La photo publicitaire ou la prégnance des images impersonnelles

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médiamorphoses
dossier
La photo publicitaire ou la prégnance
des images impersonnelles
Pierre Fresnault-Deruelle
La photo publicitaire ou
la prégnance des images
impersonnelles
Pierre Fresnault-Deruelle - Professeur des Universités, Paris 1
"Nous supposons, nous, que la vue s'améliore en conquérant
pour une large part, disparu au profit des "photogra-
les objets"
phistes", chez qui la fonction expressive a pour vocation
1
Michel de Certeau
E
de se faire aussi discrète que possible ?
xiste-t-il des images anonymes ? Les cartes pos-
Le règne du standard
tales (qu'on trouve par millions dans les bro-
En regard de la photo d'auteur, la photo publicitaire
cantes), en sont, sans nul doute, qui n'ont pas
(sauf exception) fait pâle figure, d'où sans doute ce sur-
d'auteur attesté. En matière iconographique, l'anony-
croît de couleurs dont elle s'affuble. Mais, faire pâle fi-
mat, cependant, ne saurait se définir par l'absence seule
gure dans notre monde médiatisé, où règne le standard,
d'appellatif : nombre de tableaux d'antan, non attri-
équivaut paradoxalement à faire bonne figure. De fait, bien
bués, manifestent un style tel qu'il est difficile de consi-
que souvent talentueux, les opérateurs de la réclame mo-
dérer ces toiles comme des œuvres sans "attaches"(on
derne confondent (ou veulent nous faire confondre) les
parlera volontiers dans ce cas d'"images orphelines"). On
jeux plus ou moins sophistiqués du code (ce qui permet
veut dire que les images anonymes sont d'abord pour nous
de toujours s'y retrouver) avec la subversion créatrice de
des représentations passe-partout, que leur caractère
ce dernier, infiniment plus rare. Chez ces hommes de
"moyen", précisément, a rendu populaires. Ainsi, encore,
communication, sous prétexte de nouveauté, c'est bien
en fût-il, chez nous, des images pieuses, dont la mièvre-
le vieux fonds rhétorique qu'il s'agit d'actualiser, l'im-
rie était garante de succès. Allons plus loin, même signées,
mémorial discours de la séduction qu'il convient de
bon nombre de représentations (affiches de cinéma,
mettre au goût du jour. En bref, malgré la course effrénée
icônes politiques ou commémoratives, etc.) présentent un
au détail surprenant, original, l'interchangeabilité des
message d'appartenance au genre si marqué que, chez
formes et des propos caractérise massivement annonces
elles, le signalétique le dispute au sémiologique. Le photo-
de magazine et placards de rue. Tant de promesses
journalisme, pour prendre un autre exemple, est également
(confort, santé, etc.), presque aussi vite caduques que
fait de cette sorte d'images, à telle enseigne que le jour
rendues publiques, participent plus que jamais du bruit
où un reporter a la chance de voir l'un de ses clichés faire
de fond de notre quotidienneté.
le tour du monde c'est pour la raison, paradoxale, que son
cliché retrouve idéalement - non pas l'information man-
Des usages publicitaires de la photographie
quante - mais l'imago princeps qu'on attendait ; le scoop
Parler de photographie publicitaire invite à lever d'entrée
en la matière consistant à exciper de la représentation la
une équivoque : il n'existe pas, en principe, de photo-
plus convenue qui soit ! De nos jours, la sphère publici-
graphie publicitaire, mais seulement des usages publici-
taire n'est pas, elle non plus, un réservoir d'images ano-
taires de la photographie. Le moindre objet, traité de
nymes de moindre envergure. Les graphistes n'ont-ils pas,
telle ou telle manière (le paramétrage de la prise de vue,
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le tirage, le choix du support, etc.) peut être propice, ou
Un art toujours moyen
non, au discours marchand. Par où l'on comprend que la
Pour succincte qu'elle soit, cette approche de la photogra-
dimension publicitaire d'une image ne peut se trouver dans
phicité, nous permet, par contraste, d'approcher le tout ve-
la "photographicité" de celle-ci, mais seulement dans la
nant des clichés publicitaires. Convenons d'emblée que la
façon dont l'annonce publicitaire travaille cette photo-
photographie marchande, eu égard à ce que F. Soulages ap-
graphicité. Qu'est-ce donc qu'une photographie ? Et par
pelle la "perte et le reste", est un "art moyen" (rien à voir
quelle voie et selon quels modes un cliché est-il à même
avec la pratique amateur décrite par Bourdieu) : une sorte
de favoriser la promotion d'un produit ou d'un service ?
de compromis, chargé de rassurer le consommateur que les
Pour ce qui regarde la première question, la lecture du ré-
potentialités du médium (véritablement exploitées, elles, par
les artistes) pourraient effaroucher.
cent ouvrage de François Soulages
Esthétique de la photographie
est d'un grand secours. Le soustitre de cette étude "La perte et
le reste" nous livre l'idée essen-
Travaillée de la sorte, la photo
En somme, le cliché publicitaire
publicitaire est toujours
est bien souvent une représentation
«calibrée» pour faire de ses
tielle selon laquelle la photogra-
supports de quasi-terminaux
phie, parce qu'elle est de nature
chargés, quelle que soit la
indiciaire (une trace, une em-
"satisfaite", allant parfois jusqu'à
l'arrogance. Il s'agit, pour ce qui la
regarde, d'ancrer l'image dans un
espace de stabilité étranger aux
interrogations, voire à l'approche,
preinte sur un négatif), n'est que
teneur des messages, de
à la fois modeste et hardie, dans les-
le report "phénoménal" d'une
maintenir les spectateurs dans
quels nous plonge une photogra-
forme "accidentellement" captée ;
et que, pour cette raison, elle est
phie d'Eugène Smith, d'Arnaud
cet étét vacant où chacun peut
la marque de l'irréversible, un té-
s’éprouver en phrase avec le
moignage "catastrophique" en
réseau en boucle des
tous cas, c'est-à-dire l'attestation
Claas ou de Bernard Plossu.
De ce point de vue, les créatifs
dans les agences veillent à ce que
leurs images (hyperpréparées) res-
de l'anéantissement d'un état
configurations de l’Autorité,
(si discret soit-il) du monde. Mais,
de la Sollicitude
convenance, où l'excentricité,
(ce qui est la même chose)
quand excentricité il y a, n'est
cette irréversibilité, nous dit l'auteur, va de pair avec le fait que la
photographie ne donne jamais
tent, elles, dans les limites de la
qu'un calcul de plus : clichés qu'un
ou du Narcissisme
qu'un état possible de ce que fut
certain éclairage, un cadrage ou un
tirage particulier, si l'on n'y avait
cette apparence mondaine, et cela pour la raison que le
pas pris garde, auraient pu vite faire basculer du côté du sens
négatif est une épuisable matrice. Chaque tirage - tenta-
(donc du risque) alors qu'il n'était question que de signi-
tive désespérée de "rendre" ce que fut l'objet - n'est, en
fication (donc de sécurité)… A bien peser les choses, il
vérité, qu'un relevé nécessairement lacunaire.
semble que la publicité nous intéresse dans la mesure où
S'expliquerait par là même l'attitude des photographes,
elle nous permet de la considérer distraitement, sûrs que nous
essentiellement insatisfaits de leurs images, et dont on com-
sommes d'y trouver la part de mythe qui pourrait nous faire
prend qu'ils les considèrent comme des configurations à
défaut et que, semaine après semaine, sous des habillages
la croisée de deux directions aux termes proprement in-
divers, les annonceurs s'ingénient à diffuser. Ces annonceurs,
atteignables : on peut, à l'instar de F. Soulages, parler soit
certes, ne sont pas des hérauts, mais c'est tout comme.
d'une esthétique de la trace (Man Ray, Klein, Mandelbaum)
Quelque chose se profère, en effet, continûment dans ces
soit d'une esthétique du tracé (Rodchenko, Evans, Bischof).
images, non sur les accidents du monde (cela est pris en
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charge par les organes d'informations) mais sur la manière
high life de ces figures dont nous voudrions confusément
dont notre monde changeant se maintient, malgré tout, en
qu'elles soient des hypostases. Le parasol de la fille ne fait-
l'état. Comme nous savons, au fond, de quoi il retourne, nous
il pas ici office d'auréole ?
ne portons guère attention aux affiches ou aux annonces
qui voudraient cependant nous maintenir dans une perpé-
Des clones qui ne disent pas leurs noms
tuelle alerte : nous avons compris que la réclame ne réclame
ELa publicité, on l'a dit, n'est pas faite pour inquiéter ; ou
notre attention que pour donner le change, et qu'en vérité,
plutôt, si elle inquiète, la parade doit être à portée de la main
derrière l'alibi commercial et ses tapageuses manifesta-
: matérialisée sous la forme d'un objet clairement désigné
tions, règne discrètement le monde stable de ces allégories
comme facilement achetable. Le traitement de la figure hu-
de papier chargées, si peut que ce soit, d'accompagner
maine, sur ces images, est symptomatique qui veut que les
nos rêveries. Toujours les mêmes.
mannequins prêtant leurs traits aux personnages de la publicité ne soient pas (sauf exception) des ritratti - littérale-
Des rencontres
improbables
ment des "retraits" - mais bien plutôt des "portraits" au
sens où l'image photographique publicitaire, au contraire
Exception confirmant la règle,
de l'art photographique,
cherche à montrer des per-
d'affiche pour la marque
sonnages aussi complaisants
Jantzen, qui thématise juste-
(miroïques) que possibles, tout
ment cette attention qu'on a
entiers pris dans cette exhi-
pour habitude de refuser à la
bition qui paraît les placer au
réclame (document 1). Tandis
plus près de ces interlocuteurs
que des passants, l'air pressé
que nous feignons d'être. En
© DR
cette remarquable maquette
(il ne fait pas chaud) vont
leur chemin sur un trottoir,
Document 1. Dessin de Gruau pour la marque Jantzen
installant entre lui et nous - littéralement en "proposant" -
une superbe et gigantesque fille peinte, en maillot, se pré-
une image singeant souvent l'"immédiation", l'annon-
lasse sur la plage d'un décor qui l'exhausse à deux mètres
ceur nous offre des icônes plus "émanées" qu'émises et,
du sol. Cette fille au dilettantisme provocateur est dotée de
parce que répétées à l'envi, comme "inoriginées". Ces
lunettes de soleil qui cachent un regard qu'on pourrait
hommes et ces femmes de papier qui font mine de nous
croire dirigé sur les citadins qu'elle domine. Il n'en est rien
prendre publiquement pour leur confident masquent mal
évidemment, sauf, peut être, dans le fantasme de l'homme
l'anonymat glacial des conseils d'administration dont ils sont,
chapeauté qui s'est arrêté, décidément sensible au charme
vaille que vaille, les "délégués".
féminin : son chapeau mord sur le maillot de la pin-up et la
Un mot sur cette immédiation de façade, cache-sexe de l'im-
poignée de son parapluie semble vouloir crocheter l'élégante
personnalité foncière des organes médiatiques. Considérons
dame, qui derrière lui et le fuyant, s'emmitoufle. Nous par-
un instant ce manifeste pour les parfums Hermès (Calèche,
lions d'exception. Elle est évidemment le fait de l'homme
revue Elle, années 80, document 2). Installée sur son sofa
au chapeau qui, sans doute assez pervers pour aimer s'aveu-
comme nombre de ses ancêtres qui peuplèrent la Peinture
gler, veut voir dans l'ethos supposé de personnage pla-
(des Vénus couchées de la Renaissance à Madame Récamier
cardé les signes privilégiés d'une prise à partie. Imaginons
en passant par la Sarah Bernhardt de Clairin), cette jeune
pour les besoins de notre propos que notre homme se fasse
personne, vêtue d'un corsage et de jeans nous fixe "ef-
aussi indifférent que les autres passants, nous aurions alors
frontément". Parce qu'elle n'a pas froid aux yeux, sous-en-
l'équivalent de la situation précédemment décrite : l'image
tend le texte, elle va, de fait, "jusqu'à l'extrait". Comme si
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d'être photographiée, en un mot "tombée" de la toile, au
ci. Ce visage "absolutisé" n'est ni un objet singulier, rare,
cadre de laquelle sa tête touche encore, cette femme avait
ni tout à fait un objet générique. On veut dire par là que le
gagné en assurance, c'est-à-dire en présence. Ruse de la fonc-
décadrage, d'une part, et le maquillage, d'autre part, sont
tion phatique qui, sur fond de pictorialisme, permet à la pho-
précisément destinés à gommer ici tout particularisme éven-
tographie publicitaire de pasticher ces jeux de salon qu'on
tuel, et font de la femme d'YSL un personnage sans histoire,
appelait autrefois "tableaux
partant une enveloppe à dis-
vivants". Coup double : a) l'art
position. Confronté à cette
et la vie se voient miraculeu-
image, le spectateur ne peut
sement réunis, b) à l'opposite
que s'y projeter puisque, la-
du rittrato en regard duquel le
cunaire, celle-ci se doit d'être
spectateur peut s'éprouver
complétée. Considérer naïve-
dans sa propre solitude, ou
ment cette image décadrée,
bien face à un personnage
c'est également reconnaître
dont l'exposition ne se mani-
- fugitivement sans doute,
feste que pour autant que son
mais cela suffit - ce moment du
mystère s'avive, la photo des ré-
regard myope où la réalité,
clames neutralise le réel au
pour nous, n'était pas encore
profit de cet ersatz qu'on ap-
bien construite, bref ce temps
pelle précisément l'effet de
où le toucher ne se distinguait
réel, et qui est d'abord destiné
pas du voir, cette époque bé-
à nous en imposer. Impudence
nie où, de sa mère, on pouvait
de ces images qui, bien que
être "accroc". En se ma-
serves, ont l'aplomb des figures
quillant, mieux, en se "re-
tutélaires. Ajoutons qu' à cet
constituant" grâce aux on-
© DR
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égard, les mannequins - clones
qui ne disent pas leur nom -
Document 2
guents d'Yves Saint-Laurent,
la lectrice n'éprouve-t-elle pas
nous semblent emblématiques de cet art moyen dont on
ce sentiment qu'elle peut vivre cette jouissive régression qui,
cherche, ici, à dégager les impersonnels contours.
sous couleur de se présenter comme un acte réparateur, refait d'elle l'heureuse et inconsciente "assistée"qu'elle fut ?
La séduction des inconnus
Ce rêve éveillé, que les publicitaires cherchent à créer chez
Soit, encore, cette publicité détourée (ce qui n'est pas sans
les consommateurs en multipliant à l'envi les gros plans,
importance) pour les produits de beauté Yves Saint-Laurent
biaise - on s'en doute - avec les risques qu'encourent les ar-
(Figaro Madame, N° 17000, avril 99, document 3) repré-
tistes photographes pour qui la traque de l'intime relève de
sentant le fragment d'un visage féminin. Dans le coin
la nécessité. Le plan rapproché, en photographie d'art,
gauche, en bas, les lèvres du mannequin, coupées net par
laisse ouverte la béance où le singulier, l'incongru, l'erra-
le bord de l'image, ne peuvent que se prolonger dans le hors-
tique percent, qui peuvent avoir des effets proprement bou-
champ depuis lequel il semble que nous ne puissions qu'en
leversants. Le monstrueux (cette forme de la radicalité pho-
avoir "plein la vue". Un ongle "fait" mord sur ce que nous
tographique) est à deux doigts, parfois, de faire éclater le
comprenons être une portion de joue, tandis que les cils et
code que nous nous acharnons à plaquer sur ce qui se dé-
la paupière maquillée d'un œil fermé, en amorce dans le
robe (et nous émeut) et qui s'appelle la vie. Devant tel cli-
haut de la page, voisinent avec le bord supérieur de celle-
ché de Philippe Bazin2 de Jean-Paul Grand3 ou tel "visage-
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paysage" de Helmar Lerski4, les repères vacillent devant l'in-
diation en immédiation (et cela bien avant la reproduction
humaine altérité qui les habite. Point de ces "précipices cô-
réalistique photographique)5, mais ce qui, en l'occurrence,
toyés", en revanche, avec les gros plans publicitaires qui, s'ils
doit être précisé est qu'au simulacre de la fonction phatique,
possèdent évidemment leur charge d'imaginaire régressif,
habituellement utilisé par ces images, s'ajoute désormais
cherchent à rassurer in fine le spectateur : ils sont d'abord
le dispositif d'une "empirie" hyperréaliste où la vision du
des images qui saturent le champ de vision - et non des
monde semble se naturaliser au profit d'une entreprise de
restes -, où le monde, surgi, se présente sous la forme de
véridiction ! Résolument dévoilé, dégagé de sa gangue phé-
"bonnes métonymies" et
noménologique, l'Objet
que, pour nous réconforter
promu par la publicité est
(nous "restaurer") nous
censé ne plus avoir de se-
élargissons jusqu'à notre
cret pour nous qui avons le
moi, toujours avide, tou-
nez collé sur lui. Rien n'a
jours fragile.
"lieu", pourtant ; l'Objet
masque à jamais la chose
Un anonymat
obscène
puisqu'en voulant "exproprier l'intime"6 nous
nous condamnons à chas-
précédé sur ce qui vient : ce
ser le réel qui, nous dit
théâtre de la séduction
Youssef Ishagpour7 ne se
frise l'obscène. Non qu'il
livre jamais que dans l'es-
soit ici question de porno-
quive. A l'opposite de la
graphie au sens strict du
quête des artistes photo-
terme, mais parce que
graphes chez qui êtres ani-
l'obscène est une illustra-
més ou inanimés coloni-
tion exemplaire de cette
sent tant bien que mal des
"raison" qui pousse, par
clichés sur lesquels se
ailleurs, la pornographie à
trouve tenté "l'apprentis-
être ce qu'elle est. Si l'on
sage de la séparation"8 à
© DR
Sans doute nous aura-t-on
considère, en effet, que
l'obcoenus gît dans l'ef-
Document 3
tout le moins signifiée
"l'expérience du manque
farante prétention consistant à supprimer systématiquement
à rencontrer le réel", se trouvent donc être les images mer-
toute distance avec les êtres et les choses, nous sommes
cenaires de la pub, persuadées de pouvoir être leur propre
alors fondés à considérer une large part de l'imagerie pu-
fin. La perfection de leur rendu, la prégnance de leurs cou-
blicitaire comme de bien mauvais augure (sens premier d'ob-
leurs (parfois leur saturation), l'apprêt de leurs modèles, l'in-
coenus). Quel rapport l'obscène entretient-il avec certains
altérabilité de leurs matières immaculées, la légèreté ga-
gros plans de l'imagerie "réclamante" ? Répondre à cette
zeuse de ces dernières (ou au contraire leur densité brillante),
question implique de la part de l'analyste la reconnaissance
la rigueur des tracés (que peuvent contrer le désordre eu-
du fait que rien, avec cette sorte d'énonciation publicitaire,
phorique d'un déballé) fonctionnent comme autant de
ne doit favoriser le recul nécessaire grâce auquel le spec-
leurres en vertu desquels la vie serait un rêve viable, main-
tateur peut toujours se ressaisir. Les annonces autant que
tenable en l'état à la seule condition de s'acharner à dor-
les affiches ont, certes, toujours œuvré a maquiller la mé-
mir les yeux grand ouverts.
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médiamorphoses
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Ouvrages plus particulièrement consultés :
Notes :
Méaux, Danièle, La photographie et le temps, PUP, Université
1. Certeau, Michel de, "Extases blanches", Traverses, n°29 (L'obscène),
Centre Pompidou, Paris, 1983.
2. Reproduit in Vignolles, Jean-Christophe, "Gros plan photographique",
Art et thérapie, n°52/53 (Photographier), Blois, 1995.
3. Reproduit in Cros, Jean-Louis, Les images retournées, Edilig, Paris, 1981.
4. Reproduit in Photographies, n°8, Paris, 1985.
5. Sur ce point Fresnault-Deruelle, Pierre, L'image placardée, Nathan,
Paris, 1997 (chapitre "L'espion est toujours metteur en scène").
6. Mèredieu, Florence de, "De l'obscénité photographique", Traverses, n°29
(L'obscène), Centre Pompidou, Paris, 1983.
7. Ishagpour, Youssef, "Le représentable", Traverses, n°29 (L'obscène), Centre
Pompidou, Paris, 1983
8. Soulages, François, Esthétique de la photographie, Nathan, Paris, 1998.
d'Aix-Marseille, 1997.
Soulages, François, Esthétique de la photographie, Nathan,
Paris, 1998.
Spots télévisions, Césura, Lyon Edition, 1991. En particulier
les textes de Requena, Jesus Gonzalez : "L'image délirante"
et Garcia, Luis Alonzo : "Figures de la fascination".
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