2 Prix René Houpert
1. Introduction
Depuis l’analyse du comportement micrométrique du béton qui a permis le déve-
loppement des bétons hautes performances, le génie civil n’a cessé de s’intéresser à
des échelles de plus en plus fines pour améliorer les caractéristiques ou la connaissance
des matériaux. À l’heure actuelle, un nouveau défi se situe à l’échelle nanoscopique,
et les applications potentielles de la nanoscience, et de la nanotechnologie à ce do-
maine sont très nombreuses (Bhuvaneshwari et al., n.d.). Pour l’étude du béton, des
travaux nouveaux sont apparus ces dernières années pour décrire la structure atomique
potentielle de ce matériau complexe et notamment des hydrates de CSH (Pellenq et
al., 2009), appréhender la formation de ces particules (Manzano et al., 2007), ou ins-
trumenter le béton à l’aide de nanotubes pour contrôler sa durabilité (Lebental, 2010).
Ces travaux fédèrent des approches expérimentales et numériques, et sont à la
frontière entre le domaine des grandes dimensions du génie civil et celui des petites
dimensions de la mécanique quantique. D’un point de vue numérique, pour dialoguer
entre ces différents domaines, les méthodes multi-échelles paraissent à terme indis-
pensables. Or, les outils numériques utilisés traditionnellementpar les physiciens d’un
côté, et les mécaniciens de l’autre, semblent trop éloignés pour permettre aisément ce
passage. Ce travail de thèse vise à équiper un modèle ab-initio d’un fonctionnement
par éléments finis lui permettant un dialogue futur aisé avec des modèles traditionnels
méso ou macroscopiques.
L’organisation de ce papier est la suivante. Dans un premier temps, nous présen-
tons le modèle utilisé à l’échelle atomique et son intérêt pour établir le comportement
mécanique des matériaux. La difficulté est la dimension de l’espace de définition du
problème,on expose l’approche de Hartree-Fockpermettant de leverce problèmedans
la quatrième partie. L’originalité de ce travail est développée dans la cinquième partie,
c’est-à-dire, l’utilisation des éléments finis comme outil numérique pour résoudre ces
équations de Hartree-Fock. La dernière partie valide cette approche par divers résultats
numériques.
2. Un modèle quantique multi-dimensionnel
On considère uniquement des cas non-relativistes et stationnaires. L’approxima-
tion de Born-Oppenheimer est appliquée pour nous permettre de décomposer le pro-
blème total en un problème dédié aux noyaux résolu par la mécanique classique, et un
problème dédié aux électrons, développé ci-après. Pour simplifier le développement,
la description des effets de spin n’est pas développée ici.
À l’échelle atomique (Atkins et al., 2005), la structure électronique d’un matériau
est décrite par sa fonction d’onde Ψet son énergie totale E. Ce couple (Ψ, E)est
déterminé grâce à l’équation de Schrödinger,qui s’écrit en unités atomiques (distances
en Bohr - 1 a0= 5.292 10−11 m - et énergie en Hartree - 1 Ha = 4.360 10−18 J) :
HΨ = −1
2∆xΨ + VneΨ + VeeΨ = EΨ,[1]