Résumé
Le Conference Board du Canada
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Le 1er avril 1999, la création officielle du Nunavut venait
transformer à jamais le visage du Canada. Le Nunavut, dont
le nom signifie « notre terre » en inuktitut, est le fruit de
plus de trente années de planification et de négociations
de la part des Inuit de l’Est et de la région centrale de
l’Arctique canadien. L’Accord sur les revendications territo-
riales du Nunavut (ARTN), conclu en 1993, comportait un
accord politique régissant la création dudit territoire et la
reconnaissance du droit des Inuit à l’autodétermination.
C’est dans ce contexte que les Inuit, soit 85 p. 100 de
la population du territoire, ont opté pour un modèle
de gouvernement populaire autonome, représentant tous
les citoyens du Nunavut, qu’ils soient ou non inuits.
Le gouvernement du Nunavut, la Nunavut Tunngavik Inc.
ainsi que le ministère des Affaires indiennes et du Nord
canadien se sont engagés à appuyer conjointement le
développement durable du Nunavut et, d’un commun
accord, ont reconnu la nécessité d’étudier les perspectives
économiques du nouveau territoire pour mener à bien leur
tâche. Les services du Conference Board du Canada ont donc
été retenus pour qu’il examine l’état de l’économie mixte
actuelle du Nunavut (tant l’économie de subsistance1que
l’économie basée sur les salaires), et évalue les perspectives
économiques à long terme. Cette étude doit s’accompagner
de prévisions économiques sur une période de vingt ans et
d’une énumération des questions structurelles sous-jacentes
au rendement économique à long terme.
Pour cette étude, nous avons adopté une approche globale
en commençant par un aperçu théorique des conditions
nécessaires à la croissance économique dans le contexte
d’une économie de subsistance. La création de richesses,
ou croissance économique, repose sur quatre facteurs clés :
Le capital physique : désigne l’infrastructure nécessaire au
maintien de la production économique, soit les systèmes
de transport et de communication, les stocks de loge-
ments, les hôpitaux, etc.;
Le capital humain : comprend l’activité de la main-
d’œuvre, mais également, au sens plus large, les actifs
d’une société sur le plan de l’alphabétisation et de l’éduca-
tion, des compétences et des connaissances ainsi que
l’état de santé et le bien-être général de la population;
Le capital naturel : soit les matières premières à la base
de l’activité économique qui comprennent la terre, les
ressources fauniques, minérales ou énergétiques, les
fibres ainsi que le savoir dérivé de ce capital;
Le capital social et organisationnel : comprend le milieu
d’interaction des actifs naturels, humains et physiques
contribuant à la création des richesses. Ce capital réunit
les principaux secteurs et participants à la création des
richesses (le gouvernement, l’entreprise privée et les
organisations ou sociétés indépendantes), le cadre
d’élaboration des politiques, la sécurité publique ainsi
que la confiance entre les divers intervenants.
Pour atteindre leurs objectifs de développement et
répondre aux besoins grandissants en biens et services
d’une population qui ne cesse de croître et qui consomme
de plus en plus, les sociétés doivent veiller à leur crois-
sance économique, laquelle passe forcément par les
quatre facteurs mentionnés précédemment. Les systèmes
économiques traditionnels, dits de subsistance, ne peuvent
répondre seuls à l’augmentation de la demande de biens et
de services, produits de l’économie industrielle. L’activité
économique de subsistance peut néanmoins contribuer de
manière importante à l’économie générale et jouer un rôle
fondamental dans la vie sociale et culturelle d’une société.
L’économie de subsistance peut, par exemple, offrir un
moyen essentiel à la population en général, mais aux