Déclaration finale de la Conférence d`Al Azhar contre l`extrémisme

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Déclaration finale de la Conférence d’Al Azhar
contre l’extrémisme et le terrorisme
3-4 décembre 2014
En réponse à l’invitation du grand imam d’Al-Azhar, Son Éminence Ahmed Al Tayyeb,
une grande conférence s’est réunie au Caire, en Égypte, les 3 et 4 décembre 2014. Étaient
présents les responsables des courants de l’islam, des Églises orientales, ainsi que des
savants musulmans et chrétiens du monde entier. Après deux jours de recherche et de
discussions, les participants à la conférence se sont accordés sur une déclaration, appelée
« la déclaration mondiale d’Al-Azhar ». (*)
Premièrement, tous les groupes armés et « milices » confessionnelles qui ont utilisé la
violence et la terreur, se prévalant – à tort – de bannières religieuses, sont des groupes
pécheurs de pensée et de comportement rebelle, et non le vrai islam. Terroriser des innocents,
assassiner des personnes innocentes, toutes ces formes d’agression et de vol, ainsi que la
violation du sacré de la religion, sont des crimes contre l’humanité condamnés par l’islam sur
la forme et le fond.
La division des nations, l’effondrement des pays aboutissent à offrir au monde une image
déformée de l’islam. Ces crimes offensent la religion, qui est une religion de paix et d’unité, et
la religion de la justice et de la charité et de la fraternité humaine.
Deuxièmement, les musulmans et les chrétiens d’Orient sont frères, ils appartiennent à une
même civilisation, aux mêmes nations, ils ont vécu ensemble pendant des siècles et ils sont
déterminés à continuer à vivre ensemble dans un des États souverains, libres et nationaux,
respectant l’égalité et les libertés de tous les citoyens. La multiplicité des religions et des
confessions n’est pas un phénomène nouveau dans notre histoire commune, et cette diversité
restera un témoignage indispensable pour eux et pour le monde.
Les relations entre musulmans avec chrétiens sont historiques, et l’expérience de la vie
commune est fructueuse. En Égypte et dans plusieurs autres pays arabes, nous avons
développé le concept d’une citoyenneté assortie de droits et de devoirs faisant des chrétiens
des citoyens à part entière. Il n’y a pas de contradiction entre chrétiens et musulmans, nous
devons respecter la religion et l’enseignement du Prophète, paix soit sur lui.
Troisièmement : Le déplacement des chrétiens et d’autres groupes religieux et ethniques est
un crime qui doit être condamné. Nous appelons nos peuples chrétiens à rester enracinés
dans leur pays d’origine, jusqu’à ce que soit passée cette vague d’extrémisme, et nous
appelons le monde à exclure la solution de la migration ; l’émigration remplit les objectifs des
forces d’agression et aboutit à la disparition et à la déchirure nos sociétés civiles nationales.
Quatrièmement, certains dirigeants en Occident et intellectuels profitent de cette violation de
la vraie religion pour fournir des stéréotypes inventés sur l’islam. Pour contrer ce phénomène
négatif, la Conférence appelle l’Occident et ses dirigeants à corriger cette mauvaise image, à
reconsidérer ces attitudes négatives, et à ne pas accuser pas l’islam de méfaits dont il est
innocent de lui et qu’il rejette catégoriquement.
Cinquièmement : La Conférence appelle les instances de dialogue dans le mode à coopérer
au service de la paix, à promouvoir la justice dans le cadre du respect de la diversité et des
différences religieuses et raciales, et à travailler avec diligence et loyauté à l’extinction de
l’incendie criminel (de la division religieuse) plutôt qu’à sa propagation.
Sixièmement : Un grand nombre de jeunes a été et continue à être exposé à un processus
de « lavage de cerveau » par la déformation des dispositions du Coran et de la Sunna et des
enseignements qui les conduit au terrorisme. Il est de la responsabilité des savants et des
intellectuels d’enseigner à ceux qui ont été induits en erreur la compréhension correcte des
textes et des concepts, afin qu’ils ne restent pas des partisans de la violence et des promoteurs
du « takfirisme » (excommunication).
L’un de ces concepts (déformés) est celui du califat, qui date de l’époque des Compagnons
du Messager d’Allah, paix soit sur lui. Il a été organisé (…) pour réaliser la justice et l’égalité
entre les personnes ; la gouvernance en islam est fondée sur la justice et l’égalité et la
protection des droits de citoyen pour tous les citoyens sans discrimination de couleur, de sexe
ou de convictions. (…)
Il est un autre concept déformé, celui de djihad : selon sa signification correcte dans l’islam, il
ne relève que de la légitime défense, en réponse à une agression, et son annonce ne peut en
aucun cas relever d’un seul individu ou d’un groupe.
Septièmement : La Conférence appelle le monde arabe à organiser sa coopération, à
développer des mécanismes de cette coopération afin de parvenir à la stabilité, la sécurité et
la prospérité. (…)
Huitièmement : La Conférence rappelle fortement aux savants et aux responsables religieux
dans le monde arabe et musulman leur responsabilité devant Dieu et l’histoire à éteindre tous
les incendies de type confessionnel, ethnique, en particulier à Bahreïn, en Irak, au Yémen et
en Syrie.
Neuvièmement : La Conférence condamne les attaques terroristes menées par les forces
israéliennes dans les territoires palestiniens occupés, en particulier à Jérusalem, les attaques
contre des vies humaines palestiniennes, musulmanes comme chrétiennes, contre des
mosquées et des églises, en particulier la mosquée Al-Aqsa, que Dieu la bénisse. Elle appelle
les membres de la communauté internationale à intervenir efficacement et de manière
responsable pour mettre un terme à ces attaques et à traduire leurs auteurs devant la justice
pénale internationale.
Dixièmement : La Conférence affirme qu’en Orient, il est de la responsabilité de tous,
musulmans et chrétiens, de combattre l’extrémisme et le terrorisme d’où qu’il vienne et quels
que soient ses objectifs.
En conclusion, les participants expriment leur gratitude à Al-Azhar et au grand imam Ahmed
Al Tayyeb pour son initiative de réunir cette Conférence, au président de la République arabe
d’Égypte, à son gouvernement et à son peuple et leur souhaite plein succès dans la lutte
contre le terrorisme pour le maintien des fondements de la coexistence.
(*) Traduction La Croix.
Urbi et Orbi 5/12/14 - 11 H 47
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