partie i

publicité
Conseil en Stratégies
de Changement
LES COOPERATIVES D’ACTIVITES EN RHONE-ALPES
Analyse rétrospective
BOUSSOUR Sabrina -Avocate
PERNOLLET Céline - BPI
PERISE Stéphane – BPI
PIPON Annabelle - BPI
BPI group
une marque de BPI SA
Siège social
16, rue Vivienne
75002 Paris
Tél.: 33 (0)1 55 35 70 00
Fax: 33 (0)1 55 35 75 00
E-mail: [email protected]
www.groupe-bpi.com
BPI – SA au capital de 3 238 429 Euros
RCS: PARIS B 329 463 715 – Naf : 7022Z
Ce document reste la propriété intellectuelle de BPI.
Il ne doit en aucun cas être diffusé à des tiers quels qu´ils soient sans l´autorisation expresse de BPI.
Des documents spécifiques pourront être réalisés autant
que de besoin pour servir de supports de communication.6
LES COOPERATIVES D’ACTIVITES EN RHONE-ALPES
Analyse rétrospective
Sommaire
PREAMBULE
4
PARTIE I
1. OBJECTIFS ET ENJEUX
7
1.1. Méthodologie générale appliquée…………………………………………………………..…………………………………………...…… 9
2. DIAGNOSTIC STRATEGIQUE
12
2.1. D’hier à aujourd’hui……………………………………………………………………………………………………………….…………………. 13
2.2. Panorama actuel des CAE de Rhône-Alpes ………………….……………………………………………………………………………. 15
2.3. Le public des CAE ………………………………………………………………………………………………………………….………………….. 17
2.3.1. Volume et flux de porteurs de projets………………………………………………………………………………………….
2.3.2. Panorama de la création d’entreprises ……………………………………………………..…………………………………
2.3.3. Profils des entrepreneurs au sein des CAE ……………………………………………………….………………………….
2.3.4. Les activités et la relation avec les territoires ……………………………………………………..……………………….
2.3.5. Les motivations pour entreprendre……………………………………………………………………………………………..
18
19
19
21
23
2.4. Les Coopératives d’Activités et d’Emploi.………………………………………………………………………………….……….……… 24
2.4.1. La CAE comme système………..……………………………………………………………………………………………….
24
2.4.2. Les gammes de nuances…………………………………………………………………………………………………….…….…. 29
2.4.3. Mise en perspective avec les autres modalités d’accès à l’entrepreneuriat………………………………… 34
3. IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES
40
3.1. Approche méthodologique ………………………………………………………………………………………………….…………………… 41
3.2. Tableau synoptique des impacts potentiels des CAE…..…………………………………………………………………..………… 42
3.3. Impacts économiques………………………………………………………..………………………………………………………………...…… 43
3.3.1. Impact « Emploi »…..………………………………………………………………………………………………….………………
43
3.3.2. Impact « Entreprises »..………………………………………………………………….…………………………………………… 43
3.3.3. Impact « Retombées financières »……………………………………………………………………………………………… 46
3.3.4. Impact « Développement économique local »……………………………………………………………………………
48
3.4. Impacts sociaux………………………………………………………………..…………………………………………………………………..…… 53
3.4.1. Impact « Employabilité »…..…………………………………………………………………………….………………………… 53
3.4.2. Impact « Cohésion sociale » …………………………………………………………………………………………….………… 58
3.4.3. Impact « Vie démocratique »….………………………………………………………………………………………………….
59
3.4.4. Impact « Innovations »………………………………………………………………………………………………………………… 61
4. ANALYSE SYNTHETIQUE
© BPI
64
2
LES COOPERATIVES D’ACTIVITES EN RHONE-ALPES
Analyse prospective
Sommaire
PARTIE II
PREAMBULE
69
1. OBJECTIFS DE LA PROSPECTIVE
71
2. APPROCHE METHODOLOGIQUE
73
3. SCENARII
76
3.1. Scénario 1 : Crise, individualisme, les CAE deviennent un OPP du Pôle Emploi………………………………
77
3.2. Scénario 2 : Entre interconnexions et collaborations……………………………………. ………………………………. 81
3.3. Scénario 3 : De l’individuel au collectif : le territoire, facteur clé de succès……………………………………. 84
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE PARTIE I
BIBLIOGRAPHIE PARTIE II
ANNEXE 1 : FACTEURS D’EVOLUTION DES COOPERATIVES D’ACTVITES ET D’EMPLOI
ANNEXE 2 : ANALYSE MORPHOLOGIQUE
© BPI
88
91
95
109
3
PREAMBULE
© BPI
4
[Préambule]
Les premières Coopératives d’Activités et d’Emploi (CAE) sont nées en Rhône-Alpes il y a 15 ans en réponse à
l’émergence de besoins nouveaux dans le domaine de la création d’activités.
Leurs créations ont transformé le champ de l’entrepreneuriat. Elles ont construit une alternative plus
collective à la création d’activités en proposant un cadre économique, un statut social et professionnel
sécurisant pour le porteur de projet.
Le concept n’a cessé de se développer pour atteindre aujourd’hui le seuil des 20 CAE en Rhône-Alpes et des
1400 entrepreneurs-salariés. Toutes partagent des principes génériques et chacune a depuis cultivé ses
spécificités.
Dans le même temps, la création d’entreprises s’est largement démocratisée. Perçue comme une solution au
problème récurrent du chômage, elle a été fortement soutenue par les politiques publiques. Les opérateurs
de l’accompagnement à la création d’entreprises se sont ainsi multipliés et différentes évolutions se sont vues
proposées aux porteurs de projets pour lever les freins de la création d’entreprises (SARL à 1€, EIRL, autoentrepreneur notamment), ce qui ne résout cependant pas la question de la pérennité.
La création d’entreprises devient donc un enjeu majeur de la société. Pour preuve, le Pole Emploi a
expérimenté et mis en place des parcours spécifiques pour les demandeurs d’emplois désirant créer leur
entreprise.
Face à la complexification du champ de l’entreprenariat, et à la promotion des solutions individuelles, il
convient de s’interroger quant à la fonction des CAE à l’avenir.
L’étude sera donc centrée sur le questionnement suivant :
Face
Face àà la
la multiplication
multiplication des
des propositions
propositions et
et formes
formes
offertes
à
l
’
entrepreneur,
offertes à l’entrepreneur,
la
-t-elle une
éponse adapté
ée et
offre
rréponse
adapt
la CAE
CAE offreoffre-t-elle
une ré
adaptée
et pertinente?
pertinente?
© BPI
5
PARTIE I
© BPI
6
1. OBJECTIFS ET ENJEUX
© BPI
7
[Objectifs et enjeux]
• L’étude consiste à faire un bilan d’étape des CAE après 15 années d’expérimentation pour mieux
anticiper l’avenir.
• Plus précisément, elle a pour but dans un premier temps de :
- Donner des clés de lecture pour dégager les grandes évolutions passées et comprendre les processus
à l’œuvre
- Mesurer le poids des CAE dans le champ de la création d’entreprises en Rhône-Alpes et caractériser
leurs publics
- Rendre lisible les pratiques des CAE et leur pertinence, eu égard aux autres modes
d’accompagnement d’entrepreneurs individuels
- Évaluer les impacts sociaux et économiques des CAE
- Et finalement analyser leurs forces et faiblesses internes, ainsi que les risques et opportunités
externes.
• … dans un second temps de :
- Apporter un éclairage sur les mutations qui sont en train de s’opérer dans les CAE et dans leur
environnement
- Identifier les principaux enjeux liés à ces évolutions
- Construire des scenarii de futurs possibles pour faciliter la réflexion sur les évolutions possibles et
nécessaires des CAE dans l’avenir
Des enjeux à différents niveaux
• A l’échelle des CAE :
- Mieux orienter et piloter la stratégie d’entreprises
• A l’échelle régionale :
- Ajuster le suivi des CAE au plus près de leurs besoins
- Mobiliser les esprits face aux mutations environnementales stratégiques pour anticiper les
différents virages à prendre
- Lutter contre le détournement possible de l’appellation CAE
- Obtenir une reconnaissance de l’utilité sociale et du statut d’entrepreneur salarié
- Le défi des représentations : s’accorder sur les futurs possibles et futurs souhaitables
Un outil d’aide à la décision
© BPI
8
[Objectifs et enjeux]
1.2. Méthodologie générale appliquée
• Une étude rétrospective et prospective
L’analyse rétrospective est composée :
1995
- D’un diagnostic stratégique interne, mettant en exergue les forces et faiblesses des ressources
fondamentales de la CAE : humaines, financières, organisationnelles, au regard des évolutions
passées.
- D’un diagnostic stratégique externe, reflétant les menaces et opportunités qui proviennent de
l’environnement stratégique
- D’une mesure des impacts économiques et sociaux des Coopératives d’Activités et d’Emploi
- Approche historique (leçons de l’histoire importantes pour l’avenir), territoriale, globale et
locale (unité et variétés des CAE), approche concurrentielle (la CAE : une proposition innovante
à la création d’activités)
2012
L’analyse prospective comportera :
- Une démarche prospective exploratoire pour mettre en évidence les invariants du système et
ses tendances lourdes ainsi que les germes de changement perceptibles dans l’évolution
récente des variables clés du système et de la stratégie des acteurs
2017
• Le défi des représentations
- La complexité de l’objet d’étude rend possible des représentations nombreuses de la
Coopérative d’Activités et d’Emploi. Celle retenue est la suivante :
LA CAE
• Public accueilli
Diversité des pratiques
• Financements publics
• Contribution sociales
Flux ENTRANTS
Réponse à un besoin
identifié du territoire
• Contributions économiques
Flux SORTANTS
Matériau non stabilisé
Système de base
Stratégie de
développement portée
par chaque CAE
- Le sujet sera traité en repartant des personnes et de leurs besoins, essence même du projet de
la CAE. Le plan est donc construit de façon à étudier en premier lieu le public, puis le modèle ou
la « fabrique », pour enfin en analyser ses contributions.
- Il sera intégré l’environnement global des CAE en tentant d’en appréhender au mieux sa
complexité.
© BPI
9
[Objectifs et enjeux]
• Source des données
- Un recueil d’indicateurs quantitatifs et de données
qualitatives au travers de recherches sur l’existant, d’une
capitalisation d’études fournies par AGF SCOP et de
l’exploitation de bases de données économiques.
- Des entretiens qualitatifs complémentaires avec
différents acteurs qui permettent notamment d’intégrer
les visions des partenaires portées sur les CAE.
292 questionnaires exploitables
Un taux de retour de 16%
rapporté à l’effectif des CAE en
2010
10 entretiens individuels réalisés
- Des questionnaires à destination d’entrepreneurs aux
8 entretiens collectifs réalisés
statuts variés pour caractériser leurs situations, leurs
activités, la genèse de leurs projets entrepreneuriaux et
l’accompagnement de leurs projets.
- Représentativité de l’échantillon du questionnaire :
L’échantillon est de taille suffisante : 16% des entrepreneurs accompagnés en 2010.
Biais méthodologique : libre réponse des entrepreneurs qui a pour conséquences des
différences entre la population mère et l’échantillon. La principale différence réside dans la
répartition géographique.
• Pondération de l’échantillon de l’étude
- Le Bilan d’action 2010 réalisé par AGF SCOP entreprises produit seulement 5 données
quantitatives sur le profil des 1402 entrepreneurs salariés en Rhône Alpes.
Ces éléments ont été mis en comparaison avec l’échantillon de l’étude et établissent, à
l’exception du niveau de formation, que ce même échantillon est représentatif de la
population totale des CAE.
Echantillon BPI
Bilan 2010 AGF SCOP
homme 50%
homme : 52%
femme 50%
femmes : 48%
- 25 ans : 4 %
- 25 ans : 4,3%
+ 45 ans : 34%
+ 45 ans : 34%
Niveau de formation
Niveau I et II : 60%
Niveau I et II : 31%
Situation avant CAE
80% de demandeurs d'emploi
75% de demandeurs
d'emploi
Contrat de travail
salarié
61% des entrepreneurs
salariés
51% des entrepreneurs
salariés
Adéquation
Sexe
Age
• Une dimension collective
-
© BPI
Organisation et structuration de la réflexion collective sur les enjeux du futur de manière
transparente.
Mobilisation et mise en débat pour croiser les regards et les compétences, association des
partenaires d’AGF SCOP.
Identification des facteurs de changement et d’inerties.
Réflexion sur les compétences, les savoir-faire passés, présents et futurs des CAE :
compréhension des constantes, pertinence des fonctions de la CAE, capacité qu’elle a eu à
évoluer, ancrer son projet dans une réalité historique, identification des risques et
opportunités, enjeux et défis.
10
9
Entrepreneurs-salariés
8
6
Equipe administrative
8
Gérants
10
Formes alternatives de
l'entrepreneur individuel
Partenaires
Escale Création
Elycoop
Axalp
Case départ
CCI Ardèche
Graines de sol
Graines de sol
Natura SCOP
CCI Lyon
Elycoop
Cap Services
Graines de Sol
Pousada
Pépinière Saône Mont
d'Or
Cabestan
Pollen
Cabestan
Pôle Emploi
Talents croisés
Oxalis
Auxime
Chambre des autoentrepreneurs
Mairie de Vénissieux
Axalp
AD Partenaires
Mairie Echirolles
Natura SCOP
Jam Portage Salarial
VDDI
SAP Vaulx en Velin
MCAE
ACEISP
ADIE
Pollen
CMA Grenoble
• Vocabulaire employé
Les termes d’entrepreneur et dirigeant se substitueront dans le présent document aux termes
entrepreneur-e et dirigeant-e. Ce choix ne se veut pas sous-estimé la place des femmes au sein des CAE,
étant conscient de la proportion de femmes entrepreneur-e-s (50%) et de femmes dirigeant-e-s (40%).
© BPI
11
2. DIAGNOSTIC STRATEGIQUE
© BPI
12
[Diagnostic stratégique]
2.1. D’hier à aujourd’hui
Avec l’augmentation du chômage, l’État a mené une politique active de soutien à la création
d’entreprises, considérée comme levier pour la création d’emplois. Ce soutien s’est traduit
notamment par une valorisation des initiatives locales et des innovations sociales en la matière.
C’est ainsi que l’on a pu observer le développement concomitant des CAE avec le droit et les
politiques économiques.
Évolution politiques et législatives
L’État a incité les demandeurs d’emplois à créer leur entreprise et ainsi leur propre emploi. Sa politique a
consisté d’une part en une structuration d’une offre d’accompagnement et de financement des créations
d’entreprises, pour sécuriser les périodes de démarrage des projets. Ceci s’est opéré notamment par un
soutien aux structures d’accompagnement locales. D’autre part, les modalités d’accès à l’entrepreneuriat
ont été simplifiés à leur paroxysme (cf. schéma ci-dessous).
Les différentes mesures prises se sont adressées à des projets de plus en plus petits et à des personnes de
moins en moins préparées financièrement, socialement et professionnellement à la réussite de leur projet
(Veyer S., 2010).
• Évolution des dispositifs d’État de soutien à la création d’entreprises
1993
2003
1995
Loi Madelin
2009
Statut de l’autoentrepreneur
Loi Dutreil
Dispositif ACCRE pour
les chômeurs créateurs
2010
SARL à 1€
Régime de l’EIRL
Dispositif NACRE
Régime de micro-entreprise
Source BPI
Afin d’améliorer les réponses apportées aux personnes porteuses de projets en terme de sécurisation de
parcours, l’État a parallèlement valorisé des innovations sociales telles que les CAE et a contribué à leur
développement. La logique a été ascendante autour d’un partenariat avec les institutions, les décideurs
locaux et des « expérimentateurs », où l’État a pris en compte la réalité des acteurs (Poncin, 2004).
• Évolution des politiques économiques & évolutions législatives en lien avec les CAE
Politique nationale
régionale
1995
2000
2005
2010
2012
Convention avec la Région
pour l’accompagnement
de créateurs d’activités en CAE
Mise en place
d’un comité de pilotage
avec partenaires
régionaux
Soutien de la Confédération
générale des SCOP,
Ministère de l’Emploi
et de la Solidarité
et les délégations rattachées
Création d’un fonds
de prêt d’honneur
Mise en place du
contrat sectoriel ESS
Programme EQUAL
Création du
statut SCIC
Circulaire ministérielle
autorisant
l’expérimentation
des « couveuses »
États généraux de l’ESS
Décret d’application
du CAPE
Année internationale des
coopératives
Source BPI, 2012
© BPI
13
[Diagnostic stratégique]
Les étapes clés du développement des CAE
• 1995 : Création officielle de la première Coopérative d’Activités et d’Emploi
Même si la première CAE naît en 1995, elle s’inscrit dans une histoire plus ancienne, qui trouve ses racines
dans le mouvement ouvrier, au XIXe siècle et dans une initiative associative grenobloise dans les années
1980. En 1990, l’URSCOP Rhône-Alpes repère ces initiatives qui lui inspirent l’idée de mutualiser des projets
d’activités économiques, comme solution au développement des entreprises coopératives. Elle s’engage dans
une démarche de capitalisation et de transfert, qui participera à l’émergence des CAE. La première
expérience, Cap Services, verra le jour dans le Rhône en 1995 et sera dès ses débuts accompagnée par un
réseau d’experts, les services de l’Emploi et la Région (AVISE, 2011).
• De 2000 à 2003 : Montée en puissance du modèle
Après un temps « d’observation », l’année 2000 marque un tournant dans le développement des CAE. Elles se
multiplient sur l’ensemble du territoire rhone-alpin. Ce mouvement est accéléré par une volonté politique : la
circulaire ministérielle de 2000, qui autorise à l’échelle nationale l’expérimentation des couveuses (incluant
les formes associatives et coopératives).
Les CAE se structurent autour de deux réseaux : Coopérer pour entreprendre et COPEA. Un outil de
financement spécifique est mis en place pour les entrepreneurs-salariés. Un travail de capitalisation et de
représentation collective autour de la CAE débute avec le programme EQUAL.
• 2003 : Création de la 10ème CAE et émergence de nouvelles formes de CAE
6 départements sur 8 sont couverts. La première coopérative de filières apparaît avec Cabestan, spécialisée
dans le bâtiment. Une autre, Talents croisés, est créée sous forme de SCIC, ce qui témoigne et confirme
l’implication des acteurs publics dans le développement des CAE. Parallèlement, le cadre juridique se
consolide avec la création du Contrat d’Appui au Projet d’Entreprise (CAPE) qui reconnaît la qualité
d’entrepreneur testant son activité.
• 2012 : 17ème création et une région intégralement couverte par les CAE
Les CAE ont atteint un certain niveau de développement, partageant toutes des principes de base et
témoignant toutes de diversité de pratiques.
nationale
• Évolution du nombre de CAE en Rhône-Alpes depuis 1995
Naissance de
« Coopérer pour
Naissance de
COPEA
entreprendre »
A 2 et +
entreprendre
Arcoop
Échelle régionale
Cabestan
L’écho
Escale Création
Talents croisés
Axalp
Pollen
45°Nord
Solstice
Coop
A Dom
14
SMTS
devient
une SCOP
et CAE
Cap Services
Elycoop
3Bis
Graines de sol
Calad’Impulsion
17
18
Natura SCOP
Vecteur activités
Amétis
7
Oxalis
2
1995
2000
2005
2010
2012
Source BPI
© BPI
14
[Diagnostic stratégique]
2.2. Panorama actuel des CAE de Rhône-Alpes
Rhône-Alpes est le berceau des CAE. Suite aux premières expériences, accompagnées par un
réseau d’experts et par les services de l’emploi et la Région, le concept a pu être repris et
développé sur l’ensemble du territoire français.
Chiffres clés
•
•
•
•
•
•
•
•
17 Coopératives d’Activités et d’Emploi
2 CAE spécialistes
22M€ de chiffre d’affaires généré (2010)
1 400 personnes accompagnées (2010)
600 entrepreneurs-salariés à fin 2010
300 ETP à fin 2010
72 permanents en appui aux entrepreneurs
Accueil pour 75% de demandeurs d’emplois
1995
Poids des CAE dans l’économie
2000
• 19% des CAE françaises
• 21.5% des personnes accompagnées par les CAE au niveau
national
• Poids considérable de la région lyonnaise qui héberge 45%
des entrepreneurs de la région
• 0.3% des emplois salariés du secteur de l’ESS (données 2006)
2005
Des évolutions notables
De la première CAE en 1995 à 17 CAE en 2012
• Croissance du chiffre d’affaires en moyenne
de 28% entre 2008 et 2010
• Un ancrage et un maillage territorial au fil des
années
• 5 essaimages de CAE
•
2012
CAE généralistes
CAE spécialistes
Source BPI, 2012
Évolution du nombre de CAE depuis 1995
Source bilans sociaux 2010, « SCIC et SCOP » -Aravis pour URSCOP /2011, Observatoire national de l’ESS
© BPI
15
[Diagnostic stratégique]
Les CAE dans leur environnement
Pendant que les CAE expérimentaient et se développaient, d’autres réseaux ont donné lieu à
d’autres formes d’accueil et d’accompagnement de porteurs de projets en réponse à des besoins
exprimés. Zoom sur les sociétés de portage et couveuses d’entreprises, structures d’accueil aux
modèles les plus proches de la CAE.
Les socié
sociétés de portage salarial
Les couveuses d’
d’entreprises
Les sociétés de portage étaient là avant les CAE et
sont plus connues du grand public.
Dans les années 1990, les Boutiques de Gestion
ont pris conscience de la rupture que constituait
le "passage à l'acte" pour de nombreux créateurs.
Une solution était d'élargir l'accompagnement
pour permettre au "candidat créateur" de tester
leur projet et d'apprendre à gérer et développer
leur activité.
Le portage salarial a été créé en France en 1985 par
une association d’entraide de cadres au chômage.
Depuis 1996, le portage salarial s’est fortement
développé, accompagnant l’évolution du chômage
des cadres et les nouvelles stratégies d’entreprises
(recentrage sur les cœurs de métier, externalisation,
management par projet). Les associations d’origine
se sont transformées en sociétés commerciales
tandis que d’autre sociétés se sont créées aussi bien
en région parisienne qu’en province. Si au début de
son existence le portage salarial s’est développé
essentiellement autour des activités de conseil, il
s’est ensuite ouvert à d’autres secteurs d’activités
tels que le BTP, l’immobilier, la coiffure…Le secteur
du portage est aujourd’hui structuré en 3
organisations professionnelles.
Petit à petit, le concept de couveuse s’est mis en
place. En 2000, la DGEFP s‘est intéressé à
l'émergence de ce dispositif et a favorisé son
expérimentation (identique aux CAE). C'est ainsi
que des initiatives locales se sont développées,
soutenues par leurs partenaires institutionnels
dont les DDTEFP, la CDC et les programmes
européens.
Un réseau, EFICEA, est chargé d'organiser et de
coordonner des groupes de travail qui permettent
à ces couveuses d'échanger leurs pratiques.
Source Moutet et Rivat (2006)
Site Union des couveuses, 2012
Couveuses, sociétés de portage, pépinières et CAE en Rhône-Alpes en 2012
Les couveuses sont peu nombreuses sur
Rhône-Alpes (2) parce que les CAE se
sont très fortement développées sur la
même période et ont porté ce rôle de
test des activités.
3
7
5
4
15
3
2
Les pépinières sont, quant à elles,
nombreuses (38) et très dispersées sur la
région. La pépinière est devenu un outil
courant d’aménagement du territoire, en
matière d’accueil d’entreprises.
3
2
3
2
5
Enfin, les sociétés de portage (38) sont,
pour leur part, localisées dans les
agglomérations et grandes villes et
Couveuses
drainent des porteurs de projets sur un
Sociétés de portage
grand
rayonnement.
Elles
sont
Pépinières d’entreprises implantées dans les mêmes villes que les
CAE.
CAE
Source : Réseau des pépinières de France, Union des couveuses, guide du portage, 2012
© BPI
16
[Diagnostic stratégique]
2.3. Le public des CAE
2.3.1. Volume et flux de porteurs de projets
Cf. Note méthodologique page XXX
Les CAE ont suscité l’intérêt de plus de 1800 personnes en 2010, avec un taux d’intégration de
l’ordre de 27%. La crise économique et l’effet d’entraînement lié au lancement de l’auto
entrepreneur ont engendré une forte affluence en 2009 pour les CAE, qui ne s’est pas
nécessairement concrétisée par une hausse des nouvelles personnes accompagnées.
Volume et flux gérés par les CAE
en 2010 :
• En 2010, sur l’ensemble de la région Rhône Alpes,
les CAE ont renseigné 1 739 personnes lors d’une
première information collective.
1 402
personnes
483
accompagnées
Nouvelles
personnes
accompagnées
• 54% d’entre elles ont bénéficié d’un premier
entretien.
975
Personnes
accueillies en
premier
entretien
• En parallèle de cette mission d’accueil, les CAE ont
accompagné au total 1 383 personnes en 2010,
qu’elles soient nouvelles dans la coopérative ou
non.
1816
• 27 % des personnes accueillies en première
information ont intégré une CAE, durant l’année
2010.
Personnes
accueillies en
première
information
Total CAE de Rhône-Alpes, bilans sociaux 2010
Évolution des volumes et flux sur la
période 2008-2010 :
• 2009, une année particulière :
- 2103
personnes
accueillies
et
une
augmentation des personnes accueillies en
information collective et en entretien (+10%).
- 22% des personnes accueillies en information
collective ont intégré la coopérative.
- Diminution
des
nouvelles
personnes
accompagnées de 16 % tandis que les
accompagnés sont en augmentation de plus
17 %, ce qui traduit un ralentissement des
sorties de la CAE en période de crise.
• 2010, une évolution inverse à 2009 :
- Chute du nombre de personnes accueillies et
de personnes accompagnées.
- Le niveau atteint est plus faible que celui de
2008.
- En parallèle, le nombre de personnes
nouvelles
accompagnées
augmente
légèrement de 3% par rapport à 2009.
Nouvelles personnes accompagnées
Nombre de personnes accompagnées
549
1390
↘
↗
462
1634
↗
483
↘ 1402
1182
↗
↘ 975
1071
Personnes accueillies
en premier entretien
2103
1883↗
↘ 1816
Personnes accueillies
en première
information
2008
2009
2010
Total CAE de Rhône-Alpes, bilans sociaux 2008,2009, 2010
© BPI
17
[Diagnostic stratégique]
2.3.2. Panorama de la création d’entreprises
En 2009, 58 479 nouvelles entreprises sont créées en région Rhône Alpes. La région reste l’une
des plus dynamiques en la matière. En parallèle de la forte fréquentation des CAE, la création
d’entreprises connaît une croissance de 70 %.
De part son volume et sa rapide évolution, le statut de l’auto entrepreneur est la première
forme d’accès à l’entrepreneuriat en France.
A partir de 2009,
apparition des auto
entrepreneurs.
70 000
60 000
50 000
32 000
40 000
35 410
Légende
Auto
entreprises
0
30 000
20 000
33 925
26 479
10 000
27 532
Créations
d’entreprises
0
2008
2009
2010
Évolution du nombre de création d’entreprises en Rhône Alpes
Source : Chiffres de la création d’entreprises – APCE et chiffres INSEE
• Une augmentation de 70 % du nombre de création d’entreprises mais une baisse de la création hors auto
entrepreneurs :
- 58 479 entreprises ont été créées en Région Rhône Alpes en 2009 contre 33 900 en 2008.
- Un engouement du statut d’auto entrepreneur, ce statut représente 55% des créations.
- En parallèle, la création d’entreprises hors auto entrepreneurs chute de près de 21 %.
- La croissance du nombre d’auto entrepreneurs est plus forte (10 %) par rapport au nombre de
création d’entreprises (4 % ).
Après cette analyse de la volumétrie des personnes accompagnées par les CAE et des créateurs
d’entreprises, il convient de se focaliser sur les entrepreneurs qui sont hébergés par les CAE et de mettre
en évidence leurs caractéristiques.
© BPI
18
[Diagnostic stratégique]
2.3.3. Profils des entrepreneurs au sein des CAE
La création d’activités au sein des CAE apparaît adaptée pour les femmes et les personnes en
seconde partie de carrière. Elle permet de concilier vie professionnelle et vie privée, en offrant
un cadre sécurisant à la création d’activités et la liberté aux personnes de définir leur niveau de
revenu désiré et leurs conditions de travail.
Les CAE favorisent l’entreprenariat au féminin :
50 %
50 %
122
hommes
122
femmes
Questionnaire BPI 2012
La parité hommes/femmes est parfaite parmi les entrepreneurs
salariés, et ce de façon structurelle (bilans sociaux sur la période 2008-2010).
Elle diffère largement de ce qui est observable en matière de
créations d’entreprises globalement, où la proportion de femmes
chefs d’entreprises est de près de 30 % (INSEE, 2012).
•
75% des femmes interrogées ont des enfants à charge contre 56%
des hommes.
• 42% des femmes occupent un temps partiel contre 39% pour les
hommes. 16 % des femmes ont une activité à temps plein contre
26% pour les hommes.
• Les femmes se situent plutôt dans la catégorie des employés (31% contre 20% pour les hommes) et moins
dans les catégories ouvriers (4% contre 10%) et artisans, commerçants et chefs d’entreprises (2% contre
5%).
• La pyramide des âges est équilibrée à l’exception de la sous représentativité des femmes chez les moins de
25 ans avec 50% de moins.
ZOOM : l’entrepreneuriat des
seniors (Questionnaire BPI 2012)
• 33 personnes de plus de 55
ans et l’âge maximal est de 68
ans.
• Ce sont principalement des
hommes (73%) qui ont un
niveau de formation élevé (42
% ont un Bac +5). Auparavant,
ils étaient salariés (79%) ou
chefs d’entreprises (9%). 64%
étaient cadres.
• Ils entreprennent dans des
activités de services aux
entreprises (64%) et artisanales
(15%).
• Ils sont entrepreneurs depuis
au moins 5 ans (45%) et
associés de leurs CAE (45%).
Pour 52%, leur activité au sein
des CAE est la première source
de revenu (questionnaire BPI,
2012).
© BPI
L’âge et l’ancienneté des entrepreneurs
• 31% sont hébergés par les CAE depuis moins de 1 an et 44%
depuis plus de 3 ans.
• Sur représentativité de la tranche des 36-45 ans et à l’inverse
sous-représentativité pour les jeunes et les seniors.
18%
13%
< 6 mois
25%
6 mois ou 1 an
21%
1 ou 2 ans
3 ou 4 ans
23%
>5 ans
Ancienneté en qualité d’entrepreneur, questionnaire BPI 2012
< à 25 ans
4%
De 26 à 35 ans
28%
> à 55 ans
9%
De 46 à 55 ans
25%
De 36 à 45 ans
34%
Répartition par âge des entrepreneurs, questionnaire BPI 2012
19
[Diagnostic stratégique]
Le niveau de formation et la catégorie socio-professionnelle
Les CAE attirent les cadres et cadres supérieurs, les employés et bien moins les ouvriers.
La création d’activités joue un rôle d’amortisseur du marché du travail principalement pour les
cadres et les employés.
CAP / BEP
40%
30%
20%
Bac + 5
10%
Baccalauréat
• 60 % des personnes se situent dans la catégorie cadres
et professions intellectuelles supérieures et dans la
catégorie des professions intermédiaires
• 25 % se situent dans la catégorie des employés
0%
7%
Bac + 3/4
4%
1%
44%
Bac + 2
Répartition par niveau de formation, questionnaire
BPI 2012
• 60% des personnes ont un niveau
supérieur ou égal à la licence.
• L’analyse sur la période 2008-2010 (bilans
sociaux sur la période 2008-2010) montre
également que la proportion des
personnes sans diplôme ou avec un niveau
CAP/BEP a tendance à rester stable alors
que la proportion des personnes qui ont
un niveau de formation plus élevé est plus
fluctuante.
26%
2%
16%
Cadres et professions intellectuelles supérieures
Professions intermédiaires
Artisans, commerçants et chef d'entreprises
Employés
Ouvriers
Les autres personnes sans activité professionnelle
Autres
Répartition par catégorie socioprofessionnelle
Questionnaire BPI 2012
Repères AVISE
(source Avise, 2008)
Profil type des couvés
• 58% sont des femmes
• 71% ont plus de 46 ans
• 90% sont demandeurs d’emploi
Profil type des portés
• 51,5% de femmes ont 30 à 45 ans
• 40% ont plus de 45 ans
• 80% étaient chômeurs avant d’être porté
Les entrepreneurs des CAE ont un profil
type qui se rapproche plus de celui des portés que
des couvés.
© BPI
20
[Diagnostic stratégique]
2.3.4. Les activités et la relation avec les territoires
Les activités sont variées. Certaines sont soutenues par des coopératives spécialisées. L’aire de
travail est régionale et la dimension de proximité importante.
Les activités exercées
120
• Prédominance des services aux
entreprises et de l’artisanat,
synonyme d’une grande diversité
107
100
80
60
• Présence d’activités marginales :
agriculture, culturel, éducation (7%)
47
21
13
5
20
7
4
Autres
20
Culturel
40
Services aux
particuliers et
aux
professionnels
Services aux
particuliers
Services aux
collectivités
Services aux
entreprises
Artisanat
Agriculture
0
• 19 % des entrepreneurs ont des
activités secondaires. Elles sont soit
liées à la fonction commerciale, soit
à d’autres savoir faire qu’exploite le
dirigeant
• 7% des activités sont saisonnières
Les activités exercées par les entrepreneurs, questionnaire BPI 2012
La portée géographique des activités
• 63 % des activités sont réalisées sur un territoire régional.
• Seulement 8 % des activités se réalisent au niveau européen ou international.
• Les aires de travail sont plus larges que le niveau local : le régional et le niveau national (35%).
• Le parallèle entre la portée géographique des activités et la distance avec les CAE, montre les deux
échelons en présence : le niveau local et le niveau régional.
Le rapport de proximité avec la CAE
82 %
75 %
70 %
62 %
53 %
36 %
10 km
81 personnes
119 personnes
44 personnes
95 personnes
10 mn
20 km
30 km
40 km
139 personnes
156 personnes
169 personnes
125 personnes
20 mn
150 personnes
30 mn
50 km
170 personnes
40 mn
184 salariés
181 salariés
50 mn
20 %
42 %
51 %
56 %
60 %
63 %
Distance domicile /CAE, questionnaire BPI 2012
60 km
60 mn
• Dans un rayon de 20 km, se situent
:
- 80%
des
personnes
bénéficiant
des
minima
sociaux, 64% de demandeurs
d’emploi,
29
%
d’entrepreneurs et 39 % de
salariés.
- 58% des personnes en CAPE,
47% des temps partiels et
51% des temps pleins.
- 67% des activités de services
aux particuliers, 61% de
services aux entreprises, 75%
en agriculture, 37% en
artisanat
• 53 % des personnes résident à moins de 20 kilomètres des CAE. L’usage de la CAE est bien un usage de
proximité.
• A noter la valeur extrême : 11 % qui résident à plus de 100 km.
- 48 % d’entre eux sont des entrepreneurs depuis plus de 3 ans.
- 56 % d’entre eux ont une activité à l’échelle nationale, européenne voire internationale.
© BPI
21
[Diagnostic stratégique]
La répartition du chiffre d’affaires cache une pluralité d’activités, d’avancements des projets
et des temps travaillés. Les projets requièrent des investissements limités principalement
autofinancés.
Les chiffres d’affaires encaissés mensuellement
60%
50%
40%
LJDD
30%
CDI
20%
10%
0%
0 - 499
500 - 999€
1000 1499€
1500 1999€
2000 2499€
3500 4999€
5000€ et
plus
(vide)
Le niveau de chiffre d’affaires encaissé selon les liens juridiques, BPI 2012
• 50% des personnes interrogées réalisent un chiffres d’affaires de plus de 1500€.
• 25 % des entrepreneurs en LJDD (lien juridique à durée déterminée) ont un chiffre d’affaires supérieur à
1500€. A l’inverse, 51% des personnes en CDI à temps partiel et 91 % des entrepreneurs à temps plein
enregistrent un chiffre d’affaires supérieur à 1500€
• Les chiffres d’affaires les plus importants sont observés pour les personnes exerçant une activité artisanale
ou de conseil aux entreprises (questionnaire BPI, 2012)
Les investissements réalisés et le financement
42%
45%
40%
35%
Financement
prêt CAE 8%
68 %
30%
Prêt classique 2%
25%
19%
20%
15%
10%
Autofinancement
81 %
9%
7%
5%
6%
5%
6%
5%
0%
0%
0
1 - 2499€
2500 4999€
5000 7499€
7500 9999€
10 000 - 14 15 000 - 19 20 000€ et
999€
999€
plus
(vide)
Montant des investissements et typologie de financement, questionnaire BPI 2012
• Les activités hébergées au sein des CAE requièrent peu d’investissements, à l’exception des artisans et
agriculteurs et de certains services aux entreprises ou à la personne.
• Le financement est réalisé en priorité par les porteurs de projets à 81 % (le budget familial, les aides du
Pôle Emploi, le revenu issu de l’activité, …). A titre de comparaison, seuls 60% créateurs d’entreprises
autofinancent leur démarrage d’activité, un tiers fait appel à un financement bancaire et 7% bénéficient
d’autres sources de financement(INSEE n°58 Économie, février 2012).
• Au sein des CAE, il est observé un recours faible aux emprunts (10%) et ceux-ci sont réalisés
principalement via le fonds spécifique mis en place (questionnaire BPI, 2012).
© BPI
22
[Diagnostic stratégique]
2.3.5. Les motivations pour entreprendre
Les entrepreneurs expriment la recherche d’un équilibre en se réalisant sur un plan
personnel, tout en bénéficiant d’une protection sociale similaire à celle d’un salarié.
Les motivations entrepreneuriales
Les motifs de choix du statut
• Les motivations à mettre en œuvre un projet
entrepreneurial
révèlent
que
les
entrepreneurs souhaitent en priorité créer
leur propre emploi
Autres (statut moins coûteux)
(vide)
Constituer un réseau
• Les secondes motivations sont de devenir
indépendant et de se réaliser sur un plan
personnel.
L'esprit coopératif
Etre mon propre patron
Acquérir des trimestres pour la retraite
.
Pouvoir cumuler plusieurs activités
1.
1. Créer
Créer mon
mon propre
propre emploi
emploi 68%
68%
Etre accompagné et suivi
Rompre l'isolement
2.
2. Être
Être indépendant
indépendant 28%
28%
2.
2. Me
Me réaliser
réaliser sur
sur un
un plan
plan personnel
personnel 28%
28%
Etre salarié
Avoir une meilleure protection sociale
• 45 % ont choisi la CAE pour travailler à son rythme
Travailler à son rythme (suivant son mode de vie
ou son activité)
• 31 % pour avoir une meilleure protection sociale
0
3.
3. Être
Être indépendant
indépendant 25%
25%
3.
Exploiter
3. Exploiter un
un savoir
savoir faire
faire 21%
21%
5
%
10 15 20 25 30 35 40 45 50
Les motivations quant au choix du statut,
questionnaire BPI 2012
Classement des motivations pour mener un projet
entrepreneurial, questionnaire BPI 2012
• 62 % des personnes désirent entreprendre autrement.
• Respectivement 10%, 11% et 13% désirent entreprendre solidairement, collectivement et librement.
Comparaison avec le profil type des créateurs
Source INSEE n°58 Économie, février 2012
• Les motivations exprimées par les créateurs en 2010 sont :
- La volonté d’être indépendant (62%)
- le goût d’entreprendre et d’affronter de nouveaux défis (44%)
- Augmenter ses revenus (27%)
• Les motivations recueillies apparaissent très différentes de celles exprimées par les entrepreneurs
des CAE.
© BPI
23
[Diagnostic stratégique]
2.4. Les Coopératives d’activités et d’emploi
2.4.1. La CAE comme système
La coopérative d’activités et d’emploi est une entreprise qui prône des valeurs coopératives.
Qu’est-ce qu’une CAE ?
« Une coopérative d’activités et d’emploi, c’est d’abord une entreprise »
Un dirigeant de CAE
• Une entreprise …
La CAE héberge juridiquement des entrepreneurs qui produisent des biens et des services pour le marché.
L’objectif est de « créer des emplois pérennes et de la richesse économique et sociale sur son territoire »
(site Internet Coopérer pour entreprendre).
Une CAE est donc un agent économique qui intervient dans le champ de l’économie marchande.
• … respectant des règles coopératives …
Afin de répondre à son objectif, une CAE obéit aux règles spécifiques des coopératives :
- Règles démocratiques : une personne est égale à une voix, implication de tous les associés à la vie de
l’entreprise et aux décisions de gestion.
- Répartition des bénéfices : redistribution aux salariés et mise en réserves impartageables garantissant
l’autonomie et la pérennité de l’entreprise.
• … offrant un cadre économique, juridique et social.
Les entrepreneurs hébergés par les CAE bénéficient :
- D’un cadre économique et juridique puisque l’entrepreneur exerce son activité sous la tutelle de la
coopérative. L’activité professionnelle est donc sécurisée par la relation triangulaire, qui est similaire à
celle observée dans les entreprises de portage salariale.
La CAE
contractualise avec
les clients et/ou
et
facture
Clients
L’entrepreneur
négocie avec ses
clients et effectue
la prestation
CAE
Entrepreneur
Représentation
schématique de la
relation triangulaire
BPI 2012
La CAE embauche l’entrepreneur
Rémunération de la structure par l’entrepreneur
- D’un statut protecteur par le biais de différents contrats : principalement le CAPE ou le CDI. Le CAPE
permet d’exercer une activité professionnelle et de bénéficier des prestations de l’assurance chômage.
Lorsque l’entrepreneur est en CDI, il bénéficie de la même protection sociale qu’un salarié : assurances
chômage, retraite …
© BPI
24
[Diagnostic stratégique]
Une fonction d’accompagnement
« C’est une voie nouvelle, une formule innovante pour créer, tester et développer une activité
professionnelle autonome et de façon pérenne dans un cadre collectif et protecteur »
Un entrepreneur salarié et associé
• On ne naît pas chef d’entreprise, on le devient
Les CAE offrent un cadre sécurisant pour les personnes souhaitant mettre en œuvre un projet
professionnel. Elles peuvent ainsi expérimenter réellement leur activité.
• Les apprentissages visés :
- Maîtriser la trilogie « produire – vendre – gérer » par la confrontation avec le marché
- Développer les capacités clés de l’entrepreneur : capacités à se projeter, capacités à gérer son
activité d’un point de vue administratif et comptable (Delore, 2009).
• Les étapes du parcours
Accueil des porteurs de projets et
vérification des activités exclues :
les activités réglementées, celles
nécessitant des investissements
ou des locaux dès le démarrage
ou des compétences techniques
du porteur de projet (CAP pour
un artisan). Par ailleurs, il est
vérifié la capacité du porteur de
projet de mener à bien son projet
dans un esprit entrepreneurial.
- Accueillir les porteurs de projets lors d’informations collectives et/ou d’entretiens individuels
- Tester : Les entrepreneurs peuvent mettre en œuvre leurs projets en deux temps :
1. Signature d’un CAPE ou d’une convention d’accompagnement
2. Lorsque l’activité le permet, signature d’un CDI à temps partiel puis passage progressif en CDI à
temps plein.
- Pérenniser son activité au sein de la coopérative :
- En faisant évoluer son CDI à temps partiel en CDI à temps plein.
- S’associer et participer ainsi à la vie coopérative et aux décisions.
A tout moment, l’entrepreneur peut quitter la structure d’hébergement afin de créer sa propre
entreprise ou de retourner vers l’emploi et ainsi faire le deuil du projet.
• La dynamique d’accompagnement
Le double objectif de l’accompagnement est d’abord, une mise en action par la construction d’une
démarche entrepreneuriale, puis une mise en ordre, c’est-à-dire la construction d’une démarche de
manière ordonnée et structurée. L’équipe administrative transmet son expertise en gestion de projet aux
entrepreneurs.
© BPI
25
[Diagnostic stratégique]
Un accompagnement individuel est un suivi personnalisé par un référent unique. Ce dernier va pouvoir
mesurer les capacités, les motivations et les objectifs des porteurs de projet. La solution de la création
d’activité doit avant tout correspondre à un projet de vie voulu et assumé par l’entrepreneur.
Une dynamique collective avec des ateliers est mise en place avec des thématiques qui sont traitées et
qui concernent l’ensemble des entrepreneurs.
La méthodologie employée de combiner de l’individuel et du collectif induit une meilleure appropriation
du fait de la dynamique de groupe, de la personnalisation de l’accompagnement et du suivi pédagogique.
Contrairement aux accompagnements classiques à la création d’entreprises qui sont bornés dans le
temps, la volonté est de donner « un temps de respiration » pour que les entrepreneurs puissent intégrer
les savoir être et savoir faire nécessaires et les mettre en application (Entretien permanents, BPI 2012).
L’accompagnement contribue à l’acquisition de capital humain nouveau.
• Entreprendre collectivement
La CAE se distingue par la volonté d’entreprendre collectivement. Le collectif est animé par l’équipe
permanente qui a pour mission de créer du lien et d’animer le collectif.
Concrètement, il se traduit par la mise en place de groupes métiers, de groupes d’échanges de pratiques.
L’interaction que représentent les relations sociales entre individus qui viennent d’horizons multiples qui
se connaissent et se reconnaissent, induit un enrichissement des personnes comme des activités.
La structuration de réseaux équivaut à la création d’une communauté d’entrepreneurs et c’est l’action de
cette communauté qui explique en partie la diffusion de la culture entrepreneuriale mais aussi
coopérative.
La dynamique collective, de réseau et la création de lien social permet d’accroître le capital social des
entrepreneurs.
Une organisation collective
• Les deux niveaux de l’organisation
La structure
Entrepreneur 1
Entrepreneur 2
Entrepreneur 4
Entrepreneur 3
Entrepreneur 5
Entrepreneur
…
Représentation schématique des deux niveaux distincts, BPI 2012
© BPI
- Deux niveaux interdépendants mais distincts : la
structure à proprement parlé et le conglomérat
d’entrepreneurs.
- L’équipe administrative est le trait d’union entre
la structure et les entrepreneurs.
- La structure est le préalable à l’existence des
entrepreneurs mais les entrepreneurs ont une
influence sur la dimension et la qualité de la
structure.
26
[Diagnostic stratégique]
• Le modèle économique
Chiffres
d’affaires Mr X
Soldes
intermédiaires
de gestion
Trésorerie
- Les entrepreneurs ont un compte dédié en
interne de la coopérative qui enregistre les
flux financiers inhérents à leurs activités :
chiffres d’affaires, frais professionnels, …
Chiffres
d’affaires Mr Y
Soldes
intermédiaires
de gestion
Trésorerie
Chiffres
d’affaires Mr Z
Soldes
intermédiaires
de gestion
Trésorerie
10 % de contribution
Budget de la structure
Chiffres d’affaires
de la CAE
Soldes
intermédiaires de
gestion
Trésorerie
Contribution des entrepreneurs
Financement de la région pour l’activité
de test et d’accueil
Représentation schématique du modèle économique des CAE, BPI 2012
- La structure gère les flux financiers des
entrepreneurs, et ce service rendu ainsi que
la gestion du collectif, induit une contrepartie
financière : en général, les entrepreneurs
reversent un pourcentage de leur chiffre
d’affaires ou de leur marge brute.
- Au-delà de ces fonctions d’accueil et
d’accompagnement, la structure, par son rôle
d’utilité
sociale,
bénéficie
d’autres
financements.
• Le fonctionnement des CAE
Le fonctionnement de la CAE repose sur le principe de l’entreprendre collectivement. Ce principe sousentend pour les entrepreneurs de mettre en commun des moyens financiers dans le but de bénéficier des
services produits par la CAE.
Les différents services mutualisés : le cadre juridique, les ressources humaines et matériels internes
(accompagnement, comptabilité, secrétariat, informatique) et en externe, par exemple : les honoraires
des experts. De plus, les ressources financières sont mutualisées et cela permet aux entrepreneurs
d’optimiser les coûts en démarrage de l’activité puis lors du développement.
Si les ressources financières sont mutualisées, les risques et les difficultés financières le sont aussi. Le
système fait que la personne est soit redevable, soit ce sont les autres qui lui sont redevables. La
responsabilité est donc collective. Cette dimension collective signifie que la notion de responsabilité
apparaît être un préalable de la mutualisation.
L’évolution du système est conditionnée aux respects des règles établies par la collectivité et pour la
collectivité. L’équipe administrative, comme pivot entre les entrepreneurs et la structure, est garante de
ces règles au quotidien. De plus, il y a l’existence d’un « contrat moral » entre la CAE et l’entrepreneur
(entretien dirigeant, BPI 2012).
Il est à noter que la gestion quotidienne et les choix adoptés semblent plus lourds de conséquences que
les décisions stratégiques qui apparaissent paradoxalement plus stables (entretien dirigeant, BPI 2012). La
structure se construit dans son évolution en prenant des décisions au jour le jour et de manière
pragmatique, tout en considérant les différentes incidences sur l’organisation.
• Une entreprise partagée
Au-delà de sa fonction d’accompagnement, la CAE offre également l’opportunité aux entrepreneurs de
devenir associés.
La CAE appartient à tous les associés et ceux-ci proviennent d’horizons différents : entrepreneurs,
membres de l’équipe administrative, dirigeants, personnes extérieures à la CAE,... C’est particulièrement
le cas au sein des SCIC. Les collectivités sont des parties prenantes de la CAE et elles ont une voix dans la
prise de décision, selon l’application des règles démocratiques.
© BPI
27
[Diagnostic stratégique]
Les différentes forces en présence
peuvent être représentées comme
le schéma ci-contre. (AVISE, 2006)
Les rôles au sein de l’entreprise
partagée :
- Les associés élaborent le projet
de devenir de la CAE.
- Le ou les dirigeants ont le
mandat pour mettre en œuvre
le projet et la gestion de
l’entreprise.
Les associés définissent le projet de la CAE en tant qu’entreprise afin d’en permettre son développement.
En tant que structures de l’Économie Sociale et Solidaire, les CAE portent un objectif de développement
durable. En effet, le projet porté par les CAE ne peut se résumer en un seul projet économique, il apparaît plus
global. Il est établit un projet de société dans le sens où les contraintes économiques doivent être prises en
compte au même titre que les valeurs défendues par les CAE, et les considérations humaines, sociales,
environnementales.
Les CAE poursuivent, en respectant l’essence de leurs dénominateurs communs, des projets différents puisque
construits en fonction des forces en présence.
Il apparaît indispensable de prendre en considération la géométrie variable des CAE et la complexité qui en
émane. La CAE apparaît être un objet d’étude qui, par nature et substance, est une organisation évolutive.
ZOOM : les sociétaires
• 35 % des entrepreneurs sont devenus associés de la CAE pour répondre au besoin d’une plus grande
implication ajoutée à la volonté de participer aux décisions, et pour 32 %, participer à la prise de décisions.
• Il est à noter que pour 9 % d’entre eux, il s’agit de répondre à une obligation contractuelle.
• 56% gèrent très facilement la double qualité (associé et entrepreneur) et 30 % facilement. 10 % des
associés ne se prononcent pas ou ont laissé cette question sans réponse (10 %).
• Le dialogue social selon les entrepreneurs associés (Questionnaire, BPI 2012) :
« Le dialogue social implique une notion de contre pouvoir donc un rôle « d’empêcheur » de tourner en
rond ».
« Implication directe par la vie démocratique interne, participation à la réflexion autour des orientations
stratégiques, réflexion individuelle et collective ».
« La participation aux AG est un moment fort mais la portée de notre voix est limitée par la connaissance des
sujets traités qui sont assez complexes et lourds dus à la taille de notre structure ».
• Le sociétariat est divers suivant les CAE :
- Le nombre de sociétaires varie de 2 à 78.
- Un tiers des CAE ont entre 1 et 9 sociétaires, un tiers ont entre 10 et 19 sociétaires et 40 % ont plus
de 20 sociétaires.
- 60 % ont des sociétaires extérieurs. Ces derniers peuvent être des entrepreneurs qui ont quitté les
CAE ou des partenaires.
• Les CAE intègrent des dynamiques extérieures dans la construction de leurs projets d’entreprises.
© BPI
28
[Diagnostic stratégique]
2.4.2. Les gammes de nuances
La CAE est un modèle, un mode de fonctionnement, mais les CAE sont diverses et plurielles, reflet
des personnes qui les composent et du projet d’entreprise porté.
Les différentes approches
• La dimension historique et les deux approches complémentaires :
- un premier positionnement « coopératives d’activités » où l’accompagnement est orienté vers
l’accueil et le test, peu de moyens sont alloués à l’accompagnement « post création ».
- un deuxième positionnement « coopératives d’emplois », avec une sélection selon des critères
économiques et dont l’accompagnement favorise le développement des activités en son sein.
Cette distinction est plus ou moins exprimée explicitement et certaines coopératives se revendiquent
comme étant des « coopératives d’entrepreneurs » (Entretien dirigeant, BPI 2012). Néanmoins, cette
identification doit être éclairée par d’autres approches.
• La dimension géographique : suivant les territoires, la dynamique de création et la nature des
activités sont très différentes. La comparaison d’une CAE présente dans une agglomération urbaine avec
celle dite « rurale » serait inexacte.
• L’approche sectorielle : l’émergence de CAE spécialisées permet d’offrir le même cadre à d’autres
activités, donc à d’autres populations ne pouvant prétendre à ce statut jusque là.
Les profils types de CAE
• Représentation des CAE en fonction du volume d’entrepreneurs accompagnés et de leur
ancienneté
Les 3 profils types :
350
Le premier groupe (en
bleu ciel) se distingue par
le volume des personnes
accompagnées, quelque
que soit leur ancienneté.
300
effectifs
250
200
Le deuxième (en violet)
représente des CAE assez
âgées et qui enregistrent
moins
de
personnes
accompagnées.
150
100
50
0
0
2
4
6
8
10
12
14
âge des CAE
16
Le troisième groupe (en
rose) sont de jeunes CAE
dont l’évolution pourrait
les rapprocher du premier
ou du deuxième groupe.
Représentation des CAE en fonction de l’effectif et de leur ancienneté, BPI 2012
© BPI
29
[Diagnostic stratégique]
Le premier groupe : les coopératives accompagnant plus de 100 entrepreneurs en 2010 et leur
ancienneté varie entre 5 et 15 ans. Les 4 CAE sont Cap Services, Talents Croisés, Escale
Création et Cabestan.
Ce groupe se compose de :
- une CAE spécialisée qui a des antennes positionnées sur l’ensemble de la région Rhône Alpes (Cabestan)
- une CAE implantée sur le département 42 (Talents Croisés) et deux sur le territoire du Grand Lyon
(Escale Création et Cap Services)
- une CAE que nous considérons comme une locomotive de part son ancienneté et le volume de
personnes accompagnées chaque année (Cap Services)
- une seule CAE augmente son volume de personnes accompagnées sur la période des 3 dernières années
(Cabestan).
Le deuxième groupe rassemble les coopératives qui répondent aux critères suivants : âgées de
plus de 8 ans et qui accompagnent moins de 100 personnes en 2010. 7 CAE sont concernées :
Amétis, Soltice, Pollen, Elycoop, Axalp, 3 Bis, Oxalis
Les caractéristiques de ce groupe :
- 5 départements couverts
- 2 CAE qui accompagnent moins de cinquante personnes (Axalp et Amétis)
- les autres CAE accompagnent entre 50 et 90 entrepreneurs
- au sein de ce groupe, Axalp et Oxalis se revendiquent comme étant des «coopératives
d’entrepreneurs » plutôt que des coopératives d’activités et d’emplois.
- une seule CAE augmente le volume accompagné depuis 3 ans (3 Bis)
Le troisième groupe réunit les CAE de moins de 4 ans : Arcoop, A 2 et plus entreprendre,
Natura Scop, Vecteur d’activité, Graines de Sol
Les éléments à retenir :
- Les 5 CAE sont présentes sur 5 départements différents.
- Deux coopératives se distinguent : d’une part, Natura Scop qui est une CAE spécialisée avec un potentiel
de développement au niveau régional, et d’autre part, Graines de Sol qui est la plus jeune CAE mais qui
s’illustre par le nombre d’entrepreneurs accompagnés. Cette dernière accompagne près de 90 contre
une cinquantaine pour les autres. Ce fort développement met en évidence la capacité de cette CAE de
passer en catégorie 1 rapidement.
- Ces CAE les plus récentes doivent confirmer leurs potentiels de développement en fonction du projet
porté par les dirigeants et des potentialités des territoires. Aussi, elles pourront évoluer vers l’un ou
l’autre des deux premiers groupes.
• Analyse des profils types
L’objectif de cette analyse est de mettre en exergue les différences et les similitudes des CAE au sein de
chaque groupe présenté ci-dessus et ce, de manière individuelle.
La CAE gère des flux humains ainsi que les flux financiers issus des activités exercées par les entrepreneurs.
L’étude de ces deux types de flux permet d’analyser ces profils type. De ce fait, les deux critères retenus
sont :
- l’un à caractère social sur les publics accompagnés
- l’autre à caractère économique : l’analyse du modèle économique
© BPI
30
[Diagnostic stratégique]
Indicateurs sociaux
Indicateurs sociaux
Groupe n°1
Groupe n°2
Groupe n°3
Typologie des contrats
d’accompagnement
Les 4 CAE enregistrent des différences
concernant la typologie des contrats :
une CAE accompagne 29 % de CDD et 44
% de CAPE, deux CAE accompagnent
environ 60% de CAPE et la dernière CAE,
49% de salariés.
Pour 6 CAE sur les 7, la proportion de
salariés accompagnés est de plus de 55
%, à l’inverse de la catégorie n°1.
Particularité : une CAE met en œuvre
des conventions d’accompagnement.
Une seule CAE accompagne plus de
personnes en CAPE que de salariés : plus
proche du groupe n°1.
Pour les autres CAE, le comportement est
similaire à celui observé dans le groupe n° 2
Profils des
entrepreneur-e-s
CAP Services accompagne de manière
significative des personnes au RMI (32%)
Cabestan
et
Escale
Création
accompagnent
principalement
des
demandeurs d’emplois de moins de un an
(respectivement 73 et 63%)
La proportion de femmes varie de 54 à 67
%, à l’exception de Cabestan (10 % de
femmes).
3 Bis accompagne 40 % de demandeurs
de longue période qui s’explique par
son agrément IAE.
Axalp, Amétis, Oxalis accompagnement
en moyenne 45 % d’entrepreneur-e-s
dont la situation préalable est salarié,
indépendant ou autres catégories.
Amétis accompagne 74 % de femmes,
là où Axalp, Elycoop et Oxalis
accompagnent environ 40 % de
femmes.
Solstice et Axalp se distinguent par
l’accompagnement de seniors (près de
25 %).
Vecteur d’activité et A deux et plus
entreprendre
accompagnent
une
proportion de près de 50 % de salariés,
indépendant ou autre.
Ces
deux
structures
généralistes
accompagnement moins de 40 % de
femmes au sein de la structure alors que la
proportion pour des autres CAE dépassent
les 50%.
Typologie de sortie
Taux de sortie pour création variant de
13 à 29 %.
Taux de sortie positive (création, salarié
CAE, emploi) en moyenne de 45% à
l’exception de Cabestan 73 %.
Taux de sortie pour création : allant de
15% à 58%.
Les deux coopératives qui se
distinguent : Amétis (58%), Oxalis
(40%).
Taux de reclassement positif en
moyenne autour de 65 % à l’exception
d’Axalp 44%.
Taux de sortie pour création : variant de 12
à 38 %
Taux de sortie positive de 60 % en
moyenne. Ce taux est plus faible pour
Arcoop et Natura Scop
(données bilans sociaux 2010)
Indicateurs économiques
Indicateurs
économiques
Groupe n°1
Groupe n°2
Groupe n°3
(données bilans sociaux 2010
et Diane 2010)
CA moyen encaissé en
2010 par personne
accompagnée.
Cabestan 38 K€
Talents Croisés et Escale Création 10 K€,
Cap Services 7 K€
Coopératives d’entrepreneurs : Oxalis
46 K€ et Axalp 42 K€
Les autres CAE : entre 11 et 20 K€
A deux et plus entreprendre : 16K€, Natura
Scop 15 K€
Les autres entre 4,6 et 6,7K€
Montant de
subvention perçu
Montant moyen de subvention perçu :
132 K€
Montant minimum de 87 K€ (Cabestan)
et maximum de 200K€ (Cap Services)
Montant moyen de subvention par
personne accompagnée : 839€
Montant moyen de subvention perçu :
102 K€ allant de 8 K€ (Amétis) à 232K€
(Oxalis)
Montant moyen de subvention par
personne accompagnée : 1658 €
Montant moyen de subvention perçu : 55 K€
Montant minimum de 7 K€ (Natura Scop) et
maximum de 123K€ (Graines de Sol)
Le montant de subvention par
personne accompagnée : 905 €
Fonds propres et
endettement
Les fonds propres sont relativement
importants : de 121 K€ à 352 K€
L’endettement est faible : moins de 10 %
Les fonds propres sont plus faibles que
le groupe n°1, à l’exception d’Oxalis qui
enregistre des fonds propres à hauteur
de 207K€
Oxalis et Amétis se distinguent par un
endettement supérieur à 10 % avec
respectivement 24 et 12 %
Des fonds propres faibles voire négatifs : de
– 42 K€ à 31 K€
Un endettement supérieur à 10 % pour
Natura Scop et A deux et plus entreprendre
© BPI
31
[Diagnostic stratégique]
En synthèse :
- il existe une corrélation entre le volume d’entrepreneurs accompagnés et le niveau de subvention
perçu. Les subventions permettent de financer l’accompagnement et le développement de l’activité.
Aussi, il est normal que 40 % des CAE percevant plus de 100 K€ se situent au sein du groupe 1.
- le ratio montant de subvention par personne accompagnée est plus élevé au sein du groupe n° 2 que
dans les deux autres groupes. Il est plus élevé pour le groupe 3 que le groupe 1 ce qui s’explique par
une aide financière plus importante lors du démarrage des CAE.
- au regard de la proportion selon chaque catégorie de contrat (CAPE, salariés, CDD, convention), il est
possible de distinguer deux catégories de CAE. La première concerne 5 CAE qui ont un taux
d’accompagnement en CAPE supérieur à 50 %. Cela signifie qu’elles accompagnent plus de personnes en
démarrage de projet. Il est à noter que 4/5 d’entre elles accueillent les volumes les plus importants
d’entrepreneurs et par ailleurs sont adhérentes du réseau Coopérer pour entreprendre.
- les chiffres d’affaires par personne accompagnée sont les plus élevés au sein des coopératives qui se
revendiquent comme une « coopératives d’entrepreneurs » (44K€, en moyenne) et celles dont le CA
est de moins de 10 K€, 75% d’entre elles appartiennent au groupe n°3. La moyenne de chiffre d’affaires
par personne est établie à 17 K€ et il est à noter que 68 % des CAE se situent en dessous de la moyenne.
De plus, ce sont ces coopératives qui « fabriquent » le plus d’entrepreneurs avec des taux de sortie pour
création supérieur aux autres CAE (33% et 58%).
- l’évolution du volume d’entrepreneurs accompagnés sur les 3 dernières années montre que 68% des
CAE des deux premiers groupes, observent une stabilisation voire une baisse du nombre de personne
accompagnée. Aussi, la question de l’atteinte d’une vitesse de croisière peut se poser au regard de
l’engouement pour la création d’entreprise. Cette distinction est plus ou moins exprimée explicitement
et certaines coopératives se revendiquent comme étant des « coopératives d’entrepreneurs »
(Entretien dirigeant, BPI 2012). Néanmoins, cette distinction doit être éclairée par d’autres approches.
Les facteurs de différenciation
• Le projet porté par chaque CAE
Le développement des CAE renvoie à des stratégies et à des pratiques qui en découlent.
Deux stratégies différentes s’observent :
- la stratégie orientée vers l’accueil des publics et l’insertion dans la vie professionnelle. Les pratiques
au service de cette stratégie : accueil de tous à l’entrée en CAPE sans sélection, passage en contrat
avec des volumes horaires faibles (8h).
- les «coopératives d’entrepreneurs» qui souhaitent accompagner et intégrer de véritables
entrepreneurs. Aussi, ces CAE préfèrent signer des contrats de travail avec un volume horaire plus
important et observent des taux de sortie pour création supérieur à 30%.
Les CAE peuvent adopter des positions intermédiaires. Ces stratégies peuvent être issues des réseaux de
CAE : par exemple, la première stratégie est identifiables pour toutes les CAE adhérentes au réseau
Coopérer pour Entreprendre et la deuxième stratégie correspond à quelques structures du réseau
Coopéa. Les nuances s’expliquent également par la construction d’un projet porté par l’équipe
dirigeante et les sociétaires et notamment des partenaires publics avec le développement du modèle de
SCIC.
© BPI
32
[Diagnostic stratégique]
Les stratégies de développement sont amenées à évoluer en fonction de plusieurs facteurs : des dynamiques
internes et externes qui prennent en considération l’action du temps.
• Les dynamiques en présence
Dynamiques
internes
Dynamiques
de flux
Les dynamiques internes :
- Orientations internes : conditions de passage d’un contrat
à un autre, règles de l’association
- Champs des activités couvertes
- Degré de mutualisation
- Expérience de l’équipe administrative
- Collectif : modalités d’animation, parties prenantes
- Degré d’investissement des entrepreneurs
Les dynamiques liées aux flux :
- Entrées et sorties (volumes, typologies d’entrepreneurs,
durée de parcours, activités, investissements)
Représentation schématique des dynamiques, BPI 2012
• Les effets à l’œuvre
- Effet niveau d’activité : le niveau d’activité des entrepreneurs est inversement proportionnel à leur
investissement dans la coopérative
- Effet revenu : l’accroissement des moyens de la CAE pour développer la dimension collective
- Effet ancienneté : la croissance est moins forte et la capacité d’absorption plus grande
- Effet taille : la croissance des effectifs a des répercussions en terme de gestion et d’animation
- Effet réseau : l’investissement de l’entrepreneur est motivé par le but d’accroître son réseau relationnel
- Effet célérité : acquisition des savoir être, savoir faire et compréhension de l’environnement par les
entrepreneurs
Les représentations schématiques et les facteurs de différenciation mis en avant témoignent de la pluralité
des CAE. Il a été présenté plusieurs conceptions de la CAE : de la CAE avec une orientation plutôt sociale
(Coopératives d’activités) à la CAE à dominance économique (Coopératives d’Entrepreneurs).
La différence de vocable sous-entend des stratégies de développement et des pratiques disparates. Toutefois,
cette diversité ne doit pas remettre en cause la nature et les fondamentaux de la CAE.
Le dévoiement de la marque CAE peut être une conséquence de l’évolution de certaines CAE, mais elle peut
aussi être une conséquence de la diffusion large de ce modèle et d’une adaptation aux besoins et désirs des
entrepreneurs.
Afin d’appréhender les CAE et leurs externalités, il convient de mettre en perspective la CAE par rapport aux
différentes formes offertes aux porteurs de projets.
© BPI
33
[Diagnostic stratégique]
2.4.3. Mise en perspective avec les autres modalités d’accès à l’entrepreneuriat
L’objectif est d’abord de présenter succinctement les différents moyens qui s’offrent à un porteur
de projet pour créer son activité, puis de mettre en perspective chaque modalité d’accès par
rapport à la CAE.
L’analyse des structures, ainsi que des publics qui les fréquentent, nous permettra d’appréhender
au mieux les atouts et inconvénients et leurs degrés de concurrence ou de complémentarité avec
les CAE.
Analyse des voies possibles pour l’entrepreneur
L’emploi du vocable « voie » est nécessaire afin de rapprocher ce qui n’est pas comparable, à savoir des
statuts juridiques et des structures offrant des statuts juridiques.
La production littéraire sur ce sujet est assez riche( ex : AVISE, 2006). La substance sera tirée de ces
documents dans le but de mettre en perspective les critères de choix et les motivations des porteurs de
projets.
Les différentes voies d’accès à l’entrepreneuriat peuvent se distinguer en deux catégories :
- celles qui permettent aux entrepreneurs de tester leur activité, leur envie d’entreprendre et de valider
la capacité à pouvoir se rémunérer.
- celles qui permettent aux entrepreneurs de pérenniser leur activité et d’en faire leur première source
de rémunération.
Pérenniser son
activité
Tester son
activité
Couveuses
CAE
Portage
salarial
CAE
Portage
salarial
Entreprises
ou sociétés
Auto
entrepreneur
Distinction des modalités d’accès à l’entrepreneuriat, source BPI 2012
• La voie du test
Les trois structures qui permettent l’entrepreneuriat à durée déterminée sont : les couveuses, les CAE et le
portage salarial.
L’analyse comparative des trois structures met en évidence des différences tant au niveau des finalités, de la
structuration que des sources de financement.
- une finalité différente : les couveuses ont une fonction de passerelle, c’est-à-dire, d’accompagner les
porteurs de projets vers la création ou vers le retour à l’emploi. Les structures de portage et les CAE
remplissent également cette fonction. Cependant, leur vocation est aussi d’intégrer durablement les
personnes dans un statut de salarié (confère partie suivante).
© BPI
34
[Diagnostic stratégique]
- une structure différente : les couveuses sont principalement associatives, les CAE sont des entreprises
commerciales qui obéissent aux règles coopératives et les structures de portage sont des entreprises
commerciales.
- leurs financements : les trois structures ont en déterminants communs : la contribution des entrepreneurs
accompagnés en contrepartie du cadre juridique, social et fiscal et des services proposés.
Au-delà de ce financement, les couveuses ont des financements essentiellement publics comme outil de
proximité au service de la population. Les CAE bénéficient de financements liés à la convention de la
Région pour accompagner des personnes dans une démarche entrepreneuriale. Les sociétés de portage se
financent uniquement avec les contributions.
Le financement apparaît comme une problématique majeure pour les CAE et les couveuses : les couveuses
évoquent la limite de leurs financements en comparaison avec les CAE et ces dernières peuvent être
amenées à faire face à la baisse des financements publics.
Le statut de l’auto entrepreneur sera inclut dans la notion de test car il apparaît comme un statut plus
adapté à une période de démarrage d’activité, ou pour les activités à temps partiel. En effet, le statut offre
les avantages d’une structure juridique simple à mettre en œuvre et à gérer, mais les inconvénients de la
limite du chiffre d’affaires et de la prise en charge des frais professionnels peuvent être bloquants pour
avoir une activité suffisamment rémunératrice.
• La voie de la pérennisation
Les deux structures qui permettent l’entrepreneuriat à durée indéterminée sont : les CAE et les sociétés de
portage salarial. Toutes deux ont été présentées précédemment. Néanmoins, les différences entre la CAE
et le portage résident dans la dynamique collective qui est primordiale au niveau des CAE,
l’accompagnement est un réel savoir faire de la CAE. Elle offre également l’opportunité aux entrepreneurs
salariés de s’investir dans la vie coopérative en devenant associés de la structure.
La création d’entreprises sous la forme de sociétés ou d’entreprises individuelles s’avère également être
un statut permettant le développement d’activités de façon durable.
Les voies possibles et les entrepreneurs
Nous présenterons les entrepreneurs selon chaque catégorie : les entrepreneurs en test et ceux en
développement. Puis, dans chaque catégorie, nous valoriserons les entrepreneurs selon les différentes
modalités (structures ou statut).
L’objectif est d’en extraire les différences et les similitudes entre les entrepreneurs et mieux appréhender
leurs choix.
© BPI
35
[Diagnostic stratégique]
• Le profil des entrepreneurs en test
Les entrepreneurs des CAE
Les entrepreneurs des couveuses
La population prise en compte :
La population :
La population :
75 personnes ayant un lien
juridique à durée déterminée
(LJDD),
soit
33%
des
entrepreneurs en CAE du
questionnaire.
34 personnes ont répondu au
questionnaire.
Étude INSEE–N°1388– Février
2012
Les caractéristiques :
65 % sont des femmes, la
moyenne d’âge est de 42 ans
53 % sont des femmes, la
moyenne d’âge est de 44 ans
71 % ont un niveau supérieur à
Bac +3
53 % ont un niveau supérieur à
la licence, 43% étaient des
cadres
41 % étaient des cadres et 41 %
étaient des employés
80% sont d’anciens salariés et 73
% sont entrepreneurs depuis
moins d’un an
Le choix du statut :
65 % ont hésité avec un autre
statut et 65 % de ceux qui
hésitent font référence à l’auto
entrepreneur. 34 % ont hésité
avec d’autres structures pour
héberger leurs activités et 32 %
avait regardé de plus prêt le
portage salarial.
48% n’auraient pas testé leur
activité en dehors de la CAE
Les activités :
40% entreprennent dans les
services aux entreprises, 21 %
dans le secteur artisanal et 13 %
dans
les
services
aux
professionnels
et
aux
particuliers.
72% ont un chiffre d’affaires de
moins de 1000€ mensuel
Les perspectives d’évolution :
44% souhaitent intégrer la CAE à
court terme
© BPI
Les caractéristiques :
79 % sont d’anciens salariés, 65 %
sont demandeurs d’emplois ou
bénéficiaires des minima sociaux
L’auto entrepreneur
Les caractéristiques :
34% de femmes, la moyenne
d’âge est de 39 ans
24 % ont au moins un diplôme
universitaire du second cycle
34% sont employés,
ouvriers et 20 % cadres
23%
38% des auto entrepreneurs
sont salariés du privé et 30%
demandeurs d’emploi
Le choix du statut :
Le choix du statut :
53% ont hésité avec un autre
statut et 65% de ceux qui
hésitent, font référence à l’auto
entrepreneur et 28% évoquent la
création d’entreprises.
26% n’auraient pas testé leur
activité en dehors de la structure
Les activités :
50 % entreprennent dans les
services aux entreprises, 18 %
dans le domaine artisanal et 12%
dans les services aux particuliers
62% ont encaissé un chiffre
d’affaires de moins de 1000€
mensuel
3/4
des
entrepreneurs
n’auraient pas créé en dehors de
ce statut.
Les activités :
25% entreprennent dans le
conseil aux entreprises, 21%
dans le commerce et 17 % dans
les services aux ménages
40 % ont choisi ce statut pour
développer
une
activité
complémentaire et 40 % pour
assurer leur propre emploi
Le chiffre d’affaires de mensuel
moyen est de 1000€ pour les
60% des auto entrepreneurs qui
démarrent effectivement une
activité
Point méthodologique :
Les perspectives d’évolution :
36% envisagent de créer leur
entreprise à court terme
Seuls les chiffres d’affaires des
entrepreneurs en CAE et en
couveuse peuvent être comparés.
En effet, pour ces deux catégories,
le calcul intègre les chiffres
d’affaires
égaux
à
zéro
contrairement au calcul réalisé pour
les auto entrepreneurs.
36
[Diagnostic stratégique]
• Le profil des entrepreneurs en développement
Les entrepreneurs des CAE
Les créateurs
La population prise en compte :
La population :
La population :
149 personnes ayant un contrat
à durée indéterminée, soit deux
tiers des entrepreneurs en CAE
25 personnes ont répondu au
questionnaire
Étude INSEE N°58, Février 2012
Étude INSEE–N°1388– Février
2012
32% sont en CDI temps plein et
61% en CDI à temps partiel. Il est
à noter que 5% cumulent
plusieurs contrats.
Les caractéristiques :
52 % sont des femmes, la
moyenne d’âge est de 47 ans
Les caractéristiques :
Les caractéristiques :
64 % ont un niveau supérieur à
Bac +3
52 % sont des hommes, la
moyenne d’âge est de 46 ans
60 % étaient des cadres et 32 %
étaient des employés
62 % ont un niveau supérieur à
la licence, 44% étaient des
cadres
76 % sont d’anciens salariés, 20%
sont d’anciens chefs d’entreprises
et 56% sont entrepreneurs depuis
plus de 3 ans
Un tiers sont des demandeurs
d’emploi, un tiers des salariés et
un quart des indépendants
Le choix du statut :
Le choix du statut :
60% ont hésité dans le choix du
statut : la totalité ont évoqué la
création d’entreprises et 40% ont
évoqué l’auto entrepreneur
Pas d’éléments comparatifs
53% ont hésité avec un autre
statut et 65% de ceux qui
hésitent, font référence à l’auto
entrepreneur et 28% évoquent la
création d’entreprises.
45 % dans le secteur de type
services, 35% dans le commerce
et 20% créent des entreprises
dans le secteur secondaire
Les activités :
Les perspectives d’évolution :
Neuf
créateurs
sur
dix
envisagent d'être à leur compte
durablement sur une période de
plus de cinq ans
80% sont d’anciens salariés, 5%
sont d’anciens entrepreneurs et
64% sont entrepreneurs depuis
plus de 3 ans
Le choix du statut :
47 % ont hésité avec un autre
statut : 56% celui de créateur et
13% l’auto entreprise.
20 % ont hésité avec d’autres
structures pour héberger leur
activité et 63 % ont évoqué le
portage
24% n’auraient pas testé leur
activité en dehors de la CAE
Les activités :
48 % entreprennent dans les
services aux entreprises, 19 %
dans le domaine artisanal, 9 %
respectivement dans les services
à la personne et les services aux
particuliers et aux professionnels
60 % ont un chiffre d’affaires de
moins de 2 500€ mensuel
Les perspectives d’évolution :
19% des personnes évoquent un
départ de la CAE et 48% pensent
à la création d’entreprise.
© BPI
Les entrepreneurs en portage
60 % entreprennent dans les
services aux entreprises, 16 %
dans le domaine artisanal
48% ont encaissé un chiffre
d’affaires de moins de 1000€
mensuel
Les perspectives d’évolution :
48% envisagent de changer de
statut et 75% évoquent la
création d’entreprise
30% de femmes
43 % d'entre eux possèdent au
moins un diplôme universitaire
du premier cycle
Les activités :
Point méthodologique :
Les éléments qualitatifs sont moins
exhaustifs pour les créateurs
d’entreprises et pour les auto
entrepreneurs.
Le faible niveau de retours de ces
deux catégories au questionnaire
BPI induit une représentativité trop
limitée et que nous ne pouvons
présenter.
37
[Diagnostic stratégique]
• Des constats à partager
- Les entrepreneurs en contrat à durée déterminée des CAE et les entrepreneurs au sein des couveuses
ont des profils similaires et se distinguent par une forte hésitation dans le choix du statut avec le statut de
l’auto entrepreneur.
A l’inverse, les entrepreneurs-salariés des CAE et les salariés en portage ont des
caractéristiques communes : pourcentage d’anciens chefs d’entreprises, ancienneté en qualité
d’entrepreneurs, attrait plus fort pour la création d’entreprises, …
- L’auto entreprise attire plus les jeunes vers la création d’entreprises que les autres modalités.
Néanmoins, les CAE et les couveuses accompagnent particulièrement les personnes les plus fragiles au
regard du marché du travail : les jeunes et seniors.
- L’auto entreprise marque particulièrement le cumul d’activités professionnelles puisque 40 % mettent
en œuvre une activité complémentaire. Ce phénomène est aussi visible au sein des CAE puisque plusieurs
personnes combinent des statuts différents en sus de leur activité d’entrepreneur.
- La propension à extraire une rémunération de leur activité d’entrepreneur va être la raison majeure
d’un retour vers le salariat. Les CAE et les couveuses observent une même proportion de personnes
faisant référence à la reprise d’un emploi salarié ou hésitant avec la création d’activité. Les auto
entrepreneurs ayant cessé leur activité expliquent cet arrêt par la non viabilité du projet (INSEE, 2012).
- L’analyse de la distance structure d’accueil / domicile indique que la proximité est plus forte pour les
entreprises de portage et pour les couveuses. Cela tient au fait que ces deux types de structures sont
implantées sur des territoires les plus dynamiques en matière de création et à caractère urbain.
L’implantation sur des territoires plus ruraux, c’est ce qui différencie les CAE (Questionnaire BPI,2012).
- La CAE est une fabrique d’entrepreneurs mais elle ne semble pas être une fabrique de créateurs
d’entreprises. La CAE se distingue du portage et de la couveuse par la faible proportion d’entrepreneurs
hébergés qui se projettent à court ou moyen terme dans la création. Inertie des CAE : moins de
mouvement et une proportion plus faible pour créer son entreprise.
- Un tiers des personnes interrogées au sein des couveuses et des sociétés de portage connaissent les
CAE. De manière générale, la moitié les connaissent via leurs réseaux ou leurs propres recherches et
l’autre moitié par les structures d’accompagnement à la création d’entreprises.
En synthèse, les voies offertes à l’entrepreneur peuvent se distinguer de la manière suivante :
- celles qui proposent simplement un cadre juridique pour exercer son activité
- celles qui accompagnent les entrepreneurs dans le démarrage et le développement de leurs
activités, en complément du cadre juridique
La qualité de l’accompagnement apparaît être un facteur de différenciation entre les voies possibles pour
l’entrepreneur. Les partenaires des CAE reconnaissent leur professionnalisme, cependant, certains
définissent les CAE comme une société de portage avec une dimension collective forte.
© BPI
38
[Diagnostic stratégique]
Fo rm e
ju ridiq u e
SCO P
S C IC
F inan cem en ts
Fin alité
D urée
Ca ra ctéristiq u es
TYPE
Co ntrib ution
Co n ven tion Ré gio n
AC C U E IL
TEST
D E V E LO P P E R
S ’AS S O C IE R
Déterm in ée ou
In dé term in ée
P rotection so ciale
S ervice s
adm inistratifs et
com p tables
C ad re c olle ctif
C oo p ératio n
Co o pératives
d’activités et
d ’em plois
As sociatio n
Co ntrib ution
F inan cem en ts
p ub lics (75% )
AC C U E IL
TEST
D éterm in ée
P rotection so ciale
S ervice s
adm inistratifs et
com p tables
C ad re c olle ctif
Co u veu s es
P erso nn es
m o rales
Co ntrib ution
AC C U E IL
TEST
D E V E LO P P E R
Déterm in ée ou
In dé term in ée
P rotection so ciale
S ervice s
adm inistratifs et
com p tables
R éseau
P ortage salarial
P erso nn es
ph ysiq ues
C hiffre d’affaires de
l’entrep ren eur
CR E E R
In dé term in ée
In dép en da nce
Auto en trep ren eurs
Fo rm es
ju ridiq ue s :
p erson n es
ph ysiq ues
et
p erson n es
m o rales
Ch iffres d’affaires
d e l’e ntrep re neu r
CR E E R
In dé term in ée
In dép en da nce
E n trep rises
individu elles
S o ciétés
Tableau de synthèse des différentes voies d’accès, BPI 2012
© BPI
39
3. IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES
© BPI
40
[Impacts socio-économiques]
3.1. Approche méthodologique
Objectifs de l’analyse des impacts socio-économiques :
• Identifier, à partir d’un recueil de données quantitatives et qualitatives et de notre connaissance,
les différentes contributions (ou impacts) des CAE sur le territoire de Rhône-Alpes.
• Qualifier et mesurer les différentes contributions de la CAE au travers d’indicateurs clés.
LA CAE
• Public accueilli
Diversité des pratiques
• Financements publics
• Contribution sociales
Flux ENTRANTS
Réponse à un besoin
identifié
• Contributions économiques
Flux SORTANTS
Matériau non stabilisé
Système de base
Stratégie de
développement portée
par chaque CAE
La méthode et les sources :
• Cette évaluation des impacts sera effectuée selon des aspects économiques (emploi, entreprises,
retombées financières, développement local) et sociaux (employabilité, cohésion sociale, vie
démocratique et innovations).
• Elle requiert pour chacune des parties traitées une batterie d’indicateurs dédiés permettant de
qualifier l’impact.
• Seuls les impacts directs seront chiffrés tandis que les impacts indirects et induits seront
mentionnés.
• L’analyse quantitative repose sur la collecte de données issues des questionnaires BPI et des
bilans sociaux, rapportées aux informations recensées auprès des sources usuelles de statistique
publique (INSEE, APCE,…).
• L’évaluation qualitative vise notamment à caractériser de manière plus significative les
retombées partiellement mesurables par les données statistiques. Elle repose sur des entretiens
réalisés auprès de personnes ressources, complétés par notre connaissance.
© BPI
41
[Impacts socio-économiques]
3.2. Tableau synoptique des impacts potentiels des CAE
Les tableaux ci-dessous représentent les catégories d’impact sélectionnées qui feront l’objet d’une
analyse dans la présente étude.
1) EMPLOI : impacts potentiels
Création d’activités professionnelles directes
1) EMPLOYABILITE : impacts potentiels
Passerelle vers l’emploi
Consolidation économique des activités des
entrepreneurs-salariés
Développement des compétences
Pérennisation des activités professionnelles créées
Intégration durable
2) ENTREPRISES : impacts potentiels
2) LIEN SOCIAL : impacts potentiels
Créations d’entreprises à la sortie de la CAE
Création de CAE
Égalité des chances
Essaimage des CAE
Synergies
Qualité de vie
3) RETOMBEES FINANCIERES : impacts potentiels
Retombées économiques directes
Retombées économiques indirectes
Retour sur investissement des financements publics
4) DEVELOPPEMENT LOCAL : impacts potentiels
Diversification et renouvellement du tissu économique
local
3) VIE DEMOCRATIQUE : impacts potentiels
Organisation
Citoyenneté
Diffusion des principes coopératifs
Levier au développement des infrastructures locales
(aménagement du territoire)
© BPI
4) INNOVATIONS : impacts potentiels
Levier pour le développement de partenariats
public/privé
Innovation sociale
Intégration des activités dans leur environnement local
Innovation juridique
Évolution de l’image du territoire (attractivité)
Innovation culturelle
42
[Impacts socio-économiques]
3.3. Impacts économiques
L’évaluation de l’impact économique consiste à examiner la création de richesse économique générée
par les CAE, que ce soit en matière d’emplois, de retombées financières et de développement local.
3.3.1. Impact Emploi
Il s’agit ici d’évaluer la contribution des CAE en termes de créations nettes d’activités professionnelles pour
le territoire rhone-alpin et d’en apprécier la qualité et la pérennité.
Créations d’activités professionnelles directes
Les CAE en Rhône-Alpes ont permis la création nette de 245 activités professionnelles sur l’année 2010.
245 créations nettes d’activités professionnelles
pour le territoire en 2010
Sorties positives : 300
= créations brutes
-
Total des sorties : 380
Entrées « en activité » : 55
Total des entrées : 476
Compte tenu des données absentes sur le suivi individualisé de l’entrée à la sortie de la coopérative, il est
impossible de détailler les typologies des activités à partir des créations nettes, mais uniquement des
créations brutes.
Aussi, sur les 300 créations d’activités brutes en 2010, on comptait :
- 96 nouveaux chefs d’entreprises (45%) et les emplois qu’ils ont créés au sein de leurs nouvelles
activités (impact indirects)
- 90 personnes qui retrouvent un emploi (42%)
- 27 nouveaux entrepreneurs-salariés (13%)
- S’ajoutent à ces créations effectives, les personnes qui sont préparées par les CAE à un retour à une
activité professionnelle et qui sont sorties de la CAE pour toucher au but. C’est ainsi que 87 suivaient
une formation professionnalisante ou étaient réorientées en 2010 pour favoriser les chances de
réussite de leurs projets, soit 23% du total des sorties « en activité ».
Enfin, on dénombre 72 permanents venant en appui aux entrepreneurs (source : bilans sociaux 2010).
En cumulé, sur 3 ans, 590 activités professionnelles ont ainsi été créées, avec une montée en puissance au
fil des années (ex : +35% entre 2009 et 2010) (source : bilans 2008-2010).
++ 245
245 créations
créations nettes
nettes d’activités
d’activités en
en 2010
2010
72
72 permanents
permanents (équipe
(équipe administrative)
administrative)
© BPI
43
[Impacts socio-économiques]
Consolidation économique des activités des entrepreneurs-salariés
Cette consolidation économique peut être estimée au travers de deux indicateurs :
- l’évolution et le niveau de rémunération des entrepreneurs-salariés
- la quotité de temps de travail et la période d’activité dans l’année
La CAE prévoit d’accompagner la montée en charge des activités :
- lors de la phase de CAPE, le chiffre d’affaires n’est peu ou pas transformé en rémunération mais
permet de payer les charges professionnelles et de constituer une réserve en vu du passage en CDI.
72% des personnes en LJDD (CAPE, conventions d’accompagnement…) ont une rémunération
inférieure à 1000€ par mois (questionnaire BPI, 2012).
- le CDI est d’abord contractualisé sur la base d’un temps partiel qui va évoluer vers un temps plein au
fur et à mesure de l’évolution de l’activité. 2/3 des personnes en CDI perçoivent une rémunération
inférieur à 1000€ par mois et sont en CDI à taux partiel (questionnaire BPI, 2012).
Il est difficile de parler de paupérisation des emplois dans la mesure où différents paramètres
rentrent en ligne de compte. D’abord, pour les personnes en CDD, un complément de salaire peut
être assuré au travers de revenus de transferts sociaux pendant cette phase transitoire. De plus, la
rémunération augmente parallèlement avec le passage en CDI. 20% des questionnés en CDI gagnent
plus de 2000€ nets par mois. Les niveaux de rémunération peuvent être confortables. Un
entrepreneur-salarié nous précisait qu’au sein de sa coopérative, le niveau moyen de rémunération
s’élevait à 2 000€ nets par mois et qu’à ce salaire venait s’agréger tickets restaurants, intéressement,
plan d’épargne et PERCO (entretiens BPI, 2012).
Par ailleurs, ces activités constituent pour 78% l’activité principale et pour 54% la rémunération
principale des entrepreneurs-salariés. 86% des entrepreneurs-salariés travaillent toute l’année
(questionnaire BPI, 2012).
Au regard des éléments issus des paies, les 607 entrepreneurs-salariés qui se rémunèrent en 2010
représentent près de 300 Équivalents Temps Pleins, soit un taux moyen de 0.5 ETP par entrepreneursalarié. Ce ratio connaît une évolution positive au fil du temps. Enfin, le chiffre d’affaires réalisé par
les nouveaux entrants ne cesse lui d’augmenter d’année en année (bilans sociaux 2008-2010). Tous
les indicateurs d’évolution sont donc au vert. Ceci confirme bien que la CAE offre un cadre qui permet
à chacun d’avoir un temps de travail en adéquation avec ses besoins.
Pérennisation des activités professionnelles créées
• … par les nouveaux entrepreneurs-salariés :
Un élément notable en terme de pérennisation est à considérer dans l’esprit des coopératives qui ne
mettent pas en place de CDD pour ses salariés mais uniquement des CDI. Il témoigne bien de la
volonté des CAE de favoriser la création d’activités dans la durée.
45% des effectifs sont en CDI en 2010 (bilans sociaux 2010). Près de 70% d’entre eux ont intégré la
CAE depuis plus d’un an et 44% depuis plus de 3 ans (questionnaire BPI, 2012). Ces taux peuvent être
jugés intéressants compte tenu des flux de personnes qui transitent au sein des CAE.
En outre, par leur forme juridique et leurs principes d‘organisation, les CAE s’inscrivent dans une
logique de création d’emplois non délocalisables (AVISE,2008).
© BPI
44
[Impacts socio-économiques]
• … par les nouveaux chefs d’entreprises :
Selon le rapport « Situation des anciens entrepreneurs de Coopératives d’activités : cas des créateurs
issus de Cap Services » (Delore, 2009), 65% des entreprises étudiées en 2009 sont dans leur 5
premières années d’existence. 35% ont dépassé ce cap et peuvent donc être considérées comme
stables. Elle sont sorties d’une phase de création et sont dans une phase de développement.
Le taux de survie des entreprises créées à la sortie de Cap Services s’élève à 82% à 3 ans et à 75% à 5
ans en 2009.
Ces statistiques sont honorables au regard de celles d’autres structures d’accompagnement. A titre
indicatif, pour l’ADIE, le taux de survie à 3 ans est de 56% (données 2007) et pour Rhône
Développement Initiative, il est de 78% (données 2009), sur un segment de population identique à
celui de Cap Services. Ces statistiques sont d’autant plus favorables si on les compare avec le taux de
survie de toutes les entreprises rhone-alpines, de 69.8% à 3 ans (INSEE, 2009).
Par cet exemple, les CAE prouvent leur impact positif sur la pérennisation des entreprises créées à
leurs sorties.
3.3.2. Impact Entreprises
Nous traitons ici de l’impact des CAE sur les structures économiques créées. Sont ainsi
comptabilisées les entreprises créées à la sortie des CAE et les coopératives essaimées par les CAE
elles-mêmes.
Créations d’entreprises à la sortie des CAE
96 créations d’entreprises à la sortie des CAE sont dénombrées en 2010. Elles sont pour la plupart
sont sans salariés. Il peut arriver aussi que plusieurs entrepreneurs-salariés sortent d’une
coopérative pour créer une entreprise commune.
En cumulé, 268 entreprises ont été créées sur 2008-2010 (bilans sociaux 2008-2010) [données
manquantes sur l’ensemble des 17 dernières années, ce qui rend impossible le cumulé depuis 1995].
Essaimage de CAE
Il est généralement impulsé soit par des collectivités locales, soit par le réseau des CAE.
Dans la première situation, les réseaux des CAE peuvent être directement sollicités par des
collectivités locales qui souhaitent créer un outil pour la promotion de l’activité économique et de
l’emploi dans leur territoire. Sous réserve de l’existence ou de la possibilité de création d’un groupe
local porteur du projet, une étude de faisabilité pourra alors être enclenchée. Le réseau Coopérer
pour entreprendre propose par exemple un dispositif d’appui à la création de la CAE, le plus souvent
en appui avec une CAE existante (AVISE, 2011).
Il en a été le cas pour Cap Services qui a essaimé 4 CAE sur le territoire rhone-alpin depuis sa
création et qui a également créé 4 établissements.
Talents croisés (42)
Cap Services
Escale Création (69)
Graine de sol (69)
Créa cop
Coop A
Dom
Talents
neufs
Ain geste
d’avenir
Calad’impulsion (69)
Source BPI, 2012
© BPI
45
[Impacts socio-économiques]
Dans la seconde situation, un groupe de porteurs de projet peut vouloir répondre à des besoins identifiés
du territoire, mailler avec d’autres coopératives, etc. Ils pourront alors être soutenus par l’URSCOP qui
mobilisera une partie des moyens (AVISE, 2011).
C’est ce qui s’est passé pour Natura Scop qui a essaimé des CAE Solstice et Pollen, pour accompagner les
activités liées au bois et à l’agriculture afin de dépasser les contraintes de l’affiliation.
++ 96
96 créations
créations d’entreprises
d’entreprises en
en 2010
2010
16
16 coopératives
coopératives créées
créées depuis
depuis 1995
1995
55 coopératives
coopératives essaimées
essaimées depuis
depuis 1995
1995
3.3.3. Retombées financières
Elles correspondent aux flux financiers générés par l’activité économique des CAE et injectés dans
l’économie régionale, directement ou indirectement.
1.5 millions d’euros de
subventions versées
11.8 millions d’€
de contributions indirectes*
21.8 millions d’€ de
retombées directes
Les CAE de Rhône-Alpes en 2010
Chiffre d’affaires
21.8 millions d’€
de chiffre d’affaires généré
1,76 K€
de taxe sur la valeur
ajoutée générée
11.8 Millions d’€ d’achats
Fournisseurs/Prestataires
Sous-traitants
11 millions d’€
de valeur ajoutée créée
des entreprises créées à la
sortie des CAE
6.6 millions d’€
6.6 millions d’€
de cotisations
de salaires versés sociales acquittées
409 K€
de fiscalité
185 000€
de bénéfices réalisés
Impacts directs
Impacts indirects
Source BPI : bilans sociaux 2010 des 16 CAE,
Bilan ARCOOP 2009
*mesurables
© BPI
46
[Impacts socio-économiques]
Retombées financières directes et indirectes
Les CAE ont généré près de 22M€ de chiffre d’affaires en 2010 sur la région Rhône-Alpes, soit
l’équivalent de salaires de 1 350 personnes au SMIC (INSEE,2010) .
Ce dernier a profité principalement aux entrepreneurs-salariés, aux organismes en charge de la
collecte des cotisations, à la collectivité mais aussi aux coopératives elles-mêmes, au travers de la
mise en réserve obligatoire. Il a aussi bénéficié indirectement aux fournisseurs et sous-traitants.
« Retour sur investissement » des financements publics
Toutes les CAE de Rhône-Alpes ont bénéficié en 2010 de subventions d’exploitation, principalement
sous la forme de fonds publics. Ces fonds sont octroyés parce qu’elles remplissent des missions
d’intérêt général qui ont un coût : développement des territoires, développement économique,
insertion par l’activité économique… (AVISE, 2011).
Cette aide publique est cependant largement rendue par les taxes et les cotisations sociales versées
par tous les créateurs qui n’existeraient pas sans ces initiatives (Poncin, 2004).
Ainsi, en 2010, pour chaque euro de financement public investi, c’est un effet démultiplicateur de
15€ de chiffre d’affaires généré, 7€ de valeur ajoutée créée, 4.4€ de salaires versés, 4.4€ de charges
sociales acquittées et 0.3€ d’impôts et taxes qui sont reversés sur le territoire rhone-alpin mais pas
uniquement (une partie des montants transite au-delà du niveau régional).
Autrement dit, le « retour sur investissement » pour la collectivité est multiplié par 5. En effet, pour
100€ de subventions toutes confondues, les CAE reversent 500€ de taxes et de cotisations sociales
(bilans sociaux, 2010).
La démarche des CAE repose donc bien sur une logique d’investissement entreprenarial.
L’accompagnement des entrepreneurs-salariés est en partie financé par des dispositifs publics de
formation, de soutien à l’insertion sociale et à la création d’emplois. Ces financements sont négociés
chaque année sans aucune garantie d’être reconduits (Poncin, 2004). Les CAE sont relativement
dépendantes aux financements publics : les subventions d’exploitation représentent en moyenne 2.4
fois leur capacité d’autofinancement, ratio variant parmi les CAE selon les activités développées en
leur sein et selon le territoire d’implantation (rural, urbain..).
Compte tenu du degré de dépendance aux financements publics et du contexte politique de
réduction budgétaire, la situation n’est pas confortable pour les CAE. Il leur est donc nécessaire de
développer un chiffre d’affaires plus important par le biais des entrepreneurs-salariés pour
consolider et assurer la pérennité de leur structure (entretien entrepreneur-salarié BPI, 2012).
© BPI
47
[Impacts socio-économiques]
3.3.4. Développement économique local
Diversification et renouvellement du tissu économique local
De par leur vocation d’appui à la création d’entreprises, les CAE deviennent des leviers importants
du développement des activités et un facteur significatif d’adaptation aux évolutions économiques.
La création d’entreprise participe en effet au renouvellement du tissu économique local et favorise
l’émergence de nouvelles activités (Ministère de l’emploi et de la solidarité, 2000).
268 entreprises ont ainsi été créées à la sortie des CAE sur Rhône-Alpes de 2008-2010 (bilans
sociaux) et 607 entrepreneurs « collectifs » ont concouru à la dynamique économique territoriale en
2010.
Les CAE étant à la fois inter-sectorielles et multi activités, les secteurs d’activités représentés sont
très variés.
Ce
rassemblement
d’activités
très
diverses est perçu
comme une vraie
richesse, tant les
possibilités
de
partage, d’échanges
de
pratiques
et
d’affaires
sont
nombreuses
(entretien BPI avec
permanents
et
entrepreneurs
salariés, 2012).
Vente et négoce
Activités artistiques
Artisanat
Tourisme
Bâtiment travaux publics
Services à la personnes
Bien être développement
de la personne
Services aux ent. et aux
coll.
Services informatiques
Professions agricoles
Communication
Culture animation sports
Conseil aux entreprises
loisirs
Enseignement et
Source bilans sociaux
formation
2010
Secteurs d’activités des nouveaux entrants en 2010
Certaines CAE ont fait des choix inverses en se spécialisant dans une filière ou un secteur d’activités
donné. Cabestan est dédié aux activités du BTP et Natura Scop aux activités liées au bois et à
l’agriculture.
Maillage territorial des CAE généralistes et spécialistes
Ces coopératives spécialistes sont nées d’un besoin
exprimé par le territoire, afin d’apporter des
réponses à des problématiques liées à certaines
activités et qui freinent leur développement
(assurance décennale pour le BTP et problème
d’affiliation pour les activités agricoles notamment).
La cartographie présentée ici permet de mettre en
exergue l’articulation entre les filières et le territoire.
CAE généralistes
CAE spécialistes
Siège social
Antenne
Source BPI, 2012
© BPI
Le lien existant entre CAE généralistes et spécialistes
créé un maillage territorial qui permet aux CAE
spécialistes d’étendre leur périmètre d’intervention,
capter davantage de porteurs de projets dans le
domaine d’activités concerné et ainsi renforcer les
filières en local.
48
[Impacts socio-économiques]
Levier au développement des infrastructures locales (aménagement du
territoire)
Les CAE sont un maillon complémentaire et innovant dans la chaîne des nombreux outils
d’accompagnement à la création d’entreprises que sont les chambres consulaires et autres structures.
Elles commencent désormais à être bien identifiées par les potentiels prescripteurs et même reconnues
pour leurs compétences clés (entretiens partenaires BPI, 2012).
34 % des personnes nouvellement accueillies en 2010 ont été réorientées vers la CAE par des
prescripteurs emploi (Pôle emploi…) et 49% par le réseau des partenaires qu’ont forgé les CAE et le
bouche à oreille (LVE, …) (bilans sociaux, 2010).
Autres
4%
Prescripteurs emploi
34%
Réseau, bouche à
oreille
49%
Information et
communication
externe
13%
Prescription des nouveaux entrants en 2010
Pour les collectivités territoriales, en
particulier celles situées en milieu rural,
les CAE représentent une opportunité
pour favoriser l’installation de « micro
entreprises » (Poncin, 2004).
Ces structures d’accueil se doivent d’être
suffisamment fortes pour être à même
d’offrir des conditions favorables à la
création d’activités (Veyer S., 2010). Leur
solidité financière est donc indispensable
pour ne pas risquer un effet inverse de
celui voulu, avec des licenciements.
Les CAE semblent être plus solides financièrement que les couveuses d’entreprises par exemple. C’est
du moins la vision des couveuses qui remarquent des moyens financiers plus importants des CAE.
(entretien couveuse BPI, 2012).
Ces propos sont à nuancer : même si des efforts de consolidation financière sont faits, il n’en demeure
pas moins que les CAE restent des structures relativement fragiles financièrement. Les hauts de bilans
ont globalement besoin d’être fortifiés, la part des capitaux propres représentant en moyenne 7% du
total des bilans. La gestion de la trésorerie reste complexe mais les CAE mettent en moyenne 88 % de
leurs bénéfices en réserve chaque année pour renforcer leurs fonds propres.
Du point de vue de l’exploitation, les indicateurs sont favorables. La majeure partie des CAE parvient à
dégager un bénéfice. La croissance moyenne du chiffre d’affaires est soutenue et ce, de façon
tendancielle (+28% entre 2008 et 2010) (bilans 2008-2010).
Enfin, le ratio du taux de croissance du chiffre d’affaires (28% en 2010) par rapport au taux de
croissance des subventions (25% la même année) pose la question du modèle économique à
développer pour les années à venir et celles des équilibres à rechercher pour poursuivre le
développement des activités, dans un contexte économique où les aides publiques ne pourront
proportionnellement pas suivre la croissance des CAE.
© BPI
49
[Impacts socio-économiques]
Levier pour le développement de partenariats public / privé
En interface entre pouvoirs publics, collectivités territoriales et vie économique, la CAE manifeste un rôle
tiers.
Elle est une société commerciale, en cela elle relève du secteur marchand, mais elle épouse des principes
démocratiques et coopératifs. Elle apporte directement un service public, d’utilité sociale (soutien à
l’emploi, à la création d’entreprise et au développement local, formation, accompagnement de publics en
difficulté…). Elle n’est pas à mi-chemin entre sphère publique et sphère marchande, pas plus qu’elle n’est
l’un ou l’autre. S’appuyant pleinement sur son principe coopératif, elle facilite un travail de coopération
entre le secteur marchand et l’intervention publique (Veyer S., 2010).
Les CAE développent ainsi des relations avec les différents échelons des politiques territoriales :
communes, intercommunalités, départements, régions. Selon leurs propres orientations stratégiques et
selon les compétences des collectivités, elles axeront leurs relations vers l’action économique, l’économie
sociale et solidaire… Elle sont parfois considérées comme des partenaires et sont même sollicitées pour
être force de propositions en matière de politique économique locale (AVISE, 2011).
Ce partenariat fort entre public et privé va plus loin, avec l’existence de CAE sous forme de statut SCIC où
« collectivités publiques, groupes privés, bénévoles, salariés co-gèrent une structure économique « d’où
chacun doit tirer son parti, le territoire étant le parti de tous ».
Ce type de rapports entre acteurs privés et acteurs publics (dans un multi sociétariat) invente un nouvel
outil de développement local, durable, ancré dans le territoire et favorisant l’action de proximité et le
maillage des acteurs d’un même bassin d’emploi (Site Internet des SCIC).
On en compte plusieurs aujourd’hui en Rhône-Alpes : Talents croisés, Escale Création, Graines de Sol, …
Toutefois, la coopération apparaît instable dans la pratique puisque les acteurs ont des perspectives de
décisions et d’actions différentes. Les CAE doivent être vigilantes à ne pas être transformées en simple
instrument pour réparer les dégâts du chômage et de l’exclusion sociale sur un territoire. Elles ne sont pas
un dispositif. Il s’agit d’initiatives privées, d’utilité sociale, qui ne peuvent s’amalgamer au domaine public.
Dans ce contexte, il est donc important que chacun des partenaires soit vigilant à préserver une éthique
du partenariat : réciprocité de l’échange, intention réelle de faire ensemble pour un objectif commun et
considération sur un pied d’égalité (Ribeiro &Vignaud, 2010).
Intégration des activités dans leur environnement local
La notion de « proximité » peut être approchée de différentes façons.
D’abord, elle est liée à la localisation des activités des entrepreneurs des CAE.
Le rayonnement de la CAE correspond souvent à la distance acceptable pour la personne qui doit se
déplacer vers le siège social (Poncin, 2004). Dans notre échantillon, 51% mettent moins de 30 minutes et
70% parcourent moins de 40 km pour se rendre à la CAE . Dans la mesure où ces activités sont de surcroît
non délocalisables, on peut considérer que la proximité des activités est effective.
Les choses sont un peu différentes lorsque l’on se réfère à la portée géographique des activités des
entrepreneurs. Même si tous travaillent en local, ils ne sont que 24% à travailler exclusivement à cette
échelle. 76% ont un périmètre d’intervention départemental. 35% étendent leur activité nationalement
et 4% rayonnent internationalement (questionnaire BPI, 2012). Les entrepreneurs satisfont donc des
clients locaux mais pas seulement. Grâce notamment aux nouveaux outils de communication existant, les
limites géographiques s’estompent.
© BPI
50
[Impacts socio-économiques]
Ces activités entraînent des effets de redistribution dans l’économie locale, sur la consommation locale
et l’économie résidentielle, une part importante des activités étant liée à l’artisanat et au commerce.
Les CAE offrent ainsi la possibilité de trouver sur place des fournisseurs ou des prestataires pour couvrir
des besoins pour lesquels la population allait jusque là chercher des entreprises ou des professionnels
plus lointains.
De plus, la pluriactivité et les possibilités de compléter des activités déjà existantes permettent aussi de
maintenir des professions qui seules ne subviendraient pas aux besoins des entrepreneurs (Poncin,
2004).
Inversement, les CAE sollicitent aussi des fournisseurs et prestataires locaux pour la réalisation de leurs
prestations, ce qui réinjecte là encore une masse financière non négligeable dans le territoire. Pour
rappel, ce sont 11.8M€ qui ont été dépensés en 2010, avec des fournisseurs localisés pour partie à
proximité des activités des entrepreneurs.
En conclusion, les CAE et leurs entrepreneurs participent à la vie locale, culturelle, éducative
économique et sociale.
Attractivité et vitalité du territoire
Les CAE ont un impact sur la vitalité des territoires qu’il s’agisse de villes à fort potentiel ou de
territoires ruraux, de territoires dynamiques et attractifs ou au contraire en déclin et laissés pour
compte. En effet, le rapprochement des cartographies de la densité de population et de l’implantation
des CAE, confirme la présence de CAE sur les zones à forte densité de population.
Densité de population et localisation des CAE
Source INSEE, 1999
© BPI
Source BPI, 2012
51
[Impacts socio-économiques]
La diversification et le renouvellement du tissu économique, le développement d’infrastructures en
matière d’aménagement du territoire, le développement du partenariat public / privé et les proximités
locales engendrées sont autant d’atouts des CAE qui contribuent à une image positive des territoires.
Par exemple, la présence d’Elycoop, implantée dans une zone sensible, est un élément dynamisant du
quartier (devanture dans une rue de passage, déploiement d’activités économiques, création de liens
sociaux, participation à la vie locale…).
Les CAE contribuent donc bien au renforcement des tissus économiques locaux, en offrant un outil de
développement économique ancré sur un territoire et réconciliant l’économique et le social.
© BPI
52
[Impacts socio-économiques]
3.4. Impacts sociaux
Après avoir qualifié et quantifié les contributions des CAE en matière de création de richesse
économique pour la région Rhône-Alpes, nous nous intéressons ici à l’impact des CAE sur les personnes
qui la composent et qui transitent par elles.
3.4.1. Employabilité
Par ses apports en capitaux humains et sociaux, la CAE met le porteur de projet en position
d’apprentissage. Il apparaît indispensable d’évaluer les incidences de l’accompagnement sur le potentiel de
la personne accompagnée. Il convient aussi de mettre en évidence le rôle de « tremplin » des CAE
notamment pour les personnes en situation de rupture professionnelle et leur capacité à intégrer
durablement des entrepreneurs au sein de leur structure. Nous nous concentrerons dans cette partie
principalement sur les publics sortis du marché de l’emploi.
Les passerelles vers le retour à une activité professionnelle
• Situation des personnes à l’entrée de la CAE
En 2010, 79% des nouveaux entrants étaient en dehors du marché du travail, soit 374 personnes. Parmi
elles, 28% étaient considérées comme très éloignées de l’emploi puisque bénéficiaires du RSA ou
demandeurs d’emploi de longue durée (Bilan sociaux 2010).
Le poids des demandeurs d’emplois augmente au sein des personnes accueillies depuis 2008, s’agissant
essentiellement de personnes qui sont au chômage depuis moins d’un an (Bilans sociaux, 2008-2010).
Plusieurs éléments de réponse quant à cette évolution : la qualité de la prescription mais aussi et surtout
un contexte de crise économique qui a comprimé le marché du travail et laissé pour compte des salariés.
Les CAE accueillent donc majoritairement des personnes sorties du marché du travail, salariées auparavant
pour la plupart d’entre elles (79 % des entrepreneurs des CAE ayant répondu au questionnaire). La
transition du salariat à l’entrepreneuriat est une voie de reconversion possible pour réintégrer le marché
du travail. Cette reconversion, notamment des publics fragilisés, doit être nécessairement encadrée.
• Situation des personnes à la sortie de la CAE
Le retour à l’activité professionnelle peut être plus ou moins rapide selon les personnes.
Ainsi, près de 78 % des personnes qui ont intégré une CAE en 2010 ont trouvé une issue favorable en
matière « d’emploi », en moins d’un an (Bilan sociaux 2010).
Les solutions sont multiples : 28 % ont créé leur entreprise, 21 % sont restés salariés de la CAE, 19 % ont
repris un emploi salarié tandis que 10 % ont intégré une formation (Bilan sociaux 2010).
Concernant les entrepreneurs sortis du marché de l’emploi, 40 % envisagent de changer de statut à court
terme. Ils souhaitent majoritairement rester au sein de la CAE (46%), créer leur entreprise (21%),
reprendre un emploi salarié (14%) (questionnaire BPI, 2012).
Par conséquent, 78 % de ce public continuera en 2011 à être hébergé par la CAE, qu’ils poursuivent leur
accompagnement ou qu’ils intègrent durablement la structure (questionnaire BPI, 2012).
© BPI
53
[Impacts socio-économiques]
La CAE remplit bien cette fonction de couveuse, avec des qualités protectrices pour les porteurs de projet.
• Les motifs d’évolutions professionnelles
Les motivations évoquées pour chaque type de changements sont en réalité diverses mais elles mettent
toutes en avant la capacité des entrepreneurs à se projeter :
« Si l’activité est bonne et si j’aspire à devenir indépendant alors je créerais une entreprise »
« Devenir plus autonome », « gagner plus », « créer ma propre activité »
« Je préfère rester en CAE car j’ai intérêt à y rester et ne pas être indépendant »
« Développer mon activité en toute sérénité, pérenniser mon emploi en me facilitant l'aspect administratif.
Bénéficier d'un soutien auprès du personnel de la coopérative et des entrepreneurs, ne pas être seul. »
« Si l’activité n’est pas bonne ou que la situation ne me correspond plus, alors je repartirais
vers une situation plus en adéquation avec mes besoins »
« Pression financière - fin de droits Pôle Emploi », « difficultés pour pérenniser mon activité, fin de droit
Assedic », « en tant que demandeur d'emploi, le CAPE me permet de tester mon projet d'activité. Cependant,
par pragmatisme, je reste ouvert à toutes propositions d'emploi que je pourrais juger intéressantes que ce soit
en terme financier ou en terme de projet de carrière. »
Source : questionnaire BPI, 2012
La CAE met le porteur de projet dans une dynamique. Elle va lui permettre de démarrer son activité, de se
rendre compte des contraintes d’un entrepreneur et de prendre conscience des problématiques qui vont se
poser. Le porteur de projet devra par conséquent réfléchir aux décisions à prendre (« Le travail de mon projet
a des impacts à la fois sur le plan personnel et professionnel », « prise de responsabilité valorisante »,
(questionnaire BPI, 2012).
Un effet prégnant renvoie au fait que de plus en plus de personnes, en amont d’un licenciement économique
ou d’une rupture conventionnelle, viennent en réunion d’informations collectives, dans l’objectif de se
renseigner sur la création d’activité et les formes juridiques. La tendance est donc à l’anticipation de sa
réorientation professionnelle. L’accompagnement, dans ce cas, n’est pas forcément mis en place
immédiatement après l’information collective (entretien BPI avec des membres de l’équipe administrative,
2012).
Le développement des compétences
• La notion d’apprentissage par la pratique
L’expérimentation est un apport essentiel des CAE, mis en évidence par les entrepreneurs au travers de ces
témoignages :
« Conseils appropriés », « Expérimentation progressive et accompagnée de différentes facettes des fonctions
de gestionnaire et d'entrepreneur », « l'accompagnement personnalisé », « apprentissage de tout ce qui me
manquait pour envisager de me mettre à mon compte » (questionnaire BPI, 2012)
Ces appréciations permettent de qualifier l’approche pertinente des CAE dans l’action et dans la mise en
pratique concrète de l’activité.
© BPI
54
[Impacts socio-économiques]
• Les moyens mis en place par la structure
Au travers des entretiens avec les équipes administratives des CAE, plusieurs éléments fondamentaux en
terme d’accompagnement peuvent être mis en avant :
1. Un parcours formalisé qui est présenté dès l’entrée dans la CAE aux porteurs de projets (entretien BPI
avec des membres de l’équipe administrative, 2012).
2. Un cycle d’ateliers thématiques tels que « coaching négociation efficace », formalisés et réguliers, au
sein des CAE, et qui ont les flux suffisants pour les faire perdurer (questionnaire BPI, 2012).
3. Un référent désigné dans le parcours de l’accompagnement (entretien BPI avec des membres de
l’équipe administrative, 2012).
Le ratio du nombre de permanents par rapport au nombre de personnes accompagnées révèle des
différences importantes entre CAE : d’un minimum de 5 personnes accompagnées par permanent dans
une CAE, il monte à 41 personnes dans une autre CAE (bilan sociaux 2010).
L’accompagnement est adapté aux besoins des personnes et à l’avancement des projets. La fréquence des
entretiens est donc variable et les pratiques sont diverses. Pour illustration, les suivis sont faits en
entretiens en face à face dans certaines CAE et par téléphone pour d’autres.
A titre indicatif, le ratio est d’un encadrant pour 6 à 9 personnes dans les couveuses. Au sein des structures
d’accompagnement à la création plus généralement, il est fréquent que l’accompagnateur suive 30 à 35
porteurs de projets (COLLEGE COOPERATIF, 2001).
4. Une professionnalisation des accompagnants par des formations mais aussi des groupes d’échanges de
bonnes pratiques, sur des sujets tels que l’accompagnement et la posture à adopter.
Les CAE ont une obligation de moyens pour ce qui concerne l’accompagnement. Les pratiques restent
cependant différentes suivant l’ancienneté de la CAE, les flux qu’elles doivent gérer et le niveau
d’autonomie des entrepreneurs.
• Satisfaction des entrepreneurs concernant l’accompagnement
Appréciation sur l'accompagnement reçu
100%
4
4
6
6
6
62
67
61
62
90%
80%
76
(vide)
70%
Très satisfaisant
60%
Satisfaisant
Insatisfaisant
50%
Très insatisfaisant
40%
30%
89
79
88
88
83
9
6
14
5
9
4
11
8
15
8
Qualité du suivi
avant le
démarrage de
l'activité
Qualité du suivi
après le
démarrage de
l'activité
Suivi tout au
long du parcours
0%
Fréquence des
entretiens
10%
Personnalisation
du parcours
20%
Le taux moyen de satisfaction est de 87 % sur l’ensemble de l’accompagnement reçu. Le degré de
satisfaction le plus faible fait référence au suivi sur l’intégralité du parcours, avec un taux de 83%
(questionnaire BPI, 2012).
© BPI
55
[Impacts socio-économiques]
Les plus hauts degrés de satisfaction se rapportent aux aspects administratifs (81%), gestion financière
(80%), gain de temps pour le lancement des activités (79%), entrée dans une dynamique de projet (79%),
bénéfice d’un regard extérieur (79%), chiffrage des projets (79%).
Les satisfactions plus mesurées concernent les thématiques suivantes : stratégie commerciale (63%),
élaboration de son projet sur le plan fiscal (62%), connaissance des aides possibles (59%), formations
techniques (47%).
Les commentaires qui ont pu être formulés font état de l’absence de certaines spécialités au niveau de
l’équipe administrative comme par exemple, la gestion Internet, qui peut constituer un frein pour le
développement des CAE et avoir une incidence sur celui des activités des entrepreneurs.
Les apports des CAE sont essentiellement le réseau, l’enrichissement personnel et professionnel, le mode
coopératif, l’accomplissement, l’épanouissement, la qualité des relations, le statut.
« Du plaisir de l'envie de continuer dans la bonne humeur même quand c'est difficile . Un vrai soutien . La
richesse des échanges. Presque de vrais collègues de travail sans les complaintes de chacun car nous
sommes notre propre patron »
« Échanges entre entrepreneurs de générations différentes, de secteurs d'activités différents, de milieux
différents, d'expériences différentes »
« Réelle évolution personnelle, prise de conscience de nombreux points, Échanges pertinents et intéressants,
relation à autrui, écoute, partage, conseil, soutien, transmettre un savoir, connaître les savoirs des autres
entrepreneurs et créer un réseaux de savoir faire »
« Une grande liberté, une meilleure confrontation au milieu professionnel, une meilleure mise à
contribution de ses propres capacités »
« Une meilleure vision de l'entreprenariat à travers ses contraintes et un apport : le réseau de la
coopérative »
Source questionnaire BPI, 2012
Intégration durable dans la structure
Les CAE donnent la possibilité aux entrepreneurs d’intégrer la structure durablement pour pérenniser leur
activité. Ils sont 607 en 2010 à avoir franchi ce cap. Par ailleurs, sur les 53% d’entrepreneurs questionnés
en contrats à durée déterminée qui projettent de changer de statut, 55% souhaitent rester au sein de la
CAE (BPI, 2012). Ces statistiques corroborent avec l’intérêt manifesté par les entrepreneurs-salariés pour
cette fonction d’entreprise collective de la CAE.
Afin de développer ce rôle joué par la CAE, il est pertinent de reprendre les conditions favorables à une
intégration durable et notamment en proposant de devenir sociétariat.
© BPI
56
[Impacts socio-économiques]
21% des entrepreneurs expriment des attentes en matière d’accompagnement :
- 30 % souhaiteraient un accompagnement plus personnalisé :
« Accompagnement personnalisé renforcé au début, qui n'a pas été possible à cause du manque de
disponibilités de l'accompagnant »
« Trouver un accompagnement valable pour une activité "qui tourne". J'ai été bien accompagné sur le
lancement, mais me retrouve assez seul sur la poursuite du projet »
- 17% apprécieraient un accompagnement orienté vers le métier :
« Accompagnement spécifique au métier, fiscalement par exemple »
« en terme d'assurance des marchandises »
- L’accompagnement dans la définition de la stratégie de développement est une attente pour 15 % d’entre
eux :
« Une vision business plus marquée »
« Aide à la prise de recul en matière de stratégie de développement. Soutien au développement des
potentialités. Suivi des besoins en formation. Apport de conseil. Cela a trait aux besoins des activités
développées. »
Source questionnaire BPI, 2012
Les besoins des entrepreneurs apparaissent plus larges que l’accompagnement pris de manière isolée.
Leurs retours révèlent des besoins dans : l’accompagnement (11%), la coopération (19 %), la
communication (5 %), une meilleure compréhension de la CAE (4%), des outils spécifiques (4 %), des
éléments chiffrés sur la CAE (3 %), une approche de la comptabilité (3 %).
Les autres besoins affichés ont trait aux achats groupés, cadre de travail, aide à la commercialisation,
embauche, formation, développement à l’international, investissements, lieu pour se rassembler,
proximité, réseau sociaux, service de veille sur les marchés publics, protection du travailleur.
En conclusion, la capacité et la rapidité des CAE à remettre les personnes en activité et leur rôle de
« tremplin » en matière entrepreneuriale sont largement démontrés.
Si la CAE n’est pas une fabrique d’entrepreneurs à court terme, elle l’est sur un temps plus long, avec un
temps de latence au sein de la CAE évalué entre 4 et 7 ans (DELORE R. , 2009).
Pour cela, elles proposent une véritable méthodologie afin d’accompagner les entrepreneurs en puissance
dans un cheminement initiatique, qui est approuvé par la majorité des entrepreneurs.
Les besoins et les attentes exprimés par les entrepreneurs peuvent constituer des pistes de réflexion et
d’amélioration pour les coopératives.
La vision des partenaires enrichit ces propos puisqu’ils reconnaissent les CAE comme une véritable
alternative pour entreprendre en étant encadré et sécurisé. Par ailleurs, les partenaires les jugent comme
des professionnels compétents. Pour certains, leur force principale est d’être une des rares structures à
effectuer un accompagnement en post-création et un suivi comptable de qualité.
Cela fait des CAE un interlocuteur incontournable en matière d’accompagnement à la création d’activités
professionnelles.
© BPI
57
[Impacts socio-économiques]
3.4.2. La cohésion sociale
Les CAE accompagnent des porteurs de projets à entreprendre mais à entreprendre autrement. Aussi, il
convient d’appréhender cette autre dimension comme source de création de richesse supplémentaire.
Égalité des chances
• La fonction d’accueil
Outre son rôle d’accompagnement, les CAE ont une fonction d’accueil et d’information à destination des
porteurs de projets. Cette fonction est une orientation forte puisqu’elle fait partie des principes
fondamentaux des CAE de pourvoir héberger des publics d’horizons très différents.
Par ailleurs, ce rôle est renforcé dans le cadre de leur implication au sein des réseaux dédiés à la création
d’entreprises en Rhône Alpes (Créafil et LVE notamment).
• La mixité des publics
Les caractéristiques des entrepreneurs (partie 2) soulignent la diversité des origines sociales et
professionnelles : une parité entre hommes et femmes, des jeunes et des seniors, des activités de services
aux collectivités aux artisans d’art. Il y a également des demandeurs d’emplois, des salariés et anciens
entrepreneurs.
Les CAE apparaissent comme un creuset où se rencontrent, se fréquentent et interagissent des personnes
d’origines sociales et professionnelles très différentes, ce qui en soi constitue une véritable valeur ajoutée.
Cette composition hétérogène de personnes est un terreau fertile pour la création et le développement de
la coopération et par conséquent de synergies.
La création de synergies
Les CAE ont pour rôle de créer des dynamiques d’échanges et de les animer. Aussi, la plupart d’entre elles
proposent aux entrepreneurs des réunions mensuelles et d’autres annuelles. La régularité de ces temps
d’échanges permet aux entrepreneurs de se connaître et de nouer des relations dans un climat de
solidarité.
Au-delà de l’animation de réseau, il y a la mise en place d’actions collectives. 38% des entrepreneurs
estiment que celles-ci sont issues d’un travail conjoint entre les entrepreneurs, l’équipe administrative et
les dirigeants (questionnaire BPI, 2012). Ces actions collectives peuvent prendre la forme de groupes
métiers, de groupes d’échanges de pratiques, la participation à des forums, des réunions techniques avec
les fournisseurs.
Ces actions peuvent aboutir à des réalisations collectives telles que la boutique et le site Internet Incubart’
ou à des réponses à appel d’offres, exemples de réalisations collaboratives.
La limite du collectif tient à la réalité pour les entrepreneurs de créer et développer un réseau
professionnel pour augmenter le chiffre d’affaires. A ce titre, le niveau de satisfaction concernant
l’élargissement de son réseau est assez faible (68 %) au regard de la promotion de l’entrepreneuriat
collectif.
© BPI
58
[Impacts socio-économiques]
Toutefois, 72 % des entrepreneurs ont déjà eu des relations commerciales avec d’autres entrepreneurs.
Elles sont de natures variées : co-traitance ou sous-traitance (36%), réponses à appels d’offres (17%),
échanges de pratiques (16 %) et prescription de clientèle (12%) (questionnaire BPI, 2012). Les retombées
économiques de ces relations sont difficilement mesurables en l’état.
Le développement de synergies se fait d’abord en interne de la CAE. Cependant, la mise en réseau de
manière plus systématique est en train de se développer, notamment par la création d’un annuaire de tous
les entrepreneurs au niveau de Rhône Alpes. D’autres événements contribuent à la création de relations
inter-CAE : des séminaires, la mise en relation des dirigeants, l’actualisation des sites Internet des CAE, la
visibilité sur les réseaux sociaux.
La mise en réseau à une échelle plus large pourrait aller plus loin et toutes les initiatives augmentant la
visibilité des CAE et des entrepreneurs devraient être exploitées.
La création de lien social et la cohésion sociale induit une amélioration du niveau de qualité de vie et donc
de bien être de la personne.
La qualité de vie
Le mouvement de flexibilité du marché du travail et la nécessité de développer ses compétences de
manière continue engendrent un rapport au travail différent. Il se traduit par des périodes et des temps de
travail fluctuants suivant la situation des personnes. Une maman témoigne que le temps partiel apparaît
pour elle comme un « pseudo congé parental ». Le cumul d’activités coïncide aussi avec l’évolution du
rapport au travail.
Rappelons que la première des motivations exprimée pour le choix du statut en CAE est la possibilité de
travailler à son rythme et selon son mode de vie.
La CAE permet un rapport au travail différent et par suite, de laisser la liberté à chacun de travailler à son
rythme et selon ses objectifs. La proportion forte de personnes de moins de 55 ans et plus peut s’expliquer
aussi par la possibilité de poursuivre une activité professionnelle dans des conditions favorables.
Les CAE contribuent donc activement à la réflexion sur le rapport au travail et à la qualité de vie des
travailleurs. Une des optiques des CAE est de « toujours s’interroger et se réinterroger sur le rapport au
travail ». (Entretien BPI avec un gérant de coopérative, 2012).
3.4.3. La vie démocratique
La démocratie dans sa conception large peut être assimilée à un ensemble de valeurs, d’idéaux, de
principes politiques, sociaux, culturels d’une communauté.
L’organisation démocratique
Le statut juridique apparaît être le reflet des modalités de fonctionnement. Deux types de statuts sont
répertoriés : la SARL et la SA. 3 coopératives sont immatriculées sous la forme de SA.
© BPI
59
[Impacts socio-économiques]
La différence entre ces statuts réside dans la gouvernance de la structure.
En SARL, les associés nomment un dirigeant afin que celui-ci dirige l’entreprise.
Associés
Associés
Dirigeant
Dirigeant(e)
Gérant
En SA, les associés désignent un conseil d’administration, qui est plus restreint que l’ensemble des associés.
Le conseil d’administration va nommer un Président pour s’occuper de la gestion courante. C’est le conseil
d’administration qui va diriger l’entreprise et représenter les associés dans la prise de décision. Seuls
quelques individus sont délégataires des autres associés et l’on est plutôt sous la forme de démocratie
représentative.
Associés
Conseil
d’administration
Dirigeant
Dirigeant(e)
Gérant
Plusieurs dirigeants de CAE ont évoqué leur réflexion de transformer leur SARL en SA. En effet, plus la taille
de l’organisation augmente, plus la SA permet de répondre à l’objectif de meilleur partage des prises de
décisions.
C’est au sein des CAE les plus anciennes que l’on dénombre le plus de SA. Ceci est cohérent avec le
développement de la structure qui inclut une augmentation du nombre d’associés.
Aussi, la transformation peut apparaître comme un passage obligé pour que le statut ne constitue pas un
frein au développement des CAE.
De plus, le développement des CAE implique des obligations fortes en matière de protection sociale des
travailleurs et ce, en fonction de sa taille : délégués du personnel, CHSCT, …
Le constat est la carence de délégués dans plusieurs structures. Cela s’explique par la fréquence soutenue
des temps d’échanges entre les différentes catégories au sein des CAE et par l’absence d’un relationnel
descendant. Il n’existe pas de relation de subordination entre l’équipe administrative et les entrepreneurs,
en revanche, il en existe une entre le dirigeant et les membres de l’équipe administrative.
Les réflexions sur la sécurité au travail restent des préoccupations importantes, qui plus est lorsque les
salariés ont des lieux de travail distincts de la CAE. Néanmoins, le développement des CAE va conduire à un
questionnement indispensable sur le sujet.
La citoyenneté
L’apprentissage de la citoyenneté se fait à plusieurs niveaux :
- le premier est d’apprendre à vivre en collectif, règle de fonctionnement d’une entreprise partagée.
C’est un apprentissage qui se fait par étape et qui repose sur l’intégration de la notion de solidarité et de
responsabilité collective. En effet, lorsqu’un entrepreneur engage des démarches, il engage la CAE et, de
fait, les autres entrepreneurs.
« Possibilité de s'impliquer dans la vie collective de l'entreprise en fonction de ses priorités et disponibilités
du moment. » (Questionnaire BPI, 2012)
© BPI
60
[Impacts socio-économiques]
L’implication dans la vie collective de la CAE est nécessaire pour ne pas que les CAE deviennent une offre
de services parmi d’autres en matière d’accompagnement et pour éviter les rapports de clientélisme. Cette
limite a été précisément évoquée lors d’un entretien avec certains entrepreneurs.
- le second est de devenir associé et de prendre part aux décisions de la CAE.
Pour l’entrepreneur, cela revient à s’impliquer dans la prise de décisions stratégiques de la structure qui
l’accueille. Cette dimension rapproche l’entrepreneur de la fonction de chef d’entreprise et lui permet de
se projeter dans la création d’entreprise autonome.
« Implication directe par la vie démocratique interne, participation à la réflexion autour des orientations
stratégiques, réflexion individuelle et collective ». Source questionnaire BPI
Diffusion des principes coopératifs
• La prescription
La prescription est un bon indicateur de la diffusion des principes coopératifs. En 2010, les personnes
nouvellement accompagnées sont orientées majoritairement par le réseau et le bouche à oreilles (49%),
puis par la prescription de Pôle Emploi (34%), ensuite par l’information et la communication externe (13%).
(bilans sociaux 2010).
Le réseau et le bouche à oreilles sont le premier moyen d’information et de connaissance des CAE.
50% des personnes interrogées entreprenant en dehors des CAE ont connaissance des CAE. La moitié les
connaissent via leurs réseaux personnels ou leurs propres démarches de recherche, et l’autre moitié par
les structures d’accompagnement.
• La communication
Les entrepreneurs sont les premiers ambassadeurs de la CAE. En revanche, certains regrettent le manque
de connaissance des CAE par leurs clients et le grand public. Les partenaires constatent une amélioration
de la diffusion du modèle des CAE mais il n’apparaît pas comme une alternative évidente pour le grand
public, à l’instar de l’auto entreprise, largement évoquée dans les médias.
• La sortie des CAE
Certains entrepreneurs salariés interrogés sur leur projection à court ou moyen terme ont précisé vouloir
créer une entreprise respectant des principes coopératifs : sous la forme de SCIC ou de SCOP. La volonté de
s’inscrire dans le mouvement coopératif en créant et dirigeant des structures est un phénomène
intéressant, à prendre en considération en terme de développement économique local et comme un
essaimage dans le sillon plus large de l’Économie Sociale et Solidaire.
3.4.4. Innovations
Le parti pris est de mettre en évidence ce qui apparaît comme « innovations » aux yeux des principaux
concernés : les entrepreneurs des CAE (questionnaire BPI, 2012).
© BPI
61
[Impacts socio-économiques]
Innovation sociale : une alternative à l’entrepreneuriat classique
62 % des personnes indiquent qu’entreprendre au sein d’une coopérative représente pour elles une façon
d’ entreprendre autrement.
Les entrepreneurs reconnaissent les caractéristiques des CAE comme étant innovantes :
- le rôle d’accueil de la coopérative : « accueille les petits projets », «Donne la chance à tout projet
intéressant de se tester »
- le rôle d’« accompagnement des porteurs de projet »
- la mutualisation : « des charges et du back office pour des personnes à projets multiples »
- la « qualité des conditions de vie et de travail »
- la gouvernance : «elle est très exigeante (démocratie interne, .. expérimentation et amélioration
continue) »
- l’émergence d’entreprendre collectivement : « La CAE réfléchit et propose des solutions novatrices
adaptées pour permettre le développement spécifique de l'activité de chaque entrepreneur» « Le
potentiel humain et la diversité des compétences professionnelles présentent une source d'innovation »
Innovation juridique
« Ce type de structure propose une alternative aux modèles économiques "classiques", en essayant
d'assurer à la fois une certaine sécurité aux CAPE (possibilité de tester son activité dans un climat plus
serein) et aux entrepreneurs salariés (droit au chômage) » (Questionnaire BPI, 2012).
Les CAE ont contribué à la réflexion en matière d’évolution juridique et notamment la mise en place du
contrat CAPE. Seulement, ce contrat est régit par le code du commerce comme étant un statut tremplin
pour développer des activités économiques et non par le code du travail.
Un entrepreneur se pose la question suivante :
« le statut d'entrepreneur salarié est-il déjà dans le code du travail ? Être salarié dans ce type de structure
ne devrait pas faire de différence avec d'autres formes de salariat. » (Questionnaire BPI, 2012).
Le vocable entrepreneur salarié (qui fait référence aux contrats à durée indéterminée) soulève des
questionnements puisque 18% des entrepreneurs pensent ne pas avoir les mêmes droits que des salariés
alors que leur contrat est régit par le code du travail. Il est comparable à un contrat d’agent commercial
salarié.
Innovation culturelle
Les entrepreneurs ont intégré, dans leur schéma de pensées, la mutualisation : « la mutualisation des
services, l'esprit coopératif et solidaire » « Elle apporte de la coopération dans un environnement basé sur
l'individualisme et la concurrence. »
Cette mutualisation a été poussée plus loin par certains et a inspiré un mouvement de mutuelle de travail.
Ce concept repose sur le modèle des CAE puisqu’il réunit des travailleurs indépendants et leur permet de
mettre en commun des moyens afin de développer des services supplémentaires à ceux proposés par les
CAE. Aussi, le rôle de la CAE devient plus englobant que le cadre exposé en étude.
« le respect de l'égalité homme/femme, de l'écologie environnementale, de l'écologie en générale....,
développement durable, etc....... »
« Je ne connais pas d'autre structure qui propose une telle liberté et à la fois nous avons un sentiment
d'appartenance à un groupe qui est important. » (Questionnaire BPI, 2012).
© BPI
62
[Impacts socio-économiques]
Les témoignages des entrepreneurs permettent de prendre conscience des nombreux apports et
enrichissements des CAE en mettant l’économie au service du social.
Concrètement, les CAE répondent à l’ensemble des besoins repris par la pyramide de Maslow :
- L’entrepreneur peut développer une activité
professionnelle rémunératrice et ainsi répondre
à ses besoins physiologiques.
- Le cadre protecteur peut répondre aux besoins
de sécurité des entrepreneurs.
- La formule innovante de l’entrepreneuriat
autrement au sein d’une entreprise partagée,
intègre la dimension d’appartenance à un groupe
qui se définit par des règles et des valeurs
communes.
- La dynamique d’acquisition de compétences
spécifiques, la notion de « dépassement de soi »
évoquée par un entrepreneur et la volonté des
entrepreneurs de concilier vie professionnelle et
vie personnelle répondent aux besoins d’estime.
- L’ «accomplissement» ressenti par certains entrepreneurs et l’opportunité de devenir associé
constitue un levier pour se réaliser en qualité d’entrepreneurs.
En conclusion, la CAE, de par ses impacts sociaux et économiques, est un acteur important en
matière d’accompagnement à la création d’entreprises. Par ailleurs, les CAE sont des structures de
l’économie sociale et solidaire oeuvrant pour le développement économique local et durable.
© BPI
63
4. ANALYSE SYNTHETIQUE
© BPI
64
[Analyse synthétique]
Points d’appui
Aspects organisationnels
Mutualisation permettant l’optimisation de coûts, du statut, de l’encadrement
Dimension collective : enrichissement des hommes et des activités
Capacité de la CAE à se remettre en question sur son projet et ses modalités de fonctionnement
Capacités d’adaptation, d’évolution et d’absorption des CAE qui reposent sur les compétences de l’équipe
administrative et des entrepreneurs-salariés
Aspects économiques
Accompagnement post-création inhérent : suivi au mois le mois avec des outils de gestion dédiés, favorisant la
pérennité des activités
Mise en place d’un outil de financement qui permet de lever partiellement les freins à la création
Avantages fiscaux et sociaux lors de la sortie de la CAE
Aspects sociaux
Qualité de vie pour l’entrepreneur : protection sociale et possibilité de travailler à son rythme
Réelle méthodologie d’apprentissage
Facteur d’intégration sociale
Entraide qui favorise la réussite des projets
Réponse complète aux besoins représentés par la pyramide de Maslow
Contributions à l’employabilité, cohésion sociale, vie démocratique, innovations
Aspects territoriaux
Ancrage territorial bien amorcé
Outil en adéquation aux besoins socio-économiques actuels
Reconnaissance des CAE par le Pôle emploi, les partenaires
Intégration de la CAE comme outil de politique économique
Emplois créés non délocalisables
Maillon complémentaire et innovant dans la chaîne des structures d’accompagnement à la création
Opportunités
Aspects organisationnels
Chantier juridique, en cours de construction
Capacités d’adaptation, d’évolution et d’absorption des CAE qui reposent sur les compétences de l’équipe
administrative et des entrepreneurs-salariés
Aspects sociaux
Développement communautaire à exploiter pour le partage, le business notamment.
De nouvelles pensées entrepreneuriales
Aspects économiques
Soutien structurel des pouvoirs publics à l'entrepreneuriat
Aspects territoriaux
Identification et appropriation du maillon supplémentaire que représente la CAE en matière d’accompagnement à la
création d’entreprises par les prescripteurs
Valorisation des initiatives et innovations sociales par les pouvoirs publics
Un train en marche dans la croissance des partenariats public/privé
Ancrage et maillage territorial à poursuivre
Contribution à l’attractivité et la vitalité
© BPI
65
[Analyse synthétique]
Points de vigilance
Aspects organisationnels
Jeunesse de la plupart des structures : nécessité d’équilibrer les rôles entre permanents et entrepreneurs
Collectif qui inspire de la méfiance par peur qu’il n’empiète sur la liberté individuelle
Manque de communication, tant en interne (communication sur les résultats et l’analyse des résultats) qu’avec
l’extérieur
Manque de définition commune de la CAE
Complexité de la CAE qui peut remettre en cause son attractivité
Diversité des métiers de la CAE qui peut être perçue comme un frein (peur de la confusion, impact négatif d’une
image d’insertion…)
Manque de standardisation des contrats
Manque d’ancrage juridique : des vides à combler
Manque de clauses protectrices pour le gérant d’une SARL en SCIC
Aspects économiques
Un équilibre économique difficile à atteindre, avec une montée en puissance souvent plus longue que prévue
Comptabilité et gestion complexe
Relative dépendance des financements publics
Aspects territoriaux
Un poids faible dans la création d'activité ( 0,8%)
Risques
Aspects organisationnels
Chantier juridique en cours de construction
Rapport entre la performance dans la dimension collective et la distance géographique
Dévoiement possible de l’appellation
Risque modèle introverti versus modèle extraverti
Flou sur le cadre juridique des contrats de travail
Aspects sociaux
Menace du clientélisme
Aspects économiques
Concurrence entre CAE pour la captation des flux financiers
Manque d’anticipation de la fluctuation des ressources publiques
Baisse des financements publics
Arrêt de plusieurs CAE
Aspects territoriaux
Menace de l’instrumentalisation des CAE
Développement de l’auto-entrepreneuriat qui capte les activités complémentaires des salariés et draine un volume
majeur des créateurs d’entreprises
Manque de visibilité et lisibilité des CAE par le grand public
Simplication des démarches de créations d'activités
Multiplication des opérateurs de l’accompagnement à la création d’entreprises
Le portage comme « concurrent » le plus dangereux du fait de l’accueil de publics similaires
Promotion de l’accompagnement post-création
© BPI
66
[Analyse synthétique]
Évaluation de l’intervention des CAE
Pertinence
+++
Efficience
Problèmes socio-économiques:
Perte d’emplois salariés sur les territoires, dérégulation du
marché du travail (flexibilité, temps partiel, travail
précaire), appréhension différente du rapport au travail
suivant les individus, mouvement de fond : transition du
salariat vers l’entrepreneuriat.
Entreprendre collectivement, organisation apprenante,
créer des emplois et de la richesse économique et sociale
sur son territoire, chaînon manquant en matière
d’accompagnement à la création
Utilité
Efficacité
Objectif :
+++
Effets attendus :
Test et pérennisation des activités, lien social, création de
synergies, création d’emplois, création de richesse
Externalités (effets collatéraux) :
Gain en qualité de vie et en bien être, s’interroger et se
réinterroger sur la valeur travail, diffusion des valeurs
coopératives, outil d’accès à la citoyenneté, innovations
juridiques, sociales et culturelles, outil de développement
local, co-construction public / privé
Cohérence interne
++
Deux stratégies observées :
« accueil de tous et donner la chance à tous »
(coopératives de flux) avec une forte dépendance aux
financements publics
« coopérative d’entrepreneurs » avec une politique de
coopératives de stock et donc le développement de
l’auto financement
Cohérence externe
+
Les CAE contribuent à la création d’entrepreneurs et dans
une moindre mesure à la création d’entreprises.
Toutefois, elles contribuent largement à la création d’une
activité professionnelle (emploi salarié, création,
entrepreneurs salariés).
Y a-t-il une cohérence à accompagner de la même
manière l’ensemble des CAE?
++
Actions menées :
Mise en place d’un cadre spécifique : structure et statut,
élaboration d’un parcours d’accompagnement, création d’une
dynamique collective, mise en réseaux, professionnalisation,
chantier juridique, maillage territorial
Effets attendus :
Apprentissage par la pratique, lien social, création de
synergies,création d’emplois, création de richesse, proximité
Durabilité
+++
D’abord à temps partiel puis évolution vers un temps
plein en fonction de la consolidation du chiffre d’affaires
Création d’emplois non délocalisables
Taux de pérennisation des activités : 44 % des activités
sont hébergées par la structure depuis plus de 3 ans.
Taux de survie des entreprises créées à la sortie de Cap
Services de 82% à 3 ans et 75% à 5 ans en 2009
Capacitance
© BPI
+++
Effets obtenus :
78% des personnes nouvellement entrées sur la période ont
trouvé une issue favorable
Création de 245 emplois en 2010 + 72 permanents
Création de richesses pour le territoire : 21,9 millions
d’euros de CA 80 % témoignent de leur satisfaction
Le coût :
Coût social faible : insertion de la création d’activités dans
les schémas d’indemnisation de l’assurance chômage /
transferts de revenus sociaux
Les financements publics sont inférieurs à la contribution
des ES et l’effet multiplicateur des financements publics de 5
+++
Actions menées :
Mise en place d’un cadre spécifique : structure + statut,
élaboration d’un parcours d’accompagnement pour les ES,
création d’une dynamique collective, professionnalisation
des encadrants
Résultats :
? Internes :
- ES : Développement de l’employabilité par le parcours
d’accompagnement
- Équipe administrative : actions des réseaux de
coopératives et accès formations
? Externes : Apprentissage des partenaires = tisser des
liens forts avec les partenaires publics et privés et le
territoire
67
PARTIE II
© BPI
68
PREAMBULE
© BPI
69
[Préambule]
Suite au diagnostic stratégique et à la mesure des impacts socio-économiques des CAE, il est
prouvé une intervention des CAE à la fois adaptée et pertinente (que ce soit en terme d’utilité,
d’efficience, d’efficacité, de durabilité et de capacitance). Des points d’amélioration sont toutefois
à relever en matière de cohérence interne (complémentarité des objectifs entre CAE) et de
cohérence externe.
Qu’en sera-t-il demain compte tenu des évolutions socio-économiques majeures à l’œuvre? Quelle
place auront-elles? Quel positionnement choisiront-elles? C’est à ces questionnements que la
prospective va apporter des éléments de réponse.
© BPI
70
1. Objectifs de la prospective
© BPI
71
[Objectifs de la prospective]
1. Objectifs de la prospective
La première phase rétrospective a permis notamment de bien cerner l’objet de l’étude, les Coopératives
d’Activités et d’Emploi, d’en analyser les forces et faiblesses, risques et opportunités et enfin de comprendre
une partie des processus à l’oeuvre. Elle permet ainsi de poser des bases solides pour la deuxième phase
d’analyse prospective, en s’interrogeant sur les questions d’avenir pour les CAE, pour écrire des histoires de
futurs possibles.
Plus précisément, la prospective a pour objectifs :
- d’apporter un éclairage sur l’ensemble des mutations qui sont en train de s’opérer dans les CAE et dans leur
environnement
- de distinguer parmi ces mutations, celles qui relèvent de tendances lourdes et de germes de changement
perceptibles
- de détecter dans les facteurs d’évolution, ceux qui seront les plus influents dans le devenir des CAE
- de construire des scenarii de futurs possibles pour faciliter la réflexion sur les évolutions possibles et
nécessaires des CAE dans l’avenir
- enfin, d’identifier les principaux enjeux liés à ces évolutions
L’intérêt global pour les CAE vise à maîtriser les changements attendus pour ne pas les subir mais les anticiper
au mieux.
© BPI
72
2. Approche méthodologique et partis pris
© BPI
73
[Approche méthodologique et partis pris]
2. Approche méthodologique et partis pris
Cinq questions sont fondamentales pour réfléchir à l’avenir des CAE :
Q0
Qui sont les CAE? (
Diagnostic stratégique de l’analyse rétrospective)
Q1
Q2
Q3
Q4
Que peut-il advenir? (
Phase prospective)
Que peuvent-elles faire?
Que vont-elles faire? (Stratégie : décision)
Comment le faire? (Stratégie : moyens)
Cette étude répond à la seule question 1 (que peut-il advenir?), la mobilisation collective ne pouvant porter
directement sur les choix stratégiques, par nature confidentiels. Il s’agit donc bien d’un travail exploratoire et
non stratégique.
L’approche méthodologique employée de nature scientifique est constituée de plusieurs étapes :
•Étape 1 : Construction de la base prospective
- Identification des facteurs pouvant impacter l’avenir des CAE
- Pour chacun des facteurs, explication des mécanismes d’évolution
•Étape 2 : Formulation des hypothèses clés d’évolution
- Repérage des évolutions futures (tendances, ruptures, incertitudes, inerties)
- Hypothèses vraisemblables sur la base des incertitudes
•Étape 3 : Élaboration des scénarii
- Sur la base d’une analyse morphologique
- Et décrivant plusieurs états futurs des CAE dans leur environnement, avec le cheminement
nécessaire pour atteindre ces états à partir de la situation actuelle.
Conformément à la proposition d’intervention et à la présentation de BPI du 24 avril 2012, le cabinet a
souhaité conduire une étude prospective afin de respecter le cahier des charges relativement au regard
extérieur, impartial et distancé.
Cependant, suite aux remarques soulevées par certains membres du COPIL quant au manque de mobilisation
collective dans l’approche méthodologique, et sans position claire et unanime du COPIL ni de son référent, BPI
a réorienté son travail afin de favoriser l’implication des parties prenantes volontaires. BPI a ainsi sollicité les
membres pour la formulation des hypothèses et l’élaboration des scénarii.
Faute de retours suffisants et compte tenu de la réitération des interrogations relatives au respect de la
neutralité et de l’objectivité du rendu, BPI a décidé de proposer des scénarii avec sa propre vision, nourrie des
entretiens conduits en phase rétrospective, des résultats du questionnaire, des éléments de réflexion du
Comité de Pilotage, d’une recherche documentaire et de l’analyse Forces et Faiblesses, Opportunités,
Menaces.
© BPI
74
[Préambule]
Les livrables obtenus à chacune de ces étapes sont disponibles en annexes.
L’ horizon temporel retenu est 2020, à la suite d’une délibération unanime du comité du pilotage.
La phase prospective sera donc concentrée sur le questionnement suivant :
Quel
ératives d’
’Activité
’Emploi?
Coop
dd’Activités
Activités et
dd’Emploi?
Quel avenir
avenir pour
pour les
les Coopé
Coopératives
et d’
Ce
Ce qui
qui induit
induit ::
-- YY ––a-t-il
a-t-il un
avenir
un avenir pour
pour les
les CAE?
CAE?
-- Si
Si oui,
oui, quel
quel paysage
paysage des
des CAE
CAE en
en 2020?
2020?
-- Quelle(s)
forme(s)
des
CAE
en
2020?
Quelle(s) forme(s) des CAE en 2020?
© BPI
75
3. Scenarii
© BPI
76
[Scénario n°1]
3.1 Crise, individualisme, les CAE deviennent un OPP du Pôle Emploi
Contexte économique : une crise sans précédent
• La crise s’intensifie, l’emploi s’effrite
La crise économique s’aggrave, les entreprises ont des difficultés à se projeter dans un modèle
économique pérenne. Elles sont contraintes de réduire leurs effectifs et d’accroître fortement
leur flexibilité pour préserver leur compétitivité. Le recours à des formes de travail atypiques
(voire illégales) est devenu fréquent, au point de rendre le Contrat à Durée Indéterminée
totalement désuet. Les entreprises externalisent leurs activités périphériques ou moins
rentables pour ne se concentrer que sur leur portefeuille d’activités les plus rentables ou sur des
niches spécifiques. Les entreprises qui se maintiennent le mieux sont désormais celles qui sont
capables de s’adapter et s’ajuster en permanence au contexte de mondialisation et aux
secousses économiques pouvant à tout moment les impacter. Les conditions de travail se
dégradent. Le travail est une nécessité, il n’est plus désormais perçu que dans sa version
« alimentaire ». Les attentes matérielles deviennent dominantes et la valeur travail disparaît
comme moyen de réalisation de soi et de cohésion sociale.
• L’État décentralise et les territoires s’agglomèrent
Avec des moyens limités, les interventions de l’État se voient elles aussi sélectives. Elles se
concentrent sur des mesures ciblées auprès des catégories les plus vulnérables de la population,
sans avoir nécessairement de vision entre aide et assistanat. N’ayant pas les moyens humains et
financiers pour assurer l’ensemble de ses attributions, les partenariats émanant du public vers
le privé ont poursuivi leur croissance et délégations. Ils sont devenus monnaie courante.
L’action publique s’est recentrée sur sa fonction de conception et d’orientation. L’optimisation
économique est devenue le maître mot, les évaluations de mise en œuvre systématiques avec la
notion de « retour sur investissement », que celui-ci soit social ou financier. Le fait nouveau
réside dans les collaborations et coopérations émanant du privé vers le public, qui se sont
largement démocratisées. Les entreprises ont pleinement pris conscience de leur rôle pour leur
territoire, de leur place dans l’écosystème local, tout en privilégiant systématiquement leur
pérennité. Elle assument la casse lors des réductions d’effectifs en tentant de limiter les dégâts.
Elles se sont responsabilisées. Elles ont la capacité à nouer des partenariats au niveau local,
pour entraîner les partenaires publics. Elles initient des démarches sur des problématiques
collectives de financement (pour boucler des tours de table financiers), mais pas seulement,
allant également sur des sujets de manque de main d’œuvre qualifiée, etc. C’est un véritable jeu
d’acteurs qui s’opère, dans une optique gagnant - gagnant. (externalisation, partenariat,
mutualisation…).
© BPI
77
[Scénario n°1]
Pour faire face aux contraintes imposées par cette donne économique devenue structurelle et
après une longue période de rivalité entre territoires, ceux-ci réalisent qu’elle était devenue inutile
et contre productive. Les emplois sont rares, les individus peuvent difficilement vivre où ils
travaillent. Des déséquilibres trop importants entre lieux de vie et lieux de travail émergent. La
capacité de mise en place de nouvelles infrastructures est limitée. Un manque de cohérence et une
perte d’énergie et d’argent conduisent les territoires à raisonner global, à s’organiser et se
regrouper pour changer d’échelle et prendre le meilleur où il est. Les territoires sont insérés dans
les logiques internationales de la mondialisation et le processus de métropolisation modifie
complètement les dynamiques en place.
Paysage des CAE : un soutien centré sur les individus les plus en difficultés
Faute de travail salarié classique disponible, les individus doivent trouver des alternatives à l’emploi
traditionnel. Ils s’orientent en masse vers l’entreprenariat qui connaît ainsi un regain de croissance.
La plupart des entrepreneurs aspirant à être indépendant, ce sont les formes indépendantes et
simples d’accès les plus recherchées. L’État, impuissant face à la pénurie d’emplois, porte un
soutien indéfectible à la création d’activités. Il pousse la simplification de la création d’entreprises
au simple fait de devoir déclarer son chiffres d’affaires généré sur sa feuille d’impôts, sans autre
démarche administrative à accomplir avec une régularisation fiscale et sociale en fin de période.
Pour des entrepreneurs souhaitant avoir recours à des conseils, l’accompagnement « traditionnel »
se privatise et nécessite pour le porteur du projet d’intégrer une budgétisation à la création du
projet.
Les collectivités locales focalisent quant à elles leurs moyens sur les personnes les plus en
difficultés, les plus éloignées du marché du travail. L’accompagnement se spécialise et se segmente
selon des typologies de publics fragiles.
Les Coopératives d’Activités et d’Emploi sont reconnues comme un dispositif d’utilité sociale. Les
publics les plus meurtris par la crise et la perte de leur emploi se réfugient dans la CAE, offrant un
soutien social pour accompagner les individus vers l’économique.
Cette reconnaissance passe par la mise en place d’un cadre normatif et réglementaire propre aux
CAE. Le législateur a mis en place des contrats spécifiques reconnus de tous et l’image désormais
simple des CAE facilite l’accès. Chaque personne susceptible d’intégrer une CAE peut s’entendre
expliquer le concept en moins d’une minute quelque soit le prescripteur qui l’oriente.
Compte tenu des difficultés sociales importantes et du soutien législatif, les Coopératives
d’Activités et d’Emploi se multiplient et deviennent la forme de coopérative qui a le plus de poids.
Cette tendance n’empêche cependant pas les coopératives d’entrepreneurs, sur le modèle des
coopératives d’artisans ou de pécheurs, en mutualisant une partie des actions (gestion,
commercial…) de se développer. Les projets sont sélectionnés selon leur viabilité économique. A
dominante économique, ces coopératives sont totalement indépendantes des fonds publics, quels
qu’ils soient.
© BPI
78
[Scénario n°1]
• Jeux d’influences entre acteurs publics de l’emploi et Coopératives d’Activités et d’Emploi
Les CAE sont en phase avec les attentes du monde politique, soucieux de retrouver de la légitimité
en affirmant sa capacité d’agir dans le champ économique et social.
Cependant, la volonté de maîtriser les dépenses publiques à tous les niveaux conduit à une mise
en concurrence des dispositifs. Les Services Publics de l’Emploi doivent gérer des arrivées massives
d’individus et doivent s’appuyer sur des structures externes pour absorber ces flux. Les
prestataires sont retenus désormais selon des critères de résultats et non de moyens. Le « retour
sur investissement » des financements publics, le taux de retour à une activité professionnelle, la
qualité de ce retour à l’emploi et sa rapidité sont les paramètres principaux.
Dans ce contexte, les Coopératives d’Activités et d’Emploi doivent en permanence prouver leur
capacité à aller chercher un public éloigné de l’emploi, non connu du Service Public de l’Emploi,
justifier leur efficience et faire des propositions innovantes par rapport aux autres Opérateurs
Privés de Placement pour être retenues.
La plupart des CAE parviennent à défendre leur autonomie stratégique en menant un travail de
lobbying efficace auprès des pouvoirs publics, pour pointer les nouveaux besoins sociaux et
réclamer les financements nécessaires à l’exercice de leur mission. Elles influencent en cela le
contenu des politiques publiques. Leur modèle économique est basé sur le financement de
prestations par les pouvoir publics avec une obligation de résultat dans un contexte concurrentiel
d’appels d’offre.
D’autres, soucieuses d’assurer leur pérennité, s’efforceront de coller aux attentes de leurs
financeurs publics, risquant d’en perdre leur stratégie, leur sens et leurs valeurs. Une
mutualisation et une spécialisation s’opèrent entre les différentes CAE.
La CAE, un OPP influent du Pôle Emploi
Présentant l’intérêt de recréer une double passerelle à la fois vers l’accompagnement
d’entrepreneurs et la création d’emplois, la CAE se positionne en tant qu’Opérateur Privé de
Placement. Elle passe d’une logique de subventions à une logique de prestations. Elle intervient
désormais dans un cadre précis, avec des règles de fonctionnement particulières, ancrées
juridiquement. Sa réglementation d’accès est renforcée, ses actions davantage rigidifiées. Ce
cadre lui permet néanmoins d’accéder et de justifier beaucoup plus facilement de financements et
prétendre à l’accessibilité aux appels d’offres, de la même façon que les autres OPP. Cette
réglementation accrue génère pour chaque CAE plus de droits mais également plus de devoirs en
lui imposant de s’inscrire dans un cadre de prestations formatées. L'accompagnement se fait plus
court et plus intensif. Elle doit traiter du volume.
Le sociétariat est réglementé. Les individus qui ont besoin d’une reconstruction individuelle ont
besoin d’une encadrement pour les guider et les accompagner. Une fois autonomes et
suffisamment responsabilisés, ils peuvent prétendre au sociétariat et devenir ainsi acteurs du
développement économique et stratégique de la CAE qui les emploie, ou bien quitter celle-ci afin
de créer leur propre structure. Les CAE s’inscrivent dans une notion de prestations de services qui
peut être dissociée du contexte territorial et de leur implantation.
© BPI
79
[Scénario n°1]
Questions clés /
Incertitudes majeures
Hypothèses vraisemblables
Quelle évolution de la
situation économique et
du marché du travail?
H1 : Aggravation de la crise
économique et émiettement des
formes d’emplois
H2 : Croissance « molle » et
marché dual entre salariés
« sécurisés » et salariés
« précaires »
H3 : Amélioration de la situation
économique et développement de
la sécurisation des parcours
professionnels
Quelle évolution du
rapport au travail?
H1 : L’entreprise comme lieu de
vie et de travail
H2 : Un destin professionnel pris
en main au gré des opportunités
H3 : L’individu, « consommateur »
de l’entreprise
Quel format des politiques
de l’emploi par rapport à la
création d’activités
professionnelles?
H1 : Majorité d’actions sociales
auprès des individus pour
favoriser leur insertion dans
l’économie
H2 : Politique mixte agissant à la
fois auprès des entreprises et des
individus pour faciliter le lien
entre les deux
H3 : Majorité d’actions
économiques auprès des
entreprises oeuvrant à l’insertion
sociale
Quelle forme de
partenariat public-privé en
2020?
H1 : Retours à des PPP au sens
juridique strict et émanant du
public vers le privé (délégation de
services publics, marchés publics)
H2 : Des PPP à double sens
(émanant du public vers le privé
et du privé vers le public)
H3 : Prédominance des PPP
émanant du privé vers le public
(volontaires ou contraints)
Quels principes de
développement
économique local en 2020?
H1 : Des territoires qui se
développent en autarcie en
rivalisant chacun sur la base de
leurs atouts
H2 : Des territoires collaboratifs
qui prônent l’économie locale
H3 : Fin de la dimension
territoriale locale et
raisonnement global
Quelles évolutions des
formes pour entreprendre?
H1 : Entreprenariat indépendant,
simple d’accès avec un
accompagnement possible selon
la volonté du porteur de projet
H2 : Entreprenariat « encadré » du
fait de réglementations (en terme
de diplômes, assurances…), qui
imposent certaines contraintes
aux porteurs de projets
H3 : Entreprenariat « intégré »
avec accompagnement selon le
fonctionnement de la structure
d’accueil
Quels besoins des porteurs
de projet?
H1 : Un besoin de sécurisation
sociale avant tout : se
reconstruire personnellement
pour développer un projet
économique
H2 : Un besoin de sécurisation
financière avant tout : assurer la
viabilité financière du projet
H3 : Des besoins de sécurisation
sur le volet social et économique
du fait de fragilités
Quelle maturité de l’
Économie Sociale et
Solidaire sur les territoires?
H1 : L’ESS en phase d’émergence
H2 : L’ESS en phase
d’expérimentation
H3 : L’ESS à un stade très
développé
Quelles orientations
juridiques et financières
vis-à-vis des CAE?
H1 : Les CAE pleinement intégrées
dans les actions et les politiques
publiques menées, tout en
assurant la reconnaissance de
leurs spécificités
H2 : Mise en place d’un cadre
normatif et réglementaire propre
aux CAE
H3 : Diffusion des valeurs de la
CAE au-delà de sa définition
stricto-sensus, sans ancrage
juridique
Quelle stratégie et
idéologie de
développement de la CAE?
H1 : Un modèle à dominante
sociale, focalisé autour du porteur
avec une stratégie fondée sur une
segmentation de publics
spécifiques
H2 : Un modèle à dominante
économique, focalisé autour du
projet, avec une stratégie fondée
sur une segmentation par
activités
H3 : Un modèle équilibré entre
l’économique et le social, avec
une stratégie de mixité des
publics et de segmentation par
activités
Quelle cohérence entre
l’image que les CAE veulent
donner d’elles-mêmes et
celle qu’ont les gens de
l’extérieur?
H1 : Une perception extérieure
identique à l’image que les CAE
veulent donner d’elles-mêmes
H2 : Une perception qui n’est pas
alignée à l’image que les CAE
veulent donner d’elles-mêmes
H3 : Une perception qui tend à se
rapprocher de l’image que les CAE
veulent donner d’elles -mêmes
Quelle forme de
sociétariat?
H1 : Sociétariat facultatif
H2 : Sociétariat obligatoire
H3 : Sociétariat « réglementé »
© BPI
80
[Scénario n°2]
3.2 Entre interconnexions et collaborations
Contexte économique : des écarts qui se creusent en matière d’emplois
La France peine à retrouver le chemin de la croissance. La conjoncture est au ralenti. Les
entreprises s’efforcent d’anticiper de potentielles difficultés. Elles travaillent à leur
repositionnement d’activités en visant les créneaux à valeur ajoutée, ce qui les conduit soit à
internaliser des pans stratégiques, soit à externaliser pour trouver une meilleure place sur le
marché. Une partie des entreprises tire son épingle du jeu, l’autre subit de plein fouet la
concurrence exacerbée par la mondialisation des marchés.
De la même façon, le marché du travail traduit deux réalités distinctes. D’un côté, le « noyau dur »
de travailleurs protégés mobilise ses compétences (sa prise d’initiatives, son savoir-être, son
savoir-faire), davantage que ses qualifications, pour s’adapter aux profondes mutations de
l’environnement économique. Garants d’un emploi, ils sont exigeants et revendiquent un besoin
d’accomplissement. De l’autre, des travailleurs qui ne sont pas en mesure de faire face aux
nouvelles nécessités de l’entreprise, sont contraints d’occuper des postes précaires, mal
rémunérés. Ils prennent de la distance vis-à-vis de leur travail.
L’évolution du contenu des emplois rend beaucoup de compétences clés inadaptées à celle de la
main d’œuvre disponible. L’adaptation des personnes aux postes à pourvoir devient donc un
enjeux sociétal majeur, tant pour les entreprises que pour les individus. Les territoires mettent en
œuvre des politiques actives en matière de Gestion Territoriale des Compétences pour tenter d’y
remédier.
Dans un contexte économique dégradé, les valeurs de l’Économie Sociale et Solidaire se diffusent
rapidement. Cette façon de penser l’économie autrement nourrit le débat sur la nécessaire
évolution des modes de gouvernance dans les entreprises classiques et fait pénétrer la
citoyenneté dans l’univers de l’économie. De plus en plus d’individus sont sensibles à ce courant
de pensée, certains décident même d’en faire un choix de vie.
Rapport au travail : « donnant-donnant »
Indépendants, connectés sur le monde, le contexte économique fait évoluer le rapport à
l’entreprise des individus.
Ils se détachent des entreprises dans lesquelles ils travaillent. Observant que ces dernières
peuvent abandonner sans état d’âme leurs salariés sur le bord de la route, ils considèrent que la
règle qui doit régner est celle du gagnant gagnant. Ils n'hésitent pas à changer d'entreprise lorsque
celle-ci ne répond plus à leurs attentes et délaissent ainsi leurs fonctions si les promesses de
développement de carrière ne sont pas suivies d’effets rapides.
Ils sont plus motivés par la teneur du poste qu'on leur propose que par le prestige de l'entreprise.
Plus interconnectés que collectifs, ils considèrent les rapports sociaux au sein de l'entreprise de
manière transversale, et moins hiérarchique. Ils favorisent des rapports horizontaux, ce qui facilite
la collaboration au sein des entreprises.
© BPI
81
[Scénario n°2]
Paysage des CAE : sur la vague de l’entreprenariat « encadré »
Le milieu de la création d’entreprise voit émerger deux typologies de porteurs de projets, en
lien avec la dualité du marché du travail.
Les individus peu (ou pas) protégés se tournent vers la création d’entreprise pour compléter
leurs revenus ou créer leur propre emploi. Ils s’orientent sur des statuts simples, faciles d’accès.
Ils intègrent à la marge des CAE, après avoir été réorientés par un acteur public de l’emploi.
Les autres, moins contraints, ont tendance à s’appuyer sur des structures leur offrant des
prestations de services satisfaisant les contraintes liées à des réglementations accrues (en
terme d’assurances, etc). Ils se dégagent ainsi de démarches, ce qui leur permet de se
concentrer sur leur cœur d’activité.
Les Coopératives surfent sur cette vague, en poussant un cran plus loin la logique
d’interconnexion des individus et de collaboration.
La nouvelle génération donne une dimension plus économique que sociale aux projets des
coopératives. Tandis que les coopératives à dominante sociale, centrées sur l’insertion par
l’activité économique, sont de plus en plus contraintes par les coupes budgétaires publiques et
diminuent en nombre, les coopératives à dominante économique, font l’objet d’un véritable
intérêt de par leur format révolutionnaire.
Celles-ci se développent sur des secteurs d’activités spécialisés, profitant à la fois de la
tendance à l’externalisation et de l’impulsion publique donnée sur certaines filières dans le
cadre d’actions de GTEC. Sans ancrages juridiques, leurs formes sont multiples. Les pratiques
évoluent très vite et les rendent inqualifiables aux yeux de l’extérieur.
Zoom sur la Coopérative à dominante économique : un « organisme vivant »
La Coopérative est comparable à un organisme vivant : elle s’adapte aussi vite que les
évolutions économiques. Elle ne se fige pas. Sa structure est souple, réactive.
Elle fonctionne en mode « projets ». Une fois le projet économique d’entreprise défini, les
orientations collectives prises, le mode d’organisation s’instaure presque naturellement. Tout
est décloisonné. Des sous collectifs se mettent en place pour répondre aux projets
économiques. Les compétences, valorisées, s’imbriquent. Les projets sont petits ou grands, sur
des durées variées. Les entrepreneurs-salariés interviennent sur plusieurs projets. Ils
s’entrecroisent considérablement. Les activités sont diversifiées, mais toutes ont un
dénominateur commun.
Le lien de subordination disparaît. La coopérative s’auto gère par les entrepreneurs-salariés
eux-mêmes. La coopérative, en stimulant l’intelligence collective, solutionne toutes les
problématiques en lien avec le projet ou sous-projets qui se présentent au fil de l’eau en
mutualisant ses forces : assurances, financement, R&D, formation, etc.
Toutes les frontières, toutes les barrières tombent, y compris celle de la notion de territoire.
C’est la fin de la dimension administrative. Elle n’est désormais plus qu’individuelle et ne se
rattache qu’à ce que l’individu juge acceptable. Les membres de la coopérative, tout comme les
marchés, passent par-delà l’échelle locale.
© BPI
82
[Scénario n°2]
Questions clés /
Incertitudes majeures
Hypothèses vraisemblables
Quelle évolution de la
situation économique et
du marché du travail?
H1 : Aggravation de la crise
économique et émiettement des
formes d’emplois
H2 : Croissance « molle » et
marché dual entre salariés
« sécurisés » et salariés
« précaires »
H3 : Amélioration de la situation
économique et développement de
la sécurisation des parcours
professionnels
Quelle évolution du
rapport au travail?
H1 : L’entreprise comme lieu de
vie et de travail
H2 : Un destin professionnel pris
en main au gré des opportunités
H3 : L’individu, « consommateur »
de l’entreprise
Quel format des politiques
de l’emploi par rapport à la
création d’activités
professionnelles?
H1 : Majorité d’actions sociales
auprès des individus pour
favoriser leur insertion dans
l’économie
H2 : Politique mixte agissant à la
fois auprès des entreprises et des
individus pour faciliter le lien
entre les deux
H3 : Majorité d’actions
économiques auprès des
entreprises oeuvrant à l’insertion
sociale
Quelle forme de
partenariat public-privé en
2020?
H1 : Retours à des PPP au sens
juridique strict et émanant du
public vers le privé (délégation de
services publics, marchés publics)
H2 : Des PPP à double sens
(émanant du public vers le privé
et du privé vers le public)
H3 : Prédominance des PPP
émanant du privé vers le public
(volontaires ou contraints)
Quels principes de
développement
économique local en 2020?
H1 : Des territoires qui se
développent en autarcie en
rivalisant chacun sur la base de
leurs atouts
H2 : Des territoires collaboratifs
qui prônent l’économie locale
H3 : Fin de la dimension
territoriale locale et
raisonnement global
Quelles évolutions des
formes pour entreprendre?
H1 : Entreprenariat indépendant,
simple d’accès avec un
accompagnement possible selon
la volonté du porteur de projet
H2 : Entreprenariat « encadré » du
fait de réglementations (en terme
de diplômes, assurances…), qui
imposent certaines contraintes
aux porteurs de projets
H3 : Entreprenariat « intégré »
avec accompagnement selon le
fonctionnement de la structure
d’accueil
Quels besoins des porteurs
de projet?
H1 : Un besoin de sécurisation
sociale avant tout : se
reconstruire personnellement
pour développer un projet
économique
H2 : Un besoin de sécurisation
financière avant tout : assurer la
viabilité financière du projet
H3 : Des besoins de sécurisation
sur le volet social et économique
du fait de fragilités
Quelle maturité de l’
Économie Sociale et
Solidaire sur les territoires?
H1 : L’ESS en phase d’émergence
H2 : L’ESS en phase
d’expérimentation
H3 : L’ESS à un stade très
développé
Quelles orientations
juridiques et financières
vis-à-vis des CAE?
H1 : Les CAE pleinement intégrées
dans les actions et les politiques
publiques menées, tout en
assurant la reconnaissance de
leurs spécificités
H2 : Mise en place d’un cadre
normatif et réglementaire propre
aux CAE
H3 : Diffusion des valeurs de la
CAE au-delà de sa définition
stricto-sensus, sans ancrage
juridique
Quelle stratégie et
idéologie de
développement de la CAE?
H1 : Un modèle à dominante
sociale, focalisé autour du porteur
avec une stratégie fondée sur une
segmentation de publics
spécifiques
H2 : Un modèle à dominante
économique, focalisé autour du
projet, avec une stratégie fondée
sur une segmentation par
activités
H3 : Un modèle équilibré entre
l’économique et le social, avec
une stratégie de mixité des
publics et de segmentation par
activités
Quelle cohérence entre
l’image que les CAE veulent
donner d’elles-mêmes et
celle qu’ont les gens de
l’extérieur?
H1 : Une perception extérieure
identique à l’image que les CAE
veulent donner d’elles-mêmes
H2 : Une perception qui n’est pas
alignée à l’image que les CAE
veulent donner d’elles-mêmes
H3 : Une perception qui tend à se
rapprocher de l’image que les CAE
veulent donner d’elles -mêmes
Quelle forme de
sociétariat?
H1 : Sociétariat facultatif
H2 : Sociétariat obligatoire
H3 : Sociétariat « réglementé »
© BPI
83
[Scénario n°3]
3.3 De l’individuel au collectif : le territoire, facteur clé de succès
Contexte économique : le calme après la tempête
Après le passage d’une crise sans précédent, d’une ampleur jamais atteinte depuis la seconde
guerre mondiale, entraînant des pertes de repères pour les acteurs économiques, une économie
nouvelle se dessine. L’heure est à la relocalisation industrielle et à l’essor de la consommation
locale et responsable. La situation économique s’améliore mais la population reste marquée par
les conséquences d’un développement économique dérégulé : chômage, baisse du pouvoir
d’achat, augmentation de la dette publique. Les mentalités changent. Les individus aspirent
désormais à « mieux vivre ensemble », à privilégier le bien-être plutôt que la recherche de profit.
Fortement affaibli, l’État délègue une partie de ses pouvoirs à l’Europe et l’autre aux collectivités
territoriales. Ces dernières, très interventionnistes, jouent un rôle moteur sur les plans
économiques et sociaux. Elles prônent l’économie de proximité et le développement durable, en
organisant et en soutenant la production de biens et services dans de nombreux domaines
essentiels à la cohésion sociale et à la qualité de vie : culture, santé, accueil de la petite enfance,
aide et soin aux personnes en situation de dépendance, énergie, alimentation, mobilité, loisirs…
Les territoires mettent en place une intelligence « collective » en formant un écosystème
d’acteurs (collectivités, sous-traitants, donneurs d’ordres…). Ils créent ainsi un espace de dialogue
territorial et social pour mettre en place de nouvelles pratiques telles que la mutualisation entre
entreprises, des échanges vertueux entre privé et public, etc. Les entreprises ont une approche
systémique, elles s’ancrent et s’impliquent davantage dans leur territoire.
Rapport au travail : la recherche de sens
Suite à une longue période ayant fortement impacté l’emploi, les entreprises prennent conscience
que l’Humain constitue une véritable valeur ajoutée. La motivation et le bien-être des équipes
impactent autant le développement de l’entreprise que la qualité du produit ou de la prestation.
C’est la raison pour laquelle les entreprises travaillent désormais l’employabilité des personnes
afin de leur offrir de réelles perspectives d’évolution, de les préserver et d’en tirer le meilleur. Les
entreprises qui considéraient la masse salariale comme une variable d’ajustement remettent la
notion de capital humain sur le devant de la scène. La stabilité retrouvée des modèles
économiques permet désormais de mieux gérer les questions relatives à la pression sociale.
Cette prise de conscience s’impose d’autant plus que la génération Y a évolué et est devenue la
génération Z et contraint les entreprises à s’adapter à leur mode de fonctionnement. Elle participe
à la co-construction du projet économique et social de l’entreprise.
Au-delà de cette relation entreprises / salariés, la génération Z aspire à voir les résultats de ce
qu’elle accomplie, être autonome, et prendre des initiatives. Elle prétend ainsi à un travail qui a du
sens, qui sert l’intérêt général et qui lui permet de gagner correctement sa vie. Les individus
considèrent le travail comme devant être d’avantage un facteur d’accomplissement, ce qui passe
par le développement de l’entreprise qui les emploie.
© BPI
84
[Scénario n°3]
Paysage des CAE : en interaction avec le territoire
• Des formes d’entreprises en développement, pleinement intégrées dans leur territoire
C’est donc un nouveau rapport au collectif qui s’instaure : les individus cherchent à recréer du lien
social dans le cadre de leur activité, tout en étant acteur du développement économique de leur
entreprise.
Aussi, même si les sociétés de capitaux demeurent la forme dominante de la création d’entreprise,
l’entreprenariat « intégré » connaît une forte croissance, capable de satisfaire les nouvelles
attentes.
La société, plus soucieuse de privilégier le bien-être de ses membres et de vivre de façon durable
et responsable, accorde une grande place aux services aux personnes, aux circuits courts, au
recyclage généralisé, aux énergies renouvelables et à un emploi pour chacun.
Déjà très impliquées dans ces domaines, les Coopératives d’Activités et d’Emploi deviennent forces
de proposition auprès des collectivités en matière de politiques publiques et d’actions à conduire.
Les territoires les associent en amont de leurs projets. Avec un intérêt général commun, ils
développent ensemble des activités et co-construisent de nouvelles manière de produire , nourrir,
se déplacer, etc. Les efforts sont ainsi concentrés sur les filières porteuses d’avenir, intégrées au
territoire et différenciées d’un lieu à un autre.
A la fois proches de leur territoire, de leurs acteurs et des individus qui les composent, les CAE
tissent de véritables liens de confiance, renforçant ainsi leur visibilité et leur attractivité.
• Une CAE au croisement des projets individuels, du projet d’entreprise et des projets de territoire
La CAE est multi facettes : solutions à des porteurs de projets individuels ou collectifs, facteur
d’insertion par l’activité économique, ancrée localement et moteur dans l’élaboration de projets
de société.
De par les volontés économiques et les aspirations sociales, c’est un modèle mixte de la CAE qui
prend forme. Les entrepreneurs-salariés trouvent leur accomplissement dans le développement de
l’entreprise mais aussi des personnes (notamment les plus fragiles), sans occulter la viabilité
économique du projet global d’entreprise qui leur permet de vivre dignement. Ainsi, les porteurs
de projet qui ont une contribution économique positive à la CAE cohabitent avec d’autres qui ont
une contribue économique négative, compensée par une contribution sociale positive, de par la
mixité et le lien social générés. La collectivité comble le solde économique négatif pour confirmer
son engagement et consolider le modèle, néanmoins viable sans son intervention.
Le nouveau rapport au collectif fait évoluer la gouvernance car les entrepreneurs-salariés
s’impliquent concrètement dans le projet de la coopérative. La société privilégie la démocratie à
tous les niveaux, la vie collective de la CAE suscite l’envie d’accéder au sociétariat. Le taux de
sociétariat est élevé.
© BPI
85
[Scénario n°3]
Questions clés /
Incertitudes majeures
Hypothèses vraisemblables
Quelle évolution de la
situation économique et
du marché du travail?
H1 : Aggravation de la crise
économique et émiettement des
formes d’emplois
H2 : Croissance « molle » et
marché dual entre salariés
« sécurisés » et salariés
« précaires »
H3 : Amélioration de la situation
économique et développement de
la sécurisation des parcours
professionnels
Quelle évolution du
rapport au travail?
H1 : L’entreprise comme lieu de
vie et de travail
H2 : Un destin professionnel pris
en main au gré des opportunités
H3 : L’individu, « consommateur »
de l’entreprise
Quel format des politiques
de l’emploi par rapport à la
création d’activités
professionnelles?
H1 : Majorité d’actions sociales
auprès des individus pour
favoriser leur insertion dans
l’économie
H2 : Politique mixte agissant à la
fois auprès des entreprises et des
individus pour faciliter le lien
entre les deux
H3 : Majorité d’actions
économiques auprès des
entreprises oeuvrant à l’insertion
sociale
Quelle forme de
partenariat public-privé en
2020?
H1 : Retours à des PPP au sens
juridique strict et émanant du
public vers le privé (délégation de
services publics, marchés publics)
H2 : Des PPP à double sens
(émanant du public vers le privé
et du privé vers le public)
H3 : Prédominance des PPP
émanant du privé vers le public
(volontaires ou contraints)
Quels principes de
développement
économique local en 2020?
H1 : Des territoires qui se
développent en autarcie en
rivalisant chacun sur la base de
leurs atouts
H2 : Des territoires collaboratifs
qui prônent l’économie locale
H3 : Fin de la dimension
territoriale locale et
raisonnement global
Quelles évolutions des
formes pour entreprendre?
H1 : Entreprenariat indépendant,
simple d’accès avec un
accompagnement possible selon
la volonté du porteur de projet
H2 : Entreprenariat « encadré » du
fait de réglementations (en terme
de diplômes, assurances…), qui
imposent certaines contraintes
aux porteurs de projets
H3 : Entreprenariat « intégré »
avec accompagnement selon le
fonctionnement de la structure
d’accueil
Quels besoins des porteurs
de projet?
H1 : Un besoin de sécurisation
sociale avant tout : se
reconstruire personnellement
pour développer un projet
économique
H2 : Un besoin de sécurisation
financière avant tout : assurer la
viabilité financière du projet
H3 : Des besoins de sécurisation
sur le volet social et économique
du fait de fragilités
Quelle maturité de l’
Économie Sociale et
Solidaire sur les territoires?
H1 : L’ESS en phase d’émergence
H2 : L’ESS en phase
d’expérimentation
H3 : L’ESS à un stade très
développé
Quelles orientations
juridiques et financières
vis-à-vis des CAE?
H1 : Les CAE pleinement intégrées
dans les actions et les politiques
publiques menées, tout en
assurant la reconnaissance de
leurs spécificités
H2 : Mise en place d’un cadre
normatif et réglementaire propre
aux CAE
H3 : Diffusion des valeurs de la
CAE au-delà de sa définition
stricto-sensus, sans ancrage
juridique
Quelle stratégie et
idéologie de
développement de la CAE?
H1 : Un modèle à dominante
sociale, focalisé autour du porteur
avec une stratégie fondée sur une
segmentation de publics
spécifiques
H2 : Un modèle à dominante
économique, focalisé autour du
projet, avec une stratégie fondée
sur une segmentation par
activités
H3 : Un modèle équilibré entre
l’économique et le social, avec
une stratégie de mixité des
publics et de segmentation par
activités
Quelle cohérence entre
l’image que les CAE veulent
donner d’elles-mêmes et
celle qu’ont les gens de
l’extérieur?
H1 : Une perception extérieure
identique à l’image que les CAE
veulent donner d’elles-mêmes
H2 : Une perception qui n’est pas
alignée à l’image que les CAE
veulent donner d’elles-mêmes
H3 : Une perception qui tend à se
rapprocher de l’image que les CAE
veulent donner d’elles -mêmes
Quelle forme de
sociétariat?
H1 : Sociétariat facultatif
H2 : Sociétariat obligatoire
H3 : Sociétariat « réglementé »
© BPI
86
ANNEXES
© BPI
87
BIBLIOGRAPHIE PARTIE I
© BPI
88
[Bibliographie partie I]
AGF SCOP ENTREPRISES RHONE-ALPES (2007), Économie Sociale Et Solidaire : Accompagnement à la
création d’activité- Bilan d’action du 1er janvier 2007 au 31 décembre 2007
AGF SCOP ENTREPRISES RHONE-ALPES (2008), Économie Sociale Et Solidaire : Accompagnement à la
création d’activité- Bilan d’action du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2008
AGF SCOP ENTREPRISES RHONE-ALPES (2009), Économie Sociale Et Solidaire : Accompagnement à la
création d’activité- Bilan d’action du 1er janvier 2009 au 31 décembre 2009
AGF SCOP ENTREPRISES RHONE-ALPES (2010), Économie Sociale Et Solidaire : Accompagnement à la
création d’activité- Bilan d’action du 1er janvier 2010 au 31 décembre 2010
AVISE (2006), Les coopératives d’activités et d’emploi, l’entreprise partagée, Choisir d’entreprendre
autrement
AVISE (2008), Coopératives d’Activités et d’Emploi, couveuses, sociétés de portage salarial : des
opportunités pour tester, développer ou exercer son activité, Entreprendre Autrement n°3
AVISE (2011), Créer une coopérative d’activités et d’emploi, fiche n°7.4
BOST E. (2011), Aux entreprenants associés, la coopérative d’activités et d’emploi, Éditions Repas
CAP SERVICES (2005), Mode d’emploi, Éditions 10CAP
CITERNE C. (2010), La coopération de production, pour quel projet économique et social ?, Université de
Haute Alsace
COLLEGE COOPERATIF PROVENCE ALPES MEDITERRANEE (2001), Évaluation de l’expérimentation
nationale sur les couveuses d’activité ou d’entreprise – Rapport Final – Annexes 1 : Annexes relatives à
l’évaluation
COLLEGE COOPERATIF PROVENCE ALPES MEDITERRANEE (2001), Évaluation de l’expérimentation
nationale sur les couveuses d’activité ou d’entreprise – Rapport Final – Annexes 2 : Annexes précisant le
travail à engager en référence aux questionnements clés dégagés par l’évaluation
COLLEGE COOPERATIF PROVENCE ALPES MEDITERRANEE (2001), Évaluation de l’expérimentation
nationale sur les couveuses d’activité ou d’entreprise – Rapport Intermédiaire – 3ème partie : synthèse
thématique des pistes de travail, Collège Coopératif Provence Alpes Méditerranée
DELORE R. (2009), Situation des anciens entrepreneurs de Coopératives d’activités : cas des créateurs issus
de Cap Services, Faculté de Sciences Économiques et de Gestion – Université Lumière Lyon 2
DEVOLVE N. et VEYER S. (2009), De la coopérative d’activités et d’emploi à la mutuelle de travail : produire
du droit pour accompagner un projet politique d’économie sociale, Colloque «Entreprendre en économie
sociale et solidaire : une question politique ? », IXemes Rencontres Internationales du RIUESS – Roanne
INSEE (2012), Numéro 1388 février 2012
INSEE (2012), n° 58 Économie février 2012, Création et créateurs d’entreprises – Premières interrogations
2010, Profil du créateurs
JORGE I. et THOMAS F. (2005), Projet Equal «Recherche action pour entreprendre autrement» - Évaluation
finale
© BPI
89
[Bibliographie partie I]
LENOIR C. et SCHECHTER F. (2011), L’avenir et les voies de régulation du portage salarial, Inspection
Générale des Affaires Sociales
LE ROY B. et CHAUVEAU M.F. (2007), Coopérer sur les territoires – Programme Européen Equal, action 3,
Association d’Information et de Recherche sur l’Économie Sociale
MANOURY L. assistée de ANDREE M.O., AUDE A., CARTIEAUX C., GELIN F. (2001), Évaluation de
l’expérimentation nationale sur les couveuses d’activité ou d’entreprise – Rapport Intermédiaire – 1ère
partie : état des lieux et essai de caractérisation, Collège Coopératif Provence Alpes Méditerranée
MANOURY L. en tant que coordinatrice, avec le concours de ANDRE M.O., AUBRY D., AUDE A., BARRAU
P., CARTIEAUX C., CAZALOT B., DEMEDARDI C., GELIN F. (2001), Évaluation de l’expérimentation nationale
sur les couveuses d’activité ou d’entreprise – Rapport Final
MANOURY L. avec la participation de AUDE A., BARRAU P. CAZALOT B., DEMEDARDI C., GELIN F. (2001),
Évaluation de l’expérimentation nationale sur les couveuses d’activité ou d’entreprise – Rapport
Intermédiaire – 2ème partie : état des lieux et analyse, Collège Coopératif Provence Alpes Méditerranée
MANOURY L. et DUGIER E. (2009), Caractériser et valoriser les pratiques d’appui et de mutualisation des
coopératives d’activité, COPEA – Association Nationale de Coopératives d’Activités
MINISTÈRE DE L’EMPLOI ET DE LA SOLIDARITÉ (2000), CIR DGEFP n° 2000/16 du 26 juin 2000 relative au
pilotage national de l’expérimentation “ Couveuses d’activités ou d’entreprises ”
MOUTET A. et RIVAT M. de BERNARD BRUNHES (2006), Étude « Flash » sur le portage salarial, OPIIEC
PONCIN B. (2004), Salarié sans patron?, Éditions du croquant
RIBEIRO É. et VIGNAUD C. (2010), De l’entreprise partagée à la «mutuelle de travail», Faculté de Sciences
Économiques et de Gestion – Université Lumière Lyon 2
SCOP, REGION RHONE-ALPES, COMMISSION EUROPEENE et EQUAL (2005/2006), Économie Sociale Et
Solidaire : Formation des accompagnateurs de coopératives d’activités - Bilan d’action de la formation du
1er juillet 2005 au 30 juin 2006, SCOP, REGION RHONE-ALPES, COMMISSION EUROPEENE et EQUAL
VEYER S. (2010), Cessons de créer des entreprises, Impertinences 2010 – « huit contributions pour penser
et agir autrement », La documentation française
© BPI
90
BIBLIOGRAPHIE PARTIE II
© BPI
91
[Bibliographie partie II]
CAPUL et GARNIER (2002), Dictionnaire d’Économie et de Sciences sociales, Édition Hatier
ECHAUDEMAISON (2001), Dictionnaire d’Économie et de Sciences sociales, Édition Nathan
FREMEAUX (2012), Quel potentiel de développement pour l’ESS?, Étude réalisée pour le compte de la
fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme et pour la Caisse des Dépôts
RTES, ARF, AVISE (2012), Inscrire l’utilité sociale au cœur des politiques locales, Guide pratique
•
Conjoncture économique et marché du travail
ANACT (2012), Les conditions de travail aujourd’hui, Bimestriel Travail et changement janvier – février
2012, n°341
ARAVIS (2010), Quel travail dans 20 ans?, Démarche de prospective
INSEE (2012 a), Note de conjoncture mars 2012
INSEE (2012 b), Une photographie du marché du travail en 2010, INSEE Première, février 2012, n°1391
INSEE (1996), Les comptes de la nation en 1995, Insee Première n°446
INSEE (1996), Les administrations publiques en 1995, Insee Première n°489
•
Rapport au travail
ANACT (2012), Les conditions de travail aujourd’hui, Bimestriel Travail et changement janvier – février
2012, n°341
ANCTIL (2006), Les nouvelles générations et le sens du travail. Des jeunes en quête d’expressivité au travail
et d’un plus grand équilibre dans la vie, Maîtrise en sociologie, Université Laval
VENDRAMIN (2004), Le travail au singulier – Le lien social à l’épreuve de l’individualisation, Collection
Sciences et enjeux, L'Harmattan
VENDRAMIN & MEDA (2010), Les générations entretiennent-elles un rapport différent au travail?,
Sociologies
•
Économie Sociale et Solidaire
CNCRES (2009), Atlas de l’Économie Sociale et Solidaire en France et dans les Régions, Observatoire
National de l’Économie Sociale et Solidaire
DRAPERI et FREMEAUX (2009), L’économie sociale de A à Z, Alternatives économiques Hors série pratique
n°38 bis.
PONCIN B. (2004), Salarié sans patron?, Éditions du croquant
FRAISSE (2010), Les politiques locales de l’économie sociale et solidaire à la croisée des chemins, Revue du
MAUSS permanente [en ligne].
© BPI
92
[Bibliographie partie II]
• Politiques de l’emploi
FERRATON &VALLAT (2009), La territorialisation de l’accompagnement à la création d’entreprise par les
chômeurs : enjeux et méthodes, IXèmes Rencontres internationales du Réseau Inter-Universitaire de
l'Économie Sociale et Solidaire
INSEE (2010), L’année économique et sociale 2009, Dossier N°155 - juin 2010
INSEE (2011), L’année économique et sociale 2010, Dossier N°156 - juin 2011
•
Développement économique local
ARADEL (2012), Développement économique 2015 : éloge de la proximité, Rencontre Rhône-Alpes des
développeurs économiques vendredi 16 mars 2012
DATAR (2011), Des système spatiaux en perspective – Territoires 2040, la Documentation française, Revue
d’étude et de prospective n°3
DENIEUIL & LAROUSSI (2005), Le développement social local et la question des territoires, éd.
L'Harmattan, 271 p.
•
Partenariats public / privé
Cellule nationale d’animation (2012), SCIC : les collectivités prennent part aux coopératives, Localtis
EPEC (2012), Le guide EPEC des PPP – Manuel de bonnes pratiques
GAGNON & KLEIN (1991), Le partenariat dans le développement local : tendances actuelles et perspectives
de changement social, Cahiers de géographie du Québec, Volume 35, numéro 95, p. 239-255
MARTY, VOISIN, TROSA (2006), Les partenariats public privé, Édition La découverte
• Cadre juridique et réglementaire
DRAPERI (2007), Comprendre l’économie sociale – Fondements et enjeux, Dunod
STERVINOU et NOEL (?) , Les CAE : un outil juridique au service d’un entreprenariat responsable, Revue
Management et Avenir
VERCAMER (2010), L’économie Sociale et Solidaire, Entreprendre autrement pour la croissance et
l’emploi,
Rapport sur l’Économie Sociale et Solidaire, Francis Vercamer, parlementaire en mission
•
Besoins des porteurs de projets et entrepreneurs
MATHOT (2010), Accompagner l’entreprenariat, un impératif pour la croissance, Rapport suite à mission
confiée par Hervé Novelli, Secrétaire d’État chargé du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes
entreprises, du Tourisme, des Services et de la Consommation
© BPI
93
[Bibliographie partie II]
L’offre d’accompagnement des créateurs d’entreprises
FERRATON &VALLAT (2009), La territorialisation de l’accompagnement à la création d’entreprise par les
chômeurs : enjeux et méthodes, IXèmes Rencontres internationales du Réseau Inter-Universitaire de
l'Économie Sociale et Solidaire
MATHOT (2010), Accompagner l’entreprenariat, un impératif pour la croissance, Rapport suite à mission
confiée par Hervé Novelli, Secrétaire d’État chargé du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes
entreprises, du Tourisme, des Services et de la Consommation
© BPI
94
Annexe 1
Fiches variables
© BPI
95
[Étape 1]
Les questions clés pour l’avenir des CAE à l’horizon 2020
1. Environnement global
2. Contexte sectoriel
Quels besoins
des porteurs de
projets?
3. Dynamiques internes
aux CAE
Quels principes
de
développement
économique
local en 2020?
Quelle évolution
de la situation
économique et
du marché du
travail?
© BPI
Quelle stratégie et
idéologie de
développement de
la CAE?
Quelle cohérence
entre l’image que
les CAE veulent
donner d’ellesmêmes et celle
qu’ont les gens de
l’extérieur?
Quelles
évolutions des
formes pour
entreprendre?
Quelle forme
de
sociétariat?
Quelle maturité de
l’ESS sur les
territoires?
Quelle forme
de partenariat
public – privé
en 2020?
Quelles
orientations
juridiques et
financières vis-àvis des CAE?
Quel format des
politiques de
l’emploi par
rapport à la
création d’activités
professionnelles?
Quelle évolution du
rapport au travail?
96
[Environnement global]
Définitions et indicateurs
Quelle évolution de la
situation économique et du
marché du travail?
Définitions :
Conjoncture économique : ensemble des éléments concourant simultanément à caractériser la situation
économique française actuelle (ECHAUDEMAISON, 2001)
Marché du travail : situation de l’emploi dans l’économie française, et plus précisément état des emplois
disponibles (nature, qualifications exigées, quantité) (CAPUL et GARNIER, 2002)
Indicateurs :
Conjoncture économique :
Taux de croissance du PIB
Évolution de l’emploi
Taux d’intérêts, déficits publics
Consommation des ménages
Création et défaillance d’entreprises
Marché du travail :
Taux d’activité (nombre d’actifs /
ensemble de la population)
Taux d’emploi (personnes en emploi /
population en âge de travailler)
Évolution du volume d’emploi
Évolution des formes d’emploi
Taux de chômage
Répartition de l’emploi par secteurs
d’activités
Éléments de contexte
19
96
19
97
19
98
19
99
20
00
20
01
20
02
20
03
20
04
20
05
20
06
20
07
20
08
20
09
20
10
•Conjoncture économique :
Evolution du PIB depuis 1995
Suite à la crise économique mondiale en 2009, l’économie
2500000
française, à l’instar des autres pays européens, s’est
2000000
fortement contractée. En effet, la croissance est en repli (taux
1500000
de croissance du PIB 2011 : 1.7%, contre 2.1% en 1995) avec
1000000
des conséquences fortes en terme d’emplois. Par ailleurs, les
indicateurs de financement se sont dégradés avec un déficit
500000
budgétaire accru (déficit public 2011 : 5.2% du PIB, 4.8% en
0
1995 (INSEE)) et un endettement public qui ne cesse de
croître (dette public 2011 : 85.8% du PIB, 55.5% en 1995
(INSEE)).
Le défi pour la France apparaît le suivant : renouer avec la croissance en s’appuyant sur de nouveaux leviers sous
optimisation budgétaire.
•Marché du travail :
Des évolutions majeures sont notables à la fois quantitativement (en termes de chômage, de taux d’emploi des
femmes,…) et qualitativement (diversification des formes d’emploi) (ARAVIS, 2010) :
•Transfert massif des salariés vers le tertiaire - près de 64 % des salariés travaillent aujourd’hui dans ce secteur
(ARAVIS,2010)
•Hausse de la précarité et de la flexibilité du travail : Le CDI à temps plein aujourd'hui encore très majoritaire perd du
terrain et développement important des formes dites atypiques d’emploi : emplois temporaires (CDD, intérim), emplois à
temps partiel choisis ou contraints, emplois aidés, etc. Ceci entraîne une dualité du marché du travail entre un secteur
protégé et un second secteur sur lequel se concentre la flexibilité et la précarité (ARAVIS, 2010)
•Allongement de la vie professionnelle avec le report de l’âge de départ à la retraite : vieillissement de la population
active et croissance du volume de population d’âge actif
•Mise et maintien à l’écart de l’entreprise des personnes de plus de 50 ans (ANACT, 2012)
•Depuis 2008, chômage qui gagne les cadres et les plus qualifiés, catégories jusqu’alors les plus préservées. C’est parmi les
plus de 50 ans, que le chômage a le plus progressé, même si les plus jeunes et les moins qualifiés restent les plus touchés.
Le taux de chômage au T4 2011 s’élève à 9.8% (INSEE, 2012 b)
•Augmentation de la proportion de chômeurs de longue durée (INSEE, 2012 b)
Éléments de prospective
Hypothèse 1 : Aggravation de la crise et effritement des formes d’emplois
Déréglementation du marché du travail et multiplication des formes de travail atypiques
Hypothèse 2 : Croissance « molle » et marché dual entre salariés « sécurisés » et salariés « précaires »
Un «noyau dur » de travailleurs protégés (CDI, etc) et à la marge de ce « noyau dur », des travailleurs peu protégés, avec
des emplois précaires et mal rémunérés qui constituent un volant de flexibilité pour les entreprises
Hypothèse 3 : Amélioration de la situation économique et développement de la sécurisation des parcours
professionnels« Flexisécurité » : la protection des personnes se substitue à celle des emplois, en contrepartie d’un
assouplissement des marchés du travail
© BPI
97
[Environnement global]
Quelle évolution du
rapport au travail?
Définitions et indicateurs
Définition : liens qu’entretient l’individu avec le travail. Trois perspectives : satisfaction éprouvée par l’individu dans
sa fonction, signification que l’individu attribue à cette fonction, conception plus générale de la vie (ANCTIL, 2006)
Indicateurs :
Modes de vie
Équilibre de/dans l’emploi et rapport au travail
Lien social
Conditions de travail / santé au travail
Contenu du travail et organisation du travail
Éléments de contexte
Les modes de vie évoluent fortement, ce qui influe fortement sur le rapport au travail.
•Modes de vie
- Individualisation de la société à l’œuvre dans le champ du travail et de la famille, besoin de sécurité de moins en
moins satisfait (famille, logement, emploi, carrière professionnelle…)
- Évolution vers une conception « polycentrique » de l’existence pour la jeune génération, c’est-à-dire une conception
de la vie et un système de valeurs organisés autour de plusieurs centres (le travail, la famille, les relations amoureuses,
les loisirs, l’engagement…) (VENDRAMIN et MEDA, 2010)
- Évolutions des cycles de vie : des étapes retardées et plus irrégulières
•Équilibre de / dans l’emploi
- Inquiétudes voire obsession de l’accès et du maintien en emploi. Une fois l’entreprise garante de cet emploi,
recherche de l’équilibre entre vie privée et professionnelle (ANACT, 2012) - Engagement de plus en plus « total » de
l’individu dans son travail : connaissances, énergie, motivation, autonomie, volonté d’émancipation… avec un risque
plus fort de se perdre dans le travail. Revendications des salariés qui s’axent davantage sur le besoin
d’accomplissement et d’action possible dans et sur l’activité de travail (ANACT, 2012). Ceci fait référence à la pyramide
de Maslow avec une transition de la parcellisation des tâches à la recherche d’accomplissement.
- Rapprochement des modèles hommes / femmes en matière d’engagement dans le travail
- Raccourcissement de l’horizon temporel, avec des perspectives individuelles et collectives rétrécies.
•Lien social
La transformation du lien social dans le travail s'explique à la fois par une nouvelle donne industrielle et par une
évolution des individus eux-mêmes : leur manière de s'engager dans le travail et de se lier aux autres (VENDRAMIN,
2004). Il est donc nécessaire de créer et de développer de nouveaux réseaux sur d’autres bases que la famille et le
travail (développement de logiques communautaires).
•Contenu du travail
- Nouveau régime de mobilisation de la main d’œuvre , non plus fondé sur des qualifications et des postes figés (la
tâche prescrite) mais sur des compétences (l’initiative, le savoir-faire, le savoir être). La référence n’est plus le poste
mais l’individu. Montée de la compétence des individus, et à travers elle celle du développement personnel (ANACT,
2012)
•Organisation du travail
- Intensification significative du travail préoccupante : objectifs rehaussés, rythmes accélérés, obligations de résultats,
délais de réalisation de plus en plus courts (ANACT, 2012)
- Extension des usages des TIC, dématérialisation des lieux de travail (à domicile, chez le client, dans le train, à
l’hôtel…), frontière de plus en plus ténue entre la sphère privée et la sphère professionnelle
•Conditions de travail
- Questions des conditions de travail et de la santé au travail plus présentes qu’il y a 15 ou 20 ans dans les débats et les
préoccupations (l’amiante, le stress, le harcèlement moral ou la souffrance au travail ). - Des attentes déçues compte
tenu des perspectives de promotion et de salaires jugées insatisfaisantes, du stress et de l’implication (ANACT, 2012)
Éléments de prospective
© BPI
Hypothèse 1 : L’entreprise comme lieu de vie et de travail
Engagement et investissement fort de l’individu pour son entreprise, « fidélité » et facteur de socialisation
Hypothèse 2 : Un destin professionnel pris en main au gré des opportunités offertes
Évolution professionnelle qui s’opère en changeant d’entreprises en saisissant des opportunités
Hypothèse 3 : L’individu, « consommateur » de l’entreprise
Indépendant, individualiste, faible attachement à la société pour laquelle il travaille, n’hésite pas à changer
d’entreprise lorsque celle-ci ne répond plus à ses attentes.
98
[Environnement global]
Définitions et indicateurs
Quel format des politiques
de l’emploi par rapport à la
création d’activités
professionnelles?
Définition : Recouvre toute politique cherchant à influer sur le niveau de chômage par le biais d’une action agissant
sur le marché du travail, sur la demande mais aussi sur l’offre de travail. L’objectif étant la réduction du chômage, il
peut s’agir de création d’emplois ou de retrait d’activité (ECHAUDEMAISON, 2001)
Indicateurs :
Maintien dans l’emploi
Accompagnement des chômeurs vers l’emploi
Sécurisation des parcours professionnels et Gestion Territoriale des Emplois et des Compétences
Soutien à la création d’entreprise
Éléments de contexte
Avant la crise :
Depuis une trentaine d’années, la France reste marquée par un chômage de masse dont le niveau apparaît
relativement plus élevé que dans d’autres pays comparables. Depuis 1984, le taux de chômage n’est jamais revenu endeçà de 8,5 %. Au cœur des préoccupations de tous les gouvernements, l’emploi a fait l’objet de politiques variées mais
empreintes d’un certain pragmatisme et d’une volonté partagée de préserver le « modèle social français ».
Depuis la crise :
La recherche d'un maintien dans l'emploi et l'évitement d'une rupture du contrat de travail malgré une chute de
l'activité, l'accent mis sur les contrats aidés, surtout en direction du secteur non marchand, l'encouragement au cumul
d'un revenu du travail avec une autre ressource, sont autant de priorités qui ont constitué en 2009 les axes forts de la
politique gouvernementale de l'emploi (INSEE, 2010).
Avec la poursuite de la crise en 2010, les orientations prioritaires des politiques de l'emploi, jusqu'au milieu de l'année,
ont visé principalement à éviter les licenciements économiques et à renforcer l'accompagnement des chômeurs vers
l'emploi. Avec les prémices de reprise de l'activité au second semestre, l'accent a aussi porté sur une anticipation
des conséquences sur l'emploi et les qualifications des mutations économiques, démographiques et technologiques
dans les entreprises (INSEE, 2011). Notons que la nouvelle aide à la création et à la reprise d'entreprise (Nacre),
destinée aussi à stimuler la création d'emplois, a vu son nombre de bénéficiaires (2 300) augmenter d'environ 10 %
entre 2009 et 2010.
En 2011, l'État poursuit son action en faveur de l'emploi, avec un accent mis tout particulièrement sur la Gestion
Territoriale des Emplois et des Compétences, la sécurisation des parcours professionnels, l'amélioration du dialogue
social territorial, et l'encouragement à l'alternance (INSEE, 2011).
Politique d’aide à la création d’entreprises
La création d’entreprise par les chômeurs est depuis longtemps une composante forte de la politique de l’emploi en
France. Un ensemble de mesures ont été mises en œuvre dans ce sens pour simplifier à leur paroxysme les modalités
d’accès à l’entreprenariat (Création de l’EURL, puis de la SARL à 1€, puis du statut de micro entreprise et enfin le régime
de l’auto entrepreneur) et sécuriser au mieux le démarrage des projets. Au niveau régional, la création de Créafil
représente une avancée majeure dans la constitution des réseaux d’accompagnement et la simplification des parcours
des créateurs.
Éléments de prospective
Hypothèse 1 : Majorité d’actions sociales auprès des individus pour favoriser leur insertion dans l’économie
Mesures ciblées vers les catégories les plus vulnérables de la population active (jeunes non qualifiés, seniors,
chômeurs de longue durée)
Hypothèse 2 : Politique mixte agissant à la fois auprès des entreprises et des individus pour faciliter le lien entre les
deux
Hypothèse 3 : Majorité d’actions économiques auprès des entreprises oeuvrant à l’insertion sociale
Politiques en direction des entreprises (allégement des charges, etc) et soutien à la création d’entreprise
© BPI
99
[Environnement global]
Quelle forme de
partenariat public
– privé en 2020?
Définitions et indicateurs
Définition juridique : ensemble des modalités de « coopération entre les autorités publiques et le monde des
entreprises qui visent à assurer le financement, la construction, la rénovation, la gestion ou l’entretien d’une
infrastructure ou la fourniture d’un service ». Caractéristiques : une longue durée, une prestation de services globale,
une allocation des risques entre l’administration et le prestataire et un pilotage du contrat par la performance tout au
long de sa durée.
Définition opérationnelle : Coopération et collaboration entre acteurs privés et publics, qu’elle émane de l’acteur
public ou privé ou des deux
Indicateurs :
Contrats de partenariat
Nombre de PPP
Nombre de SCIC
Éléments de contexte
Depuis 15 ans :
Nouvelle approche de la gestion publique née dans le contexte des difficultés budgétaires qui frappent les
collectivités publiques des pays industrialisés depuis les années 1970 et de la perte progressive de la légitimité
accordée aux gestionnaires publics en matière de gestion efficace des ressources.
En France, l’opportunité de créer un nouveau type de contrat public remédiant aux discontinuités entre les marchés
publics et les délégations de service public, est débattue depuis le milieu des années 1990. D’abord envisagés sous
forme de dérogations sectorielles au code des marchés publics, les partenariats public-privé font l’objet de
l’ordonnance du 17 juin 2004, créant les contrats de partenariat.
Avantages présentés : moyen de réconcilier les attentes sociales et la maîtrise des finances publiques, de bénéficier
des savoir-faire et capacités des entreprises privées (qualité et évolutivité du service), de s’assurer d’une répartition
optimale des risques entre entité publique et prestataire privé, de garantir implication des deux parties.
Facteurs clés de réussite : nécessaire équité entre les partenaires (droits et devoirs réciproques, pouvoirs et
responsabilités comparables)
Plein essor des PPP : le partenariat à l'échelle locale s'impose de plus en plus comme une des formes sociales issues
du changement social. Territorialisation des rapports sociaux et économiques. Transfert d’une partie des coûts de la
gestion sociale vers les structures locales.
Évolutions notables : de l’ère de la consultation, à celle de la concertation, et maintenant celle du partenariat
Zoom sur les SCIC (lancées en 2001) : nouvelles voies pour les collectivités pour relocaliser des activités, inventer
une économie de proximité, alléger les subventions, construire des multi partenariats. Permet de soutenir et participer
à des innovations sociales, se rapprocher de la société civile locale, répartir le risque et obtenir un fort ancrage
territorial. Donne visibilité et sécurité.
Ancrage et maillage territorial au fil des années
Éléments de prospective
Hypothèse 1 : Retours à des PPP au sens juridique strict et émanant du public vers le privé (délégation de services
publics, marchés publics)
Tendance à la reprise en main des partenariats par le secteur public suite à la mise en place de partenariats où le privé
ne s’est pas avéré disposé d’une supériorité sur le public dans la mise en œuvre.
Hypothèse 2 : Des PPP à double sens (émanant du public vers le privé et du privé vers le public)
L’action publique se recentre sur sa fonction de conception et d’orientation. Elle systématise le calcul économique
dans ses choix. Des appels d’offres sont émis pour travailler avec des structures privées. Des fonds privés sont utilisés
pour une utilité publique (ex : fonds de revitalisation).
Hypothèse 3 : Prédominance des PPP émanant du privé vers le public (volontaires ou contraints)
Vers une gestion « associée » : les entreprises, ancrées dans un écosystème d’acteurs sur leurs territoires, sont
fortement mobilisées (ou sollicitées) pour compléter ou se substituer à des missions de service public. L’endettement et
le déficit public accentue le phénomène.
© BPI
100
[Contexte sectoriel]
Définitions et indicateurs
Quels principes de
développement
économique local en
2020?
Définition : mise en œuvre d’un projet global associant aspects économiques, sociaux, culturels du développement.
S’élabore à partir d’une concertation large de l’ensemble des citoyens et des partenaires concernés et trouve sa
traduction dans une maîtrise d’ouvrage commune (DENIEUIL & LAROUSSI, 2005)
Indicateurs :
Structure économique : dimension de l’économie, structure sectorielle et spécialisation, exportation, structure
et dynamisme des entreprises
Atouts locaux : infrastructures de transport, disponibilité et qualité du foncier et immobilier, coût des services
d’utilité publique
Capital humain : population, emploi et revenus, éducation et compétences
Institutions : environnement local propice pour les entreprises
Éléments de contexte
•Vision du développement économique local depuis 15 ans :
- Principal enjeu et moteur du développement économique local qui tient dans la capacité des territoires à attirer et/ou
à faire émerger des activités productives (génériques et délocalisables ou spécifiques et territorialement ancrées), puis
d’assurer leur compétitivité dans un contexte de globalisation des échanges.
- A partir des années quatre-vingt, concentration de la production dans les grandes agglomérations et leur proche
périphérie. Fortes incertitudes pour les territoires non métropolitains, isolés ou encore non dotés de systèmes productifs
singuliers et réactifs. Pour beaucoup, le développement économique local dépend encore, quasi exclusivement, de la
qualité de son système productif (DATAR, 2011)
•De nouveaux enjeux à prendre en compte :
- Maintenir l’équité territoriale, dans une région marquée par une grande diversité des territoires
- Créer, capter des richesses, faire circuler ces richesses en maximisant la dépense de ces revenus localement (DATAR,
2011)
- Tourisme durable et de proximité (en encourageant par exemple l’installation de commerces de proximité au sein des
villes et communes rurales, à valoriser, à développer les ressources et savoirs faire locaux)
- Circuits courts : inciter à la création de nouvelles filières courtes de production et de distribution de biens et de services
qui permet renforcement du lien social entre le consommateur et le producteur et lutte contre le changement climatique
grâce à une valorisation de produits locaux et la création de points de distribution de proximité(DATAR, 2011)
- Gestion de la mobilité (préoccupations en ville vs en milieu rural)
- Responsabilité Sociétale des Entreprises
- Émergence et structuration de pôles territoriaux de coopération économique
Éléments de prospective
Hypothèse 1 : Des territoires qui se développent en rivalisant chacun sur la base de leurs atouts
Une forte rivalité entre les territoires s’observe. Chaque territoire, pour attirer et développer des activités sur son
périmètre, s’appuie sur ses forces : ses filières et sa qualité de vie notamment.
Hypothèse 2 : Des territoires collaboratifs qui prônent l’économie locale
Les territoires mettent en place une intelligence « collective » en formant un écosystème d’acteurs (collectivités, soustraitants, donneurs d’ordre…), créant ainsi un espace de dialogue territorial. Les entreprises ont désormais une approche
systémique et sont fortement ancrées et impliquées dans leur territoire. S’observe une tendance à la relocalisation des
productions et des consommations. L’économie de proximité prend une ampleur importante.
Hypothèse 3 : Fin de la dimension territoriale locale et raisonnement global
Pour faire face à la mondialisation, les territoires sont obligés de s’organiser et se regrouper pour changer d’échelle et
prendre le meilleur où il est (ex : métropolisation)
© BPI
101
[Contexte sectoriel]
Définitions et indicateurs
Quelles évolutions
des formes pour
entreprendre?
Définition : Ensemble des structures d’accueil des porteurs de projets et créateurs d’entreprises (volets information
et orientation, financement, accompagnement, accueil physique)
Indicateurs :
Évolution du nombre d’acteurs de l’entreprenariat et des réseaux
Évolution du nombre de création d’entreprises
Éléments de contexte
En 30 ans, l’offre d’accompagnement des créateurs d’entreprise s’est considérablement densifiée
Les acteurs historiques de l’accompagnement sont les organisations consulaires (CCI, CMA). Progressivement, d’autres
intervenants sont apparus pour répondre à des besoins spécifiques. Quelques dates clés :
- 1980 : les Boutiques de gestion sont lancées pour accompagner les demandeurs d’emploi
- 1982 : Les plateformes d’initiative locale (PFIL) apparaissent, avec pour vocation d’apporter des prêts d’honneur aux
porteurs de projets. En 1987, elles se regroupent au sein de France Initiative Réseau.
- 1988 : France Active est créé, avec pour mission de créer ou consolider des emplois, en priorité pour ceux qui en sont
exclus, en facilitant l’accès au crédit bancaire pour les créateurs d’entreprises et en finançant le développement de
l’emploi dans les entreprises solidaires. La même année, l’ADIE est créée pour faire bénéficier du microcrédit les
créateurs d’entreprises en difficulté sociale.
Aux réseaux généralistes d’appui à la création d’entreprises, s’ajoutent des appuis nouveaux dans le champ de
l’innovation technologique, et celui des pépinières d’entreprises, dont le concept a évolué pour remplir aujourd’hui 3
missions : l’hébergement, les services et l’accompagnement.
L’Union des couveuses fédère les couveuses d’entreprises dont le dispositif a été légalisé en créant par la loi sur
l’initiative économique de 2003 le concept de CAPE. Les couveuses sont des outils innovants d’accompagnement des
entrepreneurs qui permettent le test de l’activité sous un mode d’apprentissage.
Depuis 2009, une autre forme d’accompagnement apparaît avec l’accompagnement en ligne par les réseaux et l’APCE.
Par ailleurs, les réseaux sociaux virtuels sont devenus des lieux privilégiés pour les créateurs d’entreprise qui peuvent
lier des contacts entre eux, se conseiller mutuellement et partager leurs expériences.
On voit également émerger des opérateurs nouveaux qui se positionnent sur des publics bien spécifiques (femmes,
jeunes, migrants, salariés des entreprises…)
Les collectivités territoriales jouent aujourd’hui un rôle très important dans l’appui à la création d’entreprises.
Disposant pour la plupart de services économiques ou d’agences de développement, elles interviennent sous des
formes diverses en fonction des politiques locales .
Les réseaux ont su faire face à un quasi triplement du nombre de créateurs en 10 ans, sans que les ressources qui leur
ont été affectées par l’État, les collectivités ou la Caisse des dépôts aient évolué dans les mêmes proportions. Avec
l’arrivée massive des auto-entrepreneurs, seuls 10 à 15% des créateurs se font accompagner lors de leur première
expérience de création d’entreprise. Un manque de communication et de promotion d’un bon accompagnement est à
déplorer (MATHOT, 2010)
Éléments de prospective
Hypothèse 1 : Entreprenariat indépendant, simple d’accès avec un accompagnement possible selon la volonté du
porteur de projet
Le porteur de projet est totalement libre d’entreprendre comme il le souhaite et peut solliciter des professionnels de
l’accompagnement en fonction de ses besoins.
Hypothèse 2 : Entreprenariat « encadré » du fait de réglementations (en terme de diplômes, assurances…), qui
imposent certaines contraintes aux porteurs de projets
Le porteur de projet, parce que son activité présente certaines formes de contraintes, s’appuie sur une structure lui
offrant des prestations de services satisfaisant ces contraintes et le dégageant de démarches lui permettant ainsi de se
concentrer sur son activité.
Hypothèse 3 : Entreprenariat « intégré » avec un accompagnement selon le fonctionnement de la structure
d’accueil
Le porteur de projet s’intègre dans un collectif qui le soutient, l’accompagne et donne un cadre à son activité.
© BPI
102
[Contexte sectoriel]
Définitions et indicateurs
Quels besoins
des porteurs de
projets?
Définition : Attentes, objectifs, motivations , besoins, freins et obstacles, insatisfactions
Indicateurs :
Attentes et aspirations
Besoins d’accompagnement (ante et post-création)
Éléments de contexte
•Attentes et aspirations
L’entreprise devenue un support de la création de son propre emploi :
- Changements en profondeur de la société française dans les années 90 avec un changement des valeurs de toutes les
couches de la société, notamment chez les jeunes qui ont désormais d’autres aspirations (ou pas le choix) que le
salariat et les emplois garantis
- Modification des objectifs des créateurs : ils déclarent de plus en plus souvent vouloir assurer avant tout leur propre
emploi. Entre 2002 et 2006, proportion qui a augmenté de 56 à 63%.
- Se mettre à son compte apparaît de moins en moins comme une solution de secours, un remède à une situation
économique difficile, mais plutôt comme un choix de vie (MATHOT, 2010)
Aspirations des individus à travailler autrement
Les créateurs d’entreprises sont de plus en plus à la recherche de sens et de valeurs dans la construction de leurs
projets. C’est dans cet esprit que ce développe le courant de pensée de l’entreprenariat social, dans lequel se
reconnaissent particulièrement les jeunes générations (MOUVES).
•Besoins d’accompagnement
Créer son entreprise : un acte de plus en plus intuitif
Les porteurs de projet procèdent aujourd'hui plus par tâtonnements et inductions que par l’application de
raisonnements analytiques construits par de savantes déductions. Ils composent avec ce qu’ils ont. Le passage à l’acte
de création devient de plus en plus « impulsif », fondé sur l’intuition (MATHOT, 2010)
Le créateur doit s’approprier l’incertitude :
La très grande majorité des entrepreneurs qui se sont lancés s’inscrit dans cette démarche intuitive, à l’opposé de la
démarche classique de création, qui voulait que la naissance officielle de l’entreprise arrive au terme d’un parcours de
maturation d’une idée, de validation du modèle économique et de recherche de financements. Évolution de la forme
de l’accompagnement où il ne faut pas contraindre le porteur de projet à des certitudes dans le cadre d’un plan
d’affaires mais plutôt l’aider, dans le cadre d’une démarche itérative (réflexion, décision, action), à s’adapter en
permanence aux évolutions de l’environnement. Il doit s’appuyer sur un « dossier d’opportunités » en constante
évolution (MATHOT, 2010)
Un accompagnement qui doit s’inspirer du coaching dans la durée
Les créateurs évoquent de forts besoins d’accompagnement en matière de formalités administratives, d’information et
d’orientation, de conseils en montage de projet, en gestion, en financement ainsi que de nature juridique, fiscale et
sociale mais également psychologique. Demandeurs d’une écoute de qualité, de disponibilité et d’un accompagnement
professionnel, le tout dans un climat de confiance. Ils souhaitent disposer d’un appui qui saura les rassurer et les
motiver durant toutes les phases de montage et de développement du projet. L’accompagnateur ne doit plus se
positionner comme « sachant » mais comme « guide » (MATHOT, 2010). L’objectif étant pour le porteur de projet de
gagner du temps, être plus efficace, partager ses expériences, avoir davantage confiance en lui.
En 2008, seuls 31% des créateurs (donc aujourd’hui probablement 10 à 15% en raison de l’arrivée des auto
entrepreneurs) déclarent avoir eu recours à des organismes spécialisés dans la création d’entreprises (MATHOT, 2010).
Éléments de prospective
Hypothèse 1 : Un besoin de sécurisation sociale avant tout : se reconstruire personnellement pour développer un
projet économique
Recherche d’un lieu refuge, prendre son temps, créer son propre emploi, reconnaissance au travers de l’autre, avoir
davantage confiance en soi
Hypothèse 2 : Un besoin de sécurisation financière avant tout : assurer la viabilité financière du projet
Recherche simplicité des démarches, des besoins financiers, réduire l’incertitude, gagner du temps, être plus efficace,
appui technique
Hypothèse 3 : Des besoins de sécurisation sur les volets sociaux et économiques du fait de fragilités sur les deux
plans
© BPI
103
[Contexte sectoriel]
Définitions et indicateurs
Quelle maturité de
l’ESS sur les
territoires?
Définition : L’Économie Sociale et Solidaire (ESS) combine engagement social et initiative économique pour mettre la
personne humaine au centre des activités et replacer l’économie dans son contexte : les activités économiques sont un
moyen au service d’un projet sociétal (DRAPERI et FREMEAUX, 2009). Constituée d’une très large diversité d’acteurs,
l’ESS englobe les associations, les mutuelles, des organismes de crédit, les coopératives (de production, de
consommation, coopératives agricoles) et toutes les nouvelles formes d’organisations sociales (Poncin, 2004)
Indicateurs :
Politiques en matière d’ESS
Évolution du poids de l’ESS dans l’économie régionale
Mouvements coopératifs
Éléments de contexte
•Politiques en matière d’ESS
•Montée de l’économie résidentielle comme réponse aux problématiques économiques et sociales
•Politiques territoriales de l’ESS relativement récentes en France (Fraisse, 2010)
•Premières politiques concomitantes avec une consolidation des regroupements d’acteurs collectifs sur les territoires,
un mouvement de décentralisation, notamment des compétences en matière de développement économique et
d’action sociale, avec une intégration croissante des initiatives socio-économiques de la société civile à la création de
biens, de services et d’emplois répondant aux besoins des populations locales et au renforcement de la cohésion
sociale (FRAISSE, 2010)
•2006 : Création de la CRESS qui a permis la signature d’un contrat sectoriel et d’accroître lisibilité, visibilité, légitimité
•Ambitions : s’afficher comme transversale, c’est-à-dire à la fois comme intersectorielle et interstatutaire, d’inscrire les
actions au-delà de la gestion d’un (tiers) secteur de réparation sociale et d’insertion de publics cibles en affichant la
volonté d’agir pour l’ensemble de la population d’une collectivité, en prenant en considération les autres acteurs
économiques du territoire et les priorités du développement local.
•Poids de l’ESS dans l’économie régionale
- 10.1% de l’emploi régional, 15ème rang français en 2006 (CNCRESS, 2009)
• Mouvements coopératifs
- Double mouvement de nouvelles tensions économiques et de renforcement politique des valeurs du mouvement
coopératif et de la participation sociétale.
- Création de nouveaux statuts intéressants pour subvenir aux besoins des personnes ou du développement local (ex :
SCIC en 2001)
- Multiplication des typologies et des fédérations coopératives en France
- mouvement encore largement ignoré, éprouvant des difficultés à fédérer autour d’une même voix des composantes
extrêmement diverses dont la structuration interne est d’une grande complexité.
- 2012 : année internationale des coopératives (ONU) : mise en évidence de la contribution des coopératives pour le
développement économique et leur impact pour la lutte contre la pauvreté, la création d'emplois et l'intégration
sociale.
- Des taux de croissance moyens très positifs, à la fois en nombre d’entreprises et en emplois entre 2001 et 2006 en
France (croissance plus rapide que l’ESS, le privé, le public). Croissance des coopératives plus significative pour les
coopératives de 50 à 249 salariés
- Quelle qu’en soit la forme, présence des coopératives dans la quasi-totalité des secteurs de l’économie française
Éléments de prospective
Hypothèse 1 : L’ESS en phase d’émergence
Des initiatives locales existent de façon dispersée et peu visible. L’ESS est peu structurée localement.
Hypothèse 2 : L’ESS en phase d’expérimentation
Des regroupements, des coopérations et des collaborations s’opèrent entre structures de l’ESS. Les collectivités
mettent en place des postes spécifiquement dédiés pour accélérer le développement de l’ESS.
Hypothèse 3 : l’ESS à un stade très développé
Le secteur est structuré, des projets globaux sont mis en place (ex : Pôles Territoriaux de Coopération Économique).
L’ESS est pleinement intégrée dans l’économie classique et reconnue en tant que telle.
© BPI
104
[Contexte sectoriel]
Quelles orientations juridiques et
financières vis-à-vis des CAE?
Définitions et indicateurs
Définition : évolution de la législation et de la réglementation concernant le secteur de l’Économie Sociale et
Solidaire
Indicateurs :
Droit coopératif / Droit social / Droit du travail
Fiscalité
Éléments de contexte
Les CAE ont pour défi de produire du droit pour passer d'une situation expérimentale à une situation durable dans le
temps. En effet, l’histoire de l’économie sociale montre que seules les innovations capables de produire du droit
parviennent à défendre leur modèle ou tout au moins à en sauvegarder l’intégrité (Draperi, 2007). De nombreuses
évolutions législatives favorables sont dores et déjà à pointer :
•en matière de droit coopératif :
- 1992 : Loi modernisant le statut des coopératives
- 1993 : décret relatif à la reconnaissance de la qualité de société coopérative ouvrière de production
- 2001 : Loi permettant la création de SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif)
-2012 : Suppression de l’agrément préfectoral pour la création d’un statut SCIC (simplification administrative). Entrée
en vigueur de la loi Warsman qui permet aux collectivités publiques de participer dès la création au capital de la SCIC,
alors qu’elles ne pouvaient le faire normalement qu’après obtention de l’agrément, puisqu’il est interdit à une
collectivité publique d’entrer au capital d’une société commerciale qui n’a pas le statut de SCIC.
•en matière de droit social :
- 1987 : décret relatif à l’intéressement et à la participation des salariés aux résultats de l’entreprise et à l’actionnariat
des salariés
- 1994 : amélioration de la situation des dirigeants de Scop
•en matière de droit du travail :
- 2005 : décret d’application du CAPE (Contrat d’Appui au Projet d’Entreprise) qui reconnaît la qualité d’entrepreneur
testant son activité
•En matière de fiscalité :
- 1993 : exonération des SCOP de la taxe professionnelle
L’État a mis en place une fiscalité attractive destinée à privilégier l’entrepreneuriat salarié. En outre, bien qu’elles
soient assujetties à l’impôt sur les sociétés, elles peuvent mettre en place une stratégie de défiscalisation par
l’intermédiaire de la participation. Ces spécificités juridiques confèrent à la SCOP un intérêt majeur en matière de
développement local. Dans la mesure où la SCOP ne considère pas le travail comme un simple outil au service de la
rémunération du capital, cette structure juridique peut favoriser le développement durable d’un bassin régional
d’emploi (STERVINOU et NOEL).
Le secteur de l’ESS a des aspirations doubles et nécessite des réponses diversifiées et adaptées. La première a trait à un
fort attachement à ses spécificités que sont ses statuts, son mode d’organisation et de gouvernance, ses principes
éthiques et ses finalités d’utilité sociale. Il attend de la puissance publique qu’elle l’aide à les préserver, convaincu de
leur bien-fondé et des potentialités pour l’avenir. En même temps, ce même secteur aspire à être considéré comme un
acteur à part entière de la vie économique et sociale de notre pays, et demande à accéder à diverses dispositions et
dispositifs de droit commun existants auxquels ils n’ont pas actuellement accès (Vercamer, 2010)
Éléments de prospective
Hypothèse 1 : Des CAE pleinement intégrées dans les actions et les politiques publiques menées, tout en assurant
la reconnaissance de leurs spécificités
Accès aux dispositifs de l’économie classique et adaptation aux problématiques spécifiques des CAE
Hypothèse 2 : Mise en place d’un cadre normatif et réglementaire propre aux CAE
(ex : renforcement de la réglementation d’accès) La clarification du positionnement de la CAE de par son ancrage
juridique lui permet d’accéder et de justifier beaucoup plus facilement de financements. Elle se voit limiter cependant son
champ d’actions.
Hypothèse 3 : Diffusion des valeurs de la CAE au-delà de sa définition stricto-sensus sans ancrage juridique
La législation très souple fait tomber les barrières à l’entrée idéologiques. Le nombre de CAE croît fortement, ses
variétés de formes aussi. Les financements deviennent moins accessibles du fait du manque de visibilité et lisibilité des
pouvoirs publics.
© BPI
105
[Dynamiques internes]
Définitions et indicateurs
Quelle stratégie et
idéologie de
développement de la
CAE?
Définition : Modèle d’entreprise (ou business model) : aspects majeurs de l'activité entreprise par une organisation,
tant au niveau de ses finalités (but, offres, stratégies) que des ressources et moyens déployés (infrastructure,
organisations, pratiques de diffusion ou distribution et, processus et règles de fonctionnement).
Indicateurs :
Ressources :
Typologie du public cible
Entrées et sorties : volumes, typologies d’entrepreneurs, durée de parcours
Typologie des projets accompagnés (secteurs d’activités, niveau d’investissement requis, formes de
financement du projet)
Territoire : localisation rurale vs urbaine
Moyens déployés :
Spécialisation vs diversification
Approche / appartenance à un réseau
Modèle économique / création de richesse économique et sociale
Politique de déploiement territorial (maillage, essaimage, expansion, synergies, alliances…)
Éléments de contexte
Toutes les CAE nées en Rhône-Alpes depuis 1995 disposent d’une base commune dans leur business model : une
entreprise partagée, respectant des règles coopératives, offrant un cadre juridique, économique et social avec une
fonction d’accompagnement.
Évoluant au gré des besoins des territoires et des porteurs de projets, toutes ont déployé des moyens différents pour
s’adapter et répondre au mieux aux problématiques locales.
Deux approches se sont particulièrement distinguées et se sont traduites par la création de deux réseaux distincts
COPEA et Coopérer pour entreprendre, dès les débuts des CAE :
- l’approche « coopérative d’activités » orientée vers l’accueil des publics et l’insertion dans la vie
professionnelle. Les pratiques au service de ce positionnement : accueil de tous à l’entrée en CAPE sans
sélection, passage en contrat avec des volumes horaires faibles (8h)
- l’approche «coopérative d’entrepreneurs» qui vise à accompagner et intégrer de véritables entrepreneurs.
Aussi, ces CAE préfèrent signer des contrats de travail avec un volume horaire plus important et observent des
taux de sortie pour création supérieur à 30%.
Certaines se sont spécialisées dans une filière, d’autres se sont créées sous forme de SCIC, marquant une implication de
plus en plus forte des collectivités dans leur développement.
En matière de déploiement, là encore, il n’ y a pas eu de logique linaire, mais plutôt transversale. Certaines ont
essaimé. D’autres ont procédé à des synergies entre CAE généralistes et CAE spécialisées afin de créer un maillage
territorial et capter davantage de porteurs de projets. Quelques unes, compte tenu de leur savoir-faire de base, ont
diversifié leurs activités : gestion de pépinières d’entreprises, accueil collectif, ingénierie financière, etc. Toutes se sont
appuyées sur leur réseau respectif pour porter leur développement.
Éléments de prospective
Hypothèse 1 : Un modèle à dominante sociale, focalisé autour du porteur avec une stratégie fondée sur une
segmentation de publics spécifiques
Spécialisation selon des typologies de publics spécifiques (RSA, …),avec des profils d’entreprenants et porteurs de
projet
Hypothèse 2 : Un modèle à dominante économique, focalisé autour du projet, avec une stratégie fondée sur une
segmentation par activités
Spécialisation selon des secteurs d’activités, en fonction du marché, avec des profils d’entrepreneurs
Hypothèse 3 : Un modèle équilibré entre l’économique et le social, avec une stratégie de mixité des publics et de
segmentation par activités
Une CAE mélangeant profils d’entrepreneurs et d’entreprenants et concentrée sur plusieurs secteurs d’activités
© BPI
106
[Dynamiques internes]
Définitions et indicateurs
Quelle cohérence entre l’image
que les CAE veulent donner
d’elles-mêmes et celle qu’ont les
gens de l’extérieur?
Définition : Représentations de l’extérieur sur les CAE, des CAE sur elles-mêmes, des CAE sur l’extérieur
Indicateurs :
Légitimité et prescription
Image et perceptions
Réseaux et développement communautaire
Éléments de contexte
•Légitimité et prescription
Le réseau et le bouche à oreilles sont les premiers moyens d’information et de connaissance des CAE. Les CAE
commencent à être bien identifiées par les potentiels prescripteurs et même reconnues pour leurs compétences clés
(entretiens partenaires BPI, 2012). 34 % des personnes nouvellement accueillies en 2010 ont été réorientées vers la
CAE par des prescripteurs emploi (Pôle emploi…) et 49% par le réseau des partenaires qu’ont forgé les CAE et le bouche
à oreille (LVE, …) (bilans sociaux, 2010).
Les actions des CAE sont légitimées par les réseaux d’accompagnement à la création.
•Image et perceptions
Les entrepreneurs sont les premiers ambassadeurs de la CAE à l’extérieur et certains regrettent le manque de
connaissance des CAE par leurs clients et le grand public. Les partenaires constatent une amélioration de la diffusion du
modèle des CAE mais il n’apparaît pas comme une alternative évidente pour le grand public, à l’instar de l’auto
entreprise, largement évoquée dans les médias.
Attractivité limitée pour le grand public car peu de lisibilité et de visibilité notamment par rapport au portage salarial
qui fait évoluer son offre de services.
•Réseaux et développement communautaire
Les besoins des entrepreneurs sont souvent liés à leurs métiers et axent la recherche de partenaires et de réseaux
suivant cette optique. Travail de structuration en cours pour se connaître et se reconnaître entre entrepreneurs de
différentes coopératives au niveau régional voire national.
Le développement communautaire peut être pertinent au regard des différents réseaux sociaux à destination de la vie
professionnelle.
Par ailleurs, la structuration en réseaux, le travail de capitalisation et de représentation collective autour de la CAE ont
contribué au développement des CAE. Cependant, l’existence de deux réseaux pour représenter l’ensemble des CAE
(Coopérer pour entreprendre et COPEA) freine ce développement, réduisant leur poids et par manque de définition
commune de la CAE empêche une communication claire et efficace.
Éléments de prospective
Hypothèse 1 : Une perception extérieure identique à l’image que les CAE veulent donner d’elles-mêmes
Une définition commune et une homogénéisation des pratiques permettent un bon niveau de compréhension
externe. Une politique active de communication est mise en place grâce notamment à une institutionnalisation du
discours et le lobbying d’une fédération nationale des CAE. Les flux d’entrées dans les CAE sont fluides.
Hypothèse 2 : Une perception qui n’est pas alignée à l’image que les CAE veulent donner d’elles-mêmes
La complexité du fonctionnement de la CAE et la revendication d’être et de faire « autrement » de la part des
membres de la CAE interroge l’extérieur (publics, prescripteurs, financeurs, etc). Les individus sont méfiants vis-à-vis des
CAE. Le modèle de la CAE n’est pas compris et pas accessible. Le clivage creusé entre les deux réseaux accentue le
phénomène. Les flux d’entrée dans les CAE sont ralentis et inadaptés.
Hypothèse 3 : Une perception qui tend à se rapprocher de l’image que les CAE veulent donner d’elles -mêmes
La CAE devient familière pour l’extérieur grâce aux efforts fournis en matière de réseautage à l’échelon local, au
bouche à oreille et à la tendance globale de promotion de l’ESS et du mouvement coopératif. Le discours reste brouillé
par l’existence de deux réseaux revendiquant deux approches différentes de la CAE. Les flux d’entrée s’opèrent mais
nécessitent un tri.
© BPI
107
[Dynamiques internes]
Quelle forme de
sociétariat?
Définitions et indicateurs
Définition : Mode de contrôle, d’organisation, de coordination et de régulation s’exerçant au sein d’une entité
économique (ECHAUDEMAISON, 2001)
Indicateurs :
Statut de la CAE
Les associés : nombre et qualité
Dialogue social
Éléments de contexte
Deux statuts pour les CAE : SARL ou SA
Deux modèles de prises de décisions et de gestion : démocratie directe pour les SARL puisque ce sont les associés qui
prennent les principales orientations et démocratie participative pour les SA puisque c’est le conseil d’administration
(sociétaires élus) qui oriente les décisions.
Plusieurs dirigeants ont évoqué leur réflexion de transformer leur SARL en SA pour répondre au développement de la
CAE.
Les associés sont divers
Les associés sont soit des associés internes (dirigeants, permanents, salariés, CAPE, …), soit externes (pouvoirs publics
dans le cadre des SCIC, ou anciens entrepreneurs au sein de la coopérative).
Le nombre d’associés varient entre 2 et 78 associés, ce qui pose la problématique de la concentration du pouvoir ou de
la dilution du pouvoir avec des effets pervers. Cela peut modifier le mode d’organisation des CAE.
Dialogue social
Création d’espaces pour exercer le dialogue social en dehors des formes classiques (carence de délégués du personnel)
mais avec une régularité plus grande : réunion mensuelle, séminaire annuelle, groupe de travail thématiques.
La taille des CAE induit une proximité forte qui facilite les échanges, néanmoins une nuance est à émettre : il n’existe
pas de lien de subordination pour les entrepreneurs salariés, et il en existe un pour les salariés permanents.
Les réflexions sur la sécurité au travail restent des préoccupations importantes.
Éléments de prospective
Hypothèse 1 : Sociétariat facultatif
Le sociétariat est possible pour celui qui souhaite présenter sa candidature.
Hypothèse 2 : Sociétariat obligatoire
Les décisions d’assemblées générales se prennent nécessairement par tous.
Hypothèse 3 : Sociétariat « réglementé »
Seuls quelques associés peuvent statuer sur les décisions d’assemblées générales.
© BPI
108
Annexe 2
Analyse morphologique
© BPI
109
[Synthèse des hypothèses]
Questions clés /
Incertitudes majeures
Hypothèses vraisemblables
Quelle évolution de la
situation économique et
du marché du travail?
H1 : Aggravation de la crise
économique et émiettement des
formes d’emplois
H2 : Croissance « molle » et
marché dual entre salariés
« sécurisés » et salariés
« précaires »
H3 : Amélioration de la situation
économique et développement de
la sécurisation des parcours
professionnels
Quelle évolution du
rapport au travail?
H1 : L’entreprise comme lieu de
vie et de travail
H2 : Un destin professionnel pris
en main au gré des opportunités
H3 : L’individu, « consommateur »
de l’entreprise
Quel format des politiques
de l’emploi par rapport à la
création d’activités
professionnelles?
H1 : Majorité d’actions sociales
auprès des individus pour
favoriser leur insertion dans
l’économie
H2 : Politique mixte agissant à la
fois auprès des entreprises et des
individus pour faciliter le lien
entre les deux
H3 : Majorité d’actions
économiques auprès des
entreprises oeuvrant à l’insertion
sociale
Quelle forme de
partenariat public-privé en
2020?
H1 : Retours à des PPP au sens
juridique strict et émanant du
public vers le privé (délégation de
services publics, marchés publics)
H2 : Des PPP à double sens
(émanant du public vers le privé
et du privé vers le public)
H3 : Prédominance des PPP
émanant du privé vers le public
(volontaires ou contraints)
Quels principes de
développement
économique local en 2020?
H1 : Des territoires qui se
développent en autarcie en
rivalisant chacun sur la base de
leurs atouts
H2 : Des territoires collaboratifs
qui prônent l’économie locale
H3 : Fin de la dimension
territoriale locale et
raisonnement global
Quelles évolutions des
formes pour entreprendre?
H1 : Entreprenariat indépendant,
simple d’accès avec un
accompagnement possible selon
la volonté du porteur de projet
H2 : Entreprenariat « encadré » du
fait de réglementations (en terme
de diplômes, assurances…), qui
imposent certaines contraintes
aux porteurs de projets
H3 : Entreprenariat « intégré »
avec accompagnement selon le
fonctionnement de la structure
d’accueil
Quels besoins des porteurs
de projet?
H1 : Un besoin de sécurisation
sociale avant tout : se
reconstruire personnellement
pour développer un projet
économique
H2 : Un besoin de sécurisation
financière avant tout : assurer la
viabilité financière du projet
H3 : Des besoins de sécurisation
sur le volet social et économique
du fait de fragilités
Quelle maturité de l’
Économie Sociale et
Solidaire sur les territoires?
H1 : L’ESS en phase d’émergence
H2 : L’ESS en phase
d’expérimentation
H3 : L’ESS à un stade très
développé
Quelles orientations
juridiques et financières
vis-à-vis des CAE?
H1 : Les CAE pleinement intégrées
dans les actions et les politiques
publiques menées, tout en
assurant la reconnaissance de
leurs spécificités
H2 : Mise en place d’un cadre
normatif et réglementaire propre
aux CAE
H3 : Diffusion des valeurs de la
CAE au-delà de sa définition
stricto-sensus, sans ancrage
juridique
Quelle stratégie et
idéologie de
développement de la CAE?
H1 : Un modèle à dominante
sociale, focalisé autour du porteur
avec une stratégie fondée sur une
segmentation de publics
spécifiques
H2 : Un modèle à dominante
économique, focalisé autour du
projet, avec une stratégie fondée
sur une segmentation par
activités
H3 : Un modèle équilibré entre
l’économique et le social, avec
une stratégie de mixité des
publics et de segmentation par
activités
Quelle cohérence entre
l’image que les CAE veulent
donner d’elles-mêmes et
celle qu’ont les gens de
l’extérieur?
H1 : Une perception extérieure
identique à l’image que les CAE
veulent donner d’elles-mêmes
H2 : Une perception qui n’est pas
alignée à l’image que les CAE
veulent donner d’elles-mêmes
H3 : Une perception qui tend à se
rapprocher de l’image que les CAE
veulent donner d’elles -mêmes
Quelle forme de
sociétariat?
H1 : Sociétariat facultatif
H2 : Sociétariat obligatoire
H3 : Sociétariat « réglementé »
© BPI
110
Téléchargement