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l’œcuménismeetquesionabordeunereligionnon‐chrétienne,ilfauttouteslesaborder,notammentl’islam.
‐ Cen’estqu’àlaquatrièmesessionduconcile,en1964,queladéclaration,danssaformeactuelle,s’estélaborée,avec
l’aidedesexpertssurlesreligionsnonchrétiennes7.Aumêmemoment,laconstitutionLumenGentiumsurl’Égliseétait
promulguée(21novembre)etledécretAdGentessurl’Activitémissionnaireétaitbienavancé.Iln’estdoncpasétonnant
qu’ilyaituneprofondeunitéentreles§16et17deLumenGentiumsurlesnon‐chrétiensetlecaractèremissionnairede
l’Église,lesquelquesaffirmationsdeAdGentessurlesreligionsnonchrétiennes(aux§3.9.11)etladéclarationNostra
Aetate.
LumenGentiumetAdGentesneconsacrantquepeudelignesauxreligionsnonchrétiennes,n’ontpascherchéà
caractériserlesdifférentesreligions(LumenGentiumcitelejudaïsmeetl’islamdemanièretrèsrapideetregroupeenune
phraselesautresreligions).
Laperspectiveétaittriple:
‐ réaffirmerlapossibilitédesalutdespersonnessesituantendehorsdel’Église8,
‐ soulignerlesvaleursauthentiquesquiexistentchezlesnon‐chrétiensetdansleurtraditionreligieuse;
‐ etbiensûr,donneruneappréciationdecesvaleursparl’Église.
QuantàNostraAetate,laperspectivedespèresn’étaitpasd’élaboreruneréflexiondogmatiquesurlesreligions,maisde
faireunedéclaration,dansuneperspectivevolontairementpositive,pour«favoriseretfairegrandirlapaix,l’unitéetla
concordeentreleshommesetlesnations»9.L’accentestvolontairementmissur«cequeleshommesontencommunetqui
lespousseàvivreensembleleurdestinée»(§1)etnonsurcequidivise.Enjouantsurlesmots,onpeutdirequ’ilyaune
attentionthéologiquedansl’élaborationetlarédactiondeladéclaration,maisiln’yapasl’intentionthéologiqued’élaborer
unedoctrinecomplètesurlesliensquiexistententrelafoichrétienneetlesautresreligions.D’autresdocuments
conciliairesfontaussiallusionauxreligionsnonchrétiennesdemanièreimplicite(DH2‐4,GS22,5.73.75)ouexplicite(DV
25,AA27).
Les débats théologiques discutés pendant le concile à propos de NA :
Considérations générales
‐ La plupart des débats de fond à propos de la déclaration n’étaient pas théologiques, mais portaient davantage sur l’opportunité de
nommer certaines religions plutôt que d’autres ou sur la manière d’évoquer la responsabilité des juifs dans la mort du Christ...
‐ Néanmoins, des opposants irréductibles à la déclaration l’ont fait savoir jusqu’au bout : d’une part des évêques opposés à toute
ouverture de l’Église à des religions non chrétiennes (en particulier le judaïsme), d’autre part des évêques orientaux qui
considéraient que le texte pouvait être interprété comme une position pro-israélienne, enfin quelques évêques qui n’avaient pas
accepté que l’on retire du texte la mention de la culpabilité du peuple juif dans la mort de Jésus et la notion de déicide.
‐ Trois jours avant le vote final, un groupe d’évêques a fait passer un document invitant à condamner sans appel la déclaration10, à
cause d’une opposition aux présupposés mêmes du schéma : l’idée d’un dialogue avec les religions non chrétiennes s’oppose,
selon eux, au devoir « d’annoncer le vérité du Christ ». La recherche d’un « dénominateur commun » ou d’un « terrain
d’entente » est théologiquement injustifiable : comment peut-on laisser sous-entendre qu’il y aurait des éléments communs entre
la Trinité et des « éléments de la mythologie hindouiste » ? Finalement, pour ce groupe d’évêques, « la déclaration atténue les
différences entre le christianisme et les autres religions, ce qui d’une part retarde la conversion des peuples et d’autre part éteint
et affaiblit l’élan vers les vocations missionnaires »11 .
L’Église en tant que communion, ch. 7 : La dernière intersession, Cerf, Paris, 2003, pp. 664-680.
7 Cf. G.M.-M. COTTIER, « L’historique de la déclaration » in A.-M. HENRY (dir), Les relations de l’Église avec
les religions non chrétiennes, coll. Unam Sanctam n°61, Cerf, Paris, 1966, pp. 37-78., voir aussi la chronologie
pp. 285-286. Voir également Maurice BORRMANS, « L’émergence de la déclaration Nostra Aetate au Concile
Vatican II », Islamochristiana n°32, Pisai, Roma, 2006, pp. 9-28.
8LumenGentium16considèrequedansl’ensembledesreligions,«ceuxquicherchentpourtantDieud’uncœur
sincèreets’efforcent,sousl’influencedesagrâce,d’agirdefaçonàaccomplirsavolontétellequeleur
consciencelaleurrévèleetlaleurdicte,ceux‐làpeuventarriverausalutéternel».Demême,ceuxqui«sans
fautedeleurpart,nesontpasencoreparvenusàuneconnaissanceexpressedeDieu,maistravaillent,non
sanslagrâcedivine,àavoiruneviedroite,ladivineProvidencenerefusepaslessecoursnécessairesàleur
salut».Dieu,parsagrâcepeutleurdonnerlesalutenlesassociantaumystèrepascal«d’unefaçonque
Dieuconnaît»(GS22,5)
9 C’est en ces termes que le Cardinal Bea, chargé d’élaborer le texte, invite les pères à accepter sa proposition de
supprimer dans la déclaration la mention du déicide. Cf. G.M.-M. COTTIER, « L’historique de la déclaration » op.
cit. P 77.
10 Cf. Mauro VELATTI, in Giuseppe ALBERIGO, Histoire du concile Vatican II, vol. V: Concile de Transition, ch.
2 : L’achèvement de l’ordre du jour conciliaire, Cerf, Paris, 2005, pp. 264-274. Le document intitulé
Suggestiones circa suffragationes mox faciendas de Schemate : « De ecclesiae habitudine ad religiones non
christianas », était précédée d’une lettre d’accompagnement signée de trois évêques : G. de Provença Sigaud, M.
Lefebvre et L.M. Carli.
11 Ibid. p. 267.