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Marche
Axel Kahn: des populations « en
sécession » qui ne croient plus à
l'avenir
Le généticien Axel Kahn a marché trois mois du nord est ou sud ouest
de notre pays : les gens « sont insensibles aux discours rationnels
que peuvent tenir les politiques »
AxelKahn
Axel Kahn, médecin généticien,
spécialiste de la bio-éthique, ancien
directeur de l'institut Cochin et de
recherche à l'Inserm a été aussi
président de l'université Paris-
Descartes. Il vient de publier
"L'Homme, le Libéralisme et le bien
commun", aux éditions Stock. Un
ouvrage dans lequel il remet à
l'honneur la notion d'intérêt général
et révise le concept de « destruction
créatrice » de Schumpeter. Une
destruction sans doute créatrice au
niveau mondial mais qui détruit
localement le lien social.
Lesfaits Axel Kahn a parcouru la France de la frontière belge à la frontière espagnole. Il en tire des
conclusions alarmistes sur l'état d'esprit qui règne dans les régions françaises, riches ou pauvres,
tentées par le repli sur soi et insensibles à tout discours rationnel.
« J'ai marché 2 000 kilomètres sur les routes de France et j'avoue que
j'ai été déprimé... jusqu'à Figeac, raconte Axel Kahn. Dans le grand Sud
Ouest, j'ai trouvé du dynamisme, un immense patriotisme local,
beaucoup d'allant et de gaîté. » Ailleurs, le généticien qui a parcouru la
France de la frontière belge à la frontière espagnole a surtout croisé
des populations en « sécession ». « Des gens dont le présent s'est
fortement dégradé et qui considèrent que leur futur sera bien pire»,
explique-t-il. Des gens qui pensent que leur avenir ne leur appartient
plus, qu'il se décidait autrefois à Paris et aujourd'hui à Bruxelles. Des
Français qui seraient presque « hors sol », une expression plutôt
réservée jusqu'ici à des élites lointaines. « Même dans la presse locale,
ils ne lisent que ce qui les concerne», s'étonne Axel Kahn. Il se souvient
de ce jour où il pleuvait fort sur le chemin de halage du canal de la Marne au Rhin. Il s'arrête dans un
bistrot dans lequel se trouve L'UniondeReims qui avait fait ses cinq colonnes à la Une sur lui. « Le
patron m'a demandé qui j'étais et où j'allais », dit-il aujourd'hui.
Cette attitude serait-elle le propre des ex-grandes régions industrielles de l'Est ? « Non, on la
retrouve aussi dans des petites cités ou villages prospères, où les gens vivent bien, note Axel Kahn.
Leurs habitants sont insensibles aux discours rationnels que peuvent tenir les politiques.» Ils sont
très peu concernés par l'insécurité ou par une immigration de masse. « Les seuls étrangers que les
viticulteurs champenois voient, ce sont ceux qu'ils font venir pour les vendanges, note celui qui est
parti se reposer sur ses terres familiales de Champagne après ses trois mois de marche. S'il ne sont
pas menacés, ils assistent en revanche à une montée des incivilités.» Et sont persuadés qu'ils sont en
dernière ligne, qu'ils vont voir déferler, en vagues inéluctables, des hordes d'immigrés dans leur
village, alors que l'on n'en recense aucun ! Ils se replient donc sur eux-mêmes. « Un réflexe plus
développé chez des gens qui n'ont pas connu de problèmes graves, mais qui ont une peur panique que