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Combat de la Foi n° 176
Le Combat de la foi catholique
Le Combat de la foi catholique
Le Combat de la foi catholique
Fraternité Saint-Pie X
Prieuré Notre-Dame du Sacré-Cœur
Maison de retraites spirituelles
Le Moulin du Pin
N° 176
Mars
2016
« A Jésus par Marie »
Avec les années, les idées de cer-
tains catholiques de Tradition de-
viennent de plus en plus incertaines et
confuses… Dans leurs esprits, plane
un flou artistique au contour de moins
en moins précis. Afin de clarifier un
peu ces idées, je voudrais citer un ex-
trait d’une conférence du 11 juin 1988
de Monseigneur Lefebvre à Flavigny.
Que l’on ne s’y méprenne pas. En
citant notre fondateur, je n’entends pas
traiter de la question de la possibilité,
de la nécessité ou de l’opportunité
d’un accord avec Rome. Ce n’est pas
mon propos. Que l’on ne m’accuse
donc pas soit d’être « pour », soit
d’être « contre un accord » : ce n’est
pas mon propos ici et c’est hors sujet.
Mon discours, dans ces lignes, est
celui-ci : voyez ce que Monseigneur
craignait s’il y avait un accord entre la
Fraternité et la Rome moderniste, et
analysez la situation actuelle tandis
qu’il n’y en a pas eu. Vous arriverez à
cette conclusion : ce que Monseigneur
Lefebvre craignait en cas d’accord
s’est, en quelque sorte, produit tandis
qu’il n’y a pas eu d’accord. En ce
domaine l’évêque « sauveur du sacer-
doce et de la sainte messe » (cf. R. P.
Baillif, le 25 septembre 1994, à
Flavigny) était plus que prophète ! Il
était visionnaire ! C’est-à-dire qu’il
voyait, par avance l’état de certains es-
prits d’aujourd’hui qui se sont laissé
influencer par l’esprit libéral.
Voici donc l’avertissement du fon-
dateur de la Fraternité Saint-Pie X :
« Surtout s’il y avait un arrangement
(avec Rome), nous serions envahis par
quantité de monde : Maintenant que
vous avez la Tradition et êtes reconnus par
Rome, on va venir chez vous. Il y a quan-
tité de gens qui vont garder leur esprit
moderne et libéral, mais qui viendront
chez nous parce que cela leur fera plai-
sir d’assister de temps en temps à une
cérémonie traditionnelle, d’avoir des
contacts avec les traditionalistes. Et
cela va être très dangereux pour nos
milieux. Si nous sommes envahis par
ce monde-là, que va devenir la
Tradition ? Petit à petit, il va y avoir
Ecclesia Dei ?
Danger !
Combat de la Foi n° 176
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Sommaire
Page 1 Éditorial : Ecclesia Dei ? Danger ! par l’abbé Guy Castelain
Page 3 La véritable mission de la commission Ecclesia Dei
Page 8 La messe Saint-Pie V, jamais interdite ?
Page 10 Les ralliés, qu’en penser ? par l’abbé Olivier du Châtelet
Page 24 Le Jubilé de la Miséricorde : le Joker du pape François
Page 26 Dévotion à Notre-Dame du Sacré-Cœur
une espèce d’osmose qui va se produire, une es-
pèce de consensus. Oh, après tout, la nouvelle messe
ce n’est pas si mal que ça, il ne faut pas exagé-
rer ! Tout doucement, tout doucement on va finir
par ne plus voir la distinction entre le libéralisme
et la Tradition. C’est très dangereux. » (Fideliter
68, pp. 23-24)
Dans une lettre du 29 janvier 1989,
Monseigneur Lefebvre a voulu donner quelques
éclaircissements sur cette conférence de Flavigny :
« Mon désir était de faire part aux séminaristes de
mes appréhensions au sujet d’influences dange-
reuses pour le combat que nous menons en faveur
de la foi catholique. Le combat demande une vigi-
lance continuelle pour nous protéger contre les er-
reurs modernistes et conciliaires. […] Je souhaitais
mettre en garde les séminaristes contre ces in-
fluences qui risqueraient de diviser les Traditiona-
listes. » (Fideliter n° 68, pp. 24-25)
Ce que l’évêque craignait s’est, en quelque
sorte, réalisé. Quelques exemples pour illustrer
cette affirmation : depuis presque 30 ans, des fi-
dèles de la Fraternité Saint-Pie X ont accepté de
marier leurs enfants avec ceux des catholiques
Ecclesia Dei qu’on appelle les ralliés. Et il faut mal-
heureusement souligner, en l’occurrence, que le
plus souvent, le mariage n’a pas été célébré dans
la Fraternité Saint-Pie X mais dans une commu-
nauté Ecclesia Dei. Ces fidèles ont cédé à la pres-
sion sociale. Le mariage, une fois célébré, a engen-
dré un climat affectif qui leur a faussé le jugement
sur le bon combat.
Par ailleurs, dans les prieurés où il y a une
communauté Ecclesia Dei à proximité, les familles
ont laissé leurs jeunes étudiants déserter les cha-
pelles de la Fraternité Saint-Pie X pour fréquenter,
sans être inquiétés, ces paroisses soit disant
« traditionnelles » et prétendues « officielles ». Ils
y ont trouvé, disent-ils, des prêtres moins
« coincés », des amis, et surtout des « petites
amies ». C’est forcément « plus sympa » qu’au
prieuré !
Certains fidèles de la « Frat’ », comme ils disent
de façon inconvenante, vont sans aucun scrupule
de conscience indifféremment à la messe Saint-
Pie V dans les paroisses Ecclesia Dei pour mille et
une raisons.
Il y aurait aussi beaucoup à dire dans le
domaine scolaire, qui en dehors de tout accord
avec Rome, est déjà trop souvent propice à la
promiscuité entre les fidèles de la Tradition et les
catholiques Ecclesia Dei
C’est ainsi que, sans accord avec la Rome mo-
derniste, la mentalité libérale a pénétré jusque
dans nos milieux petit à petit grâce à la commis-
sion Ecclesia Dei qui a créé un véritable mirage,
celui de croire que l’on peut être traditionaliste
dans l’église conciliaire.
Il est donc plus que temps de faire la lumière
sur ce qu’est en réalité Ecclesia Dei et sur ce que
sont les ralliés. Halte à la confusion ! Il en va du
salut de la Fraternité Saint-Pie X et de ses commu-
nautés amies.
Que la Vierge Marie nous protège des ruse du
Diable : qu’Elle « découvre toujours sa malice de
serpent », qu’Elle « éventre ses mines infernales »
et « qu’Elle « dissipe ses conseils diaboliques » !
(Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, Traité de
la vraie dévotion à la Sainte Vierge, n° 54)
Vous trouverez dans ce numéro du Combat de
la Foi catholique plusieurs articles. Le premier
montrera par des textes romains quelle est la véri-
table mission officielle de la commission Ecclesia
Dei. Ensuite, une histoire vraie illustrera le
scandale que représente en réalité la soi-disant
« libération » de la messe Saint-Pie V. Enfin, un
article vous aidera à savoir ce qu’il faut penser de
ceux qu’on appelle les « ralliés ».
Bonne lecture et, ensuite, bon combat de la Foi
catholique tous les jours de l’année 2016,
tricentenaire de la mort du Père de Montfort !
Abbé Guy Castelain+
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Combat de la Foi n° 176
Le 22 novembre 1989, Mgr
Lefebvre disait, dans un entretien
avec François Brigneau, à Radio
Courtoisie : « Malgré les persécu-
tions, on peut dire violentes, de la
part de Rome et de la commission
romaine (Ecclesia Dei, ndlr) qui
est chargée de la cupération des
traditionalistes pour les soumettre
au Concile […] la situation est
plus stable, est plus forte, est plus
dynamique que jamais. » (Mes
derniers cahiers, première série,
1, Pour saluer Mgr Lefebvre,
par François Brigneau, Publica-
tion FB, p. 35)
Le mot est lâc- et il est juste
- par Mgr Lefebvre : la commis-
sion Ecclesia Dei « est chargée de
la récupération des traditionalis-
tes ». Aujourd’hui, cette mission
n’a pas changé. C’est ce qu’il faut
démontrer. Pour ce faire, il est né-
cessaire de parcourir les grandes
étapes qui ont fait et font l’his-
toire de ladite commission. Quatre
documents sont à prendre en
compte : 1) la Lettre du 3 octobre
1984 ; 2) le Motu proprio du 2
juillet 1988 ; 3) le Motu proprio du
7 juillet 2007 ; 4) le Motu proprio
du 2 juillet 2009. La lettre du 28
octobre 2013 du Nonce à la
Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre
servira de confirmation de la
thèse.
1) La Lettre circulaire
Quattuor
abhinc annos
adressée par la
Congrégation pour le Culte divin
aux conférences épiscopales
le 3 octobre 1984.
Ce document est antérieur à la
création de la commission Ecclesia
Dei, mais il est extrêmement im-
portant. En effet, il restera le do-
cument fondamental qui informe-
ra l’esprit de la future commission
qui s’y réfèrera.
En 1980, Rome a demandé à
tous les évêques du monde de
faire un rapport sur la mise en
place de la réforme liturgique
voulue par le pape Paul VI. Ce
rapport devait, entre autres cho-
ses, s’exprimer sur « les difficultés
rencontrées dans la réalisation de
la réforme liturgique » et « les
éventuelles résistances » qu’il
avait « peut-être fallu vaincre ».
D’après les réponses envoyées à
Rome, il semblait que le problème
des prêtres et des fidèles attachés
à ce que l’on appelle le rite triden-
tin était pour ainsi dire réglé.
En réalité, le problème de la
messe ancienne subsistait bel et
bien. La Rome moderniste se ren-
dant compte qu’elle ne pourrait
étouffer le mouvement en faveur
de l’ancienne messe décidait d’es-
sayer d’en prendre le contrôle :
« Le souverain pontife, désirant
donner satisfaction à ces grou-
pes » accordait la célébration de la
messe tridentine « tout en obser-
vant les normes suivantes » dont
la première était celle-ci : « Qu’il
soit bien clair que ces prêtres et
ces fidèles n’ont rien à voir avec
ceux qui mettent en doute la légi-
timité et la rectitude doctrinale du
Missel Romain promulgué par le
pape Paul VI en 1970 et que leur
position soit sans aucune ambi-
guïté et publiquement reconnue. »
Il était donc bien établi qu’un
prêtre ne pouvait bénéficier de la
messe ancienne qu’à condition de
cesser le combat contre la messe
Paul VI, et que cette position soit
publique et connue de tous.
Par ailleurs, cette concession
devait « être utilisée sans préju-
dice de l’observance de la réforme
liturgique dans la vie des commu-
nautés ecclésiales ». Il était donc
aussi bien clair que cette conces-
sion ne pouvait avoir la prétention
de supplanter la messe Paul VI et
que celle-ci devait garder tous ses
droits et sa « primauté » liturgi-
que.
Les lois révolutionnaires ayant
pour résultat de produire des
effets contraires à ceux pour les-
quels elles sont prévues, il faut
La véritable mission
de la commission Ecclesia Dei
Combat de la Foi n° 176
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tirer plusieurs conclusions de cet
indult : 1) sa publication faisait
croire au monde entier que la
messe Saint-Pie V était interdite
alors qu’elle ne l’était pas et ne
pouvait pas l’être (le document du
7 juillet 2007 de Benoît XVI en
fera l’aveu) ; 2) elle faisait croire,
en conséquence, qu’il fallait une
permission sciale pour célébrer
la messe ancienne ; 3) loin d’être
libérée, cette messe ancienne était,
en raison des conditions à remplir
pour en bénéficier, instrumentali-
sée en vue de l’acceptation de la
nouvelle messe Paul VI.
Cet indult était donc un « piège
doctrinal ». Ainsi, ceux qui préten-
daient jouir de la messe Saint-
Pie V « légalement » ne faisait, en
réalité, que profession « légale »
d’accepter officiellement la nou-
velle messe qu’ils avaient refusée
jusque-là. En conséquence, ce
Motu proprio, loin d’être une vic-
toire pour les tenants de la liturgie
ancienne, était en réalité une vic-
toire de la Rome moderniste en
faveur de la réforme liturgique
conciliaire. Il était donc clair que
la Fraternité Saint-Pie X ne pou-
vait en aucune façon se prévaloir
d’un tel indult. Les prêtres de
cette Fraternité ne devaient donc
jamais demander la permission de
célébrer leur messe dans une
église ou un sanctuaire, sur la
base de cet indult. Les conditions
imposées leur interdisaient, de
toutes façons, l’obtention de cette
faculté puisque leur position vis-
à-vis de la nouvelle messe (relire
le CF n° 171) ne leur permettait
pas d’en remplir les impératifs.
2) La Lettre apostolique
Ecclesia Dei
du 2 juillet 1988, en forme de
Motu proprio
du pape Jean-Paul II.
Ecclesia Dei, ce sont les deux
premiers mots d’un texte publié
par Rome le lendemain de la pré-
tendue excommunication de Mgr
Lefebvre. En effet, le 30 juin 1988,
l’évêque procédait à ce qu’il avait
appelé « l’opération survie de la
Tradition » en sacrant quatre évê-
ques auxquels il ne donnait pas
de juridiction. Ceux-ci, appuyés
sur les principes du Droit canon
de l’Église, devraient assurer une
suppléance (prévue par la loi ec-
clésiastique en plusieurs matières)
au sein de la crise conciliaire pour
la prédication de la foi, l’adminis-
tration du sacrement de confirma-
tion et du sacrement de l’ordre.
L’excommunication, bien qu’exis-
tante sur le papier, était en réalité
dénuée de fondement. Monsei-
gneur Lefebvre, avant de sacrer,
avait étudié et fait étudier l’ancien
Droit canon pour s’assurer qu’il
agissait selon l’Esprit de l’Église
contenu dans cet axiome : Supre-
ma lex, salus animarum. Une thèse
de l’abbé Murray avait même, en
1995, eu l’audace de prouver que,
selon le nouveau droit de Jean-
Paul II, l’excommunication n’était
pas fondée !
L’excommunication
du 1er juillet 1988
Le 1er juillet 1988, le décret
Dominus Marcellus Lefebvre ex-
communiait donc injustement,
tant du point de vue du Droit
canon de 1917 que du nouveau de
1983, l’évêque consécrateur et les
quatre évêques consacrés. Excom-
munication nulle et non avenue,
excommunication fantôme, ex-
communication de papier faisant
figure d’épouvantail pour faire
peur aux pauvres gens qui avaient
retrouvé espoir dans l’Église grâce
à l’Athanase du XX° siècle.
Le Motu proprio Ecclesia Dei
du 2 juillet
L’épouvantail allait remplir
son rôle efficace pour pcipiter
les braves gens, les formalistes et
les craintifs dans les « bras grand
ouverts » de la Rome conciliaire :
la menace de schisme et donc la
crainte de la perte éternelle de son
âme. Tout allait donc les détour-
ner efficacement de la Fraternité
de Mgr Lefebvre et les tourner
pour de bon vers l’Église conci-
liaire.
C’est ainsi que Jean-Paul II dé-
créta l’institution d’une commis-
sion pour ceux « qui désirent
rester unis au successeur de Pierre
dans lglise catholique, en
conservant leurs traditions spiri-
tuelles et liturgiques ».
Il s’agissait donc bien d’une
commission de cupération des
fidèles et des prêtres ayant fré-
quenté la Fraternité Saint-Pie X.
Les effets ne se firent pas atten-
dre : des clercs, plus formalistes
que canonistes, crurent devoir
quitter la Fraternité de
Monseigneur Lefebvre pour
fonder la Fraternité Saint-Pierre
afin d’être « dans la légalité ». Lé-
galité conciliaire, cela va sans dire.
Ils furent accueillis par une com-
mission qui porterait un nom
composé des trois mots du début
de la lettre qui en était à l’origine :
La mission d’
Ecclesia Dei
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Combat de la Foi n° 176
Ecclesia Dei afflicta. C’est-à-dire :
l’Église de Dieu est affligée… Af-
fligée par quoi ? Par le prétendu
schisme de Monseigneur
Lefebvre, schisme que personne
n’a jamais pu prouver ni démon-
trer, et que beaucoup de spécialis-
tes ont démenti.
C’était, pour ces prêtres, accep-
ter de se soumettre à une commis-
sion conciliaire et, de ce fait, aller
contre l’esprit de la loi : « Celui
qui, pour garder la lettre de la loi,
va contre l’esprit de la loi, celui-là
pèche contre la loi. » (Regula juris
88) Par formalisme, il commettait
une sorte de « péché juridique » :
un péché contre la loi sous pré-
texte d’être en règle avec elle.
Se désolidariser
de la Fraternité Saint-Pie X
Je n’entends pas faire ici une
analyse complète de ce Motu
proprio de 1988. Tous les paragra-
phes méritent, non seulement un
commentaire, mais une critique
sévère, tant la présentation qu’ils
font des faits est contraire à la ré-
alité.
Je voudrais simplement attirer
l’attention sur l’appel que fait
Jean-Paul II à se désolidariser de
la Fraternité Saint-Pie X dans ce
document : « Dans les circonstan-
ces présentes, je désire avant tout
lancer un appel à la fois solennel
et ému, paternel et fraternel, à
tous ceux qui, jusqu'à présent, ont
été, de diverses manières, liés au
mouvement issu de Mgr Lefebvre,
pour qu'ils réalisent le grave
devoir qui est le leur de rester
unis au Vicaire du Christ dans
l'unité de l'Église catholique et de
ne pas continuer à soutenir de
quelque façon que ce soit ce mou-
vement. Nul ne doit ignorer que
l'adhésion formelle au schisme
constitue une grave offense à
Dieu et comporte l'excommunica-
tion prévue par le droit de
l'Église. » (§ 5, c)
Comme expliqué ci-dessus, en
compensation de cette désolidari-
sation, « une commission est insti-
tuée, qui aura pour mission de
collaborer avec les évêques, les di-
castères de la Curie romaine et les
milieux intéressés, dans le but de
faciliter la pleine communion ec-
clésiale des prêtres, des séminaris-
tes, des communautés religieuses
ou des religieux individuels ayant
eu jusqu'à présent des liens avec
la Fraternité fondée par Mgr
Lefebvre et qui désirent rester
unis au successeur de Pierre dans
l'Église catholique en conservant
leurs traditions spirituelles et li-
turgiques » (§ 6, a).
La mission de la commission
Ecclesia Dei est donc bien claire et
nette : combattre l’œuvre de salut
spirituel de l’évêque fondateur de
la Fraterni Saint-Pie X. Il avait
donc bien raison de dire que la
commission Ecclesia Dei était
« chargée de la récupération des
traditionalistes ».
De 1984 à 1988 : même combat !
Autre point extrêmement im-
portant : le Motu proprio du 2 juil-
let 1988 précisait au point 6, c :
« On devra partout respecter les
dispositions intérieures de tous
ceux qui se sentent liés à la tradi-
tion liturgique latine, et cela par
une application large et généreuse
des directives données en leur
temps par le Siège apostolique
pour l'usage du missel romain,
selon l'édition typique de 1962. »
Cet alinéa renvoyait à la note n°9
de bas de page qui fait référence
au document du 3 octobre 1984 :
Cf. Congrégation pour le Culte
divin, Lettre Quattuor abhinc
annos, 3 octobre 1984 : AAS 76
(1984), pp. 1088-1089. Il était donc
bien clair que la commission
Ecclesia Dei continuerait dans sa
ligne originelle : vous ne serez
dans la légalité que si vous ne
combattez plus la messe de
Paul VI, que si vous ne portez pas
préjudice à la réforme liturgique
conciliaire et que si votre position
est publiquement connue de tout
le monde.
Ainsi donc, la commission
Ecclesia Dei avait bien pour but :
1) de marginaliser l’œuvre de
Monseigneur Lefebvre et de la
rendre inaccessible ; 2) d’en dé-
tourner les prêtres et les fidèles ;
3) de faire accepter la nouvelle
messe à tous les récalcitrants ; 4)
de ne plus permettre à quiconque
l’exclusivité de l’ancienne messe ;
5) et, finalement, de faire cesser le
combat de la Tradition. Ecclesia
Dei devenait le refuge des catholi-
ques « préférant l’ancienne
messe » par goût personnel, mais
ayant cessé le bon combat qui
consiste à refuser la nouvelle
messe pour motifs de foi et à
garder l’ancienne pour la même
raison.
Pour ou contre
la Fraternité Saint-Pie X
Dès lors se posait la question
d’un « choix Ecclesia Dei » qui, fi-
nalement, se traduisait dans un
dilemme « pour ou contre Mgr
Lefebvre » ou « pour ou contre la
Fraternité Saint-Pie X ». Plus gé-
néralement, apparaissait désor-
mais un faux problème : « dans
l’Église avec Ecclesia Dei, ou hors
de l’Église avec la Fraternité Saint-
La mission d’
Ecclesia Dei
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