
volontaire. «Cette stimulation épidurale localisée envoie des signaux électriques continus aux
neurones qui contrôlent le mouvement des pattes. Il ne nous reste alors plus qu’à déclencher le
mouvement», explique Rubia van den Brand, co-auteur de l’article de Science.
L’intelligence innée de la colonne vertébrale
En 2009, Grégoire Courtine a démontré qu'il pouvait rétablir la mobilité, mais de façon
involontaire. En stimulant la partie de la moelle épinière située sous la lésion, le chercheur a
remarqué des développements surprenants. A cet endroit, le système nerveux est isolé du
cerveau. Pourtant, il commençait à effectuer à nouveau la modulation de la marche. Sur un
tapis roulant, le rat précédemment paralysé se remettait à marcher - sans en avoir réellement
l’intention.
Ces expériences montrent que le mouvement du tapis roulant créait des rétroactions
sensorielles, qui déclenchaient la marche sans intervention du cerveau. Tout se passait comme
si les neurones de la moelle épinière étaient dotés de leur propre intelligence. Ces résultats
suggéraient aux chercheurs qu’un très faible signal du cerveau devait suffire à déclencher un
mouvement volontaire.
Afin de tester cette théorie, les chercheurs ont écarté le tapis roulant. Ils ont mis au point un
système de soutien, afin de maintenir les rats à la verticale durant les séances d’exercice. Ce
système n'intervient que pour aider les sujets paralysés à conserver leur équilibre. Des
conditions suffisamment motivantes pour que les animaux, également tentés par un carré de
chocolat, essaient de se mouvoir le long d’une plateforme. Après quelque temps et à force
d’essais successifs, le mouvement volontaire est rétabli – sous condition que la stimulation
électrochimique soit toujours active.
Plus surprenant encore, les fibres nerveuses repoussent, non seulement dans la moelle
épinière – elles créent des relais qui contournent la lésion – mais aussi au niveau du cerveau.
«Basé sur la volonté, ce test d’apprentissage s’est traduit par une augmentation des fibres
nerveuses, disséminées dans le cerveau et la colonne – une régénération qui démontre
l’énorme potentiel de la neuroplasticité, même après une lésion grave du système nerveux
central», explique Janine Heutschi, co-auteur.
Première réhabilitation ; une voie prometteuse pour l’homme
Selon Grégoire Courtine, cette régénération des fibres nerveuses peut être comparée à la
phase de développement chez l'enfant – par exemple lorsque ce dernier apprend à marcher.
Les fibres nerveuses croissent et génèrent de nouvelles connexions. Chez le rat, les chercheurs
ont découvert que les nouvelles fibres contournaient la lésion, et permettaient aux signaux du
cerveau de transmettre leurs ordres.
Quand bien les mouvements volontaires ne durent que le temps d’activité de la stimulation
électrochimique, l’impressionnante repousse des fibres nerveuses laisse penser qu’une voie
prometteuse s’ouvre pour améliorer la récupération des personnes souffrant de lésion de la
moelle épinière. «C'est la coupe du monde de la neuroréhabilitation, déclare Grégoire
Courtine. Nos rats sont devenus des athlètes, alors même qu’ils étaient complètement