de remariage ? » Différencier
une famille régulière d’une fa-
mille irrégulière est considéré
comme une vue de l’esprit. Il n’y
a pas de pastorale particulière
pour les personnes en situation
irrégulière. Mais c’est un appel
à développer en toute situation
une pastorale d’écoute et d’ac-
compagnement. Quant à l’élar-
gissement de la pratique cano-
nique pour la reconnaissance
de la déclaration de nullité du
lien matrimonial, elle ne fait que
mettre en avant le juridisme de
l’Eglise. En résumé, une vraie
ouverture est souhaitée par
tous.
5. Sur les unions
de personnes du même sexe
Il n’y a pas de pastorale spéci-
fique pour les personnes homo-
sexuelles. Elles sont accueil-
lies selon les besoins dans les
services de diaconie. L’attitude
du terrain est basée sur le res-
pect et l’absence de jugement.
Pour ce qui est de la transmis-
sion de la foi, tous les enfants
et adultes sont accueillis dans
les paroisses. Une question a
été soulevée : « Quelle réponse
pastorale au suicide des jeunes,
Edito
Marc Donzé,
vicaire épiscopal
Questions
sur la famille
La Sainte Famille a inspiré de nombreux peintres. Photo DR