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Du 28/ 07 /2016
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CONECT 2016
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CONJONCTURE ECONOMIQUE
La reprise se fera avec les banques ou ne se fera pas
La contribuon des banques au financement de l’économie est-elle compable avec l’évoluon
de leurs résultats ?
La tenue des assemblées générales des différentes banques de la place et la publicaon, dans
la foulée, de leurs chiffres d’exercice ont été une occasion pour certains analystes et des
représentants de la société civile de dénoncer l’aisance des indicateurs de rentabilité du sect-
eur face à une contribuon au souen de l’acvité économique qualifiée de « modeste ». Qu’en
est –il au juste ?
En cee conjoncture difficile, le financement de l’économie revêt une importance parculière.
Cela nous amène à nous interroger sur le rôle joué en la maère par les banques tant pour ce
qui est du volume des moyens financiers fournis pour la relance de notre appareil producf que
de leurs adéquaons avec les objecfs de croissance fixés. Car qu’on le veuille ou non, la péren-
nité de notre économie reste, en grande pare, tributaire de la contribuon financière du sect-
eur bancaire.
Fortes de leur pouvoir d’intermédiaon, les banques restent, quoi qu’on dise, les premiers
financeurs de l’économie tunisienne. Certes, la morosité de la conjoncture et l’effet de quasi
stagflaon qui se dessine ont fait reculer quelque peu la distribuon des crédits, parculière-
ment desnés aux invesssements producfs. L’incapacité ou la difficulté des entreprises à se
financer, par les temps qui courent, sur le marché bancaire rend encore plus difficile le redé-
marrage de l’économie naonale. D’ailleurs, nombre de firmes ont vu leur financement ban-
caire s’arrêter net ou rompu brutalement, ce qui les a contraint à un réajustement rapide de
leurs coûts, ce qui alimente la hausse des prix.
Parce que notre économie a les caractérisques d’une économie d’endeement, c’est-à-dire
dont le financement reste tributaire du secteur bancaire (contrairement à l’économie des mar-
chés financiers, vu la faible contribuon de ce secteur audit financement), les banques connu-
ent de jouer un rôle prépondérant dans ce contexte et restent les premières concernées par le
financement de l’économie dans nos contrées.
Or, une queson s’impose : les banques font-elles l’effort nécessaire pour contribuer au
financement de l’économie ou se suffisent-elles d’un rôle de rener, privilégiant leurs intérêts
et leurs profits stricts ?
Certes, les banques tunisiennes, publiques et privées, se sont engagées à poursuivre, en cee
conjoncture difficile, le financement de l’économie naonale, mais force est de constater que
l’accroissement de leur contribuon au financement de l’économie aura été, au terme de
l’année 2015, le plus faible sur les dix dernières années (voir graphique).
Sur un autre plan, les indicateurs de rentabilité : taux de marge (c’est le rapport de l’excédent
brut d’exploitaon à la valeur ajoutée), ROA (rendement des acfs), ROE (rentabilité des fonds
propres), Rao de couverture des immobilisaons et des non-valeurs par les fonds propres
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CONJONCTURE ECONOMIQUE
La reprise se fera avec les banques ou ne se fera pas
restent au vert. Certes, les créances immobilisées (ou impayées) ont connu un léger accroisse-
ment l’année écoulée (15,7%), mais cela demeure inmement corrélé au contexte conjoncturel
difficile.
En tout état de cause, l’atonie persistante de l’acvité économique dans notre pays amène à
fléchir sur le rôle de la créaon monétaire dans le financement de la croissance et parcu-
lièrement l’apport des banques primaires ou commerciales en la maère, surtout qu’elles
demeurent au premier rang des intermédiaires financiers sous nos cieux.
Pour un véritable
tandem banques–entreprises
Afin de densifier notre ssu industriel en lui fournissant tout le souen financier nécessaire,
l’économie tunisienne a plus que jamais besoin de banquiers-partenaires qui accompagneront
les firmes déjà existantes et les prémuniront de tout risque d’arrêt de l’acvité et faciliteront
l’émergence de nouvelles entés économiques en améliorant substanellement l’accès du
crédit.
Les garanes bancaires ne doivent répondre qu’à l’impondérable mais ne doivent pas connuer
à être la condion essenelle pour l’accord de crédit par la banque. Cest plutôt la crédibilité et
la rentabilité potenelles du projet ou de l’affaire qui doivent être déterminantes dans la déci-
sion de l’accès au financement bancaire. Cee règle apprise par la plupart des dirigeants et
cadres bancaires reste en réalité très peu applicable. Alors trêve de frilosité, pour appuyer les
iniaves d’invesssement, de créaon et de développement des entreprises car la profession
bancaire rime avec audace et prise de risque (sur laquelle elle est rémunérée d’ailleurs), certes
raisonnée. Car sans entreprises en bonne santé véritables rampes de lancement de
l’économie point de croissance vigoureuse et donc pas de richesses à réparr entre les diffé-
rents agents économiques. La capitalisaon des banques publiques et le dynamisme de nos
banques privées devraient encourager les établissements de crédit à s’adapter aux exigences
des firmes tunisiennes, notamment les PME et les nouvelles entés producves en phase de
créaon, à travers une évaluaon plus appropriée du risque de la relaon de clientèle ou de
crédit pour contribuer ainsi à l’effort de résorpon du chômage.
Les promesses de la nouvelle loi bancaire n°2016-48 du 11 juillet 2016, notamment pour ce qui
est de la latude offerte aux banques d’étendre et de diversifier leur acvité sont un smulus
de plus pour que les banques s’emploient à dénicher de nouvelles opportunités
d’invesssement telles par exemple la contribuon aux fusions et acquisions des entés pro-
ducves pour créer des entreprises plus compéves et donc plus résistantes aux bouleverse-
ments de la conjoncture. Outre la relaon-client qui met à la disposion de la firme une large
gamme de services financiers, pourquoi la banque n’envisage-t-elle pas pour renforcer ladite
relaon et pour aénuer tous les risques de non remboursement ou autres de geson— de
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CONJONCTURE ECONOMIQUE
La reprise se fera avec les banques ou ne se fera pas
détenir des parcipaons au capital de ses entreprises– clientes, parculièrement les PME
pour enfin constuer de véritables tandems dans l’intérêt des deux pares ?
Repenser le méer de banquier
La banque est aujourd’hui à la croisée des chemins : accaparée par la préservaon de ses
grands équilibres et par la distribuon régulière des dividendes à ses aconnaires, elle
s’éloigne de sa vocaon originelle d’être le partenaire des entreprises et des ménages et sur-
tout leur souen durant les temps difficiles. Le propos n’est pas de vouloir que les banques
prennent des risques inconsidérés pour accompagner les opérateurs économiques et les par-
culiers, mais plutôt pour souligner que le durcissement de l’accès au crédit n’est pas
l’orientaon salutaire pour sorr notre économie de l’ornière.
Les banques tunisiennes se trouvent ainsi face à de nouvelles responsabilités : pour rassurer
davantage leurs partenaires et fidéliser leur clientèle, elles devront être plus imaginaves et
plus réacves pour adopter un souen plus adapté aux spécificités de la conjoncture et à la
situaon des usagers de banque (tarificaon plus en rapport avec le coût moyen de la vie et
avec les condions d’exercices des firmes, une qualité de service et un conseil adaptés, être
plus à l’écoute des préoccupaons de leur clientèle, être un acteur dynamique de responsa-
bilité sociétale, etc.)
Outre le libre-arbitre, il ne faut pas perdre de vue qu’une meilleure contribuon des banques
au financement de l’économie naonale reste corrélée à l’amélioraon du taux de bancarisa-
on et à la consolidaon de l’inclusion financière en Tunisie. En favorisant l’accès de l’ensemble
de la populaon et de toutes les entreprises économiques à des services bancaires adaptés à
leurs besoins, les banques et autres vecteurs du système bancaire disposeraient d’une marge
non négligeable de développement de leurs chiffres d’affaires, ce qui ne peut que se répercuter
posivement sur leur rentabilité et profitabilité.
La consolidaon plus poussée de la contribuon des banques au financement de notre écono-
mie demeure nécessaire pour hisser notre producon à son potenel et renouer avec des taux
de croissance économiques bien plus consistants.
Ce qui constuerait un signal rassurant pour l’accéléraon de l’invesssement pour smuler le
dynamisme économique et booster la créaon de richesses et relancer un appareil de produc-
on quelque peu paralysé et moré. Il s’agit là, à coup sûr, d’un devoir, du moins moral, de nos
banquiers envers un pays qui lue pour enraciner sa démocrae naissante et dont le potenel
reste imposant. Adopter une atude réellement citoyenne qui montre son souen indéfecble
à une économie en crise et où la volonté de donner doit dépasser celle d’en prendre.
Outre le sens de solidarité et la démocrasaon de l’acte d’invesr, cela parcipera à la libérali-
saon des énergies, au développement des iniaves et à la smulaon de l’esprit d’entreprise,
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CONJONCTURE ECONOMIQUE
La reprise se fera avec les banques ou ne se fera pas
comportement qui devrait d’ailleurs, appuyer définivement la réconciliaon avec nos étab-
lissements de crédit. Certes le financement de l’économie naonale reste à prédominance ban-
caire, mais on est en droit d’exiger davantage de nos banques (sans faillir pour autant aux règles
d’orthodoxie financière) afin qu’elles poursuivent l’œuvre de développement réciproque iniée
depuis la «tunisificaon» du secteur, en 1957, millésime mémorable qui coïncide également
avec la proclamaon de la République Tunisienne.
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