8Photographier les astres en toutes saisons
Choisir un instrument
Choix de la monture
À cause de la rotation de la Terre, qui provoqueun bouvisible en une fraction de seconde, une monture moto-
risée estindispensable pour la photographie des astres.La précision dusystème d’entraînementest un élémentclé
pour la photographie. La stabilité estégalementprimordiale :une légère tape sur l’arrière du tube optique doitêtre
amortie en une oudeux secondes.Deux grandes classes de montures, altazimutales etéquatoriales, se partagentle
marché.
Montures altazimutales
Les montures altazimutales équipentde nombreux instruments à pointage automatique (GO-TO). Leurs mouve-
ments se fontselon un axe des longitudes (gauche-droite) et un axe des latitudes (haut-bas). Le suivi des astres,
assuré par deux moteurs,estgénéralement tout àfaitsatisfaisant.Cependant,leur axe principal n’estpas parallèle
à celui de la Te rre, mais dirigé vers le zénith. Sans conséquence pourune photoavec une pose courte, ce mécanisme
pose un problème de rotation de champ lors des poses longues :aubout de quelques dizaines de secondes, les
étoiles situées aubord ducliché prennentla forme d’arcs de cercle ! Pour la photographie duciel profond, il faut
soitse résoudre à combiner de nombreuses poses très courtes, ce qui n’estpas l’idéal (cf.p. 27), soitadjoindre à
ces montures une table équatoriale, mais la stabilité de l’ensemble en pâtit.Une monture équatoriale estdonc
préférable.
Montures équatoriales
L’axe principal d’une monture équatoriale (axe
horaire, ouaxe des ascensions droites) pointevers le
pôle Nord astronomique. La rotation de la Terre est
compensée par le seul mouvementde l’instrument
autour de cetaxe, ce qui élimine le problème de
rotation de champ évoqué ci-avant(dans la mesure
oùle pointage dupôle Nord astronomiqueaété
rigoureux,cf.p. 21). Pour l’observation, un seul
moteursur l’axe des ascensions droites suffitpour
le suivi. En photographie, pour corriger les imper-
fections dans la mise en station etles éventuels effets
de la turbulence, un moteur estégalementindispen-
sable sur le second axe, appelé axe des déclinaisons.
Il existe différentstypes de montures équatoriales :
à fourche, allemandes etmoins communément
à berceauouà fer à cheval. Hormis les modèles d’entrée de gamme, les montures allemandes sontsouventles
plus stables, mais aussi les plus lourdes etles plus encombrantes.Elles possèdentnotamment un ouplusieurs
contrepoids, de masse à peuprès équivalente à celle de l’instrument,qui ne serventqu’à équilibrer l’ensemble.
Montures à pointage automatique
De très nombreuses montures ontla possibilité, en série ouen option,d’être pilotées par un système GO-TO, capable de
pointer automatiquementn’importe quel objet,sans que l’on aità connaître le ciel. Peudidactiqueenobservation
visuelle, cette option peut être extrêmementutile en astrophotographie, à cause duchamp souventrestreintdutec-
teur, de la difficulté (oude l’impossibilité) de voir à travers, ainsi que dumanque de commodité de devoir retirer ce
tecteur à chaque nouveaupointage pour le remplacer par un oculaire. Certains logiciels de cartographie céleste,
comme Guide, The Skyetbien d’autres, permettentde commander le pointage automatiquevia un ordinateur.
Monture équatoriale à fourche en poste fixe (Photo E. Beaudoin).
9Savoir-faire
Choix de l’optique
Le choixd’un instrumentdestiné à la photographie se faiten fonction dudiamètre de son optique (miroir ou
objectif), de la focale ainsi que de la formule optique. Le rapportfocale sur diamètre (rapportF / D ) estégalement
un paramètre importantpuisqu’il détermine le temps de pose. Revenons sur chacun de ces paramètres.
Diamètre
Le diamètre de l’instrumentestla caractéristique essentielle de tout instrumentd’astronomie. D’une part,la
quantité de lumière collectée estproportionnelle aucarré dudiamètre :un miroir de 200 mm capte quatre fois
plusde lumière quun miroir de 100 mm. D’autre part,le pouvoir séparateur estd’autantplus élevé que le dia-
tre augmente. À qualité optique égale, un instrumentde 200 mm estcapable de distinguer des détails deux
fois plusfins quun autre de 100 mm.
En observation visuelle, on a presquetoujours intérêtà choisir un instrumentduplusgros diamètre possible
(dans les limites que l’on s’accorde pour le poids, l’encombrementetévidemmentle prix). En photographie,
d’autres paramètres entrenten jeu.Les défauts optiques etles problèmes mécaniques, ainsi que leur focale élevée
fontque de gros télescopes sontparfois difficiles à utiliser, oune conviennentpas au type de photographie que
l’on souhaite réaliser (grand champ par exemple).
Focale
La longueur focale, ousimplementfocale, estla distance entre l’objectif d’une lunette (oule miroir pr imaire
d’untélescope) etl’endroitoùse forme l’image (le foyer). La focale est un élémentbeaucoup plus importanten
photographie qu’en observation, oùles oculaires permettent toujours une large gamme de grossissement.En
photographie à longue pose, un instrumentne fonctionne correctementqu’à son foyer, ouéventuellementavec
un réducteur de focale. La focale vaxer l’étendue duchamp disponible surun détecteur donné, ainsi que la
dimension des objets sur l’image. Des exemples de champs en fonction de la focale etdu type de détecteur sont
fournis page 16.
Rapport F/D
En divisantla focale d’un instrumentpar son diamètre, on obtientle rapportF/D ,paramètre égalementessen-
tiel en photographie, puisque c’estlui qui dicte le temps de pose. Plus le rapportF/Destpetit,plus l’instrument
est« rapide » ou« ouvert»:il permetdes temps de pose courts. Ainsi, un instrumentdontle rapportF/Dvaut 5
enregistre la même information quatre fois plus rapidementque s’il avait un rapportF/Dde 10.Pour autant,
il n’estpas plus lumineux :il ne verra pas des étoiles plusfaibles que ne l’autorise son diamètre. Pour la photo-
graphie duciel profond, un rapportF/Dinférieurà8estsouhaitable. Hélas, d’une manière générale, les défauts
optiques augmententà mesure que le rapportF/Ddiminue. Notons qu’en photographie planétaire, la grande
luminosité des astres permetd’utiliser une ouplusieurs lentilles de Barlow.Il estalors conseillé d’utiliser un rapport
F/Dcompris entre 20 et 30.
Différentes optiques
Télescopes Newton
Les « Newtons » sontdes télescopes très polyvalents, délivranten général de bonnes images.Ils sontcependant
lourds etencombrant, si bien qu’ils deviennentdifficilement transportables au-delà de 200 ou 250mm de dia-
tre. Le rapportF / Destgénéralementcompris entre 4 et6. Le principal défaut optique de ces instruments est
une déformation des images dans les bords duchamp,appelée coma à cause de la forme en comète que prennent
alors les étoiles. Un correcteur de coma devientquasimentindispensable lorsque le rapportF/Destinférieur ou
égal à 5. L’alignementdes deux miroirs n’estpas toujours trivial pourun débutant.
10 Photographier les astres en toutes saisons
Télescopes Schmidt-Cassegrain
Cette formule optique offre l’avantage d’une grande
compacité. Le miroir secondaire estassezgros, ce
qui dégrade le contraste des images (surtout sen-
sible en observation planétaire). Cependant,leur
prixintéressantpermetde compenser largement
ce handicap par l’achatd’un diamètre supérieur.
Le principal défaut de ce système optique est un
manque de planéité de champ :lorsque la mise au
pointestbonne aucentre de l’image, les étoiles sont
un peufloues dans les angles, etinversement.Pour
la photographie duciel profond, ces instruments
peurapides (F/Dvoisin de 10) sontquasi systéma-
tiquementéquipés d’un réducteur de focale, rame-
nantle rapportF/Dentre 6 et7. Notons que le
miroir primaire peut être sujetà des flexions à cause
dusystème de mise aupointpar translation :il en
résulte notamment une variation de la mise au
point,plus oumoins rapide aucours du temps,
assezproblématique en imagerie.
Lunettes
On distingue généralementles lunettes dites achro-
matiques,composées de deux lentilles simples, de
celles apochromatiques,composées de verres spéciaux
ED (extra low dispersion) ouuorine etde deux ou
trois lentilles.Pour la photographie astronomique,
mieux vaut se diriger vers des objectifs apochroma-
tiques.Non seulementpour leur qualité optique,
mais aussi pour leur rapportF / D– en général com-
pris entre 5 et8 – inférieur à celui des lunettes
achromatiques.L’image délivrée par un objectif
apochromatiqueest très piquée surune grande
partie duchamp,voire surtout le champ avec
adjonction d’un aplanisseur (optionnel oudéjà
monté à l’arrière de l’instrument). Aucun réglage
optique n’estgénéralementnécessaire. La dénomi-
nation « quadruplet» ne doitgénéralementqu’aux
deux lentilles d’un aplanisseur de champ intégré.
Le principal inconvénientdes lunettes, outre leur
poids etleur encombrement,estleur prix:une
lunette apochromatique de 150mm de diamètre
coûte plus cher quun excellentNewton de
400 mm !
Autres formules optiques
De nombreuses formules optiques existent,parfois très confidentielles. Pour la photographie, retenons les
télescopes de Cassegrain etde Ritchey-Chretien. Ces instruments, de par leur conception optique etl’adjonc-
tion de correcteurs,délivrentsouventdes images exceptionnelles sur le ciel profond, les défauts déjà cités étant
largementmaîtrisés.Cependant,ils sontgénéralement très chers, etdestinés à un public averti.
Télescope Schmidt-Cassegrain sur monture équatoriale allemande
(Photo E. Beaudoin).
Lunette apochromatique sur laquelle est installé
un boîtier numérique (Photo E. Beaudoin).
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