i o t n a e r s Obbservv ation.. O Une addiction au… Tulsi Jusqu’à quinze fois par jour depuis dix ans Marie Marand* On croyait la consommation de bétel pluri-séculaire, traditionnelle, anodine. En réalité, elle a une toxicité importante propre, différente de celle du tabac. Enfin, sa consommation est très largement sous-estimée dans les pays occidentaux. Elle est pourtant la quatrième drogue consommée dans le monde. Après l'alcool, la nicotine et la caféine. Depuis dix ans, Monsieur B., indien d'origine tamoul, quarante ans, consomme deux paquets par jour de “Tulsi”, une espèce de chewing-gum, importé clandestinement de Londres, vendu sous le manteau dans les magasins pakistanais et sri-lankais. La poudre à mâcher est composée de noix activée par du citron et de feuilles de bétel, d’un peu de tabac et d’épices à base de girofle. Histoire d’un suivi, plein de blancs, au gré de la course des astres… Monsieur B. se présente pour la première fois au CSST en avril 2001 pour une addiction au “Tulsi”. Il est reçu par une consœur qui, après renseignements au centre anti-poison de Fernand-Widal, marque dans le dossier “produit inconnu, interdit en Inde. Betelnuts + tobacco + catechu + lime flavours + permitted flavours + saffron + contains added flavours”. Il lui est prescrit du Diantalvic®, 2 comprimés 3 fois par jour, du Xanax® 0,50, 1 comprimé matin, midi et soir et de la pâte à mâcher Nicorette®. Le rendez-vous suivant, fixé quelques jours plus tard, ne sera pas honoré. Première demande de sevrage Je revois le patient en juillet 2002. Il vient avec la même demande de sevrage et sort de sa poche deux paquets de “Tulsi” pour que “vous voyez ce que c’est”. Emballage industriel dans du papier métallisé, codebarre, adresse du fabricant en Inde, composition et mises en garde par rapport à la santé. Côté pile, en gros caractères : “Tobacco seriously damages health”. Côté * Praticien attachée, CSST-Boucebci, service de psychopathologie du professeur MarieRose Moro, hôpital Avicenne (AP-HP), 125, rue de Stalingrad, 93009 Bobigny, laboratoire de psychogenèse et psychopathologie, UFR Léonard de Vinci, université Paris 13. face, en gros caractères : “Cause cancer”, en petit : “Not for minors”. Et, en tout petit : “Chewing of tobacco is injurious to health”, “Chewing of pan masala may be injurious to health”. À l’intérieur, une substance brunâtre, en granulés grossiers. Il acceptera de me laisser un paquet, pour que je puisse, éventuellement, le faire analyser. Avec des relents de honte et de culpabilité, Monsieur B. me dit consommer deux paquets par jour et ce depuis environ 10 ans. Et il m’explique avec force détails que le produit se prend à la petite cuiller (fournie avec le paquet). On le garde dans la bouche pendant des heures, tantôt en le mâchant, tantôt en le coinçant contre une dent. Puis on le crache dans un jet de salive rougeâtre. C’est vendu sous le manteau dans les magasins pakistanais et sri-lankais après importation clandestine depuis Londres (1,50 euro le paquet d’environ 20 grammes). Oui, il a déjà essayé d’arrêter. De nombreuses fois… au prix d’une montée d’agressivité telle qu’elle devenait rapidement insupportable et pour lui et pour son entourage. Il dit avoir consulté un pneumologue, lequel lui aurait donné le même traitement que ma consœur, ce qui, dans les deux cas, outre l’agressivité précédemment citée, n’a fait qu’accroître son appétence pour le produit. C’est sa femme qui l’a poussé à revenir au CSST. Le Courrier des addictions (8), n° 1, janvier-février-mars 2006 32 Petit, un peu rond, la quarantaine digne et souriante, chemise blanche sans un pli et petites lunettes en métal doré, Monsieur B. est un indien d’origine tamoul. Il est né à Saïgon où son père était comptable dans un grand hôtel. Peu après sa naissance, le père est venu travailler en France tandis que la mère et ses trois enfants sont retournés à Pondichéry chez la grand-mère maternelle. Monsieur B. est le troisième d’une fratrie de quatre et toute la famille est de nationalité française. Il a fait des études jusqu’à l’équivalent du bac, qu’il n’a pas passé, et continuera à apprendre le français tout en travaillant ici ou là, annonçant un peu pompeusement qu’il avait été “visiteur médical pour des produits esthétiques issus de la médecine ayurvédique”. Pour des motifs financiers, m’explique-t-il ensuite, il a émigré en France en 1995, où il vit depuis avec sa femme, ses trois enfants et sa mère, le père étant décédé il y a une quinzaine d’années. Ses frères et sœurs sont également en France. Jusque-là, il a réussi à subvenir aux besoins de la famille par divers petits boulots dans la blanchisserie, mais depuis quelques mois il se retrouve au chômage avec quelques extras comme repasseur dans les grands hôtels parisiens. Comment cela a-t-il commencé ? Au cours d’une soirée. “Vous savez, là-bas, tout le monde fait ça. Maintenant c’est interdit mais c’est toujours fabriqué là-bas.” Est-ce à cause d’un français hésitant, d’un anglais approximatif ou d’un discret bégaiement renforcé par l’émotion ? Je n’en saurais guère plus. Sinon que sa consommation représente plus d’une prise toute les heures, avec quelques moments clés : après les repas et après chaque prise de boisson. “Je ne fume pas, je ne bois pas, je ne me drogue pas. mais je prends le Tulsi.” Jusqu’à quinze fois par jour. Comment se débrouille-t-il quand il travaille ? Réponse : vu la pénibilité de son poste, il a des pauses toutes les deux heures. Il n’a ni antécédents médicaux ni chirurgicaux notables. Monsieur B. se plaint d’épigastralgies itératives mais l’examen clinique est sans particularité (FC 72 TA 105/85) si ce n’est une détérioration dentaire généralisée avec des dents fortement colorées en brun et de nombreuses caries au collet. Nous convenons avec Monsieur B. de nous revoir dans quinze jours, le temps de m’in- i OObbsesrervvaattoinon.. former sur cette addiction et d’élaborer un projet thérapeutique. Un usage vieux de plus de 2000 ans Selon les premiers renseignements obtenus (centre anti-poison, pharmacovigilance) le produit ne contient que de la poudre de noix de bétel activée par du citron, avec un peu de tabac, des feuilles de bétel et des épices à base de girofle. Il aurait des vertus psychostimulantes et la seule substance addictogène serait le tabac. Il a été interdit en Inde comme facteur de risque majeur de cancers ORL. En fait, l’usage du bétel en Inde remonte à plus de 2000 ans. Mais le quid traditionnel a été progressivement remplacé par un produit nommé masala/gutkha qui, outre les composants habituels du bétel, contient du tabac. Plus généralement, le bétel est consommé de façon traditionnelle, voire rituelle dans tout le sud-est asiatique. Les médecins des bateaux de Magellan qui abordèrent sur les côtes des Philippines en 1521 ont abondamment décrit cette pratique qui semble remonter à l’Antiquité, associée à des cérémonies et rituels locaux. Théophraste fait également référence à la noix de bétel dans ses écrits. Il y serait fait également mention dans des textes sanscrits anciens sous le nom de “guvka” ou “pinlang”. Actuellement, mâcher du bétel est une habitude partagée, selon les estimations, par 10 à 20 % de la population mondiale, essentiellement dans l’ouest Pacifique et le sud de l’Asie, Taïwan, Cambodge, Malaisie, Chine... Si bien qu’aujourd’hui, le bétel est la quatrième drogue consommée dans le monde après l’alcool, la nicotine et la caféine. Suivant la migration, on retrouve cette addiction dans les communautés vivant à l’étranger, en Afrique, en Europe (Grande-Bretagne) et en Amérique du Nord où son usage commence à poser des problèmes de santé publique (3). Même si elle varie selon les coutumes locales et les goûts individuels (ou, ici, les fabrications industrielles), avec des noms divers (paan, quid, masala), la composition du produit reste à base de poudre de noix palmier aréquier (Areca catechu, arbre originaire d’Indonésie) activée par du citron et de la chaux, différentes épices, le tout enveloppé dans des feuilles de bétel. L’adjonction de feuilles de tabac semble particulière à l’Inde. La fabrication industrielle et les noms de marque qui en découlent – comme “Tulsi” –, se développe depuis une vingtaine d’années et représente une valeur marchande de plusieurs centaines de millions de dollars. Effets psychotropes : l’alcaloïde d’areca catechu L’alcaloïde principal d’Areca catechu, l’arécoline, a des effets parasympathicomimétiques. Après hydrolyse par l’acide citrique, l’arécoline est transformé en arécaïdine, puissant inhibiteur du GABA. De même pour la guvacine, autre alcaloïde de l’aréquier, hydrolysé en guvacoline sous l’action de l’acide citrique. Arécaïdine et guvacoline agissent par compétition au niveau des récepteurs GABAergiques. Les feuilles de bétel proprement dites renferment quant à elles des phénols aromatiques qui, in vitro, stimulent la libération de catécholamines. Autrement dit, d’un point de vue neurobiologique, la préparation semble affecter à la fois les systèmes sympathique, parasympathique et GABA-ergique. La consommation de bétel induit une dépendance et les effets sont dose-dépendants. Les effets sur le plan somatique Les effets d’une prise unique de bétel ont été objectivés à différents niveaux : une augmentation de la température de 0,5° C, abolie complètement par l’atropine et partiellement par le propranolol, ce qui suggère un mécanisme d’action à la fois sympathique et parasympathique. Les dosages plasmatiques révèlent une augmentation de l’adrénaline et de la noradrénaline (8) ; une élévation de la pression artérielle et une accélération du pouls qui survient dans les 2 mn qui suivent la prise, atteint son maximum en 4-6 mn, phénomène qui s’émousserait chez les consommateurs réguliers (8). L’EEG montre une large désynchronisation corticale avec augmentation de l’activité α et β (surtout marquée pour l’activité β) et une baisse de l’activité θ. D’un point de vue topographique, ces modifications intéressent surtout l’aire occipitale pour les ondes a, tandis que les altérations de l’activité β et θ sont plus largement distribuées. Résultats qui semblent indiquer un état d’excitation de certaines aires cérébrales associé à un moindre degré à un état de relaxation pour d’autres localisations (7). Les cas rapportés d’intoxication aigüe sont rares. Parmi les cas recensés dans la littérature, 33 les malaises sont survenus dans les 24 heures suivant une prise le plus souvent modérée de bétel et les manifestations somatiques observées sont : tachycardie, tachypnée, sueurs, hypotension, sensation de malaise, nausées et vomissements, douleurs abdominales, engourdissement des membres, torpeur et coma. Le plus souvent, il y a récupération totale en moins de 24 heures. Cependant, au moins un cas de décès par infarctus du myocarde avec fibrillation ventriculaire a été documenté (7). Surtout le risque carcinogène À long terme, la consommation régulière de bétel est surtout associée à un risque carcinogène attribué aux nitrosamines et à l’aracoline d’Areca catechu. Dans la bouche, le mâchonnement répétitif du produit et le contact direct avec la muqueuse qu’il implique, provoque d’abord des leucodysplasies locales, souvent réversibles à l’arrêt de l’addiction. Si la consommation se poursuit, les lésions évolueront plus ou moins rapidement vers le stade de fibrose puis vers la cancérisation. Ce risque est connu depuis plus de 100 ans et il est indépendant de celui généré par l’adjonction de tabac à la préparation. Chez les femmes indiennes utilisatrices de bétel, l’incidence du cancer de la bouche est 3 à 7 fois plus élevée que chez les femmes fumeuses des pays occidentaux. En fait, les deux risques se potentialisent. Un rapport issu des services de police américains estimerait que la fréquence des cancers de la bouche serait 123 fois plus élevée chez les sujets qui associent une consommation de bétel + tabac + alcool que chez les abstinents. L’effet carcinogène du bétel porte également sur toute la sphère digestive. Et au niveau hépatique, le risque tumoral s’ajoute au risque propre d’hépatocarcinome induit par les virus des hépatites B et C fréquents dans ces régions. Par ailleurs, la consommation chronique d’Areca catechu a été corrélée à une augmentation des risques d’obésité centrale et de pathologies cardiovasculaires avec troubles du rythme et/ou spasme coronaire. L’arécoline, du fait de ses propriétés cholinergiques induit également une bronchoconstriction. En Grande-Bretagne, pays de forte immigration, les hospitalisations pour crises d’asthme sévères sont beaucoup plus i o t n a e r s Obbservv ation.. O fréquentes chez les personnes d’origine asiatique que chez les autres. Le bétel induit également une ulcération de la muqueuse gastrique avec diminution de la production locale de mucus (lésion réversible sous cimétidine). Chez la femme enceinte, la prévalence de grossesse pathologique est très fortement augmentée. Avec notamment des retards de croissance in utero imputés à l’effet délétère de l’arécoline sur le fœtus qui vient s’ajouter à celui du tabac. En dehors de la grossesse, la consommation chronique de bétel est associée à un risque accru de dysplasie du col de l’utérus. Comment gagner du terrain sur la gouvernance des étoiles C’est riche de ce “savoir” tout neuf que je revois Monsieur B., 15 jours après notre premier entretien. Peut-être encore un peu plus que d’habitude, j’avais en tête de construire l’alliance thérapeutique. Je m’efforce de lui faire comprendre qu’elle sera la durée probable des soins. Je lui parle de pouvoir “travailler” les prochaines fois avec un interprète... J’évoque l’importance de l’aspect psychologique dans toute dépendance. J’énumère les types de médicaments qui pourraient éventuellement l’aider. De l’autre côté du bureau, aucune manifestation affective. Visage lisse... propos affable... hochements de tête que je prends comme autant d’acquiescements. Je prescrits un antidépresseur et un anxiolytique (Effexor® + Lexomil®). Et ensemble, me semble-t-il, nous convenons d’un rendez-vous pour la semaine suivante : il reviendra en juin 2005. Soit 3 ans plus tard après avoir demandé explicitement à la secrétaire un rendez-vous avec moi ! À peine assis en face de moi: “Vous vous souvenez, docteur ?” Oui, oui, je me souvenais très bien. Et de tout mon travail. Et de mon dépit quand, avec le temps et malgré une relance épistolaire, il s’est avéré qu’il ne reviendrait plus. Sa consommation n’avait pas changé. L’examen clinique était toujours normal, hormis les dents. Mais il demandait cette fois des Brèv Brèv s Brèv es èv es r B s e e Plus le droit de fumer au travail en Belgique et en Espagne médicaments “plus forts” ! Pourquoi ce retour maintenant ? Parce que… selon ses calculs astrologiques, c’était le bon moment ! Pourquoi ces trois ans de silence ? Parce que, toujours selon les astres, les “bons moments” sont fugaces et que celui-ci était passé ! Mais là, il est sûr de lui : il aura arrêté fin juillet et partira sitôt après en Inde pour quelques mois. C’était évident d’après les critères de l’astrologie indienne qu’il pratiquait assidûment. Il honorera régulièrement ses rendez-vous pendant un peu plus d’un mois. Brève régularité au cours de laquelle j’apprendrai un épisode ancien d’alcoolisation chronique pour lequel il aurait été hospitalisé quelques jours. Un sevrage encore efficace aujourd’hui grâce, selon lui, à un remède “miracle” qui lui a donné le dégoût de l’alcool. Il était encore en Inde à l’époque et réclame aujourd’hui avec âpreté la même immédiateté dans l’efficacité des médicaments que je lui prescrits pour le Tulsi. Hélas ! Cela ne marche pas comme il l’envisageait. Les 40 gouttes de Tercian® en quatre prises le font dormir toute la journée et diminuent de fait les prises de produit ce qui le remplit d’espoir. Mais la réduction de posologie en favorisant la veille voit ré-augmenter les consommations, ce qui le pousse à me demander des médicaments encore plus forts, mais “qui ne le fassent pas dormir”. Jusqu’à ce jeudi où il me tend le relevé de ses prises des derniers jours : lundi, 5 fois, mardi 10 fois, mercredi, 10 fois. De fait, il a réussi à diminuer. Il a rendez-vous avec le dentiste dans quelques jours. Il retravaille à la journée avec en vue un contrat de 3 mois et repousse d’autant le voyage prévu en Inde. Mais il ne valorise pas cette évolution, pourtant positive, et me confronte à chaque consultation à mon impuissance à le guérir. “Vous êtes sûre, docteur, qu’il n’y a pas de médicaments plus forts ?” tout en se plaignant toujours de somnolence. Je diminuerais de moitié le Tercian® en étalant un peu plus sur le nycthémère avec une prise toutes les 2 heures et, si besoin, entre temps d’avoir quelque chose en bouche, je conseille des comprimés à mâcher d’un sédatif homéopathique. Grâce à quoi, il réussit à “tenir” 5 heures durant. Et puis, pour le détourner du Tulsi, j’évoque son autre passion : l’astrologie. Chaque jour, il y Une mesure plus stricte qu’en France puisqu’il n’est même pas prévu de pouvoir aménager un fumoir. De plus, en Espagne, l’interdiction est Le Courrier des addictions (8), n° 1, janvier-février-mars 2006 34 Les “vertus” thérapeutiques du bétel • En médecine traditionnelle, la poudre de noix de bétel, en Chine et en Inde, est incluse dans des sirops vermifuges (contre les taenia). • Du fait de ses effets rafraîchisseurs d’haleine, la noix de bétel participe également à la composition de pâtes dentifrice. • Ailleurs, on retrouve des indications pour le mal de tête, la fièvre et les rhumatismes. • Les feuilles, du fait de propriétés antiseptiques et sialagogues, sont utilisées en cataplasmes ou en gargarismes dans le traitement des catarrhes respiratoires. • En Inde, les femmes s’en servent également pour arrêter la sécrétion de lait en cas d’abcès au sein. • Son usage est sensé procurer une sensation de bien-être, d’euphorie, de douceur, avec accroissement de la vigilance et des capacités de travail. Cet effet psychostimulant s’accompagne d’une hypersalivation, d’un rafraîchissement de l’haleine, d’une sensation de chaleur à travers tout le corps et d’une facilitation de la digestion. travaille plusieurs heures. Et il se met à me décrire, avec la gourmandise de celui qui étale ses connaissances, les événements qui, selon lui, se dérouleront dans les prochains mois dans différents pays et pour quelques chefs d’État. Emporté par son élan, il va jusqu’à me proposer de me ramener la prochaine fois ce qu’il pense pouvoir déterminer en ce qui concerne mon avenir… si je veux bien consentir à lui donner mes date et lieu de naissance ! En repositionnant le cadre, me revient en mémoire ce livre de mon adolescence : Feuille de bétel, dont l’action se déroule à proximité du village natal de mon père. Je m’interroge sur sa dépendance, avec son revers, le manque, qui, l’une et l’autre, le rattachent à sa culture d’origine... Cette “misère”, et puis cet autre “pouvoir” traditionnellement réservé aux sages, de prédire l’avenir... Mais comment le lui dire quand il semble que les mots glissent sur lui comme un vêtement trop bien repassé ? Quand chaque semaine il me faut gagner le rendez-vous suivant sur la gouvernance des étoiles ? D’ailleurs, après cette consultation mémorable, il ne reviendra qu’une seule fois. Toujours très clean. Toujours avec la même plainte. Toujours avec la même quête de l’impossible miracle. Et puis à nouveau plus rien. Les astres avaient sans doute tourné ! Le reverrais-je un jour ? Et quel sens aurait alors ce suivi “à larges trous” ? étendue aux restaurants et aux lieux de loisirs, avec cette nuance : s’ils font moins de 100 m2, ils peuvent choisir d’être fumeurs ou non-fumeurs et plus de 100 m2, aménager, d’ici l’automne, une zone “fumeurs”.