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Combat de la Foi n° 176
Ecclesia Dei afflicta. C’est-à-dire :
l’Église de Dieu est affligée… Af-
fligée par quoi ? Par le prétendu
schisme de Monseigneur
Lefebvre, schisme que personne
n’a jamais pu prouver ni démon-
trer, et que beaucoup de spécialis-
tes ont démenti.
C’était, pour ces prêtres, accep-
ter de se soumettre à une commis-
sion conciliaire et, de ce fait, aller
contre l’esprit de la loi : « Celui
qui, pour garder la lettre de la loi,
va contre l’esprit de la loi, celui-là
pèche contre la loi. » (Regula juris
88) Par formalisme, il commettait
une sorte de « péché juridique » :
un péché contre la loi sous pré-
texte d’être en règle avec elle.
Se désolidariser
de la Fraternité Saint-Pie X
Je n’entends pas faire ici une
analyse complète de ce Motu
proprio de 1988. Tous les paragra-
phes méritent, non seulement un
commentaire, mais une critique
sévère, tant la présentation qu’ils
font des faits est contraire à la ré-
alité.
Je voudrais simplement attirer
l’attention sur l’appel que fait
Jean-Paul II à se désolidariser de
la Fraternité Saint-Pie X dans ce
document : « Dans les circonstan-
ces présentes, je désire avant tout
lancer un appel à la fois solennel
et ému, paternel et fraternel, à
tous ceux qui, jusqu'à présent, ont
été, de diverses manières, liés au
mouvement issu de Mgr Lefebvre,
pour qu'ils réalisent le grave
devoir qui est le leur de rester
unis au Vicaire du Christ dans
l'unité de l'Église catholique et de
ne pas continuer à soutenir de
quelque façon que ce soit ce mou-
vement. Nul ne doit ignorer que
l'adhésion formelle au schisme
constitue une grave offense à
Dieu et comporte l'excommunica-
tion prévue par le droit de
l'Église. » (§ 5, c)
Comme expliqué ci-dessus, en
compensation de cette désolidari-
sation, « une commission est insti-
tuée, qui aura pour mission de
collaborer avec les évêques, les di-
castères de la Curie romaine et les
milieux intéressés, dans le but de
faciliter la pleine communion ec-
clésiale des prêtres, des séminaris-
tes, des communautés religieuses
ou des religieux individuels ayant
eu jusqu'à présent des liens avec
la Fraternité fondée par Mgr
Lefebvre et qui désirent rester
unis au successeur de Pierre dans
l'Église catholique en conservant
leurs traditions spirituelles et li-
turgiques » (§ 6, a).
La mission de la commission
Ecclesia Dei est donc bien claire et
nette : combattre l’œuvre de salut
spirituel de l’évêque fondateur de
la Fraternité Saint-Pie X. Il avait
donc bien raison de dire que la
commission Ecclesia Dei était
« chargée de la récupération des
traditionalistes ».
De 1984 à 1988 : même combat !
Autre point extrêmement im-
portant : le Motu proprio du 2 juil-
let 1988 précisait au point 6, c :
« On devra partout respecter les
dispositions intérieures de tous
ceux qui se sentent liés à la tradi-
tion liturgique latine, et cela par
une application large et généreuse
des directives données en leur
temps par le Siège apostolique
pour l'usage du missel romain,
selon l'édition typique de 1962. »
Cet alinéa renvoyait à la note n°9
de bas de page qui fait référence
au document du 3 octobre 1984 :
Cf. Congrégation pour le Culte
divin, Lettre Quattuor abhinc
annos, 3 octobre 1984 : AAS 76
(1984), pp. 1088-1089. Il était donc
bien clair que la commission
Ecclesia Dei continuerait dans sa
ligne originelle : vous ne serez
dans la légalité que si vous ne
combattez plus la messe de
Paul VI, que si vous ne portez pas
préjudice à la réforme liturgique
conciliaire et que si votre position
est publiquement connue de tout
le monde.
Ainsi donc, la commission
Ecclesia Dei avait bien pour but :
1) de marginaliser l’œuvre de
Monseigneur Lefebvre et de la
rendre inaccessible ; 2) d’en dé-
tourner les prêtres et les fidèles ;
3) de faire accepter la nouvelle
messe à tous les récalcitrants ; 4)
de ne plus permettre à quiconque
l’exclusivité de l’ancienne messe ;
5) et, finalement, de faire cesser le
combat de la Tradition. Ecclesia
Dei devenait le refuge des catholi-
ques « préférant l’ancienne
messe » par goût personnel, mais
ayant cessé le bon combat qui
consiste à refuser la nouvelle
messe pour motifs de foi et à
garder l’ancienne pour la même
raison.
Pour ou contre
la Fraternité Saint-Pie X
Dès lors se posait la question
d’un « choix Ecclesia Dei » qui, fi-
nalement, se traduisait dans un
dilemme « pour ou contre Mgr
Lefebvre » ou « pour ou contre la
Fraternité Saint-Pie X ». Plus gé-
néralement, apparaissait désor-
mais un faux problème : « dans
l’Église avec Ecclesia Dei, ou hors
de l’Église avec la Fraternité Saint-
La mission d’
Ecclesia Dei