Jérusalem vue par un Anglais, Lawrence d`Arabie, en 1917

www.enseignement-et-religions.org/
_______________
"Jérusalem, nous conjuguons ton nom", Christian Bernard, octobre 2001
Pour accéder à la présentation du travail interdisciplinaire dont cette séquence est
extraite, cliquer ici.
SEQUENCE D'ANGLAIS POUR LES ELEVES DE SECONDE
LA VILLE DE JERUSALEM ET LES RELIGIONS MONOTHEISTES VUES
PAR UN ANGLAIS EN 1917 : LAWRENCE D'ARABIE
1 - LE DOCUMENT : JERUSALEM VU PAR LAWRENCE OF ARABIA D'APRES SON ŒUVRE "LES
SEPT PILIERS DE LA SAGESSE"
"Apart from the country-folk, the six great towns - Jerusalem, Beyrout, Damascus, Homs, Hama, ans
Aleppo- were entities, each with its character, direction, and opinion. The southermost, Jerusalem,
was a squalid town, which every Semitic religion had made holy. Christians and Mohammedans
came there on pilgrinage to the shrines of its past, and some Jews looked to it for the political future
of their race. These united forces to the past and the future were so strong that the city almost failed
to have a present. Its people, with rare exceptions, were characterless as hotel servants, living on the
crowd of visitors passing through. Ideals of Arab nationality were far from them, though familiarity with
the differences of Christians at their moment of most poignant sentience had led the classes of
Jerusalem to despise us all."
In Seven Pillars of Wisdom, chapter LIX, page 341, Penguin Modern Classis, 700 p, 1969.
"A côté des populations paysannes, les six grandes villes, Jérusalem, Beyrouth, Damas, Homs,
Hama et Alep formaient autant d'entités ayant chacune son caractère, son évolution et ses opinions.
La plus méridionale, Jérusalem, était une ville horriblement sale, considérée comme sainte par toutes
les religions sémites. Les chrétiens et les mahométans venaient en pèlerinage aux reliques de son
passé; quelques Juifs voyaient en elle l'avenir politique de leur race. Ces puissances unies du passé
et du futur étaient si fortes que la ville n'avait presque pas de présent. Ses habitants, à quelques
rares exceptions près, étaient aussi dépourvus de caractère que des valets d'hôtel, et vivaient de
l'afflux des visiteurs. L'idéal d'un nationalisme arabe leur était bien étranger : pourtant le spectacle
familier des dissentiments entre chrétiens au moment de l'émotion la plus intense avait conduit les
diverses classes de Jérusalem à nous mépriser tous."
Traduction en français de cet extrait, par Charles Mauron, édition Petite Bibliothèque Payot, 1998,
765 p. L'extrait se trouve à la page 387.
His biography in this book, Penguin Modern Classics, p.1.
"Thomas Edward Lawrence was born in Wales in 1888 and educated at Oxford High School and at
Jesus and Magdalen Colleges, Oxford. He was later made a research fellow of All Souls College,
Oxford. From 1910 to 1914, he was an assistant in the British Museum's excavation of Carchemish
on the Euphrates. He xas commisioned on the out break of the First World War and in 1917 was
officially attached to the staff of the Hejaz Expeditionary Force, under General Wingate. In 1918 he
was transfered to General Allenby's staff. He attended the Peace Conference in 1919 as one of the
British delegation, and in 1921 and 1922 was Adviser on Arab Affairs in the Middle Eastern Division
of the Colonial Office. In 1927, embarrassed with "Lawrence of Arabia" legend, he changed his name
by Deed Poll to Shaw. He joined the RAF and served as an aircraftman, maintaining in Dorset a
cottage which is now National Trust property. He was killed in a motor-cycle accident in 1935. In
addition to this book, of which Lawrence lost almost the whole manuscript at Reading station in 1919,
he wrote "Revolt in the Desert (1927), "The Odyssey of Homer ( 1935), a translation in prose,
"Crusader Castles" (1936), and "The Mint", which was published twenty years after his death."
_______________
Document issu du site © www.enseignement-et-religions.org
– 2008 1/13
2 - QUEL EST LE REGARD DE LAWRENCE ?
2.1) Sur la ville
En quelques lignes dans cette œuvre imposante que sont les Sept Piliers de la Sagesse, il cherche à
nous décrire Jérusalem, ville de la Syrie ottomane1, dans ce qu'elle a de spécifique, sa sainteté : "elle
est considérée comme sainte par toutes les religions sémites" - entendons par-là le judaïsme, le
christianisme et l'islam.
Lawrence a reçu dans son enfance une bonne éducation religieuse dans une famille anglaise
évangéliste. Dans cette fin XIXème siècle, la plupart des familles anglaises vivaient dans cette ambiance
victorienne, puritaine, voire fondamentaliste. La foi de sa jeunesse s'estompera progressivement avec
l'âge adulte, mais sa culture le marquera toujours2. Il connaît parfaitement l'univers biblique, il sait
pertinemment que Jérusalem, ville des prophètes, ville de la mort et résurrection du Christ, est aussi la
cité eschatologique - de la fin des temps - où le Christ reviendra pour le Jugement dernier, afin
d'inaugurer le Royaume de Dieu. Ainsi, cette culture chrétienne lui permet de percevoir dans Jérusalem,
une ville où les forces du passé et du futur pèsent tellement, qu'elle n'a plus d'existence présente. Le
passé, ce sont les lieux saints,- Saint-Sépulcre et la mosquée al-Aqsa-, baptisés ici un peu
péjorativement "reliques du passé". Le futur3 est renvoyé à la fin des temps, Jérusalem est dans la
langueur d'une attente eschatologique.
Face à cet être de Jérusalem, ce qui compte pour Lawrence, c'est la révolte arabe contre l'empire turc
ottoman ennemi, c'est ce présent de la politique et de la guerre. Jérusalem ne peut que le décevoir, elle
est riche d'un passé et d'un futur, mais il lui manque cruellement à ses yeux ce présent seul digne
d'intérêt.
2.2) Sur les religions présentes à Jérusalem
La population est en partie composée d'Arabes, de religion chrétienne ou musulmane. Ces derniers sont
ici appelés Mahométans, comme c'était fréquent chez les Européens de cette époque. L'expression est
ambiguë et somme toute à bannir, car elle laisse entendre un culte rendu au Prophète, ce qui est
contraire à l'Islam, Mahomet n'est qu'un homme; mieux vaut employer l'expression musulman - de
"muslim", celui qui professe l'islam.
Pour Lawrence, ces habitants arabes de Jérusalem sont décevants car ils ne se soucient pas du
nationalisme arabe qui secoue la province du Hadjaz au sud. En effet, la prise de Jérusalem par les
troupes britanniques du général Allenby, considérée chez les chrétiens d'occident comme une revanche
prise sur l'échec des croisades du Moyen Âge, ne suscite pas l'enthousiasme des foules sur place.
Décidément, pour Lawrence, ces Arabes de Jérusalem passent à côté de tout ! La ville symbole est hors
actualité, hors du temps, occupée seulement à recevoir les nombreux touristes-pèlerins qui
s'empressent sur les lieux saints.
Le regard de Lawrence ne dévalorise pas l'aspect sacré de la ville, même s'il emploie le terme de
reliques dans un sens passéiste, il ne dénigre pas les religions non plus, mais son regard cherche
seulement à mesurer les choses et les hommes à la seule aulne du critère du nationalisme du peuple
arabe. Or, tout nationalisme passe par une conscience de soi, caractéristique que ne semblent pas avoir
les habitants arabes de Jérusalem, quelque soit leur religion : "ils étaient aussi dépourvus de caractère
que des valets d'hôtel". Un temps trop long d'exploitation ottomane a peut-être durablement asservi cette
ville. Cela est confirmé par les témoignages des écrivains voyageurs du XIXème siècle, tous affirment
que Jérusalem n'a pas d'avenir. Ces hommes se sont-ils trompés ou bien finalement ont-ils encore
raison ? Jérusalem ne serait-elle qu'une ville tellement chargée de symboles fondateurs qu'elle ne peut
raisonnablement avoir d'avenir dans le monde des hommes ?
Au-delà de ce regard global sur la population arabe, Lawrence émet deux remarques, fort brèves mais
précises sur les chrétiens et les Juifs. Les chrétiens sont seulement soucieux de leurs droits à l'intérieur
de l'édifice du Saint Sépulcre, se partageant l'espace sacré entre leurs confessions religieuses lors de
conflits incessants. Ils se divisent plutôt que de se réjouir de la libération de la ville.
_______________
Document issu du site © www.enseignement-et-religions.org – 2008 2/13
Les Juifs sont perçus comme un peuple, voire ici une race, et non comme une religion. Le sionisme est
à peine évoqué :"ils voyaient dans Jérusalem leur avenir politique".
Ce court passage des Sept Piliers de la Sagesse" est en fait très dense, ce regard, comme toujours,
nous renseigne autant sur la chose regardée - Jérusalem et les religions présentes- que sur l'homme lui-
même qui regarde.
3 - SON OUVRAGE : LES SEPT PILIERS DE LA SAGESSE
3.1) L'intention de l'ouvrage contenue dans le titre
Lawrence rêvait d'être écrivain, son aventure arabe lui donne l'occasion d'écrire une œuvre épique dans
"ce merveilleux orient". C'est, pétri de l'idéal chevaleresque des croisés, de références bibliques et
coraniques, qu'il se lance dans cette aventure littéraire. Le titre de l'ouvrage n'est pas banal, il est tout un
programme, il ne peut se comprendre qu'avec un minimum de connaissances religieuses.
Les sept piliers font d'abord référence à un proverbe de Salomon (IX, 1) : "La sagesse a bâti ma maison,
elle a taillé ses sept colonnes". La sagesse est la volonté divine, c'est la Sainte Sophie des Grecs, la
maison, est l'univers créé en 7 jours - les 6 jours de la création du livre de la Genèse et le 7ème, jour du
repos divin, du sabbat (jour du repos des Juifs, l'équivalent du dimanche des chrétiens).
Les sept piliers4 font peut-être écho aux cinq piliers de l'islam, le Coran fait souvent référence au chiffre
sept. Allah est le Sage (Sourate II, 32), celui qui "a créé en six jours les cieux, la terre et ce qui se trouve
entre les deux, Il s'est ensuite assis en majesté sur le Trône" XXV, 595
Ces références aux livres sacrés ne sont pas neutres. L'œuvre de Lawrence, celle de l'écrivain, celle de
l'officier anglais, est un nouvel acte créateur. Cette attitude est typiquement juive et chrétienne : l'homme
biblique est co-créateur avec Dieu.6 Il s'agit ici de bâtir un nouvel Orient où la nation arabe aurait toute
sa place au lieu des Turcs. Par contre, l'homme n'est pas Dieu, il n'est qu'un homme avec ses limites. La
création de Lawrence ne s'achève pas, il n'y aura pas d'Etat arabe en Syrie, il n'y a pas de 7ème pilier,
ce 7ème jour bienheureux du repos mérité.
3.2) Situation du passage dans l'ouvrage
"Les sept piliers de la sagesse". L'armée anglaise suscite la révolte des Arabes contre l'ennemi
commun, les Turcs Ottomans. Laurence prend très à cœur cette révolte et tente de créer un
nationalisme arabe. L'œuvre est une route qui va de la Mecque à Damas, non dans le sens religieux
d'un quelconque pèlerinage, ce serait plutôt l'inverse, mais dans le sens politique de la conquête de la
liberté, d'une création de vie pour un peuple longtemps opprimé. "Ces pages dit-il, ne racontent pas le
mouvement arabe, mais la place que j'y tiens". Sa première action se situe dans le désert d'Arabie, le
Hedjaz, il remonte vers le nord en 1917, et pénètre en Syrie ottomane. Il passe selon sa propre
expression du monde nomade au monde paysan, se fait paysan au sens allégorique : "Si nous ne
devenions pas paysans nous-mêmes, notre mouvement de libération n'irait pas plus loin. Il était bon,
pour la Révolte Arabe, d'avoir à changer si tôt de caractère au cours de sa croissance. Nous avions
travaillé désespérément à labourer un sol en friche, tentant de faire croître une nationalité sur une terre
où régnait la certitude religieuse, l'arbre de certitude au feuillage empoisonné qui interdisait tout
espoir…(…). Si nous voulions prolonger la vie du Mouvement, nous devions mordre sur les terres
ornées; sur les villages, où les toits et les champs contraignent et abaissent le regard des hommes. Il
fallait commencer notre campagne par une étude de la carte et des réflexions sur la nature de notre
champ de bataille, la Syrie."
Lawrence se livre donc ici à une véritable analyse géopolitique de cette Syrie ottomane, il décrit la
mosaïque des peuples et des religions, et, dans ce cadre il en vient aux villes dont Jérusalem. On
comprend ainsi dans quel esprit il aborde cette ville : quel intérêt présente-t-elle pour le Mouvement qui
l'intéresse : le nationalisme arabe. La réponse à cette préoccupation est nette: "l'idéal d'un nationalisme
arabe leur était bien étranger".
_______________
Document issu du site © www.enseignement-et-religions.org – 2008 3/13
4 - FICHES : L'ESSENTIEL SUR :
4.1) Le tourisme religieux à Jérusalem avant 1914
"Ses habitants vivaient de l'afflux des visiteurs" lit-on dans l'extrait de texte de Lawrence.
Les pèlerinages aux lieux saints, chrétiens surtout, n'ont pratiquement jamais cessé dans la deuxième
moitié du XIX e siècle, les conditions de voyage s'améliorent progressivement, ce qui permet à un
nombre toujours plus grand de pèlerins, catholiques, orthodoxes et protestants de venir s'y recueillir. La
navigation en Méditerranée se développe avec l'ouverture du canal de Suez en 1869, en fin de siècle, le
chemin de fer en provenance de Jaffa arrive à Jérusalem.
Le premier T.O. - Tour-Opérateur - pour prendre une expression moderne, à organiser des voyages -
pèlerinages en "terre sainte", fut le pasteur anglais Thomas Cook. Il créa les "Eastern Tours" pour les
classes moyennes anglaises. Parfois, c'est le séjour d'un hôte de marque et de sa suite, qu'il faut
organiser (Rodolphe d'Autriche par exemple). Arrivent également, par milliers, des pèlerins orthodoxes
russes, dépenaillés mais mus par une foi à déplacer des montagnes.
Tous ces touristes pèlerins doivent être logés, nourris dans une Jérusalem qui ne brille pas par son
hygiène et sa propreté :"une ville horriblement sale" dit Lawrence. Une bonne partie des habitants vit
donc de cette activité que l'on qualifie aujourd'hui de tertiaire.
4.2) La situation de Jérusalem en 1917
UNE VILLE ARABE OCCUPEE PAR L'EMPIRE TURC OTTOMAN DEPUIS QUATRE SIECLES
Lorsque la guerre 14 éclate, Jérusalem appartient à l'empire turc ottoman surnommé la "Sublime Porte"
en évocation du palais du Sultan qui règne à Istanbul. Les Turcs n'ont jamais ménagé leurs efforts pour
promouvoir la ville sainte. La population de Jérusalem, pour l'essentiel d'origine arabe, est dans
l'ensemble assez fidèle à l'empire, sa loyauté certes se dégradera pendant la guerre.
L'empire turc, vaste mais faible, est surnommé au XIX e siècle," l'Homme malade de l'Europe". Les
grandes puissances européennes exercent leur influence, lui imposent un début de modernisation. Les
Européens, protestants, catholiques et orthodoxes, rivalisent entre eux pour la possession des Lieux
saints. Cette mise sous tutelle déguisée permet à des Juifs d'occident de migrer et de s'installer dans la
ville de leurs ancêtres ( ancêtres tout théoriques!). En 1912, la population juive est d'ailleurs majoritaire
dans la ville, au Conseil Municipal, sur 10 membres, figurent 4 personnalités juives.
Juifs musulmans chrétiens Total
45 000 12 000 13 000 70 000
A la veille de la guerre, et ce depuis une génération, la population de la ville est en forte augmentation;
cela est surtout dû à l'arrivée de Juifs. Devrait-on de ce fait, encore dire, "une ville arabe" ?
LES HABITANTS DE JERUSALEM SOUFFRENT BEAUCOUP D'UNE GUERRE QUI NE LES CONCERNE PAS
Jérusalem est dominée par quelques grandes familles musulmanes qui possèdent de vastes domaines
aux alentours. La fracture sociale est frappante avec l'immensité des couches sociales défavorisées. La
population dans son ensemble comprend mal l'intérêt de cette guerre qui réquisitionne leurs biens et
eux-mêmes. En effet, sujets de l'Empire ottoman, ces habitants sont ainsi les alliés des Empires
centraux (Allemagne et Autriche), et ennemis des Anglais, Français, Russes et ensuite Américains.
Les Anglais dans cette région du Proche-Orient, défendent leurs possessions en Egypte et notamment
le canal de Suez, inauguré en 1870, véritable cordon ombilical avec les Indes. Alors que les Français
tentent en vain d'attaquer l'Empire turc au cœur - Détroit des Dardanelles -, les Anglais eux, au sud,
soulèvent les populations arabes contre l'occupant turc, et leur promettent un royaume.
Outre les privations dues à la guerre, Jérusalem et sa région connaissent en 1915-16 des invasions
dévastatrices de sauterelles. Le nombre des morts est impressionnant. La population juive assimilée à
des Occidentaux, souffre encore plus de l'état de guerre. Beaucoup sont emprisonnés, d'autres comme
Ben Gourion réussissent à fuir aux USA. Les Juifs les plus touchés sont les hassidim7 et les peroushim8
qui vivaient de la halouka9 en provenance de Russie maintenant ennemie.
_______________
Document issu du site © www.enseignement-et-religions.org – 2008 4/13
ACTIONS DES AMERICAINS ET DES ANGLAIS A JERUSALEM.
Avant son entrée en guerre fin 1917, l'Amérique neutre conserve une présence consulaire à Jérusalem,
ce qui n'était plus le cas pour les Français et Anglais devenus des ennemis. Le Consul américain, O.A.
Glazebrook, ému par cette misère, par la situation sanitaire déplorable, attire l'attention de son
gouvernement qui envoie une aide au printemps 1915. Cette aide ponctuelle fut insuffisante, la famine
et la maladie reprirent leurs ravages.
Ce sont les Anglais, présents dans la région, qui vont le plus se préoccuper de Jérusalem. Le texte
de1917 de Lawrence confirme cette situation déplorable :"une ville horriblement sale", dit-il ! Dans les
années 20, une des premières actions du mandat britannique consistera à moderniser un peu la ville
grâce à un système d'adduction d'eau et d'électrification.
Pour l'heure, 1917 est l'année clef de l'action britannique à Jérusalem :
- le 2 novembre, Lord Balfour, ministre des Affaires Etrangères de sa Majesté, par une lettre officielle,
se dit favorable à la création en Palestine d'un Foyer national Juif - c'est ce que l'on appelle la
"déclaration Balfour". Pour les Juifs occidentaux enthousiastes, la capitale de ce futur foyer débarrassé
des Turcs, ne peut-être que Jérusalem !
- Au même moment, l'armée anglaise d'Egypte attaque les troupes turques encadrées par des officiers
allemands - installés à Jérusalem -. La bataille fut rude comme en témoigne le cimetière militaire
installé sur les flancs du Mont Scopius. L'entrée officielle des Britanniques dans Jérusalem, à laquelle
participa le Colonel Lawrence, eut lieu le 11 décembre 1917. Le général Allenby, héros de cette
victoire, pénètre humblement à pied dans la vieille ville, par respect pour les Lieux saints qui s'y
trouvent. Allenby est acclamé en libérateur par la population juive et par la majorité des notables
arabes las de la présence turque. La guerre se prolonge encore quelques mois dans les alentours.
Des Juifs s'engagent en nombre dans l'armée britannique, dont Ben Gourion, futur chef d'Etat d'Israël
en 1948, revenu des USA.
Le gouvernement militaire anglais s'installe dans Jérusalem, à la place de l'Etat Major allemand, les Juifs
également choisissent la ville comme capitale de leur futur Foyer National.
Dans cette fin de première guerre mondiale, l'idée majeure qui prévaut chez les Alliés occidentaux est
celle de l'internationalisation de la ville. Jérusalem ville internationale, seul moyen pense-t-on alors - et
encore en 1947 lors du vote de l'ONU -, d'installer la paix entre les tenants des différentes religions. Cet
idéal est toujours très beau sur le papier ! La réalité du terrain et des hommes a toujours rejeté cette
belle utopie !
Ainsi donc, l'entrée des Britanniques dans Jérusalem 1917, que nous rapporte ce texte de Lawrence, est
une date charnière dans l'histoire de cette ville sainte. Elle met fin à quatre siècles de domination turque.
Bien faire comprendre à ce propos, aux élèves que les Turcs et les Arabes constituent deux peuples
différents, même s'ils ont une même religion, l'islam. Prendre comme situation comparable, les peuples
français et allemands, tous les deux chrétiens, et pourtant souvent opposés dans l'histoire.
La ville de Jérusalem ne regrette pas cette époque d'avant 1917. L'action anglaise rend la ville aux
arabes mais sème les germes des problèmes futurs en permettant une arrivée massive de Juifs. Nous
avons là l'origine des difficultés contemporaines.
4.3) Le sionisme
Dans ce passage des Sept Piliers de la sagesse, Lawrence évoque très brièvement le sionisme":
quelques Juifs voyaient en elle (Jérusalem) l'avenir politique de leur race". L'expression "sionisme"
désigne une volonté politique des Juifs d'Europe de créer un Etat pour l'ensemble du peuple juif. C'est
donc d'une certaine manière, un mouvement nationaliste. Contrairement au judaïsme, approche
religieuse, le sionisme, considère les Juifs comme un peuple, même s'il lui manque encore beaucoup
d'attributs, comme la langue. Cette idée apparue au XIXème siècle, vise la Palestine et Jérusalem
comme territoires légitimes pour créer cet Etat. Contrairement à l'impression que l'on peut avoir en lisant
cette petite phrase de Lawrence, à l'allure anodine, il est en fait tout à fait partisan de ce mouvement.
_______________
Document issu du site © www.enseignement-et-religions.org – 2008 5/13
1 / 13 100%

Jérusalem vue par un Anglais, Lawrence d`Arabie, en 1917

La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !