En tant que fonds de retraite, l’ERAFP a une vision à très long terme. Le fonds est convaincu que la
recherche de profits immédiats et élevés nuit au rendement durable et qu’il serait bien imprudent de
croire que l’enjeu crucial du moment, à savoir la transition vers une économie durable, et le retard pris
dans les actions à mener dans ce domaine, n’auraient aucun effet sur ses actifs.
L’ERAFP a rejoint l’IIGCC il y a 3 ans, intimement persuadé que le changement climatique risque de
menacer sa capacité à tenir son engagement de verser des prestations de retraite à ses bénéficiaires.
Les investisseurs à long terme sont de plus en plus nombreux aujourd’hui à prendre conscience du
risque qu’ils détiennent des actifs déjà dévalués dits « épaves » (ou pire encore, qu’ils continuent
d’investir dans des actifs qui ne tarderont pas à devenir obsolètes). En Europe, bon nombre des plus
grands fonds de pension, ainsi que certains gestionnaires financiers, ont adhéré à l’IIGCC, dont les
130 membres gèrent quelque 13 000 milliards d’euros. Le principal enseignement de cette
conférence à NY est que le défi du changement climatique ne pourra être relevé, ni ne saurait l’être,
sans une réflexion approfondie sur la manière dont la poursuite des ODD participera à notre réussite
ou précipitera notre échec. Nous savons aujourd’hui que le changement climatique impacte
majoritairement les plus démunis, étant donné que ces populations sont la plupart du temps les plus
exposées géographiquement aux conséquences du dérèglement climatique et sont dans
l’impossibilité de s’assurer. Il faut également comprendre que la pauvreté ne laisse pas toujours le
choix. Les foyers habitant des zones non desservies par le réseau électrique, sans accès à l’énergie
solaire, sont contraints de cuisiner au feu de bois même si cette pratique accentue la désertification.
Lors d’une allocution, M. Ban Ki Moon, Secrétaire général aux Nations Unies, a rappelé l’importance
de mobiliser les capitaux privés. Tout le monde s’accorde désormais à reconnaître que le vrai défi,
outre la nécessité de maintenir l’afflux d’investissements publics dans les projets des économies
émergentes, est de convertir ces milliards de milliards de fonds, c’est-à-dire de capitaux
institutionnels. Or dans ce domaine, bien des obstacles restent à surmonter.
Le plus manifeste d’entre eux est ce que le Président Obama a qualifié de plus grand échec du
marché de notre temps, à savoir l’absence de prix du carbone. Consommateur, épargnant, parfois
entrepreneur, nous prenons tous des décisions. Pourquoi est-il donc si difficile d’avancer sur ce front ?
La Suède et la Colombie-Britannique confirment que le baromètre « prix » est un puissant moteur de
changement. Le cours du pétrole est bas. Le moment est donc idéal pour taxer les combustibles
fossiles et réinjecter cette recette dans l’économie.
L’incohérence des règlementations est un autre frein. Un des participants rappelait que l’achat
d’obligations souveraines auprès d’un État très endetté n’engendre aucune charge de capital,
l’investissement étant jugé sans risque. A contrario, investir dans un projet d’infrastructures est
considéré comme très risqué, ce qui justifie une charge en capital exorbitante. Comment peut-on
prétendre encourager l’investissement à long terme d’un côté tout en maintenant une règlementation
qui le décourage de l’autre ? Pour les investisseurs à très long terme comme les fonds de retraite, la
volatilité du cours des actifs ne constitue pas une bonne mesure du risque.
Une des conclusions de cette conférence a été que l’innovation jouera un rôle déterminant dans la
transition.
Mme B. Blakrishnan a expliqué comment IFMR Rural Finance joue la carte des solutions innovantes
pour offrir des services financiers aux populations défavorisées potentiellement dans l’Inde tout
entière.
Ashish Gadnis, PDG de BanQu Inc., a développé une plateforme d’identité économique basée sur la
technologie de stockage et de transmission d’informations « blockchain ». Cette solution, sécurisée et
infalsifiable, redéfinit l’inclusion financière en permettant aux personnes en situation d’extrême
pauvreté d’accéder à des opportunités économiques.