> UCM Mouvement Bruxelles > Actualités > L'onde de choc pour l'économie bruxelloise après les attentats 14 avril 2016 L'onde de choc pour l'économie bruxelloise après les attentats Les attentats bruxellois vont peser lourd sur l'économie de la capitale, et même bien au-delà. État des lieux dans des secteurs dont les jours étaient déjà bien difficiles... Au lendemain du mardi 22 mars, les rues sont désertes. Les badauds se font rares, les clients évitent les brasseries et restaurants, les touristes annulent leur city trip à Bruxelles, tandis que les taximen en poste à Zaventem boivent la tasse, privés de leurs courses quotidiennes. Les grandes villes belges accusent le coup, les hôteliers et tout le secteur horeca courbent l'échine. Les agences de voyages aussi, comme le confirme Benoît Dieu, président de l'Upav (Union professionnelle des agences de voyages). "Nos affiliés ont enregistré une baisse de 34 % de fréquentation durant la première semaine de Pâques. Les ventes en agence avaient déjà fortement baissé après les attentats de novembre. Malgré tout, nous avions constaté une légère reprise à la fin de l'année, moment que les tour-opérateurs choisissent pour éditer leurs catalogues. Janvier et février avaient été excellents. De manière générale, les chiffres globaux n'étaient pas trop mauvais en agence, nous étions relativement contents. Là, ça devient très compliqué." Selon Benoît Dieu, il va falloir composer dans les prochaines semaines et l'impact des attentats bruxellois ne pourra être chiffré que courant mai. "Les candidats touristes doivent encore digérer ce qui s'est passé à Bruxelles, et la situation à l'aéroport ne nous aide pas. Une fois que tout sera aplani, les commandes vont reprendre car les clients se rendent compte qu'ils ne sont pas plus en sécurité ailleurs qu'ici. Ils choisiront peut-être un autre moyen de locomotion pour partir en vacances que l'avion, et c'est certainement le pourtour méditerranéen et l'Europe occidentale qui en profiteront." Le trio auto-train-bateau devrait considérablement aider les professionnels du voyage, d'autant qu'il semble que le city trip, souvent organisé via internet, soit déjà en perte de vitesse chez les voyagistes. Selon Benoît Dieu, "les réservations pour cet été ne devraient pas diminuer, le gros du travail étant déjà fait dans les agences." Seafood torpillé Du côté du secteur hôtelier, entre réservations annulées et clients qui écourtent leur séjour, le bilan est sombre. "À peine 20 % de taux d'occupation de nos hôtels fin mars à Bruxelles, au lieu des 70 % habituels de Pâques. Les restaurants et cafés tournent à mi-régime, c'est une catastrophe", détaille Yvan Roque, président de la fédération Horeca Bruxelles. Le secteur a tenu une réunion de crise vendredi dernier, à laquelle un nombre impressionnant d'affiliés ont participé. "Certains pleuraient, tous étaient dépités. Il est clair que ces attentats sont l'élément qui va précipiter certains d'entre eux définitivement vers le dépôt de bilan." À titre d'exemple, Seafood, le grand rendez-vous de l'année pour le secteur, a subi quasi la moitié d'annulations de ses réservations. Seuls 20.000 clients (sur 35.000) se déplaceront à Bruxelles fin du mois. À noter que le ministre Willy Borsus (MR) a reçu des représentants du secteur mardi. Une rencontre à l'issue de laquelle le secteur a émis une liste de desiderata, dont le dégagement par le fédéral d'un budget communication pour redorer l'image de Bruxelles, la suppression des charges sociales les deux prochains trimestres, l'accès au chômage économique sans délai d'attente, la garantie de l'État sur les crédits bancaires accordés au secteur et la mise en pratique du programme "Just Horeca", qui permet de diminuer les charges et d'augmenter le salaire poche. Dans un premier temps, le ministre des PME a autorisé des facilités de paiement des cotisations sociales (sans majorations) pour les indépendants dont les activités ont été directement touchées par les attentats bruxellois. Les informations sont détaillées dans les "actualités" du site ucm.be. Une première estimation, "à la grosse louche", table sur une perte financière liée à ces attentats de 400 millions d'euros, hors dommage moral et indemnisations des assurances. Sans oublier la perte de confiance des entreprises et le frein que cela peut engendrer sur le tourisme d'affaires. L'UCM demande des mesures de soutien Les conséquences économiques du lock down de novembre et des attentats de Bruxelles du 22 mars sont lourdes pour des milliers d'indépendants et de PME. Bon nombre d'entre eux risquent, si rien n'est fait, d'être acculés au dépôt de bilan alors que leur entreprise est fondamentalement saine. Les attentats et la menace terroriste sont d'abord un coup dur pour le tourisme (le secteur représente 8,1 % des emplois bruxellois et près de 4 % du PIB régional), mais l'onde de choc frappe bien plus largement l'économie du pays et les conséquences se feront encore sentir pendant des mois. L'UCM souhaite donc que des mesures concrètes soient adoptées pour l'ensemble des entreprises wallonnes et bruxelloises. En effet, les mesures fédérales (possibilité de recourir au chômage temporaire et délai supplémentaire pour le paiement des cotisations sociales des deux premiers trimestres) déjà prises sont réservées aux entreprises de la Région bruxelloise. L'UCM souhaite leur application aux secteurs en difficulté en dehors de la Région. De même, les chefs d'entreprise dont le chiffre d'affaires souffre, notamment suite à une baisse de fréquentation, devraient bénéficier d'une exonération des majorations de cotisations sociales d'indépendant, en application du principe d'une situation "digne d'intérêt". Si d'aventure et dans le pire des cas, l'entrepreneur est obligé de mettre la clef sous le paillasson, l'UCM demande que l'assurance "cessation pour raisons économiques" prenne rapidement le relais. Déjà prévue dans la loi, cette assurance a besoin d'un arrêté royal pour être mise en œuvre. L'UCM préconise son adoption rapide. L'UCM demande aussi que les investissements consentis par l'indépendant en matière de sécurité, aujourd'hui déductibles à concurrence de 120 % sur une période de trois à cinq ans, puissent être amortis, pour les raisons exceptionnelles que nous connaissons, sur l'année d'achat. Enfin, et afin de redorer l'image de Bruxelles en particulier et de la Belgique en général, l'UCM demande l'instauration de "chèques horeca", remis aux touristes qui réservent des nuits d'hôtel dans les établissements de la capitale. Cet argent, directement réinvesti dans le tissu économique local, serait un incitant à retrouver le chemin de la Belgique, au bénéfice des secteurs touchés par les événements de ces derniers mois.