Coup d’œil Littérature Injection intravitréenne : complications et réalisation V. Sarda, C. Rohart, G. Chaine (Service d’ophtalmologie, hôpital Avicenne, Bobigny) D epuis la première injection intravitréenne au début du siècle dernier, cette intervention n’a fait que croître en nombre et en diversité. Plus récemment, il s’agissait d’injections d’antiviraux dans le cadre de rétinites chez les patients immunodéprimés. Cette voie d’administration a permis d’augmenter la concentration locale par injection directe tout en réduisant les effets indésirables systémiques sévères de ces traitements. Le vieillissement de la population est responsable d’une augmentation considérable des pathologies dégénératives, comme la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), et, à un moindre degré, des pathologies vasculaires rétiniennes (maculopathie diabétique, occlusion veineuse). De nombreuses approches thérapeutiques ont été proposées dans ces maladies du segment postérieur, parmi lesquelles l’injection intravitréenne. Les complications sont rares après injection intravitréenne mais doivent être connues en raison de leur gravité. Une technique de réalisation et une asepsie rigoureuses sont nécessaires pour prévenir ces complications potentiellement cécitantes. Historique Au début du XXe siècle, on injectait de l’air en intravitréen pour réaliser un tamponnement interne, puis apparurent les antibiotiques pour le traitement des endophtalmies et les antiviraux pour les rétinites virales des sujets immunodéprimés. Dans ces deux dernières indications, la voie intravitréenne a fait la preuve d’une efficacité remarquable. Les indications pour le traitement des lymphomes et des hémorragies maculaires sont plus anecdotiques. Dans cet article, nous développerons les complications liées à ces injections et les recommandations autour du geste d’injec­ tion de triamcinolone et d’anti-VEGF dans des indications plus récentes. Complications graves liées à l’injection intravitréenne ✔ L’endophtalmie Il s’agit de la complication la plus grave en ophtalmologie. Elle est rare mais potentiellement cécitante. Après injection intravitréenne, sa fréquence varie de 0,1 % à 0,3 % selon les études (1-3). Ce taux est comparable à celui des endophtalmies après chirurgie de la cataracte (4). Le risque d’endophtalmie est diminué par un geste en asepsie dans le respect des bonnes pratiques. Un non-respect des protocoles d’asepsie expliquerait 67 % des endophtalmies (5). Par ailleurs, des facteurs de risque d’endophtalmies ont été identifiés : patients présentant une infection ou une inflammation locale pendant le geste, porteurs de lentilles, sujets immunodéprimés, diabétiques ou atteints d’infections respiratoires. Cependant, il est important de rappeler que cette complication peut survenir chez tous les patients (6). L’endophtalmie semble plus fréquente dans les cas d’injection intravitréenne de triamcinolone (7). Une étude regroupant les effets indésirables après injections intravitréennes de 1966 à 2004 a montré une prévalence de l’endophtalmie de 0,3 % toutes injections confondues, de 0,1 % pour les injections d’antiviraux, et de 0,6 % pour les injections de triamcinolone après exclusion des pseudo-endophtalmies (2). Les germes retrouvés sur les prélèvements bactériologiques au cours des endophtalmies sont le plus souvent des germes de la flore conjonctivale normale ou des annexes (staphylocoque coagulase-négative, streptocoque). Ils sont inoculés en intravitréen au cours de l’injection ou en postopératoire précoce. Une désinfection du site d’injection avant le geste doit être réalisée avec soin. La polividone iodée est la seule molécule ayant montré son efficacité pour réduire le taux d’endophtalmies (8, 9). Les prélèvements bactériologiques effectués lors du diagnostic d’endophtalmie sont positifs dans 60 % des cas et permettent, si le germe est identifié, la mise en route d’une antibiothérapie adaptée. ✔ La pseudo-endophtalmie La pseudo-endophtalmie est spécifiquement liée à l’injection de triamcinolone et complique 0,3 % des injections intravitréennes de triamcinolone (2). Elle apparaît dans les 3 premiers jours suivant l’intervention. La pseudo-endophtalmie se distingue cliniquement de l’endophtalmie par un œil peu rouge et non douloureux. L’inflammation intraoculaire est sévère, avec souvent un hypopion. Il s’agit d’une inflammation stérile. Son évolution est favorable, avec une résolution complète en moins de deux semaines. Ces pseudo-endophtalmies se présentent plus fréquemment sur des yeux ayant des antécédents de chirurgie intraoculaire (œil vitrectomisé, pseudophake ou aphake). La distinction clinique entre une endophtalmie et une pseudo-endophtalmie n’est pas toujours facile. Un facteur Images en Ophtalmologie • Vol. II • n° 1 • janvier-février-mars 2008 IO-NN1-0108.indd 29 29 19/03/08 11:15:10 Coup d’œil Littérature déterminant pour le diagnostic différentiel est le délai d’apparition, qui est habituellement inférieur à 3 jours pour les pseudo-endophtalmies (1, 10-12). De plus, un cas de nécrose rétinienne herpétique suivant une injection intravitréenne de triamcinolone en dehors d’un contexte d’immunosuppression a été publié (16). La répétition des injections ne favorise pas l’hypertension oculaire, mais les patients ayant présenté une augmentation significative de la pression oculaire après la première injection sont plus exposés aux risques de récidives d’une hypertonie lors d’injections ultérieures. Les patients ayant des facteurs de risque de développer une hypertension intraoculaire après triamcinolone sont les patients glaucomateux (avec une incidence de 66 % d’augmentation de la pression oculaire supérieure à 21 mmHg [23]) et les sujets jeunes. Ce facteur de risque reste cependant discuté. Les collyres hypotonisants sont le plus souvent suffisants pour assurer un bon contrôle tensionnel. Les hypertensions sévères nécessitant une chirurgie filtrante (ou une vitrectomie pour ablation de la triamcinolone) ne concernent que 1 % de ces patients (23). Par ailleurs, l’hypertension oculaire après injection intravitréenne entraîne un risque non négligeable d’occlusion vasculaire rétinienne. ✔ L’hémorragie intravitréenne, l’hémorragie rétinienne et hyphéma L’hémorragie intravitréenne peut survenir de façon occasionnelle après injection intravitréenne. Sa fréquence est de 0,2 % à 1,3 % (2). Elle apparaît immédiatement après l’injection et se résorbe habituellement spontanément dans les semaines ou mois suivants. Une vitrectomie peut être proposée dans les cas où l’hémorragie ne disparaît pas dans des délais raisonnables. Elle survient plus fréquemment après injection de TPA ou de hyaluronidase (17, 18). Une hémorragie rétinienne et un hyphéma peuvent également se déclarer après injection intravitréenne. ✔ L’occlusion de l’artère centrale de rétine Elle est exceptionnelle (entre 1 et 3 cas dans certaines études [2, 3, 19]), mais potentiellement grave pour l’acuité visuelle finale. Il est important de s’assurer de la présence d’une perception lumineuse immédiatement après l’injection. L’occlusion survient par un mécanisme de compression locale. Lorsque l’on injecte un volume de liquide dans un œil non expansif, la pression augmente et peut comprimer l’artère centrale de la rétine. Un dépistage précoce de l’occlusion est effectué par la recherche d’une perception lumineuse juste après l’injection. En son absence, une ponction de la chambre antérieure doit être réalisée en urgence. ✔ Le décollement de rétine Après injection intravitréenne, il est exceptionnel. Sa fréquence varie de 0,04 % à 0,9 % selon les études (2, 19). Il survient dans un contexte pathologique particulier. Il est retrouvé après des injections intravitréennes d’antiviraux sur rétinites à CMV avec nécrose rétinienne ou en présence d’une rétinopathie diabétique proliférante avec traction. Des occlusions ou hémi-occlusions de la veine centrale de la rétine ont également été décrites [2]. ✔ Les infections virales Récemment, des cas isolés de rétinites virales après injection de triamcinolone ont été recensés. Dans la littérature, quatre cas de rétinites à cytomégalovirus (CMV) ont été diagnostiqués dans les mois suivant une injection intravitréenne de triamcinolone associée à une vitrectomie (13-15). Ces patients ne présentaient aucune immunodépression, ni signes systémiques d’infection à CMV. Ces cas sont documentés par des prélèvements biologiques sans co-infection virale (les patients étaient négatifs pour les autres virus). Dans tous ces cas rapportés, le traitement général et local par ganciclovir a été actif. ✔ L’uvéite L’uvéite postinjection intravitréenne a également été décrite. Sa fréquence est de 0,14 % (19) toutes injections confondues. Cette fréquence augmente après des injections de cidofovir, fomivirsen et hyaluronidase (6,3 % [2]). Elle atteint 26,9 % des injections intravitréennes de cidofovir pour rétinite à CMV et 38,2 % pour le fomivirsen (2). ✔ L’hypertension oculaire Après injection de triamcinolone, elle varie de 21 % à 52 % (2, 20) selon le seuil de pression intraoculaire fixé dans les études. L’hypertension oculaire peut suivre rapidement l’injection. Le mécanisme peut être directement lié à la triamcinolone, ou indirectement par un dépôt obstructif sur le trabéculum (21, 22). 30 ✔ La cataracte Elle peut être liée soit à l’injection (complication post-traumatique due à la technique), soit au principe actif (triamcinolone). Secondaire au geste, elle survient après contact direct de l’aiguille avec le cristallin lors de l’injection et est exceptionnelle (0,01 % [19]). De façon plus courante, une cataracte peut apparaître ou progresser par toxicité directe de la triamcinolone, en particulier en cas d’injections multiples (cataracte cortisonique). La fréquence de cette cataracte est de 9,9 % après injection de triamcinolone et de 1,8 % toutes molécules confondues (2). ✔ Les réactions d’hypersensibilité et d’anaphylaxie Elles sont dues au produit injecté (rash cutané, œdème de Quincke, bronchospasme, choc). L’interrogatoire préinjection doit toujours éliminer une allergie connue au principe actif ou à ses conservateurs. Une courte surveillance générale du patient après injection et la présence, en salle, de matériel d’urgence d’injection intravitréenne permettent d’intervenir en cas de détresse vitale imminente. Images en Ophtalmologie • Vol. II • n° 1 • janvier-février-mars 2008 IO-NN1-0108.indd 30 19/03/08 11:15:11 Coup d’œil Littérature ✔ Les risques cardiovasculaires Les risques cardiovasculaires des anti-VEGF intravitréens doivent être pris en considération, d’autant plus que les injections sont itératives sur une période plus ou moins prolongée, et qu’il s’agit en général de patients âgés, souvent atteints de pathologies cardiovasculaires. Bien que les doses d’antiVEGF injectées en intravitréen soient plus faibles que les doses injectées en intraveineux, et qu’il y ait une séquestration partielle dans l’œil, la demi-vie de ces molécules (à l’exception du ranibizumab) est longue. Les concentrations sériques de pégaptanib et de ranibizumab sont inférieures à celles estimées par la FDA (Food and Drug Administration) pour inhiber l’activité du VEGF de 50 % (11-27 ng/­ml). Cependant, la concentration sérique du bévacizumab est sensiblement supérieure à ce seuil. Dans tous les cas, les concentrations sériques de ces trois agents après injection sont inférieures au taux physiologique du VEGF chez l’homme. Les données de la littérature n’ont pas mis en évidence de différence significative en termes d’accidents cardiovasculaires entre les patients ayant reçu une injection et les groupes contrôles, malgré l’augmentation marginale mais non significative chez les sujets traités par ranibizumab. Une étude de 2005 regroupant les effets systémiques après injection d’Avastin® a retrouvé des cas d’hypertension artérielle, de thrombose veineuse, d’accident vasculaire cérébral transitoire ou constitué et d’infarctus du myocarde. Ces événements n’étaient pas statistiquement significatifs (19). Autres complications liées à l’injection intravitréenne D’autres effets indésirables plus bénins mais aussi plus fréquents peuvent survenir lors d’injections intravitréennes. On retrouve des hémorragies sous-conjonctivales (0,03 % [19]), des ulcérations de cornée (0,15 % [19]), des douleurs oculaires, des corps flottants vitréens, une sensation de corps étranger, des troubles visuels, une hyperhémie oculaire, une réaction au point d’injection, un prurit et une conjonctivite. Les patients doivent être informés de ces effets. Molécules injectées Les premières molécules injectées en intravitréen ont été les antibiotiques. C’est le début du traitement de l’endophtalmie par antibiotique directement injecté au site d’infection. Après les antibiotiques, les antiviraux, injectés en intravitréen, ont été utilisés pour le traitement des rétinites à CMV. D’autres molécules comme le TPA et la hyaluronidase ont été injectées de la même façon dans le cadre de pathologies spécifiques du segment postérieur. • La triamcinolone en intravitréen connaît un grand essor dans les années 1990. Elle présente de bons résultats dans les maculopathies œdémateuses. Elle s’injecte sous la forme de Kénacort® avec du carboxyméthylcellulose et de l’alcool benzylique en conservateur. Sa demi-vie est de 18,6 jours dans un œil non vitrectomisé et de 3,2 jours si l’œil est vitrectomisé. Elle s’utilise fréquemment pour les œdèmes maculaires liés au diabète, à une occlusion veineuse centrale de la rétine, à une uvéite ou pour les œdèmes maculaires idiopathiques (24-26). Plus récemment, des inhibiteurs de l’angiogenèse ont été développés autour de la DMLA (27-29). • Le pégaptanib (Macugen®) a obtenu l’AMM européenne en janvier 2006 dans le traitement de la forme néovasculaire de la DMLA. C’est un aptamère qui se fixe et bloque le VEGF. Il est sélectif pour l’isoforme A 165 (étude VISION). • Le ranibizumab (Lucentis®) est indiqué dans le traitement de la forme néovasculaire de la DMLA. C’est un fragment d’anticorps monoclonal humanisé recombinant dirigé contre le facteur de croissance de l’endothélium vasculaire humain de type A de haute affinité pour l’isoforme VEGF A 165 et l’isoforme VEGF A 121 (étude MARINA). • Le bévacizumab (Avastin®) n’a pas d’AMM en ophtalmologie. Initialement, c’est un traitement utilisé dans le cancer colorectal. C’est un anticorps monoclonal bloquant le VEGF. Depuis leur indication dans le traitement de la DMLA, les inhibiteurs de l’angiogenèse ont montré leur efficacité dans d’autres pathologies néovasculaires. Dans la littérature et en pratique, on retrouve des régressions de rubéoses iriennes d’origine diabétique, d’occlusions veineuses ou de rétinopathies d’irradiations. Ces injections ouvrent la voie à de nouvelles thérapies curatives en ophtalmologie dans des pathologies auparavant sans perspective d’amélioration. Cependant, à ce jour, les effets indésirables locaux et systémiques à long terme de ces nouvelles molécules injectées à répétition chez l’homme ne sont pas connus. Recommandations autour du geste d’injection Face à l’essor de la pratique des injections intravitréennes et en raison des complications qui peuvent être sévères et cécitantes, de bonnes pratiques ont été instituées pour encadrer leur réalisation. Après le Comité de lutte contre les infections nosocomiales (Clin), l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a émis des recommandations pour diminuer le taux de complications des injections intravitréennes. Images en Ophtalmologie • Vol. II • n° 1 • janvier-février-mars 2008 IO-NN1-0108.indd 31 31 19/03/08 11:15:11 Coup d’œil Littérature Ces recommandations concernent : • Le lieu de l’acte : il faut une salle dédiée à l’injection intravitréenne, peu encombrée, bien éclairée, aux murs et sols lisses. Le dépoussiérage doit être humide et régulier ; les fenêtres et la porte doivent rester fermées, sans ventilation, pour éviter les turbulences. Un matériel d’urgence doit toujours être accessible. Un système de lavage des mains, bien entretenu, doit être présent. examen de la périphérie est réalisé afin de dépister et de traiter les lésions périphériques à risque de décollement de rétine avant l’injection. L’interrogatoire à la recherche d’allergies est indispensable avant toute prescription médicamenteuse. La prise d’anticoagulants et d’antiagrégants plaquettaires n’est pas une contre-indication. Cependant, si le patient présente un INR supérieur à 5 (index surveillant les patients sous anticoagulants), l’injection intravitréenne est déconseillée, car il y a un risque hémorragique important. • Les contre-indications doivent être recherchées et éliminées avant les injections intravitréennes. En cas d’infection oculaire ou des annexes, le geste est contre-indiqué, sauf en cas d’injection intravitréenne pour endophtalmie (prélèvements, injection d’antibiothérapies). Le glaucome et l’hypertonie oculaire ne sont pas des contre-indications à l’injection intravitréenne (même en cas d’injections de triamcinolone) mais doivent être traités et équilibrés. Le fond d’œil avec • L’information et le consentement libre et éclairé du patient sont indispensables. Il est nécessaire d’expliquer les risques et les bénéfices liés à l’injection et à son produit. Une fiche explicative de la Société française d’ophtalmologie (encadré) et le consentement signé doivent être remis avant la pratique du geste. Le patient doit être prévenu du risque de vision floue temporaire après l’injection. Par conséquent, il ne doit pas conduire tant que sa vision n’est pas redevenue normale, et il Encadré. Fiche d’information n° 65 (Sfo-Snof) relative à l’injection intravitréenne. Madame, mademoiselle, monsieur, Vous présentez une pathologie oculaire pour laquelle votre ophtalmologiste vous propose une injection de substance(s) médicamenteuse(s) à l’intérieur de votre œil. Cette fiche contient des informations sur l’inter­vention qui vous est proposée. ✓ Pourquoi réaliser cette injection ? L’injection de substances médicamenteuses directement à l’intérieur de l’œil permet dans certains cas une action très efficace sur la maladie oculaire à traiter, tout en minimisant les effets indésirables généraux. ✓ Description de l’intervention Elle est réalisée en position allongée sur le dos ou demi-assise. – Anesthésie : l’œil est insensibilisé par l’instillation de collyre anesthésiant. – Désinfection : les paupières et la surface oculaire sont désinfectées avec un produit antiseptique pour diminuer le risque d’infection. – Installation : le visage est recouvert par un champ opératoire stérile, et un écarteur à paupières stérile est mis en place. – Injection intravitréenne : l’injection ne dure que quelques secondes. On utilise une aiguille très fine introduite à travers la sclère (blanc de l’œil), à un endroit précis où l’on peut péné- trer dans l’œil sans danger pour les structures oculaires. – Après l’injection : une instillation de collyre antibiotique est réalisée. ✓ Évolution postopératoire habituelle – L’œil traité reste indolore dans la très grande majorité des cas. – Selon le produit injecté, il peut arriver de voir quelques taches dans le champ visuel, pendant quelques heures à quelques jours, correspondant à la présence du produit dans le vitré (le gel transparent qui remplit l’œil derrière le cristallin). Les taches se résorbent habituellement en quelques jours ou quelques semaines, mais peuvent persister. – L’efficacité du médicament injecté sera évaluée ultérieurement par votre ophtalmologiste. ✓ Complications Des complications peuvent survenir et être transitoires ou définitives. Elles peuvent nécessiter un traitement médical ou chirurgical. La complication la plus fréquente est sans conséquence. Il s’agit de l’hémorragie sousconjonctivale (le blanc de l’œil devient rouge au niveau de l’injection), qui se résorbe spontanément en quelques jours. Les autres complications sont très rares, et peuvent survenir malgré les précautions rigoureuses prises par le médecin. Exceptionnellement, et comme pour toute chirurgie oculaire, elles peuvent prendre un caractère de gravité pouvant conduire à une perte de la vision, et, dans les cas les plus rares, à la perte de l’œil : – infection qui se manifesterait par une baisse de la vision, des douleurs et une rougeur de l’œil. Si vous perceviez ces symptômes dans les heures ou les jours qui suivent l’injection, contactez immédiatement votre ophtalmologiste ou le centre hospitalier le plus proche pour être pris en charge sans retard ; – élévation de la pression intraoculaire, nécessitant un traitement médical ou chirurgical ; – lésion du cristallin à l’origine d’une cataracte ; – hémorragie intravitréenne ; – décollement de rétine. Votre ophtalmologiste est disposé à répondre à toute question complémentaire que vous souhaiteriez lui poser. Les dispositions réglementaires font obligation au médecin de prouver qu’il a fourni l’information au patient. Aussi vous demandet-on de signer ce document, dont le double est conservé par votre médecin. Je soussigné ................................................................................................. reconnais que la nature de l’injection, ses bénéfices ainsi que ses risques m’ont été expliqués en termes que j’ai compris, et qu’il a été répondu de façon satisfaisante à toutes les questions que j’ai posées. J’ai disposé d’un délai de réflexion suffisant et : ❏ donne mon accord pour la réalisation de l’acte qui m’est proposé. ❏ ne donne pas mon accord Date et signature 32 Images en Ophtalmologie • Vol. II • n° 1 • janvier-février-mars 2008 IO-NN1-0108.indd 32 19/03/08 11:15:12 Coup d’œil Littérature est préférable qu’il soit accompagné. Des conseils pour réduire le risque infectieux doivent être donnés, comme celui de ne pas porter de lentilles la semaine précédant l’injection, de ne pas se maquiller, de prendre une douche et de se laver les cheveux avant l’intervention. • Le patient : il porte masque, charlotte, blouse à usage unique, surchaussures ; il doit être installé confortablement en décubitus dorsal. • L’opérateur : il est expérimenté, porte charlotte, masque, surchaussures, blouse à usage unique ; il procède à une dés­infection chirurgicale des mains (solution hydro-alcoolisée) et s’équipe de gants stériles. • Le matériel : sa traçabilité est assurée, il est à usage unique, sa préparation doit être stérile et réalisée sur la table avec asepsie, champ stérile, compas, pince à griffe, blépharostat, coton-tige, compresses stériles, cupules. La seringue du médicament est stérile, possédant une aiguille de 27 ou 30 gauges. • Le geste : il s’effectue sous anesthésie locale, après désinfection à la povidone iodée ophtalmologique périorbitaire, des paupières, des cils, du cul-de-sac oculaire et du site d’injection. Il n’y a pas de massage oculaire. L’injection se fait (un seul œil à la fois) entre 3,5 et 4 mm du limbe, en décalant la conjonctive du point d’entrée scléral, perpendiculairement à l’entrée puis en direction du centre du globe. Le retrait doit être lent ; s’ensuit l’application d’un coton-tige quelques secondes pour diminuer le reflux. • Une antibiothérapie locale postinjection immédiate et les 3 jours suivants est recommandée. En revanche, en ce qui concerne les précautions à observer avant l’injection, seul un antiseptique local les 3 jours précédant le geste est recommandé. Les antibiotiques préopératoires diminuant les bactéries de la flore conjonctivale (retrouvées dans les endophtalmies) sont fréquemment prescrits, mais ils restent controversés. L’association de povidone iodée à un antibiotique local permettrait une stérilisation locale de 83 %, contre 40 % pour la povidone iodée seule et 31 % pour l’antibothérapie seule (30). • La surveillance postinjection est immédiate et consiste à vérifier la présence d’une perception lumineuse. Il existe en effet un risque rare mais grave d’occlusion de l’artère centrale de la rétine par hyperpression locale nécessitant une ponction de la chambre antérieure si elle persiste quelques minutes. Par ailleurs, une surveillance générale immédiate est requise pour éliminer une réaction anaphylactique au produit injecté. Une surveillance ophtalmologique à une semaine (acuité visuelle, tension oculaire et fond d’œil pour éliminer les complications) et à 4 semaines (pour évaluer l’effet thérapeutique) est nécessaire. Dans les suites précoces du geste, un contact téléphonique avec le patient peut suffire si ce dernier est prévenu des signes d’alarme des complications. Le respect des bonnes pratiques encadrant la procédure d’injection et la prescription médicamenteuse diminue la fréquence des complications survenant dans les suites d’une injection intravitréenne. II Références bibliographiques 1. Jonas JB, Spandau UH, Rensch F, von Baltz S, Schlichtenbrede F. Infectious and noninfectious endophthalmitis after intravitreal bevacizumab. J Ocul Pharmacol Ther 2007;23(3):240-2. 2. Jager RD, Aiello LP, Patel SC, Cunningham ET Jr. Risks of intravitreous injection: a comprehensive review. Retina 2004;24(5):676-98. 3. Baath J, Ells AL, Crichton A, Kherani A, Williams RG. Safety profile of intravitreal triamcinolone acetonide. J Ocul Pharmacol Ther 2007;23(3):304-10. 4. Sandvig KU, Dannevig L. Postoperative endophthalmitis: establishment and results of a national registry. J Cataract Refract Surg 2003;29(7):1273-80. 5. Gragoudas ES, Adamis AP, Cunningham ET Jr, Feinsod M, Guyer DR; VEGF Inhibition Study in Ocular Neovascularization Clinical Trial Group. Pegaptanib for neovascular age-related macular degeneration. N Engl J Med 2004;351(27):2805-16. 6. Scott IU, Flynn HW Jr. Reducing the risk of endophthalmitis following intravitreal injections. Retina 2007;27(1):10-2. 7. Moshfeghi DM, Kaiser PK, Scott IU et al. Acute endophthalmitis following intravitreal triamcinolone acetonide injection. Am J Ophthalmol 2003;136(5):791-6. 8. Ta CN. Minimizing the risk of endophthalmitis following intravitreous injections. Retina 2004;24(5):699-705. 9. Speaker MG, Menikoff JA. Prophylaxis of endophthalmitis with topical povidone-iodine. Ophthalmology 1991;98(12):1769-75. 10. Roth DB, Chieh J, Spirn MJ, Green SN, Yarian DL, Chaudhry NA. Noninfectious endophthalmitis associated with intravitreal triamcinolone injection. Arch Ophthalmol 2003;121(9):1279-82. 11. Sutter FK, Gillies MC. Pseudo-endophthalmitis after intravitreal injection of triamcinolone. Br J Ophthalmol 2003;87(8):972-4. 12. Nelson ML, Tennant MT, Sivalingam A, Regillo CD, Belmont JB, Martidis A. Infectious and presumed noninfectious endophthalmitis after intravitreal triamcinolone acetonide injection. Retina 2003;23(5):686-91. 13. Furukawa M, Kumagai K, Ogino N, Okinami S, Uemura A, Larson E. Cytomegalovirus retinitis after intravitreous triamcinolone treatment of a vitrectomized eye in an immunocompetent patient. Retinal Cases and Brief Reports 2007. 14. Hsu J, Chen E, Vander JF. Cytomegalovirus retinitis after treatment with intravitreal triamcinolone acetonide in an immunocompetent patient. Retinal Cases and Brief Reports 2007. 15. Saidel MA, Berreen J, Margolis TP. Cytomegalovirus retinitis after intravitreous triamcinolone in an immunocompetent patient. Am J Ophthalmol 2005;140(6):1141-3. 16. Sisk RA, Hutchins RK. Necrotizing herpetic retinopathy after intravitreal triamcinolone acetonide injection. Retinal Cases and Brief Reports 2007. 17. Hattenbach LO, Klais C, Koch FH, Gumbel HO. Intravitreous injection of tissue plasminogen activator and gas in the treatment of submacular hemorrhage under various conditions. Ophthalmology 2001;108(8):1485-92. 18. Lahey JM, Fong DS, Kearney J. Intravitreal tissue plasminogen activator for acute central retinal vein occlusion. Ophthalmic Surg Lasers 1999;30(6):427-34. 19. Fung AE, Rosenfeld PJ, Reichel E. The International Intravitreal Bevacizumab Safety Survey: using the internet to assess drug safety worldwide. Br J Ophthalmol 2006;90(11):1344-9. 20. Demols P. Intravitreal injections of corticoids. Bull Soc Belge Ophthalmol 2007;(304):117-23. 21. Rhee DJ, Peck RE, Belmont J et al. Intraocular pressure alterations following intravitreal triamcinolone acetonide. Br J Ophthalmol 2006;90(8):999-1003. 22. Bakri SJ, Beer PM. The effect of intravitreal triamcinolone acetonide on intraocular pressure. Ophthalmic Surg Lasers Imaging 2003;34(5):386-90. Images en Ophtalmologie • Vol. II • n° 1 • janvier-février-mars 2008 IO-NN1-0108.indd 33 33 19/03/08 11:15:12 Coup d’œil Littérature 23. Jonas JB, Kreissig I, Degenring R. Intraocular pressure after intravitreal injection of triamcinolone acetonide. Br J Ophthalmol 2003;87(1):24-7. 24. Danis RP, Ciulla TA, Pratt LM, Anliker W. Intravitreal triamcinolone acetonide in exudative age-related macular degeneration. Retina 2000;20(3):244-50. 25. Jonas JB, Kreissig I, Hugger P, Sauder G, Panda-Jonas S, Degenring R. Intravitreal triamcinolone acetonide for exudative age-related macular degeneration. Br J Ophthalmol 2003;87(4):462-8. 26. Gillies MC, Simpson JM, Luo W et al. A randomized clinical trial of a single dose of intravitreal triamcinolone acetonide for neovascular age-related macular degeneration: one-year results. Arch Ophthalmol 2003;121(5):667-73. 27. Eyetech Study Group. Anti-vascular endothelial growth factor therapy for subfoveal choroidal neovascularization secondary to age-related macular degeneration: phase II study results. Ophthalmology 2003;110(5):979-86. 28. Wong T, Liew G, Mitchell P. Clinical update: new treatments for agerelated macular degeneration. Lancet 2007;370:204-6. 29. Olsen TW. Treatment of exudative age-related macular degeneration: many factors to consider. Am J Ophthalmol 2007;144(2):281-3. 30. Isenberg SJ, Apt L, Yoshimori R, Khwarg S. Chemical preparation of the eye in ophthalmic surgery. IV. Comparison of povidone-iodine on the conjunctiva with a prophylactic antibiotic. Arch Ophthalmol 1985;103(9):1340-2. Nouvelles de l’industrie pharmaceutique Communiqués publicitaires des conférences de presse, symposiums, manifestations organisés par l’industrie pharmaceutique Lumigan® Le glaucome est la deuxième cause de cécité dans le monde. Les résultats d’une nouvelle étude en double aveugle randomisée comparative publiés dans Ophthalmology (1) montrent que Lumigan ® (bimatoprost, laboratoires Allergan) est aussi efficace qu’une association fixe de latanoprost et de timolol (LTFC) pour faire baisser la pression intraoculaire, facteur de risque majeur du glaucome. Les patients recrutés pour l’étude avaient un glaucome ou une hypertension oculaire. Ils étaient traités depuis au moins trois mois par une association non fixe de latanoprost et de timolol ou en monothérapie par un des deux produits et n’étaient pas complètement www.edimark.fr www.edimark.fr contrôlés. Les patients en monothérapie ont ensuite suivi une phase de 6 semaines avec l’association non fixe des deux avant de mesurer la pression intraoculaire initiale pour l’inclusion. Puis ils ont été évalués après 12 semaines de traitement avec Lumigan® comparativement à des patients traités avec LTFC. Les résultats de cette étude de noninfériorité ont montré l’absence de différence significative entre les deux groupes. Il apparaît ainsi que Lumigan® est une thérapie efficace pour maintenir la pression intraoculaire à un niveau contrôlé sur une période de 24 heures chez les patients préalablement traités avec une association non fixe de latanoprost et de timolol. Lumigan® peut donc être une alternative efficace à une thérapie double avec une association fixe ou non fixe de latanoprost et de timolol. Il réduit la pression intraoculaire en augmentant l’écoulement de l’humeur aqueuse par le trabéculum et en améliorant l’écoulement scléral. Les recommandations de l’European Glaucoma Society publiées en 2003 avaient déjà indiqué que le bimatoprost semblait être un agent efficace et bien toléré pour la réduction de la pression intraoculaire chez les patients atteints d’un glaucome à angle ouvert primaire et d’une hypertension oculaire. MP 1. Rossetti L, Karabatsas CH, Topouzis F. Comparison of the effects of bimatoprost and a fixed combination of latanoprost and timolol on circadian intraocular pressure. Ophthalmology 2007;114(12):2244-51. Retrouvez Images en Ophtalmologie en accès libre sur notre site Internet Pour consulter gratuitement les articles du numéro 1 de la revue : 1. entrer le code IMG-OPH-1 dans “n° d’abonné” sur la page d’accueil du site ; 2 1 2. cliquer sur Publications > Images > En ophtalmologie. En ligne : articles et vidéos en version intégrale. 34 Images en Ophtalmologie • Vol. II • n° 1 • janvier-février-mars 2008 IO-NN1-0108.indd 34 19/03/08 11:15:13