La fibromyalgie
23
Vie
Newsletter SCOR Vie
La fibromyalgie, affection en pleine expansion, est une maladie chronique et
invalidante se manifestant essentiellement par des douleurs diffuses et une grande
fatigue. Cette brève description ne peut qu’attirer l’attention d’un assureur de
personne car, en quelques mots, tout est dit sur ses conséquences potentielles en
garanties incapacité, invalidité et probablement dépendance.
Cet article écrit par le Dr Dominique Lannes, l’un des médecins-conseil de notre unité
de recherche en sélection des risques, nous incite à réfléchir à l’impact de cette
nouvelle affection sur la sinistralité des garanties incapacité/invalidité.
A l’occasion de ce numéro je vous invite une nouvelle fois, pour toute information
complémentaire, à prendre contact avec vos correspondants SCOR Vie habituels. Il
me reste à vous souhaiter une bonne lecture.
La fibromyalgie se caractérise par deux
signes cliniques essentiels : les douleurs et
la fatigue.
Les douleurs sont permanentes, spontanées,
siégeant au niveau des régions vertébrales,
paravertébrales et des insertions tendineuses,
c’est à dire au voisinage des articulations.
Elles sont chroniques, s’étalant sur de très lon-
gues périodes, dans tous les cas supérieures
à 3 mois. Elles sont diffuses, étendues et bila-
térales, en d’autres termes elles touchent
d’emblée l’ensemble du corps.
Ces douleurs deviennent rapidement obsé-
dantes pour le patient et lui rendent tout effort
pénible. A l’examen, le médecin peut déclen-
cher également des douleurs à la palpation
appuyée de certains points précis qui ont été
décrits dans la littérature médicale. C’est
d’ailleurs le seul élément positif de l’examen
clinique.
La fatigue est permanente, aussi bien au
repos qu’à l’effort et, associée aux douleurs,
elle entraîne une réduction importante des
gestes de la vie quotidienne : marche, port de
charges, travail etc…
A côté des douleurs et de la fatigue, la vie
d’une personne atteinte de fibromyalgie peut
être altérée par tout un cortège de symptômes
dont les plus courants sont :
des troubles du sommeil,
une anxiété,
des troubles de la concentration,
des troubles de la mémoire,
une migraine,
une colopathie fonctionnelle : troubles
digestifs divers et variés comme des
douleurs abdominales, une constipation,
des ballonnements, etc.,
des palpitations,
des cystites à répétition.
Un syndrome dépressif est retrouvé chez
plus d’un quart des personnes atteintes de
fibromyalgie. Il est bien difficile de savoir s’il
s’agit d’une dépression réactionnelle à la
maladie ou non.
Mieux connaître la fibromyalgie
IRomain Durand, Directeur Général SCOR VIE
4La fibromyalgie
... suite
Pourquoi la fibromyalgie pose-t-elle
problème aux assureurs ?
pouvait porter à tort ce diagnostic une fois sur
trois chez des personnes simulant la maladie.
Finalement, la fibromyalgie occasionne les
mêmes difficultés à l’assureur que ces
deux autres affections non objectivables : les
douleurs dorso-lombaires et la dépression
nerveuse, qu’il connaît bien.
Si l’assureur souhaite traiter la fibromyalgie
comme une maladie psychiatrique commune
et appliquer une exclusion, il doit être cons-
cient des difficultés d’application de celle-ci ;
il existe en effet des risques de litige en raison
de l’origine organique qu’il n’est jamais possi-
ble d’écarter totalement.
La fibromyalgie est une affection chronique
et invalidante
Il est difficile de travailler avec des douleurs
diffuses, intenses, plus ou moins permanentes
et une fatigue récurrente. On comprend donc
aisément que la fibromyalgie peut entraîner de
nombreux sinistres incapacité, invalidité,
voire dépendance. L’histoire naturelle de la
fibromyalgie évolue exceptionnellement vers
la guérison. L’assureur doit plutôt s’attendre
à une aggravation ou au minimum à une
stabilisation du handicap. Un sinistre incapa-
cité pour fibromyalgie est en règle général
long, voire très long et aboutit fréquemment à
un sinistre invalidité.
La fibromyalgie est une affection médiatisée
et les associations de malades sont mainte-
nant nombreuses et actives.
Les personnes atteintes de fibromyalgie vivent
leur maladie comme une double injustice :
non seulement elles souffrent, mais en plus,
elles ne sont pas reconnues comme étant
réellement malades, tout au plus est-ils admis
qu’elles souffrent d’une dépression nerveuse.
Cette injustice est durement vécue, suscite
de fortes revendications en cas de litige,
notamment lors d’une confrontation dans une
problématique d’assurance.
Nous avons souhaité, à travers cette news-
letter, attirer votre attention sur la fibromyal-
gie, maladie spécifique portant en elle tous
les germes d’une sinistralité élevée en garan-
tie incapacité, invalidité ou dépendance.
IDocteur Dominique Lannes, médecin conseil SCOR Vie, dlannes@scor.com
SCOR Vie et la fibromyalgie
C’est sur l’expérience issue des nombreux
dossiers de souscription étudiés quotidienne-
ment, et sur la connaissance des avancées les
plus pointues de la médecine, que les équipes
de SCOR Vie fondent leur expertise internatio-
nalement reconnue en sélection des risques.
Concernant la fibromyalgie, l’équipe de
recherche en sélection des risques suit
l’évolution de cette affection en particulier
et notamment à partir des statistiques qui
commencent à être disponibles et du
nombre de sinistres affectant les portefeuilles
incapacité/invalidité.
A ce jour, SCOR Vie considère qu’une fibro-
myalgie avérée peut-être acceptée dans le
cadre d’une garantie décès mais recomman-
de la plus grande prudence pour les autres
garanties. Nos clients disposant de Sar@,
notre outil de sélection des risques aggravés,
peuvent y retrouver le détail de notre position.
© 2005. SCOR fait ses meilleurs efforts pour assurer l’exactitude de l’ensemble des informations fournies dans le cadre de ses publications et décline toute responsabilité en cas d’imprécision, inexactitude ou omission.
Il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l’éditeur.
La fibromyalgie
La fibromyalgie
peut entraîner
de nombreux
sinistres incapacité,
invalidité, voire
dépendance.
Points sensibles - Diagnostic -
Population à risque
Les 18 points sensibles du corps
Critères retenus par le Collège Américain
de Rhumatologie pour porter le diagnos-
tic de fibromyalgie :
Pour porter le diagnostic de fibromyalgie, il est néces-
saire que le patient réponde aux deux critères suivants :
douleurs étendues dans les 4 quadrans du corps
(colonne vertébrale et thorax compris), depuis plus
de 3 mois,
au moins 11 points douloureux à la palpation sur les
18 points sensibles de la fibromyalgie.
Quelle est la population à risque de
fibromyalgie ?
Toute personne adulte peut être atteinte d’une fibromyal-
gie, quels que soient son sexe, son âge et sa profession.
On observe cependant une très nette prépondérance
chez les femmes âgées de 30 à 50 ans, ayant un travail
sédentaire.
Il existe dix femmes atteintes de fibromyalgie pour
1 homme.
Directeur de la Publication :
Romain Durand
Directeur Général SCOR Vie
Secrétariat :
Tel: 33 (0) 1 46 98 77 65
Sébastien Bergeron
sbergeron@scor.com
Sandrine Bonnamy
Comité de Rédaction :
Christian Mounis
Arnaud Chneiweiss
Pierre-Yves Le Corre
René Lemaire
Alain Chevreau
Miguel Alferieff
Dietmar Zietsch
SCOR Vie
I, avenue du Général de Gaulle
92074 Paris La Défense cedex
France
www.scor.com
ISSN 1637-8644
3La fibromyalgie
Les pays
à haut niveau
socio-économique
semblent plus
touchés.
2La fibromyalgie
Quelle est la fréquence
de la fibromyalgie ?
Dans le domaine de la fibromyalgie, les
statistiques sont à interpréter avec pruden-
ce car il s’agit d’une affection relativement
nouvelle, non objectivable et relativement
« floue » dans ses manifestations.
Tous les patients concernés ne connaissent pas
toujours leur diagnostic et il est probable que
certaines personnes ont été étiquetées, à tort,
fibromyalgiques du fait de l’absence de spécifi-
cité des symptômes décrits. Par ailleurs, la
fibromyalgie « se propage » dans chaque pays
de façon plus ou moins rapide et importante, en
fonction de l’intérêt des médecins pour cette
affection, de la médiatisation plus ou moins
prononcée, de l’implication des associations
de patients, autant de facteurs qui peuvent
influencer le nombre de fibromyalgies recensées.
Ces précautions étant énoncées, force est de
constater que la fibromyalgie pourrait être une
des affections les plus fréquentes dans le
monde occidental : 2 % de la population adulte
nord-américaine et 1,3 % de la population
européenne.
La Norvège semble détenir le record du monde :
le chiffre de 10 % a été avancé ! En France, il y
aurait entre 500.000 et 1 million de personnes
atteintes de fibromyalgie, soit deux à trois fois
plus que de patients ayant une polyarthrite
rhumatoïde. Dans les consultations de rhumato-
logie, la fibromyalgie est devenue le diagnostic le
plus fréquent, soit 3 à 20 % des patients ; ce
large éventail observé est dû à l’intérêt et à
la spécialisation plus ou moins développée que
possède chaque rhumatologue pour cette
maladie.
En Asie, la fibromyalgie est connue et des
associations de patients existent, au Japon par
exemple. L’affection semble être cependant
moins fréquente ou plutôt le diagnostic de
fibromyalgie semble être moins souvent porté.
Les pays à haut niveau socio-économique
semblent plus touchés, au premier chef : les
Etats-Unis, le Canada, la Suisse etc. La
fibromyalgie est anecdotique dans le tiers
monde.
L’importance des douleurs et de la fatigue
contraste avec un état général parfaitement
conservé, en particulier une absence d’amai-
grissement et un examen clinique strictement
normal, par exemple une parfaite conservation
des mobilités articulaires. Les examens complé-
mentaires (biologiques, radiologiques, électro-
myogramme, biopsie musculaire, etc.) sont
strictement normaux ; en particulier, il n’existe
aucun signe inflammatoire biologique et les
articulations sont radiologiquement normales.
Les personnes atteintes de fibromyalgie subis-
sent en général un enchaînement d’investigations
médicales multiples, variées et très poussées,
aux conclusions toujours normales, pour leur
plus grand désespoir.
L’hypothèse psychologique peut également
être renversée par ses détracteurs de la façon
suivante : lorsque l’on a des douleurs et une
fatigue intenses pendant des mois, est-t-il
anormal que l’on soit déprimé ?
L’origine organique
Plusieurs explications sont envisagées pour
faire admettre que la fibromyalgie est d’origi-
ne organique. En voici les principales mais
il est important de noter qu’aucune n’a été
vraiment validée jusqu’à présent :
Il existerait une dysrégulation centrale
expliquant un seuil de perception abaissé
de la douleur. L’IRM fonctionnelle, tech-
nique d’imagerie cérébrale de pointe,
montrerait des anomalies cérébrales chez
les patients atteints de fibromyalgie en
faveur de cette hypothèse. Cet examen est
inexploitable actuellement en pratique
courante.
Il existe parfois des auto-anticorps, en
particulier anti-muscles lisses et anti-
sérotonine, chez les patients atteints de
fibromyalgie ce qui plaiderait pour une
origine dysimmunitaire de la maladie.
Près de la moitié des patients situent les
premiers symptômes de la maladie après
un épisode viral pseudo grippal ; une
hypothèse virale a donc logiquement été
évoquée.
Des traitements ou produits toxiques ont
été incriminés comme responsables de
certaines fibromyalgies.
Une prédisposition héréditaire, un milieu
environnemental particulier … ?
Autant d’hypothèses diverses et variées, mais
aucune d’entre elles ne se détache franche-
ment au sein de la communauté scientifique
concernée.
Quelles sont les hypothèses
concernant son origine?
La fibromyalgie est certainement l’affection
dont l’existence même est la plus controver-
sée dans le monde médical et son origine
exacte reste actuellement inconnue.
Plusieurs hypothèses sont proposées, se
résumant à une théorie « psychosomatique » et
une théorie « organique » de la maladie.
En général, les médecins choisissent leur
camp, c’est à dire qu’ils sont convaincus que
la fibromyalgie est une maladie « psychosoma-
tique » à part entière ou à l’inverse qu’il s’agit
d’une affection « organique » dont la cause n’a
pas encore été découverte. Il y a ceux qui croient
à … et ceux qui croient que … et les esprits
peuvent rapidement s’échauffer lors d’une
discussion entre médecins sur ce thème.
Il y a donc deux visions médicales de cette
maladie, deux écoles et … deux approches
opposées lors de la rédaction d’une expertise
chez un patient fibromyalgique. Cette dualité est
assez unique dans le monde médical pour
être soulignée. Les associations de patients
fibromyalgiques privilégient généralement la
théorie organique lorsqu’elles évoquent ce
problème.
La thèse psychologique
C’est la première explication avancée chez ces
personnes souvent étiquetées par les médecins
comme « fonctionnelles » Souvent, on retrouve
effectivement un terrain d’anxiété, de dépression
ou de traumatismes psychologiques notamment
dans l’enfance. Certains patients atteints de
fibromyalgie exprimeraient leur souffrance
psychique par la douleur, la fatigue et tout un
cortège d’autres malaises que l’on retrouve dans
la fibromyalgie. Cette hypothèse expliquerait
ainsi l’absence de signes objectifs et la relative
efficacité de certains antidépresseurs.
Traitement de la fibromyalgieTraitement de la fibromyalgie
La cause de la fibromyalgie restant mysté-
rieuse, les traitements ne pourront être
qu’empiriques.
Les traitements proposés sont souvent ineffi-
caces ou partiellement efficaces ou efficaces
transitoirement, ce qui place souvent le médecin
en situation d’échec et désespère toujours
son patient.
Habituellement la prise en charge thérapeu-
tique repose sur l’association de médica-
ments et de traitements non médicamenteux.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les
corticoïdes sont décevants. Les antalgiques,
même morphiniques, n’apportent le plus
souvent qu’un soulagement partiel. Le traite-
ment par anti-dépresseurs est finalement le
seul qui donne certains résultats positifs.
Les traitements non médicamenteux (il
s’agit en particulier de la physiothérapie
douce, la kinésithérapie, la prise en charge
psychologique, la relaxation, l’acupuncture,
les cures thermales et toutes les autres
médecines physiques) souvent proposées,
sont là encore, d’une efficacité bien incertaine.
Pourquoi la fibromyalgie pose-t-elle
problème aux assureurs ?
Récente, fréquente et non-objectivable
La fibromyalgie est une affection relativement
nouvelle, décrite par l’organisation mondiale
de la santé (O.M.S) pour la première fois en
1992. Comme pour toute affection récemment
mise en évidence, les assureurs manquent de
références et ont des difficultés à bien cerner,
évaluer et quantifier les risques potentiels et la
fréquence des sinistres éventuels.
Elle n’entraîne pas de surmortalité, si ce
n’est celle liée à la composante dépressive
souvent présente. La couverture décès toutes
causes est donc assez facilement analysable
et tarifable. En revanche, la fibromyalgie est
une source importante d’arrêt de travail,
d’invalidité et peut-être de dépendance.
De plus, il s’agit d’une affection fréquente
touchant préférentiellement les femmes jeunes,
exerçant une activité plutôt sédentaire dans
un pays à niveau socio-économique élevé.
Ce portrait robot indique clairement que la
population la plus touchée par la fibromyalgie
est également une population cible pour
l’assureur de personne.
La fibromyalgie est une affection non objecti-
vable. Un médecin un peu hésitant peut se
demander si tout est normal ou s'il passe
à côté d’une maladie organique, d'une
dépression, d'une simulation ou d'une…
fibromyalgie.
Une étude américaine a récemment démontré
qu’un médecin connaissant bien la fibromyalgie
La fibromyalgie
Synonymes - Syndrome apparenté -
Les « faux amis »
Les synonymes
Syndrome polyalgique idiopathique diffus (SPID) a la
même signification. Cette appellation SPID a le mérite
de préciser d’emblée le caractère douloureux et
l’absence d’étiologie connue du syndrome.
Les Anglo-saxons utilisent également le terme fibrosite
pour désigner la fibromyalgie.
Le syndrome apparenté
Le syndrome de fatigue chronique : il se définit par un
état de fatigue installé depuis plus de 6 mois. Il peut
s’accompagner de douleurs diffuses et d’autres manifes-
tations cliniques identiques à celles de la fibromyalgie
mais c’est la fatigue intense qui domine chez ces
patients.
Les « faux amis »
Le diagnostic de fibromyalgie repose uniquement sur
des critères cliniques, mais il ne peut être retenu qu’après
avoir éliminé les autres causes de douleurs diffuses et de
fatigue chronique. Avant de parler de fibromyalgie, il faut
impérativement avoir écarté les affections suivantes :
les rhumatismes inflammatoires chroniques, au pre-
mier chef la polyarthrite rhumatoide,
les myalgies iatrogènes : les statines par exemple
(traitement hypocholestérolémiant) ont été incrimi-
nées dans ce type d’affection,
certaines maladies endocriniennes comme l’hypothy-
roidie ou l’hyperparathyroidie,
certaines maladies métaboliques : l’ostéomalacie,
l’hypokaliémie,
des pathologies infectieuses virales : les hépatites
chroniques B ou C, l’infection par le VIH, le virus
coxsakie B … au cours desquelles l’asthénie est,
dans certains cas, la manifestation majeure,
pathologie infectieuse bactérienne ou parasitaire :
citons la borréliose, la trichinose et la toxoplasmose,
les myopathies : la polymyosite, les granulomatoses et
les vascularites, les myopathies métaboliques.
On comprend mieux pourquoi un patient suspecté
de fibromyalgie subit de nombreuses investigations
médicales qui n’ont qu’un seul but : éliminer systémati-
quement toutes les autres causes de douleurs diffuses
et de fatigue chronique.
... suite
Mieux connaître la fibromyalgie
Décrite
par l’organisation
mondiale de la
santé (O.M.S)
pour la première
fois en 1992.
3La fibromyalgie
Les pays
à haut niveau
socio-économique
semblent plus
touchés.
2La fibromyalgie
Quelle est la fréquence
de la fibromyalgie ?
Dans le domaine de la fibromyalgie, les
statistiques sont à interpréter avec pruden-
ce car il s’agit d’une affection relativement
nouvelle, non objectivable et relativement
« floue » dans ses manifestations.
Tous les patients concernés ne connaissent pas
toujours leur diagnostic et il est probable que
certaines personnes ont été étiquetées, à tort,
fibromyalgiques du fait de l’absence de spécifi-
cité des symptômes décrits. Par ailleurs, la
fibromyalgie « se propage » dans chaque pays
de façon plus ou moins rapide et importante, en
fonction de l’intérêt des médecins pour cette
affection, de la médiatisation plus ou moins
prononcée, de l’implication des associations
de patients, autant de facteurs qui peuvent
influencer le nombre de fibromyalgies recensées.
Ces précautions étant énoncées, force est de
constater que la fibromyalgie pourrait être une
des affections les plus fréquentes dans le
monde occidental : 2 % de la population adulte
nord-américaine et 1,3 % de la population
européenne.
La Norvège semble détenir le record du monde :
le chiffre de 10 % a été avancé ! En France, il y
aurait entre 500.000 et 1 million de personnes
atteintes de fibromyalgie, soit deux à trois fois
plus que de patients ayant une polyarthrite
rhumatoïde. Dans les consultations de rhumato-
logie, la fibromyalgie est devenue le diagnostic le
plus fréquent, soit 3 à 20 % des patients ; ce
large éventail observé est dû à l’intérêt et à
la spécialisation plus ou moins développée que
possède chaque rhumatologue pour cette
maladie.
En Asie, la fibromyalgie est connue et des
associations de patients existent, au Japon par
exemple. L’affection semble être cependant
moins fréquente ou plutôt le diagnostic de
fibromyalgie semble être moins souvent porté.
Les pays à haut niveau socio-économique
semblent plus touchés, au premier chef : les
Etats-Unis, le Canada, la Suisse etc. La
fibromyalgie est anecdotique dans le tiers
monde.
L’importance des douleurs et de la fatigue
contraste avec un état général parfaitement
conservé, en particulier une absence d’amai-
grissement et un examen clinique strictement
normal, par exemple une parfaite conservation
des mobilités articulaires. Les examens complé-
mentaires (biologiques, radiologiques, électro-
myogramme, biopsie musculaire, etc.) sont
strictement normaux ; en particulier, il n’existe
aucun signe inflammatoire biologique et les
articulations sont radiologiquement normales.
Les personnes atteintes de fibromyalgie subis-
sent en général un enchaînement d’investigations
médicales multiples, variées et très poussées,
aux conclusions toujours normales, pour leur
plus grand désespoir.
L’hypothèse psychologique peut également
être renversée par ses détracteurs de la façon
suivante : lorsque l’on a des douleurs et une
fatigue intenses pendant des mois, est-t-il
anormal que l’on soit déprimé ?
L’origine organique
Plusieurs explications sont envisagées pour
faire admettre que la fibromyalgie est d’origi-
ne organique. En voici les principales mais
il est important de noter qu’aucune n’a été
vraiment validée jusqu’à présent :
Il existerait une dysrégulation centrale
expliquant un seuil de perception abaissé
de la douleur. L’IRM fonctionnelle, tech-
nique d’imagerie cérébrale de pointe,
montrerait des anomalies cérébrales chez
les patients atteints de fibromyalgie en
faveur de cette hypothèse. Cet examen est
inexploitable actuellement en pratique
courante.
Il existe parfois des auto-anticorps, en
particulier anti-muscles lisses et anti-
sérotonine, chez les patients atteints de
fibromyalgie ce qui plaiderait pour une
origine dysimmunitaire de la maladie.
Près de la moitié des patients situent les
premiers symptômes de la maladie après
un épisode viral pseudo grippal ; une
hypothèse virale a donc logiquement été
évoquée.
Des traitements ou produits toxiques ont
été incriminés comme responsables de
certaines fibromyalgies.
Une prédisposition héréditaire, un milieu
environnemental particulier … ?
Autant d’hypothèses diverses et variées, mais
aucune d’entre elles ne se détache franche-
ment au sein de la communauté scientifique
concernée.
Quelles sont les hypothèses
concernant son origine?
La fibromyalgie est certainement l’affection
dont l’existence même est la plus controver-
sée dans le monde médical et son origine
exacte reste actuellement inconnue.
Plusieurs hypothèses sont proposées, se
résumant à une théorie « psychosomatique » et
une théorie « organique » de la maladie.
En général, les médecins choisissent leur
camp, c’est à dire qu’ils sont convaincus que
la fibromyalgie est une maladie « psychosoma-
tique » à part entière ou à l’inverse qu’il s’agit
d’une affection « organique » dont la cause n’a
pas encore été découverte. Il y a ceux qui croient
à … et ceux qui croient que … et les esprits
peuvent rapidement s’échauffer lors d’une
discussion entre médecins sur ce thème.
Il y a donc deux visions médicales de cette
maladie, deux écoles et … deux approches
opposées lors de la rédaction d’une expertise
chez un patient fibromyalgique. Cette dualité est
assez unique dans le monde médical pour
être soulignée. Les associations de patients
fibromyalgiques privilégient généralement la
théorie organique lorsqu’elles évoquent ce
problème.
La thèse psychologique
C’est la première explication avancée chez ces
personnes souvent étiquetées par les médecins
comme « fonctionnelles » Souvent, on retrouve
effectivement un terrain d’anxiété, de dépression
ou de traumatismes psychologiques notamment
dans l’enfance. Certains patients atteints de
fibromyalgie exprimeraient leur souffrance
psychique par la douleur, la fatigue et tout un
cortège d’autres malaises que l’on retrouve dans
la fibromyalgie. Cette hypothèse expliquerait
ainsi l’absence de signes objectifs et la relative
efficacité de certains antidépresseurs.
Traitement de la fibromyalgieTraitement de la fibromyalgie
La cause de la fibromyalgie restant mysté-
rieuse, les traitements ne pourront être
qu’empiriques.
Les traitements proposés sont souvent ineffi-
caces ou partiellement efficaces ou efficaces
transitoirement, ce qui place souvent le médecin
en situation d’échec et désespère toujours
son patient.
Habituellement la prise en charge thérapeu-
tique repose sur l’association de médica-
ments et de traitements non médicamenteux.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les
corticoïdes sont décevants. Les antalgiques,
même morphiniques, n’apportent le plus
souvent qu’un soulagement partiel. Le traite-
ment par anti-dépresseurs est finalement le
seul qui donne certains résultats positifs.
Les traitements non médicamenteux (il
s’agit en particulier de la physiothérapie
douce, la kinésithérapie, la prise en charge
psychologique, la relaxation, l’acupuncture,
les cures thermales et toutes les autres
médecines physiques) souvent proposées,
sont là encore, d’une efficacité bien incertaine.
Pourquoi la fibromyalgie pose-t-elle
problème aux assureurs ?
Récente, fréquente et non-objectivable
La fibromyalgie est une affection relativement
nouvelle, décrite par l’organisation mondiale
de la santé (O.M.S) pour la première fois en
1992. Comme pour toute affection récemment
mise en évidence, les assureurs manquent de
références et ont des difficultés à bien cerner,
évaluer et quantifier les risques potentiels et la
fréquence des sinistres éventuels.
Elle n’entraîne pas de surmortalité, si ce
n’est celle liée à la composante dépressive
souvent présente. La couverture décès toutes
causes est donc assez facilement analysable
et tarifable. En revanche, la fibromyalgie est
une source importante d’arrêt de travail,
d’invalidité et peut-être de dépendance.
De plus, il s’agit d’une affection fréquente
touchant préférentiellement les femmes jeunes,
exerçant une activité plutôt sédentaire dans
un pays à niveau socio-économique élevé.
Ce portrait robot indique clairement que la
population la plus touchée par la fibromyalgie
est également une population cible pour
l’assureur de personne.
La fibromyalgie est une affection non objecti-
vable. Un médecin un peu hésitant peut se
demander si tout est normal ou s'il passe
à côté d’une maladie organique, d'une
dépression, d'une simulation ou d'une…
fibromyalgie.
Une étude américaine a récemment démontré
qu’un médecin connaissant bien la fibromyalgie
La fibromyalgie
Synonymes - Syndrome apparenté -
Les « faux amis »
Les synonymes
Syndrome polyalgique idiopathique diffus (SPID) a la
même signification. Cette appellation SPID a le mérite
de préciser d’emblée le caractère douloureux et
l’absence d’étiologie connue du syndrome.
Les Anglo-saxons utilisent également le terme fibrosite
pour désigner la fibromyalgie.
Le syndrome apparenté
Le syndrome de fatigue chronique : il se définit par un
état de fatigue installé depuis plus de 6 mois. Il peut
s’accompagner de douleurs diffuses et d’autres manifes-
tations cliniques identiques à celles de la fibromyalgie
mais c’est la fatigue intense qui domine chez ces
patients.
Les « faux amis »
Le diagnostic de fibromyalgie repose uniquement sur
des critères cliniques, mais il ne peut être retenu qu’après
avoir éliminé les autres causes de douleurs diffuses et de
fatigue chronique. Avant de parler de fibromyalgie, il faut
impérativement avoir écarté les affections suivantes :
les rhumatismes inflammatoires chroniques, au pre-
mier chef la polyarthrite rhumatoide,
les myalgies iatrogènes : les statines par exemple
(traitement hypocholestérolémiant) ont été incrimi-
nées dans ce type d’affection,
certaines maladies endocriniennes comme l’hypothy-
roidie ou l’hyperparathyroidie,
certaines maladies métaboliques : l’ostéomalacie,
l’hypokaliémie,
des pathologies infectieuses virales : les hépatites
chroniques B ou C, l’infection par le VIH, le virus
coxsakie B … au cours desquelles l’asthénie est,
dans certains cas, la manifestation majeure,
pathologie infectieuse bactérienne ou parasitaire :
citons la borréliose, la trichinose et la toxoplasmose,
les myopathies : la polymyosite, les granulomatoses et
les vascularites, les myopathies métaboliques.
On comprend mieux pourquoi un patient suspecté
de fibromyalgie subit de nombreuses investigations
médicales qui n’ont qu’un seul but : éliminer systémati-
quement toutes les autres causes de douleurs diffuses
et de fatigue chronique.
... suite
Mieux connaître la fibromyalgie
Décrite
par l’organisation
mondiale de la
santé (O.M.S)
pour la première
fois en 1992.
La fibromyalgie
23
Vie
Newsletter SCOR Vie
La fibromyalgie, affection en pleine expansion, est une maladie chronique et
invalidante se manifestant essentiellement par des douleurs diffuses et une grande
fatigue. Cette brève description ne peut qu’attirer l’attention d’un assureur de
personne car, en quelques mots, tout est dit sur ses conséquences potentielles en
garanties incapacité, invalidité et probablement dépendance.
Cet article écrit par le Dr Dominique Lannes, l’un des médecins-conseil de notre unité
de recherche en sélection des risques, nous incite à réfléchir à l’impact de cette
nouvelle affection sur la sinistralité des garanties incapacité/invalidité.
A l’occasion de ce numéro je vous invite une nouvelle fois, pour toute information
complémentaire, à prendre contact avec vos correspondants SCOR Vie habituels. Il
me reste à vous souhaiter une bonne lecture.
La fibromyalgie se caractérise par deux
signes cliniques essentiels : les douleurs et
la fatigue.
Les douleurs sont permanentes, spontanées,
siégeant au niveau des régions vertébrales,
paravertébrales et des insertions tendineuses,
c’est à dire au voisinage des articulations.
Elles sont chroniques, s’étalant sur de très lon-
gues périodes, dans tous les cas supérieures
à 3 mois. Elles sont diffuses, étendues et bila-
térales, en d’autres termes elles touchent
d’emblée l’ensemble du corps.
Ces douleurs deviennent rapidement obsé-
dantes pour le patient et lui rendent tout effort
pénible. A l’examen, le médecin peut déclen-
cher également des douleurs à la palpation
appuyée de certains points précis qui ont été
décrits dans la littérature médicale. C’est
d’ailleurs le seul élément positif de l’examen
clinique.
La fatigue est permanente, aussi bien au
repos qu’à l’effort et, associée aux douleurs,
elle entraîne une réduction importante des
gestes de la vie quotidienne : marche, port de
charges, travail etc…
A côté des douleurs et de la fatigue, la vie
d’une personne atteinte de fibromyalgie peut
être altérée par tout un cortège de symptômes
dont les plus courants sont :
des troubles du sommeil,
une anxiété,
des troubles de la concentration,
des troubles de la mémoire,
une migraine,
une colopathie fonctionnelle : troubles
digestifs divers et variés comme des
douleurs abdominales, une constipation,
des ballonnements, etc.,
des palpitations,
des cystites à répétition.
Un syndrome dépressif est retrouvé chez
plus d’un quart des personnes atteintes de
fibromyalgie. Il est bien difficile de savoir s’il
s’agit d’une dépression réactionnelle à la
maladie ou non.
Mieux connaître la fibromyalgie
IRomain Durand, Directeur Général SCOR VIE
4La fibromyalgie
... suite
Pourquoi la fibromyalgie pose-t-elle
problème aux assureurs ?
pouvait porter à tort ce diagnostic une fois sur
trois chez des personnes simulant la maladie.
Finalement, la fibromyalgie occasionne les
mêmes difficultés à l’assureur que ces
deux autres affections non objectivables : les
douleurs dorso-lombaires et la dépression
nerveuse, qu’il connaît bien.
Si l’assureur souhaite traiter la fibromyalgie
comme une maladie psychiatrique commune
et appliquer une exclusion, il doit être cons-
cient des difficultés d’application de celle-ci ;
il existe en effet des risques de litige en raison
de l’origine organique qu’il n’est jamais possi-
ble d’écarter totalement.
La fibromyalgie est une affection chronique
et invalidante
Il est difficile de travailler avec des douleurs
diffuses, intenses, plus ou moins permanentes
et une fatigue récurrente. On comprend donc
aisément que la fibromyalgie peut entraîner de
nombreux sinistres incapacité, invalidité,
voire dépendance. L’histoire naturelle de la
fibromyalgie évolue exceptionnellement vers
la guérison. L’assureur doit plutôt s’attendre
à une aggravation ou au minimum à une
stabilisation du handicap. Un sinistre incapa-
cité pour fibromyalgie est en règle général
long, voire très long et aboutit fréquemment à
un sinistre invalidité.
La fibromyalgie est une affection médiatisée
et les associations de malades sont mainte-
nant nombreuses et actives.
Les personnes atteintes de fibromyalgie vivent
leur maladie comme une double injustice :
non seulement elles souffrent, mais en plus,
elles ne sont pas reconnues comme étant
réellement malades, tout au plus est-ils admis
qu’elles souffrent d’une dépression nerveuse.
Cette injustice est durement vécue, suscite
de fortes revendications en cas de litige,
notamment lors d’une confrontation dans une
problématique d’assurance.
Nous avons souhaité, à travers cette news-
letter, attirer votre attention sur la fibromyal-
gie, maladie spécifique portant en elle tous
les germes d’une sinistralité élevée en garan-
tie incapacité, invalidité ou dépendance.
IDocteur Dominique Lannes, médecin conseil SCOR Vie, dlannes@scor.com
SCOR Vie et la fibromyalgie
C’est sur l’expérience issue des nombreux
dossiers de souscription étudiés quotidienne-
ment, et sur la connaissance des avancées les
plus pointues de la médecine, que les équipes
de SCOR Vie fondent leur expertise internatio-
nalement reconnue en sélection des risques.
Concernant la fibromyalgie, l’équipe de
recherche en sélection des risques suit
l’évolution de cette affection en particulier
et notamment à partir des statistiques qui
commencent à être disponibles et du
nombre de sinistres affectant les portefeuilles
incapacité/invalidité.
A ce jour, SCOR Vie considère qu’une fibro-
myalgie avérée peut-être acceptée dans le
cadre d’une garantie décès mais recomman-
de la plus grande prudence pour les autres
garanties. Nos clients disposant de Sar@,
notre outil de sélection des risques aggravés,
peuvent y retrouver le détail de notre position.
© 2005. SCOR fait ses meilleurs efforts pour assurer l’exactitude de l’ensemble des informations fournies dans le cadre de ses publications et décline toute responsabilité en cas d’imprécision, inexactitude ou omission.
Il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l’éditeur.
La fibromyalgie
La fibromyalgie
peut entraîner
de nombreux
sinistres incapacité,
invalidité, voire
dépendance.
Points sensibles - Diagnostic -
Population à risque
Les 18 points sensibles du corps
Critères retenus par le Collège Américain
de Rhumatologie pour porter le diagnos-
tic de fibromyalgie :
Pour porter le diagnostic de fibromyalgie, il est néces-
saire que le patient réponde aux deux critères suivants :
douleurs étendues dans les 4 quadrans du corps
(colonne vertébrale et thorax compris), depuis plus
de 3 mois,
au moins 11 points douloureux à la palpation sur les
18 points sensibles de la fibromyalgie.
Quelle est la population à risque de
fibromyalgie ?
Toute personne adulte peut être atteinte d’une fibromyal-
gie, quels que soient son sexe, son âge et sa profession.
On observe cependant une très nette prépondérance
chez les femmes âgées de 30 à 50 ans, ayant un travail
sédentaire.
Il existe dix femmes atteintes de fibromyalgie pour
1 homme.
Directeur de la Publication :
Romain Durand
Directeur Général SCOR Vie
Secrétariat :
Tel: 33 (0) 1 46 98 77 65
Sébastien Bergeron
sbergeron@scor.com
Sandrine Bonnamy
Comité de Rédaction :
Christian Mounis
Arnaud Chneiweiss
Pierre-Yves Le Corre
René Lemaire
Alain Chevreau
Miguel Alferieff
Dietmar Zietsch
SCOR Vie
I, avenue du Général de Gaulle
92074 Paris La Défense cedex
France
www.scor.com
ISSN 1637-8644
3La fibromyalgie
Les pays
à haut niveau
socio-économique
semblent plus
touchés.
2La fibromyalgie
Quelle est la fréquence
de la fibromyalgie ?
Dans le domaine de la fibromyalgie, les
statistiques sont à interpréter avec pruden-
ce car il s’agit d’une affection relativement
nouvelle, non objectivable et relativement
« floue » dans ses manifestations.
Tous les patients concernés ne connaissent pas
toujours leur diagnostic et il est probable que
certaines personnes ont été étiquetées, à tort,
fibromyalgiques du fait de l’absence de spécifi-
cité des symptômes décrits. Par ailleurs, la
fibromyalgie « se propage » dans chaque pays
de façon plus ou moins rapide et importante, en
fonction de l’intérêt des médecins pour cette
affection, de la médiatisation plus ou moins
prononcée, de l’implication des associations
de patients, autant de facteurs qui peuvent
influencer le nombre de fibromyalgies recensées.
Ces précautions étant énoncées, force est de
constater que la fibromyalgie pourrait être une
des affections les plus fréquentes dans le
monde occidental : 2 % de la population adulte
nord-américaine et 1,3 % de la population
européenne.
La Norvège semble détenir le record du monde :
le chiffre de 10 % a été avancé ! En France, il y
aurait entre 500.000 et 1 million de personnes
atteintes de fibromyalgie, soit deux à trois fois
plus que de patients ayant une polyarthrite
rhumatoïde. Dans les consultations de rhumato-
logie, la fibromyalgie est devenue le diagnostic le
plus fréquent, soit 3 à 20 % des patients ; ce
large éventail observé est dû à l’intérêt et à
la spécialisation plus ou moins développée que
possède chaque rhumatologue pour cette
maladie.
En Asie, la fibromyalgie est connue et des
associations de patients existent, au Japon par
exemple. L’affection semble être cependant
moins fréquente ou plutôt le diagnostic de
fibromyalgie semble être moins souvent porté.
Les pays à haut niveau socio-économique
semblent plus touchés, au premier chef : les
Etats-Unis, le Canada, la Suisse etc. La
fibromyalgie est anecdotique dans le tiers
monde.
L’importance des douleurs et de la fatigue
contraste avec un état général parfaitement
conservé, en particulier une absence d’amai-
grissement et un examen clinique strictement
normal, par exemple une parfaite conservation
des mobilités articulaires. Les examens complé-
mentaires (biologiques, radiologiques, électro-
myogramme, biopsie musculaire, etc.) sont
strictement normaux ; en particulier, il n’existe
aucun signe inflammatoire biologique et les
articulations sont radiologiquement normales.
Les personnes atteintes de fibromyalgie subis-
sent en général un enchaînement d’investigations
médicales multiples, variées et très poussées,
aux conclusions toujours normales, pour leur
plus grand désespoir.
L’hypothèse psychologique peut également
être renversée par ses détracteurs de la façon
suivante : lorsque l’on a des douleurs et une
fatigue intenses pendant des mois, est-t-il
anormal que l’on soit déprimé ?
L’origine organique
Plusieurs explications sont envisagées pour
faire admettre que la fibromyalgie est d’origi-
ne organique. En voici les principales mais
il est important de noter qu’aucune n’a été
vraiment validée jusqu’à présent :
Il existerait une dysrégulation centrale
expliquant un seuil de perception abaissé
de la douleur. L’IRM fonctionnelle, tech-
nique d’imagerie cérébrale de pointe,
montrerait des anomalies cérébrales chez
les patients atteints de fibromyalgie en
faveur de cette hypothèse. Cet examen est
inexploitable actuellement en pratique
courante.
Il existe parfois des auto-anticorps, en
particulier anti-muscles lisses et anti-
sérotonine, chez les patients atteints de
fibromyalgie ce qui plaiderait pour une
origine dysimmunitaire de la maladie.
Près de la moitié des patients situent les
premiers symptômes de la maladie après
un épisode viral pseudo grippal ; une
hypothèse virale a donc logiquement été
évoquée.
Des traitements ou produits toxiques ont
été incriminés comme responsables de
certaines fibromyalgies.
Une prédisposition héréditaire, un milieu
environnemental particulier … ?
Autant d’hypothèses diverses et variées, mais
aucune d’entre elles ne se détache franche-
ment au sein de la communauté scientifique
concernée.
Quelles sont les hypothèses
concernant son origine?
La fibromyalgie est certainement l’affection
dont l’existence même est la plus controver-
sée dans le monde médical et son origine
exacte reste actuellement inconnue.
Plusieurs hypothèses sont proposées, se
résumant à une théorie « psychosomatique » et
une théorie « organique » de la maladie.
En général, les médecins choisissent leur
camp, c’est à dire qu’ils sont convaincus que
la fibromyalgie est une maladie « psychosoma-
tique » à part entière ou à l’inverse qu’il s’agit
d’une affection « organique » dont la cause n’a
pas encore été découverte. Il y a ceux qui croient
à … et ceux qui croient que … et les esprits
peuvent rapidement s’échauffer lors d’une
discussion entre médecins sur ce thème.
Il y a donc deux visions médicales de cette
maladie, deux écoles et … deux approches
opposées lors de la rédaction d’une expertise
chez un patient fibromyalgique. Cette dualité est
assez unique dans le monde médical pour
être soulignée. Les associations de patients
fibromyalgiques privilégient généralement la
théorie organique lorsqu’elles évoquent ce
problème.
La thèse psychologique
C’est la première explication avancée chez ces
personnes souvent étiquetées par les médecins
comme « fonctionnelles » Souvent, on retrouve
effectivement un terrain d’anxiété, de dépression
ou de traumatismes psychologiques notamment
dans l’enfance. Certains patients atteints de
fibromyalgie exprimeraient leur souffrance
psychique par la douleur, la fatigue et tout un
cortège d’autres malaises que l’on retrouve dans
la fibromyalgie. Cette hypothèse expliquerait
ainsi l’absence de signes objectifs et la relative
efficacité de certains antidépresseurs.
Traitement de la fibromyalgieTraitement de la fibromyalgie
La cause de la fibromyalgie restant mysté-
rieuse, les traitements ne pourront être
qu’empiriques.
Les traitements proposés sont souvent ineffi-
caces ou partiellement efficaces ou efficaces
transitoirement, ce qui place souvent le médecin
en situation d’échec et désespère toujours
son patient.
Habituellement la prise en charge thérapeu-
tique repose sur l’association de médica-
ments et de traitements non médicamenteux.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les
corticoïdes sont décevants. Les antalgiques,
même morphiniques, n’apportent le plus
souvent qu’un soulagement partiel. Le traite-
ment par anti-dépresseurs est finalement le
seul qui donne certains résultats positifs.
Les traitements non médicamenteux (il
s’agit en particulier de la physiothérapie
douce, la kinésithérapie, la prise en charge
psychologique, la relaxation, l’acupuncture,
les cures thermales et toutes les autres
médecines physiques) souvent proposées,
sont là encore, d’une efficacité bien incertaine.
Pourquoi la fibromyalgie pose-t-elle
problème aux assureurs ?
Récente, fréquente et non-objectivable
La fibromyalgie est une affection relativement
nouvelle, décrite par l’organisation mondiale
de la santé (O.M.S) pour la première fois en
1992. Comme pour toute affection récemment
mise en évidence, les assureurs manquent de
références et ont des difficultés à bien cerner,
évaluer et quantifier les risques potentiels et la
fréquence des sinistres éventuels.
Elle n’entraîne pas de surmortalité, si ce
n’est celle liée à la composante dépressive
souvent présente. La couverture décès toutes
causes est donc assez facilement analysable
et tarifable. En revanche, la fibromyalgie est
une source importante d’arrêt de travail,
d’invalidité et peut-être de dépendance.
De plus, il s’agit d’une affection fréquente
touchant préférentiellement les femmes jeunes,
exerçant une activité plutôt sédentaire dans
un pays à niveau socio-économique élevé.
Ce portrait robot indique clairement que la
population la plus touchée par la fibromyalgie
est également une population cible pour
l’assureur de personne.
La fibromyalgie est une affection non objecti-
vable. Un médecin un peu hésitant peut se
demander si tout est normal ou s'il passe
à côté d’une maladie organique, d'une
dépression, d'une simulation ou d'une…
fibromyalgie.
Une étude américaine a récemment démontré
qu’un médecin connaissant bien la fibromyalgie
La fibromyalgie
Synonymes - Syndrome apparenté -
Les « faux amis »
Les synonymes
Syndrome polyalgique idiopathique diffus (SPID) a la
même signification. Cette appellation SPID a le mérite
de préciser d’emblée le caractère douloureux et
l’absence d’étiologie connue du syndrome.
Les Anglo-saxons utilisent également le terme fibrosite
pour désigner la fibromyalgie.
Le syndrome apparenté
Le syndrome de fatigue chronique : il se définit par un
état de fatigue installé depuis plus de 6 mois. Il peut
s’accompagner de douleurs diffuses et d’autres manifes-
tations cliniques identiques à celles de la fibromyalgie
mais c’est la fatigue intense qui domine chez ces
patients.
Les « faux amis »
Le diagnostic de fibromyalgie repose uniquement sur
des critères cliniques, mais il ne peut être retenu qu’après
avoir éliminé les autres causes de douleurs diffuses et de
fatigue chronique. Avant de parler de fibromyalgie, il faut
impérativement avoir écarté les affections suivantes :
les rhumatismes inflammatoires chroniques, au pre-
mier chef la polyarthrite rhumatoide,
les myalgies iatrogènes : les statines par exemple
(traitement hypocholestérolémiant) ont été incrimi-
nées dans ce type d’affection,
certaines maladies endocriniennes comme l’hypothy-
roidie ou l’hyperparathyroidie,
certaines maladies métaboliques : l’ostéomalacie,
l’hypokaliémie,
des pathologies infectieuses virales : les hépatites
chroniques B ou C, l’infection par le VIH, le virus
coxsakie B … au cours desquelles l’asthénie est,
dans certains cas, la manifestation majeure,
pathologie infectieuse bactérienne ou parasitaire :
citons la borréliose, la trichinose et la toxoplasmose,
les myopathies : la polymyosite, les granulomatoses et
les vascularites, les myopathies métaboliques.
On comprend mieux pourquoi un patient suspecté
de fibromyalgie subit de nombreuses investigations
médicales qui n’ont qu’un seul but : éliminer systémati-
quement toutes les autres causes de douleurs diffuses
et de fatigue chronique.
... suite
Mieux connaître la fibromyalgie
Décrite
par l’organisation
mondiale de la
santé (O.M.S)
pour la première
fois en 1992.
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