Résumé
Le rôle majeur des bâtiments sur l’échiquier énergétique mondial et dans la lutte contre le réchauf-
fement climatique n’est plus à démontrer. L’assainissement énergétique du patrimoine bâti et la
construction de bâtiments à haute performance énergétique sont une nécessité.
La mesure de la performance réelle des bâtiments révèle cependant un dépassement presque sys-
tématique de la consommation par rapport à l’objectif calculé. Le label Minergie, qui représente
aujourd’hui le fer de lance des bâtiments à haute performance énergétique en Suisse, soulève natu-
rellement quelques questions : L’objectif de consommation Minergie est-il atteint dans la réalité?
Quelle est la performance de ces bâtiments par rapport aux constructions traditionnelles? Quel est
le coût de l’efficacité énergétique?
Ce travail apporte des éléments de réponse à ces questions par l’analyse approfondie d’un com-
plexe de logements Minergie situé dans le quartier du Pommier à Genève. Nous avons instrumenté
en profondeur un des bâtiments et mesuré pendant quatre ans tous les flux énergétiques ainsi que
les conditions météorologiques in-situ.
Une analyse énergétique et économique des solutions d’efficacité énergétique mises en oeuvre
dans ces bâtiments a été réalisée. Ces résultats ont ensuite été mis en perspective avec une analyse
de plusieurs indicateurs pertinents menée sur une dizaine de bâtiments similaires de construction
traditionnelle.
Les résultats principaux de ce travail sont les suivants :
– Les bâtiments Minergie du Pommier consomment environ 60% de gaz en moins que des im-
meubles traditionnels pour le chauffage des logements et la production de l’ECS, mais 4.4 fois
plus d’électricité. Le bilan en énergie primaire est cependant positif, avec une réduction de 43%
des ressources puisées dans l’environnement.
– La demande de chauffage réelle dans les bâtiments du Pommier est 3.5 fois plus élevée que
l’objectif calculé. L’écart provient en majorité du comportement des habitants et également de
la sous-performance du bâtiment. La divergence entre l’objectif normé et la réalité n’est cepen-
dant pas un phénomène réservé aux constructions Minergie, nous l’avons également constatée
sur une dizaine de bâtiments standard avec un dépassement moyen de l’ordre de 70%.
– Cet écart n’a rien de surprenant, dans la mesure où la normalisation des mesures corrige les
effets liés au climat, mais pas les conditions d’utilisation du bâtiment (habitants et installations
techniques). La sous-performance intrinsèque du bâtiment n’est pas non plus prise en compte.
Le comportement moyen des habitants déplace le point de fonctionnement normé du bâtiment
vers un état où la température intérieure et le taux de renouvellement de l’air sont plus élevés.
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