Laissez-vous conter, le grand ensemble Dufau

publicité
Villes et Pays d’Art et d’Histoire
laissez-vous
conter
le grand ensemble
Dufau -Tourasse
à Pau
Le Corbusier
L'architecture est le jeu savant, correct
et magnifique des formes assemblées dans la lumière.
Puissent nos bétons si rudes révéler que, sous eux,
nos sensibilités sont fines…
Le quartier Dufau-Tourasse est le premier et le plus grand
ensemble construit dans la ville de Pau pendant les années
soixante. L'enjeu est de répondre à une demande croissante de
logements et à l'arrivée en ville de nouvelles populations,
conséquence de mutations socio-économiques majeures. Le
ministère de la Construction désigne comme chef du projet
l'architecte André Remondet, primé et expérimenté, qui a déjà
eu à répondre à ces nouvelles interrogations urbaines. Le
programme est mis au point en 1960 et sa réalisation dure une
dizaine d'années. Cet ensemble compose encore le paysage
urbain d'aujourd'hui…
1ère de couverture : vue aérienne de l'ensemble, fin des
années 1960 & une façade des résidences Carlitos
Vue aérienne de
l'ensemble aujourd'hui
HLM Les chênes, vers 1970
Construction de l'église Saint-Pierre
HLM le Manoir
Un programme
qui répond à l'urgence
de la construction
en février 1970
École primaire Jean Sarrailh,
Les cheminées
vers 1970
de l'école aujourd'hui
L'industrialisation du secteur du
logement social. Et quoique
bâtiment va soutenir la cadence
controversée, les formes et
de construction au « temps des
l'esthétique de cette époque
telle est l'injonction du temps
chemins de grues», tant elles
témoignent de l'optimisme et
de la confiance en un avenir
Après la Seconde Guerre
de l'Insee dévoile ainsi que 90%
Un gigantesque élan va
L'époque est de plus caractérisée
Mondiale, la France est délabrée,
des logements ne comportent
alors être impulsé par l'État
par des mutations successives
confrontant les « sinistrés de la
ni douche, ni baignoire. C'est
Providence qui comprend
qui transforment durablement
Construire vite et beaucoup :
guerre» à des situations du
exactement le cas à Pau, où
rapidement la nécessité d'allier
la société française : la fin de
quotidien éprouvantes de
« les mal logés de la paix» sont
l'effort de reconstruction à une
l'Empire colonial, la création
qui voit les grands ensembles
étaient nombreuses à s'élever
précarité. Sans nier l'impact des
finalement bien plus nombreux
dynamique de constructions
de l'Union européenne ou encore
s'imposer comme l'emblème du
dans le ciel des villes françaises.
à inventer : la conception du
combats, il faut néanmoins
que les sinistrés de la guerre, qui
neuves dans tout le pays. Dans
l'accélération de l'exode rural
progrès et la solution à la crise
La marque la plus significative
secteur Dufau-Tourasse par
admettre que ces destructions
n'a que peu impacté les villes du
l'immédiat après-guerre, la
et l'explosion démographique
dans les années 1960. Leur
dans le domaine de l'architec-
l'architecte Rémondet s'inscrit
dans cette modernité.
n'ont fait qu'aggraver une crise
Béarn. Ainsi, au début des
France entre dans l'ère de la
sont autant d'éléments qui
conception incarne aussi un
ture est en effet le recours
du logement structurelle,
années 1950, la destruction des
planification économique et
contribuent à l'évolution des
accès généralisé au confort :
systématique à la préfabrication :
installée depuis le début du XXe
îlots insalubres menaçant ruine
urbaine. Une croissance sans
mentalités. Ce virage décisif
chauffage, cuisine équipée, salle
elle autorise alors les réalisations
Nous vous invitons à travers la
siècle. La vétusté du parc de
du Hédas, nécessitant la
précédent marque cette période
d'une France qui se veut
de bain… Autant d'éléments
spectaculaires tout en permet-
lecture de ce Laissez-vous conter
à porter un nouveau regard sur
logement français est préoccu-
construction d'une cité de transit
dite des Trente Glorieuses, soute-
moderne se traduit dans
du confort moderne dont peut
tant de réduire au maximum les
pante, caractérisée par une
avenue des Lilas pour reloger
nue par l'aide américaine
l'urbanisme et l'architecture
bénéficier désormais le plus
coûts de construction. L'immeu-
cette architecture novatrice en
absence notable de confort
décemment les habitants, est
débloquée dans le cadre du Plan
pour répondre à la demande
grand nombre !
ble-barre et la tour sont les
son temps, le seul exemple de
généralisée : en 1956, une étude
emblématique de l'urgence de
Marshall (1948 – 1952).
croissante de logements et
modèles architecturaux qui
grand ensemble à Pau.
d'équipements.
caractérisent cet âge d'or du
la lutte contre la taudification…
Villa des Chênes
La villa Henriette au milieu
Villa Noulibos
de l'ensemble
(actuel tribunal administratif )
André Remondet
Coulée verte et avenue Dufau
L'origine du projet
À Pau, dans les années 1950, la
De nos jours, les grands
crise du logement se fait
ensembles sont souvent assimilés
d'autant plus ressentir que la
1960, deux projets majeurs
à un urbanisme brutal, fait de
région attire une main d'œuvre
marquent le développement
lignes et de béton, marquant
nombreuse, spécifiquement
urbain : celui de la cité Ousse-
massivement les paysages de nos
depuis la découverte
des-Bois (860 logements pour 5
Un premier avant-projet est
masse de l'opération
dressé par l'architecte Jean
d'urbanisme projetée à Pau.
facilitée, la ville de Pau achète
Maneval, qui sera par ailleurs un
Architecte en chef des bâtiments
34 parcelles dont de grandes
des architectes de la construction
civils et palais nationaux, prix
propriétés présentes au nord de
de la ville nouvelle de Mourenx
de Rome en 1936, il est alors un
À proximité, il a réalisé le lycée
climatique d'Argelès-Gazost en
villes contemporaines. Pourtant,
d'importants gisements de gaz à
000 habitants) et le grand
l'avenue Alsace-Lorraine : les
en 1956. Cet avant-projet est
architecte d'expérience dans
aussi décriés que soient ces
Lacq et alentour.
ensemble Dufau-Tourasse.
deux plus importantes sont les
probablement abandonné à
l'industrialisation du bâtiment et
1955, bâtiment inscrit au titre
Afin de permettre la réalisation
domaines de la villa « Le
cause de l'instauration
la préfabrication en béton,
des monuments historiques en
de ce dernier, une série de
Manoir» (appelé Stuart dans un
des « Zones à urbaniser en
caractéristiques du « temps des
2008. Il est également l'auteur
de l'ambassade de France à
héritages de la seconde moitié
du XXe siècle, il est nécessaire
Si Pau a pris à l'époque
d'en comprendre les fondements,
un retard certain en termes
mesures foncières et financières
plan de 1874 et West-Cottage
priorité», ou ZUP, procédure
chemins de grues». Il a par
les raisons de leur mise en
de constructions neuves par
est alors mise en place grâce à la
dans des plans de 1884 et 1893)
administrative d'urbanisme
exemple travaillé entre 1953 et
Washington en 1982. André
œuvre, mais aussi les attentes de
rapport au formidable essor
loi Courant de 1953, visant à
et de la villa « Les Chênes»
mise au point par l'État en
1954 en collaboration avec
Rémondet sera le chef
progrès et de confort auxquelles
démographique que connaît
lutter contre la pénurie de
(appelée aussi Sers, dans un plan
1958, toujours pour favoriser
l'architecte Denis Honegger
d'orchestre de l'aménagement
du secteur Dufau-Tourasse.
ils répondaient dans un contexte
la ville, elle va cependant
logements à loyer modéré en
la construction de logements.
pour la construction
historique de crise du logement
progressivement mettre en
promouvant la construction.
Le Ministère de la Construction
d'immeubles de logements
aigüe, pour leur donner tout leur
œuvre un projet global de
Dans ce cadre d'une politique
nomme en juillet 1958 André
sociaux à Pantin dans l'actuelle
sens dans nos villes
planification urbaine afin
d'acquisition grandement
Remondet (1908 – 1998) pour
Seine-Saint-Denis.
d'aujourd'hui.
de répondre à la demande
croissante. Au début des années
de 1874).
la mise au point du plan de
Extension réseau d'égout avenue
Villa le Manoir
Vue aérienne du territoire
Les limites de la ville
repoussées vers le nord
Plan de Pau, 1874
Page suivante : plan de masse du projet
Dufau y boulevard Tourasse , 1952
Au début des années 1950,
de « La Coudères», aujourd’hui
déjà une grande voie de
la limite nord de la ville était
rue Honoré-Baradat. Le chemin
développement de la ville jusqu'à
le boulevard d'Alsace-Lorraine.
Tourasse est devenu le boulevard
la forêt de Bastard. Dans une
Au-delà, les parcelles étaient
Tourasse et Jean Sarrailh,
proposition d'extension de 1947,
encore destinées principalement
anciennement domaine de
cette idée est conservée : ces
à l'exploitation agricole, alors
nombreux maraîchers qui
plans envisagent les possibilités
liées au bourg par la rue des
approvisionnaient la ville.
d'expansion de la ville vers le
Cultivateurs, l'actuelle rue
nord.
Carnot. Quelques exceptions
L’ensemble Dufau-Tourasse
émaillent ce territoire : des villas
s’inscrit dans cette périphérie du
Cette grande voie en
caractérisées par leurs grands
centre historique de la ville de
prolongation de la rue Carnot
parcs arborés, vestiges de grands
Pau, suivant un axe de croissance
n'est donc pas une idée nouvelle,
domaines du XIXe siècle, et la
urbaine vers le Nord. Cette
mais c'est réellement avec le
zone pavillonnaire du quartier
dynamique est caractéristique de
projet « Dufau-Tourasse» en
Saint-Joseph, située plus à
la seconde moitié du XXe siècle,
1960 que cette croissance prend
l'ouest.
mais avait déjà été évoquée dès
corps, en confortant l'avenue
le début du siècle. Ainsi, le plan
Dufau présente sur le territoire
Hérité de ce parcellaire,
d'aménagement,
dès le XIXe siècle. De fait,
le tissu urbain reprend
d'embellissement et d'extension
l'ensemble s’organise dans la
l’aligné du ruisseau et chemin
de la ville de Pau de 1928,
continuité d'un tracé qui esquisse
« La Herrère», actuelle avenue
dessiné par l'urbaniste Léon
la transition d'un paysage rural
Saragosse et celui du ruisseau
Jaussely, jamais réalisé, prévoyait
vers un paysage urbain.
Nord
Les 2241 logements sont répartis dans des
— 11 Barres rectilignes de 4 étages + RDC
Équipements : un secteur commercial,
immeubles de 15 et 5 niveaux :
— 5 Barres zigzag de 4 étages + RDC
administratif, culturelle, cultuel et scolaire.
— 1 Tour (+ de 15 niveaux) au nord du projet
— 9 Barres de 14 étages + RDC : Ordonnés
La tour de 20 niveaux initialement prévue
en 3 groupes de 3
n'a pas été réalisée.
Page précédente :
Construction du Centre social
Résidence Camors et Cité
Équipements prévus le long
isométrie du projet
La Pépinière, 1972 – 1973
des fonctionnaires, vers 1970
du boulevard Tourasse, 1966
Un programme ambitieux
de logements collectifs
et d'équipements publics
Vue aérienne de l'ensemble, 1966
Le programme du grand
Le schéma s’organise à partir
ensemble Dufau-Tourasse est
d’un axe principal nord – sud en
le type de la barre, déjà
des barres parallèles à celui-ci et
ambitieux et correspond à un
continuité de la dynamique
expérimenté pour les grands
souligne le périmètre de la zone
plan global d'urbanisme
d’expansion de la ville. Il
ensembles de Nancy par
avec trois groupes de barres de
s'étalant sur 35 hectares,
projette une parallèle à l'avenue
exemple (Haut-du-Lièvre, par
quinze niveaux aux trois points
comprenant plus de deux mille
Dufau : entre ces deux artères
l'architecte Zehrfuss). Il combine
cardinaux : sud, est et ouest et
logements collectifs et un certain
qui vont assurer la distribution
ces barres alignées avec d'autres
une tour de vingt niveaux au
nombre d'équipements publics
du quartier, il propose un
en zigzag pour créer des lieux
point le plus septentrional de
(un groupe scolaire pour 1 000
terre-plein boisé qu’il appelle
séparés plus « intimes», pensés
l'ensemble.
élèves, un centre cultuel, un
« coulée de verdure».
pour la vie collective. Ces
Il renforce l'axe principal par
espaces propres à chaque
Ce projet dessine un paysage
Ainsi, la présence d'espaces verts
bâtiment rompent la monotonie
de la modernité dans les formes
appartenant à d'anciennes villas
du grand ensemble, favorisant
architecturales qu'il propose,
Remondet, dans son projet,
compose sûrement pour
ainsi les rencontres et composant
comme dans les changements
doit alors composer avec les
Remondet un cadre idéal pour
des lieux de détente pour les
de modes de vie qu'il traduit.
diverses variables qui
construire des logements, si on
habitants. Une zone
La prégnance des voies de
caractérisent le lieu : un terrain
tient compte de la préoccupation
d'équipements public est
communication donne toute sa
pratiquement plat, de forme
des architectes de l'époque
planifiée sur l'emplacement de
place à la voiture qui à l'époque
irrégulière, une voie nord – sud
d’inscrire leurs constructions
l'ancienne pépinière de la ville.
envahit progressivement les
qui le traverse – l'avenue
dans un cadre vert et arboré.
villes, emmenant avec elle une
Dufau – et la présence de parcs
Il utilise alors principalement
certaine idée du progrès.
centre culturel et un centre
commercial).
à l’anglaise.
L'église Saint-Pierre en
Panneau du chantier
Début du chantier de l'église,
construction, décembre 1969
École Jean Sarrailh
en deuxième plan l'école
Du plan au chantier
L'implantation des nouvelles
La construction du grand
constructions des secteurs A et B
Dans le même temps, le groupe
ensemble commence aux
a principalement entraîné la
scolaire Jean-Sarrailh est réalisé
menée comme prévue, faute de
alentours de 1961 – 1962. La
entre différents cabinets
Le premier groupe d'immeubles
disparition de deux villas,
suivant les plans de 1963 des
financement, ici comme ailleurs
SEMAUPAU (société d'économie
d'architecture de la région,
est édifié à partir de 1961 dans
« Les Chênes» et « Le Manoir».
architectes André Remondet et
en France. Ce défaut
mixte pour l'aménagement
qui dessinent plusieurs barres,
les secteurs E, F et G,
Pour conserver la mémoire des
Romain Delahalle. Entre 1969 et
d'équipements publics est
Postérieurement malgré tout, le
urbain de la ville de Pau) était
respectant le plan d'ensemble.
caractérisés par les bâtiments de
lieux, le nom de ces villas a
1970, l'église Saint-Pierre,
aujourd'hui souvent pointé du
centre social de la Pépinière voit
chargée de préparer le terrain
Robert Debroise, René Roux-
quatorze étages (Résidences
été légué aux bâtiments que
également dessinée par André
doigt comme étant une des
le jour au milieu des années
aux futures réalisations.
Dufort et Henri La Fonta
Carlitos) et la grande barre en
nous connaissons encore
Remondet, est à son tour érigée.
causes du mauvais
1970, complété par une crèche,
L'édification des différents
dessinent « Lyautey I – III»
zigzag de cinq niveaux
d'aujourd'hui. Ainsi, l'immeuble
fonctionnement de ces grands
un petit centre commercial et
bâtiments est à la charge
et « Lyautey II» . Le cabinet
(Résidence Camors). Les quatre
« Le Manoir» inaugure la
D'autres équipements publics
ensembles.
une poste dans les années 1980,
principalement de l'office public
Lesgourgues projette les
autres édifices, alignés nord –
construction du secteur A en
étaient prévus comme un centre
de l'habitat à loyer modéré
résidences « Des Chênes I»
sud dans le plan-masse de 1960,
1963. Un an plus tard, les
culturel, avec un « théâtre
Au final, la grande tour
d'une conception globale pour
(HLM) et de sociétés de
et « Dufau I». Les architectes
ont été réalisées en « L»
travaux du secteur B débutent
d'essai» de 300 places, un
initialement prévue au nord est
les intégrer au quartier.
construction privées. Si
Crouzat, Anninos et Noutary
(Résidences les Cèdres et les
par la première tranche de
cinéma, une bibliothèque
remplacée par la Maison de
Remondet a dessiné le plan-
ont quant à eux la charge de
Tilleuls) ; le dernier a été doublé
« Lyautey I – III», suivie de
municipale, une salle
l'agriculture, et les bâtiments du
masse et dressé les grandes
la conception de l'immeuble
(Résidence Bernés-Cambot).
l'attribution des permis de
d'exposition, des salles de
secteur C par la création d'une
lignes du projet, il est fait appel
« Les Chênes».
construire en décembre 1964
réunion et un foyer-bar, ainsi
cité administrative, conçue pour
des résidences « Dufau I»,
qu'un centre commercial et
être un nouveau centre de la
réalisation des bâtiments. Leur
« Les Chênes», « Des Chênes I»
administratif, jamais réalisé.
ville.
élaboration est ainsi répartie
et « Lyautey II». Vers 1968, ces
Leur construction n'a pas été
à d'autres architectes pour la
constructions sont achevées.
sans néanmoins faire l'objet
L'avenue Lyautey et la coulée verte
Orme de Sibérie Cèdre de l'Himalaya
Hêtre commun pleureur
Les espaces verts
Pin Parasol
(n°7 sur le plan)
(n°4 sur le plan)
(n°16 sur le plan)
à l’intérieur de l'îlot
(n°10 sur le plan)
Le paysage
urbain en héritage
de la modernité
Les îlots A et B, qui ont respecté
Le grand ensemble Dufau-
les dispositions paysagères et
alternant plein et vide
Tourasse est surtout caractérisé
architecturales du plan de masse
de manière harmonieuse,
par une ambiance urbaine
projeté en 1960 par André
tout comme la hauteur des
particulière, née de l'équilibre
Remondet, ont été intégrés
immeubles, pensée en fonction
a – L'axe principal nord – sud.
c – Les espaces semi-publics.
À l'heure actuelle, ils font l'objet
subtil entre espaces bâtis et
à la Zone de protection du
de leur emplacement, sont
Voie monumentale d’accès nord
Les barres en zigzag permettent
Ce patrimoine paysager est entre
d'un plan de gestion : leur
zones libres : il témoigne avec
patrimoine architectural urbain
identifiés comme composantes
de la ville. C'est un espace boisé,
le développement d'espaces
autres caractérisé par la présence
implantation au cœur d'espaces
force d'une conception de la
et paysager de Pau (ZPPAUP)
essentielles d'un patrimoine du
où subsistent différentes essences
séparés, ménageant un cadre
d'arbres remarquables, car rares
de vie, comme leur état
modernité qui a su composer
en 2007 dans le secteur des
XXe siècle qui mérite qu'on lui
d'arbres, hérités des anciens
intime propre à chaque
et/ou anciens, répertoriés par le
phytosanitaire parfois dégradé
avec l'héritage des parcs des
« collectifs jardins» du plan de
porte une attention particulière.
parcs de grandes villas.
bâtiment. Les espaces boisés
service des espaces verts de la
sont des éléments majeurs qui
villas pour valoriser le génie
protection. Dans le rapport de
C'est donc à la conjonction de
entre les bâtiments constituent
ville. Leur verticalité imposante
déterminent aujourd'hui les
du lieu.
la ZPPAUP, ils sont considérés
ces deux facteurs que se trouve
quasiment des espaces « secrets».
rompt avec l'horizontalité des
modalités d'intervention, de
comme éléments à protéger,
la justification de sa protection à
bâtiments, comme l’Orme de
l'élagage à l'abattage si l'arbre
Le patrimoine arboré du
du fait de leur qualité et
l'origine.
Sibérie, le Noyer de Caucase et
représente un trop grand danger
quartier s'impose comme le
authenticité. Les espaces boisés
le groupe des trois Cèdres de
dans l'espace public.
témoin des jardins à l'anglaise
du cours Lyautey et du grand
L'espace est organisé par
des anciennes villas, mémoire
ensemble sont désignés comme
l'alternance de différents motifs
b – L'axe secondaire est – ouest.
d – Les espaces communs à
d'un autre temps réadaptée ou
remarquables pour leur valeur
qui composent et structurent le
Voie de desserte des îlots. Elle
l’intérieur de l'îlot. En intérieur
réinventée.
patrimoniale, héritage du XIXe
paysage urbain actuel.
est caractérisée par la présence
d'îlot se trouvent regroupés
de mails d'arbres alignés.
quelques équipements
siècle. En revanche, le traitement
communs à l'ensemble, comme
des terrains de jeux.
l’Himalaya, diverses essences qui
animent l’espace (voir carte).
Intérieur de l'église
Volets en bois d'origine
La pépinière de nos jours
Jeux dans les espaces collectifs
Si certains aspects de la
construction semblent dépassés,
L'ère de la modernité
xxxxxxxxxxxxx
à l’intérieur de l'îlot
cette réalisation reste à bien
Pépinière) invite à se passer de
des égards un témoin de la
la voiture au sein d'un quartier
modernité et trouve un écho
qui devient lieu de vie.
dans de nombreuses villes de
France qui, à l'heure des Trente
La fin des années 1960 et le
Glorieuses, durent répondre à la
début des années 1970 signent
même explosion démographique
pourtant le terme des grands
et demande de logements.
ensembles. Leur construction est
Aujourd'hui, les espaces
interdite par la « circulaire
semi-privatifs proposent une
Guichard» du 21 mars 1973, qui
alternative entre le collectif et
vient limiter notamment la taille
l'intime à l'heure où se pose la
des logements collectifs et
question de la densification de
encourager la mixité sociale :
la ville avec acuité. De même,
c'est le triomphe du modèle
l'intégration des commerces et
pavillonnaire dans les années
des équipements culturels de
1980.
proximité (l'école Jean Sarrailh
et le centre social de la
L'architecture des
grands ensembles : une
problématique d'actualité
Saint-Pierre
Le cas du secteur DufauTourasse illustre une question
Cette architecture du XXe siècle
pour n'en protéger qu'une infime
plus générale, celle de la place de
fait depuis peu l'objet
portion, la réflexion sur l'AVAP
l'architecture du XXe siècle au
d'attentions particulières, parfois
questionne l'opportunité de ce
notamment avec les quartiers
sein du projet urbain. Au-delà
paradoxales, entre la tentation
zonage.
voisins de l'Université et du
du critère esthétique pur, elle
de la destruction et celle de la
témoigne d'un moment
protection au titre du nouveau
Conformément à la logique
architecture revient à penser la
particulier de l'histoire urbaine
label « Patrimoine du XXe
d'ensemble qui avait présidé à
conservation et la valorisation
où il était nécessaire d'agir vite
siècle», à l'image des barres
leur émergence, c'est une
de ses atouts urbains et
et massivement pour proposer
Breuer à Bayonne.Elle interroge
approche globale qui doit guider
paysagers, mais aussi d'envisager
des solutions urgentes aux
en somme les différentes voies
les opérations de réhabilitation
de renforcer la liaison avec le
problèmes de logement des
qui s'offrent à nous pour
et de renouvellement urbain.
centre-ville pour créer les
Français. En expliquer le sens
façonner la ville de demain.
Insérer le cas du grand ensemble
conditions d'une urbanité
Dufau-Tourasse dans une
contemporaine.
général permet son inscription
Hameau. S'attacher à cette
conception élargie de « la ville
dans l'histoire de la ville en
Si la mise en place de la ZPPAUP
dépassant les représentations
avait scindé le secteur Dufau-
du XXe siècle» permet ainsi d'en
négatives qu'elle véhicule
Tourasse dans son périmètre de
éclairer les logiques et les
généralement, autorisant la
protection en excluant une
dynamiques, dans ses liens
réconciliation des habitants avec
grand partie de la réalisation
cet héritage.
Allées
ard
Avenue
de
L’Universit
é
ault
Loup
Courte
Coudères
Eugène
Lorca
du
R
t
Garcia
de
Avenue
Aristide
Rue
Fede
ri
Loup
du
Ch.
Les immeubles d'habitat
1 Le Manoir
2 Résidence Le Manoir
3 Le Manoir
4 Dufau II
5 Les Chênes
6 Lyautey II
7 Résidence Les Chênes I
8 Résidence Dufau I
9 Lyautey I – III
10 Anglas
11 Arrémoulit
12 Résidence Les Chênes II
13 Résidence Hermès II – III
14 Résidence Hermès
15 Résidencede Fonval
16 Les Cèdres
17 Les Tilleuls
18 Bernès Cambot
19 Carmors
20 Carlitos I
21 Carlitos II
22 Carlitos III
Les arbres remarquables
Feuillus
Résineux
1 Chêne pédonculé fastigié
2 Sequoia toujours vert
3 Laurier d’Apollon
4 Cèdre de l’Himalaya
5 Peuplier noir d’Italie
6 Chêne pyramidal
7 Orme de Sibérie
8 Cèdre de l’Himalaya
9 Tilleul argenté
10 Pin parasol
11 Noyer du Caucase
12 Osmanthe
13 Cèdre de l’Atlas Bleu
14 Chêne pédonculé
15 Groupe de 3 cèdres
de l’Himalaya
16 Hêtre commun pleureur
Les secteurs
sur le plan-masse de 1960
co
Avenue
Verne
Rue
Briand
centre ville
Aven
ue
Pasteur
du
Rue
Rue
La
Honoré
Henri
Paul
Rue
Golda
Rue
8
du
Ernest
Avenue
Baradat
é
Carn
ot
Lecoeu
r
Rue
Borde
u
2
ue
Aven
Carrière
oré
Hon
Villas conservées
a Villa Noulibos (actuel
Rue
tribunal administratif
)
d
Bouud Lt
Cnl
o
b Villa Henrietteube
c Villa Dampier (dite
Baradat
aussi Livingstone)
d Villa Ader / Coligny
e Villa Calixte
Moureu
f Villa Blottière
g Villa Alexandra
Jean
sace
5
Rue
1
2
Anciennes villas démolies
6 Emplacement de la villa
« Le Manoir»
6 Emplacement de la villa
« Les Chênes»
Jules
S iro
3
Castain
g
sse
Dunan
t
ine
Chano
d'Al
1
Rue
Sarago
Rue
5
Henri
actuelle av. Dufau et cours Lyautey
de
du
Guynemer
4
Avenu
e
Rue
i
Boule
vard
t-Maur
f
s
al
Juin
4
Rue
h
Maréch
Ancien chemin vers le bois de Pau
Saragos
se
12
7
3
g
d
11
Avenu
e
Gabard
e
nu
ve
Charle
s
Lorencez
Bremon
A
16
l’Abbé
du
Rue
Rue
Ber
th e
lot
a
de
Ancienne rue des cultivateurs
9
10
6
Rue
Gal
Rue
9
6
Rue
du
b
8
Loup
du
Av.
actuelle rue Carnot
M.
7
Rue
Du
fa
Lya
ute
y
u
des
Lamaignère
Ancien affluent et chemin
de « La Coudères»
Pauline
e
Magn
du
Gaston
actuelle avenue Saragosse
de
9
Co
ur
Sergen
t
Rue
Rue
et
Meir
Séguier
Ancien affluent et chemin
Rue du Marcadau
de « LaRenHerrère»
oir
August
e
actuelle rue Honoré Baradat
Cadier
8
Les traces du passé
Rue
Rue
h
Saint-Josep
10
13
A.
Bernès
Léonard
rr
He
e
Frères
Baron
Constant
14
Avenue
ère
o
T hé
du
Ampère
15
La
d’Isly
1945
1
d
Rue
an
Mai
16
Schum
André
Danub
e
15
17
Robert
Bonnar
d
Rue
Rue
et
2
Cou
rs
Rhin
Wrigh
t
Cambo
t
Lann es
18
Avenue
3
Avenue
Périmètre de protection
de la ZPPAUP
8
Pie rre
c
Avenue
19
14
Rue
4
du
rd
leva
Bo u
10
Rue
R. Fo
llereau
20
r
11
Aven
ue
22
Tourasse
Rue d
u Past.
A Cad
ier
Alfonse
Préside
nt
12
u
Lavoisie
Rue
teur
Rec
Périmètre du plan de masse
Dufau-Tourasse – 1960
6
Lya u
tet
Rue
Boulevard
nval
nie
d’A
Rue C
h. Bo
urseu
des
Kenned
y
Rue
Jean
5
Dufau-Tourasse
aujourd'hui
7
Place de la
Commune
de Paris
Duffa
ailh
Sarr
21
13
Condo
rcet
Avenu
e
Lou is Sall
enave
Campus universitaire
B ér
Frères
Mohédan
du
n
d’Arso
Léo
e
Vignemal
Isards
Rue
s
du
Nord
Ca m o r
Rue
des
Rue
Co
ur
D
Les équipements réalisés dans
le programme Rémondet
1 École Jean Sarrailh – 1966
2 Église Saint-Pierre – 1969
Les équipements réalisés
ultérieurement
3 Crèche la Pépinière
4 Centre social la Pépinière
5 Centre commercial
6 La poste
7 Maison de l’agriculture
8 Archives départementales
s
ro
9 Théâtre
Saragosse
Bu
10 Cité administrative
E
F
C
G
B
A
PLAN
Glossaire
AVAP (ou AMVAP) : « L'Aire de
mise en valeur de l'architecture et
du patrimoine», en droit de
l'urbanisme français, est une
servitude d'utilité publique ayant
pour objet de « promouvoir la
mise en valeur du patrimoine bâti
et des espaces». Les AVAP ont été
instituées par la loi Grenelle II du
12 juillet 2010 en remplacement
des Zones de protection du
patrimoine architectural, urbain
et paysager (ZPPAUP). La
réforme est portée par une
grande ambition : adapter l'outil
patrimonial le plus prisé des
communes aux nouveaux enjeux
environnementaux et urbains.
Architecte en chef des bâtiments
civils et palais nationaux :
l’architecte en chef des bâtiments
civils et palais nationaux était, en
France, un architecte spécialisé
dans la restauration d'un édifice,
d'un ensemble monumental ou
dans la mise en valeur d'un site et
responsable des constructions
d'État. Ce corps d'architectes
disparaît à partir de 1991.
Barre : bâtiment qui se caractérise
par une volumétrie linéaire, elle
représente un type architectural
utilisé principalement dans les
grands ensembles.
Jardin à l'anglaise (ou jardin
anglais) : jJardin paysager qui
simule le pittoresque d’un
paysage naturel varié, typologie
développée au XVIIIe et XIXe
siècle. Le jardin paysager est
l’opposé du jardin régulier (jardin
italien et à la française), qui sont
les deux grands types des jardins
en Occident.
Mail : avenue plantée d'arbres.
Résidences Carlitos
Monument historique : bâtiment
ou objet recevant par arrêté un
statut juridique destiné à le protéger, du fait de son intérêt
historique, artistique et/ou
architectural. Deux niveaux de
protection existent : un
monument peut être classé ou
inscrit comme tel, le classement
étant le plus haut niveau de
protection. La protection
concerne, dans le cas d'immobilier, tout ou partie de l'édifice
extérieur, intérieur et ses abords.
Plan de masse : vue d'ensemble
du projet, incluant les limites de
propriété, les accès et les
structures environnantes si elles
ont un intérêt pour le plan. Il
permet aussi de vérifier qu'un
projet respecte les règles
d'urbanisme.
Prix de Rome : expression utilisée
couramment pour désigner le
Premier grand prix de Rome,
lauréat du concours et de la
bourse d'étude de l'Académie des
Beaux-arts permettant aux jeunes
artistes de se former en Italie,
après la Révolution et jusqu'en
1968.
Temps des chemins de grue :
raccourci désignant la période
d'utilisation du chemin de grue,
qui peut aller de 1950 à nos
jours. Le chemin de grue est un
outil de construction utilisant une
grue montée sur des rails
permettant de construire de
longues et hautes unités de
construction souvent préfabriquées, les barres principalement.
ZPPAUP : « Zone de protection
du patrimoine architectural
urbain et paysager». Servitude
d’utilité publique, instaurée par
4e de couverture : vitrail & détail du béton
banché (coffrage bois), église Saint-Pierre
la loi de décentralisation du 7
janvier 1983. Elle permet
d’assurer une protection du
patrimoine historique,
architectural, urbain et paysager
adaptée à l’espace à protéger. Les
travaux et les débats menés lors
de son élaboration sont
l’occasion d’identifier les
constructions, les espaces publics,
les paysages qui constituent le
patrimoine de la commune. Ils
permettent de déterminer un
périmètre de protection adapté et
d’établir un document qui définit
les objectifs de mise en valeur de
ce patrimoine et les prescriptions
et recommandations architecturales et paysagères qui y
contribuent. Dominique Bidot-Germa (dir.),
Mémoires de Pau. Pau : éditions
Cairn, 2011.
Christine Mengin, « La solution
des grands ensembles». Vingtième
siècle. Revue d'histoire, n°64,
octobre – décembre 1999,
p. 105 – 111.
ZUP : « Zone à urbaniser en
priorité». Les ZUP ont été créées
par le décret N°58-1464 du 31
décembre 1958, afin de
permettre, dans les « communes
ou agglomérations où
l'importance des programmes de
construction de logements rend
nécessaire la création, le
renforcement ou l'extension
d'équipements collectifs», la
planification et le financement de
ces équipements et logements,
afin de programmer et d'encadrer
sur le territoire national le
développement urbain, de
répondre à la carence de
logements face à l'accroissement
démographique et de favoriser la
résorption de l'habitat insalubre.
Coordination
Ville de Pau
Mission de valorisation de
l'architecture et des patrimoines
– Ville d'art et d'histoire
—
Bibliographie
Joseph Abram, L'architecture
moderne en France. Du chaos à
la croissance, 1940 – 1966. Paris :
éditions Picard, 1999.
Ressources iconographiques
et bibliographiques
www.archives.agglo-pau.fr
http://earchives.cg64.fr/
—
Rédaction
Sukey Pagot, architecte
du patrimoine
Photographies
Communauté d’agglomération
Mathieu Thomassin | Marc
Heller | Dominique Guilhamasse
Adrienne Barroche | Sukey Pagot
Images d’archives
Réseau des médiathèques
Archives communautaires
Archives départementales 64
Musée des Beaux-arts
Pau / CDAPP
Conception graphique
LM communiquer
Réalisation
Jean-Marc Saint-Paul
Impression
Imprimerie Ménard
labellisé Imprim’Vert
2013 – Ville de Pau
Ville de Pau
Mission de Valorisation de l’architecture
et des patrimoines — Ville d’art et d’histoire
Pavillon des Arts
1 boulevard des Pyrénées — 64000 Pau
05 59 98 78 23 — [email protected]
Retrouvez la programmation de la Ville d'art et d'histoire
sur http://patrimoines-ville-pau.blogspot.fr
www.pau.fr
À proximité…
Bayonne, Orthez, Oloron bénéficient de l’appellation
Villes ou Pays d’art et d’histoire.
Pau, Ville d’art et d’histoire
destinées à tous et notamment aux scolaires. Installée au Pavillon
La ville de Pau a signé en mars 2012 avec le Ministère de la Culture
des Arts, à proximité du boulevard des Pyrénées, elle dispose
et de la Communication la convention Ville d'art et d'histoire. Le label
d'une galerie d'exposition permanente et libre d'accès.
« Ville d'art et d'histoire» est attribué par le ministre de la Culture et
de la Communication aux territoires, communes ou regroupements
La ville de Pau réalise un inventaire de son patrimoine bâti,
de communes qui, conscients des enjeux que représente l'appropriation
initié en septembre 2010, dans le cadre d'un partenariat avec
de leur architecture et de leur patrimoine par les habitants, s'engagent
le Conseil régional Aquitaine (Service régional du patrimoine et
dans une démarche active de connaissance, de conservation,
de l'inventaire). L'inventaire s'attache à l'étude de l'architecture
de médiation et de soutien à la création, à la qualité architecturale
et du développement urbain palois, conçu comme un outil d'aide
et au cadre de vie.
à la protection des patrimoines et aux projets urbains, ainsi
qu'au développement d'une offre patrimoniale et culturelle
La Mission de valorisation de l'architecture et des patrimoines –
nouvelle à destination de chacun.
Ville d'art et d'histoire a été créée en 2012 pour faire vivre le label
au présent. Elle propose toute l'année des visites et des animations
http://inventaire.aquitaine.fr
Téléchargement