8 numéro spécial sanitaire TERRES D’ARIÈGE - 16 AVRIL 2012 GDS 09 - LVD 09 ■ BVD. La maladie des muqueuses des bovins. L L’absolue nécessité de dépister les I.P.I. tivirus. La particularité des pestivirus est, entre autres, de ne pas revêtir une même identité, une structure unique : ainsi il existe des “biotypes”, certains dits cytopathogènes (CP) et d'autres - dits “non cytopathogènes”, (NCP) - capables d'infecter le fœtus. De ce fait, on décrit différentes formes de la maladie. L'infection “horizontale”, en dehors de la gestation Les matières virulentes issues d'un bovin infecté sont multiples jetage (écoulement nasal), les larmes, la salive, les fécès, le sang et même le sperme. Après pénétration orale ou nasale, le virus s'y multiple activement et se retrouve entre 2 et 4 jours dans le sang. Le bovin infecté va réagir de différentes manières : ■ soit sans aucun symptôme décelable (le passage viral est alors asymptomatique). ■ soit par un “état grippal”, d'une huitaine de jours, avec des signes de diarrhée et/ou de troubles respiratoires, liés à un phénomène d'immuno-dépression transitoire induit par le virus. ■ soit dans de rares cas (mais très violents) par des syndromes hémorragiques, responsables de mortalités rapides. Ce mode d'infection est dit “transitoire” (I.T.) car la présence du virus dans le sang (“virémie”) est généralement courte (1 à 2 semaines). En conséquence, la dissémination tissulaire et l'excrétion virale sont plutôt limités dans le temps. Les sujets infectés lors d'I.T. vont produire des anticorps neutralisants (BVD Ac), témoins d'infection, qui vont participer à la protection du sujet contre des infections ultérieures. Ces sujets séropositifs sont considérés généralement comme “immunisés” : ils sont BVD anticorps positifs. L'infection “classique” du foetus au cours de la gestation Le virus BVD peut impacter à la fois la mère et le fœtus. La vache infectée peut ne pas être fécondée (infertilité-infécondité) et à tout moment de la gestation, avorter : les avor- © F.Schelcher / ENVT a maladie des muqueuses - en abrégé BVD - est due à un pes- Le virus de la BVD entraîne de nombreuses ulcérations sur tout le tube digestif, en particulier comme ici sur l’œsophage. tements sont cependant plus fréquents en début de gestation. Le fœtus, “agressé” par le virus entre 3 et 5 mois de vie fœtale, peut présenter à la naissance, des anomalies congénitales (du cerveau, des yeux, de la moëlle épinière et du squelette) qui imposent l'euthanasie. Entre 18 et 125 jours de gestation, le fœtus “accepte” le virus ; il ne produit pas de réponse immune fœtale spécifique de la souche virale à l'origine de l'infection. La gestation peut donc aller jusqu'à son terme mais le veau (d'apparence normale) va présenter dans les semaines ou les mois suivants, une croissance moindre et un état général médiocre suivie d'une maladie des muqueuses aiguë, mortelle, en quelques jours avec production d'ulcères buccaux et de diarrhée intense. L'infection par le biotype “NCP” : la production des sujets I.P.I. Toujours dans la période de 18125 jours de gestation, les veaux infectés par le biotype particulier NCP, vont présenter un état d'immunotolérance irréversible : ils vont devenir I.P.I. (Infectés Permanents Immunotolérants). Chez ces sujets I.P.I., la virémie persiste à vie, avec une intensité souvent élevée : ils excrètent le virus durant toute leur vie, souvent de façon intense : ils sont donc viropositifs à vie, aisément décelables par la recherche du virus dans le sang. Immunodéficients, ils sont dépourvus d'anticorps propres dirigés contre le virus car incapables d'en produire : ils sont donc séronégatifs vis à vis de la BVD : ils sont BVD Ac négatifs et par contre viropositifs. Ces IPI présentent souvent une forme chronique de maladie des muqueuses, alternant des phases de diarrhée avec de l'amaigrissement progressif : leur espérance de vie ne dépasse guère les 6 mois. Ils sont par contre la “clé de voûte” de la circulation virale dans les cheptels, même s'ils ne représentent que 0,5 à 1,5 % de la population totale : leur détection et leur élimination sont donc absolument impératives. Dépister la BVD : la sérologie pour démontrer la circulation virale La circulation horizontale du virus BVD se détecte aisément par la sérologie, qui met en évidence les anticorps témoins de l'infection : c'est le test BVD Ac (BVD Anticorps). D'apparition rapide (deux semaines), ils restent stables : ils sont détectés par des tests ELISA, peu coûteux sur sang ou lait. Un échantillonnage assez large sur prises de sang - plusieurs individus - est préférable pour prouver formellement la circulation virale dans l'élevage. Un résultat négatif signe l'absence de contact avec le virus ou, beaucoup plus grave bien que plus rare, l'existence de sujets I.P.I. (Infectés Permanents Immunotolérants). Ne présentant généralement pas d'anticorps contre la BVD (hors transfert passif colostral par la mère), les I.P.I. sont donc virémiques permanents et excréteurs à vie de quantités colossales de virus par toutes leurs sécrétions et excrétions. Ils peuvent être dépistés par un examen de sang et par l'examen d'organe (cf tableau annexé). En présence d'un I.P.I., le prélèvement de sang sur anticoagulant (tubes à bouchons “violets”) révèle une virémie élevée et persistante dans le temps : deux résultats très positifs à quatre semaines d'écart signent une virémie persistante. A l'inverse, dans le cas d'une virémie transitoire (classiquement associée à une forme horizontale, grippale), la virémie n'est soit pas détectée, soit un seul des deux prélèvements est positif. Plusieurs méthodes sont utilisables : soit un test ELISA (dit “BVD-Antigène”) fiable et peu coûteux, soit un test PCR (d'amplification génomique), de sensibilité et de spécificité très élevées un peu plus coûteux mais très sensible et utilisable aussi en mélange de sangs de plusieurs animaux. A l'autopsie, l'organe de choix reste la rate. Le virus est alors détecté par un test PCR. Encore trop peu de diagnostics sont effectués sur ces prélèvements post-mortem : ces autopsies permettent en plus de révéler des tableaux lésionnels évocateurs des maladies. Le contrôle de la BVD Trois étapes sont essentielles : ☛ la mise en évidence de la circulation du virus BVD puis la détection et l'élimination sans délai des I.P.I. ; ☛ la vaccination des mères ; ☛ le contrôle systématique des achats. Chez les bovins il existe plusieurs vaccins utilisables pour la protection du veau contre les maladies respiratoires et néonatales dans lesquelles le virus BVD serait impliqué : elle concerne les élevages où le virus a été identifié. Mais la vaccination doit surtout être faite chez les animaux reproducteurs de manière à prévenir l'infection du fœtus (à effectuer avant la saillie ou l'IA). A savoir Le GDS et la FRGDS participent à 50% sur les frais de dépistage de tout le troupeau lorsqu'un IPI a été détecté. Ainsi, seuls les animaux négatifs seront à vacciner, les bovins positifs sont déjà immunisés. Chez les bovins d'élevage, tout achat devrait faire l'objet en plus du contrôle obligatoire IBR, d'un test de dépistage du virus BVD-Antigène ou BVD par PCR ; il reste impératif de ne pas “acheter” la BVD. Une attention particulière doit être portée à l'achat de vaches gestantes séropositives (porteuses d'anticorps et à priori “immunisées”) : en effet, elles peuvent avoir été infectées par une souche non cytopathogène pendant la gestation et produire un veau I.P.I. Le veau sera donc contrôlé le plus rapidement possible après la nais■ sance.