LA JOIE DANS LA BIBLE Le Pape François écrit dans l`exhortation

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LA JOIE DANS LA BIBLE
Le Pape François écrit dans l’exhortation « La joie de l’évangile » de la joie dans
l’Ancien et le Nouveau Testament (EG 4 et 5). Le texte suivant veut mettre l’accent
sur l’évangile de Luc – sans vouloir être complet.
L’Ancien Testament
Une des superbes manières pour exprimer la joie se trouve dans le récit de la création
(Genèse 1,1-2,4) avec la phrase renommée: « Et Dieu vit que tout cela était bien. »
Être créé est proprement dit un terme d’alliance et exprime que Dieu prend l’initiative
en faisant une alliance avec l’homme. Dès le commencement il y a une relation avec
Dieu et c’est lui qui fait le premier pas. Cela signifie qu’un croyant ressentit sa vie
comme reçue, comme un cadeau, comme un don. Auquel répond l’attitude de
reconnaissance: « Merci… Dieu ». Un croyant ressentit en même temps sa vie comme
une mission, une tâche, une responsabilité: avec sa vie, il veut donner une réponse à
celui qui lui donne la vie. Ici se trouve l’homme debout, qui travaille, se développe et
devient un con-créateur. Parfois il se met à genoux (surtout le jour du Sabbat) pour
rendre grâce à Dieu.
De cela Dieu vit que c’était bien. La vie est ‘créée’ comme une source de joie: en
même temps reçue et appelée à la responsabilité. La création et la vie y sont pour la
joie de chaque homme…
Un deuxième texte est dirigé vers l’avenir: « Qu’ils sont beaux, sur les montagnes, les
pieds du messager qui annonce la paix… Poussez des cris, des cris de joie » (Isaïe 52,
7.9).
Ce texte est la première lecture de la messe du jour de Noël. Isaïe annonce d’une part
un messager qui viendra (un ange) qui apportera la bonne nouvelle, l’évangile. Ce
messager sera entièrement pénétré de Dieu, parce qu’il est sacré par lui: le Messie, le
Christ. D’autre part dit la Noël que ce messager d’allégresse est venu en la figure de
Jésus, le Christ. Isaïe fait espérer que la vie recevra une grande source de joie en la
personne du Messie. Chaque homme est à l’attente d’une grande joie !
L’évangile selon Saint Luc
L’évangéliste Luc est l’écrivain d’entre autre de la joie qui est donnée à chaque
croyant. Il y a mis beaucoup d’accents. Nous voulons en mentionner quelques uns.
Dieu est à l’origine de la joie
La visite de l’ange Gabriel à Marie commence par ces mots: « Réjouis-toi, comblée
de grâce, le Seigneur est avec toi. » (Luc 1,28). Cette salutation de bienvenue est une
joie qui est dite et présentée à Marie. Ce qui lui arrive et ce que Dieu lui présente, sera
comme une joie. Ainsi est expliqué que, si Dieu a à faire avec l’homme et s’il appelle
un homme, ce sera comme une joie, comme un salut et bonheur. En plus, cette joie est
communicative. Parce que Marie se rend en hâte vers Elisabeth (Luc 1,39-45),
inspirée par Jésus qu’elle porte et qui veut être le plus vite possible chez Jean Baptiste
n’étant pas encore né, et qui fait éclater Elisabeth de joie: « Comment m’est-il donné
que vienne à moi la mère du Seigneur ? » Et Elisabeth raconte comment son fils a
tressailli ‘d’allégresse’ (v. 44). Ce récit est un exemple magnifique de
l’évangélisation : Marie évangélise Elisabeth et Jean Baptiste, inspirée par Jésus
Christ et elle est admise comme croyante: « Bienheureuse celle qui a cru à la Parole
de Dieu » (v. 45). La seule réponse que Marie donne, est de pousser un cri de joie
(Luc 1,46-55): « Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit tressaille de joie en Dieu,
mon Sauveur » (mon Jésus). Dieu fait la proposition de la joie (Jésus), l’accueil en
réalise la joie (ça fait tressaillir l’homme de joie et parler de la puissance du Saint
Esprit), ce qui est à son tour une réponse de rendre grâce à Dieu en toute joie. C’est
pourquoi le Magnificat convient à la prière du soir de l’Eglise…
Je vous annonce une grande joie
« Aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de
David » (Luc 2, 1-20). Il s’agit d’un évangile destiné pour tout le peuple (chaque
homme), c.-à-d. que Dieu est devenu homme et venu au monde comme un enfant.
Tous étaient surpris qu’il se trouvait dans une mangeoire, une crèche. Cela a une
double signification: il devient la nourriture pour l’homme et c’est lui qui sera pendu
à une croix, qui est du même bois qu’une crèche. Et ceci vous servira de signe (v.12):
cet enfant mourra sur une croix et sera enveloppé de langes dans un tombeau. De ce
fait il sauvera. Luc demande au lecteur de bien voir le Sauveur en cette personne. Et
pour lui aider à donner la réponse, Luc présente un peu plus tard Siméon (Luc 2,2235), devenu un homme âgé dans l’attente du Messie. Il lui fait dire : « Maintenant,
mon Dieu, mes yeux ont vu ton salut » (v. 30). Ces paroles de louange font de
nouveau entendre comment la joie prend possession de cet homme quand il a vu
Jésus. De nouveau, l’Eglise trouve ces paroles si magnifiques qu’elle fait prier ce
cantique chaque soir aux complies pour que tout le monde ‘verrait et dirait’:
« Aujourd’hui j’ai vu le Seigneur ».
La plus profonde source de la joie
Quand Jésus envoie les 72 disciples et les laisse revenir tout enthousiastes à cause du
succès de la mission et n’en peuvent pas se taire, il leur fait entendre les paroles
suivantes: « Cependant ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous ont soumis;
mais réjouissez-vous de ce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux » (Luc10,
20). Quelle est la joie la plus profonde ? C’est que l’homme est connu et aimé par
Dieu ! Voilà, le noyau de la foi. Et c’est à chercher sur la voie de l’amour. L’amour
est pour ainsi dire ne pas faisable: il est un don tout pur ! Un cadeau pur, de Dieu luimême. Connu et aimé, jamais effacé ni perdu dans l’histoire. Une petite perle qui fait
comprendre ce que c’est l’évangile.
Dieu à la recherche de l’homme (Luc 15 : la brebis perdue ; la drachme perdue ;
les fils perdus)
Le père des fils perdus montre un visage splendide de Dieu. C’est un Dieu qui fait le
guet et qui aspire à l’homme. Quand quelqu’un se dirige vers lui, il est touché dans
ses intestins (comme disent les gens: « Ses intestins se tournent »), il court vers lui et
l’embrasse tendrement. Il couvre cet homme (ce fils) de cadeaux importants. L’amour
et la joie de Dieu sont éloquents: il est tellement content. Il ne peut autrement qu’agir
ainsi. Parce qu’il est ainsi: « Il faut festoyer et se réjouir… » (v. 32). C’est le devoir
de l’amour : il est ainsi. L’amour veut être présent. Si le plus jeune dit qu’il ne veut
être qu’un simple salarié, alors le père lui dit: « Non, tu restes mon fils ». Et le père
demande la même chose à son fils aîné: « Soit le frère du plus jeune ! » Et comme il
fait pour la brebis perdue, il fait de même pour Zachée : « Il me faut ( !) aujourd’hui
demeurer chez toi » (Luc 19, 5). La joie est chaque fois énorme: elle est tout de suite
partagée avec des voisins et amis, et dans le cas de Zachée avec les pauvres. Ici se
produit du salut !
Luc fait comprendre à quel point Dieu comme Père est à la recherche de l’homme,
surtout le petit, le perdu, le pécheur. Parce qu’ils ont besoin de salut, de pardon, de
joie.
La croix produit de joie (Luc 23, 32-48)
Le début du récit est très triste: Jésus fut crucifié entre deux malfaiteurs. Il paraît avoir
échoué. Le mal prend ainsi le dessus. Mais tout d’un coup résonnent des paroles qui
semblent venir du ciel: « Père, pardonne-leur » (Luc 23, 34). Jésus pardonne tout ceux
qui le crucifient et qui veulent le tuer. A l’heure de sa mort il avait l’œil (un œil
miséricordieux !) sur ses coupables. Où est-ce qu’il va chercher ça ? De sa foi. Quand
Jésus dit à Pierre de pardonner sept fois, Pierre s’écria: « Augmente en nous la foi »
(Luc 17, 5). Eh bien, cette foi est visible quand Jésus meurt sur la croix. Une vraie
victoire au mal.
Autant surprenant est le comportement du bon larron. Il est le premier qui reconnaît et
déclare l’innocence de Jésus « il n’a rien fait de mal » (v. 41). Il est le seul qui appelle
Jésus de son prénom et demande de ne pas être oublié « Jésus, souviens-toi de moi »
(v. 42). Pourquoi agit-il ainsi ? Parce que Dieu lui a fait croire. Dieu l’a converti:
l’homme a entendu les paroles de Jésus sur la croix, il voit la foi de Jésus et surtout
son humilité, il se rend compte que Jésus est mort pour d’autres… Et surtout: Dieu
parle à Jésus à travers ce malfaiteur. C’est sans doute surprenant, mais Dieu est ainsi.
A travers cet homme, Dieu fait entendre à Jésus que sa prière et son pardon sont
exaucés, que la mort de Jésus commence déjà à porter ses premiers fruits et que Dieu
continue à soutenir Jésus. C’est une perle de l’évangile de Luc que le lecteur met à
réfléchir sur la présence efficace de Dieu dans la vie quotidienne. Quelque soit la
gravité du fait sur la croix, elle provoque une certaine joie dans le cœur du lecteur. Et
puis la cerise sur le gâteau: « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis » (v. 43).
Il y a encore deux moments faisant du bien et de paix dans le récit de la croix. Quand
Jésus se confie à corps et âme à Dieu, qui est à ce moment précis nommé Père en ce
récit de mort, le centurion païen commence à louer Dieu. Et l’argument est à nouveau
mentionné. « Voyant ce qui était arrivé, le centenier glorifiait Dieu » (v. 47). Les
paroles et les attitudes de Jésus, ensemble avec la mort sur la croix, font croire ce
centurion: « Sûrement, cet homme était un juste ! » (v.47). Et puis il y a les foules. Ils
ont cri: « Crucifie-le ». Mais comme ils voient maintenant Jésus pendu à la croix,
cette mort produit (peut-être mieux dit : Dieu produit à travers cette mort) la
conversion en se frappant la poitrine (v. 48). La croix commence à s’exprimer…
Luc réussit à faire comprendre au lecteur ce que signifie la rédemption de la mort sur
la croix de Jésus. Les moments du repentir qui sont opérés par la croix, sont toutefois
des naissances d’une joie profonde. Oui, la croix cause la joie.
La résurrection et la présence du ressuscité
Que Jésus est ressuscité de la mort a comme effet principal que ses disciples croient à
nouveau à sa présence. Sans doute pas de la même façon comme pendant la vie de
Jésus, mais d’une nouvelle façon, invisible mais réelle, en croyant. La résurrection
produit une nouvelle naissance de foi et une autre façon de présence. Une aide
importante pour découvrir tout ceci, est la mémoire des paroles de Jésus et des
Ecritures Saintes (vv. 6,25-27,45). Les hommes en blanc au tombeau (des baptisés
et/ou des anges) et l’étranger sur la route d’Emmaüs parlent de cette Parole de Dieu
qu’ils y reconnaissent le Ressuscité. La Parole de Dieu porte le Seigneur ressuscité. Et
cela fait brûler les cœurs (v. 32).
Le ressuscité se présente comme un étranger. Mais doucement ils découvrent en lui le
ressuscité lors de l’explication de l’Ecriture et le repas particulier à Emmaüs qui fait
penser à la multiplication des pains et à la dernière Cène. Il les accompagne même
dans le sens inverse. Pourquoi le ressuscité se présente-t-il comme un étranger ?
Parce qu’il se présentera toujours comme un étranger, un autre, le prochain. Le lecteur
a envie d’intervenir et de dire à Cléophas : « Ouvre tes yeux: le problème dont tu
parles, court devant toi ». Alors le lecteur oublie que l’intention du récit est justement
le contraire: « Lecteur, sache que le ressuscité est assis à coté de toi, il habite même
en toi ». L’étranger porte le Seigneur ressuscité.
Même le pain qui est rompu, le repas qui est l’image de l’eucharistie et qui fait naître
la foi pascale, porte le Seigneur ressuscité.
Et les apôtres témoignent (vv. 36-53) que le Seigneur ressuscité a continué à agir
profondément dans leur vie après Pâques. Ils ont eu une expérience irréfutable de sa
présence. Ils ont vécu qu’il leur expliquait les Ecritures, qu’ils étaient envoyés et
nommés comme témoins, qu’ils devaient dorénavant travailler avec le Saint Esprit et
que Jésus est retourné chez son Père pour être plus proche d’eux. De tout cela, qu’en
était le résultat ? « Ils retournèrent à Jérusalem en grande joie, et ils étaient
constamment dans le Temple à bénir Dieu » (v.53). La grande joie y est parce que le
Ressuscité entra chez eux « pour rester avec eux » (v. 29). Même… aujourd’hui !
L’évangile selon Saint Jean
Le thème de la joie est crucial dans le chapitre 15 de l’évangéliste Jean. Il commence
par l’image de la vigne et les sarments. Dieu est le vigneron, Jésus est la vigne et les
disciples sont les sarments. La solidarité mutuelle et l’union sont essentielles et
décisives: « Hors de moi vous ne pouvez rien faire » (v.5).
Jésus a aimé ses disciples avec l’amour du Père et leur demande de rester en cet
amour: « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Le petit mot
‘comme’ est expliqué en v. 13: « Nul n’a plus grand amour que celui-ci: déposer sa
vie pour ses amis » (v. 13). Et puis: « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et
que votre joie soit complète » (v. 11).
Jean met sur le devant de la scène la rencontre continue avec Jésus et la solidarité
avec lui. Pour ce faire il appelle ses disciples: « C’est moi qui vous ai choisis et vous
ai établis pour que vous alliez (vers l’extérieur) et portiez du fruit » (v. 16). Et quelle
est la solidarité avec Jésus ? C’est ce qu’il demande sans cesse à Pierre: « Simon,
m’aimes-tu ? » (Jean 21, 15-19). Cette question appuie la joie de l’évangile !
Saint Paul
La liturgie du troisième dimanche de l’Avent commence par les mots significatifs de
Paul dans sa lettre aux Philippiens: « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je
le dis encore, réjouissez-vous ». C’est un impératif. Il est précédé par un indicatif :
Dieu dit: « Homme, je me réjouis en toi ! » Par cet impératif, il demande notre
réponse. Il y a un mot embêtant dans cet appel: toujours ! Aux temps de bons et de
mauvais jours, de maladie et de santé, de pauvreté et de richesse: soyez toujours
joyeux. Le Pape François fait savoir que vivre ayant un air de ‘Carême sans Pâques’
est impossible (EG 6). « Cependant, continue le Pape, je reconnais que la joie ne se
vit pas de la même façon à toutes les étapes et dans toutes les circonstances de la vie,
parfois très dure. Elle s’adapte et se transforme, et elle demeure toujours au moins
comme un rayon de lumière qui naît de la certitude personnelle d’être infiniment aimé
au-delà de tout ». Par conséquent : toujours: « Réjouissez-vous de ce que vos noms se
trouvent inscrits dans les cieux » (Luc 10,20).
Ce texte est une traduction de « De vreugde in de Bijbel » de la main du Père Jaak Jassen,Vicaire
Général du diocèse de Hasselt (Belgique).
A votre service,
Père Arnold,
Prêtre à NOVALAISE pendant les Vacances d'été.
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