1 Esaïe 51.12-16 Apocalypse 21.1-8 Marc 4.26-34 Thème 21 « Pâturages verdoyants, salle de noces, cité radieuse et surtout festin, dit la Bible pour évoquer le règne de Dieu. Et nous, comment voyonsnous ce royaume ? » Pâturages verdoyants, salle de noces, cité radieuse et surtout festin, dit la Bible pour évoquer le règne de Dieu. Et nous, comment voyons-nous ce royaume ? Voilà la question posée par le 21ème thème de ce jour, tiré ce que petit livret : Réformés et alors ! 40 thèmes pour agir… Alors comment voyons-nous donc ce fameux royaume de Dieu? Jésus en parle toujours avec des images, des métaphores, des symboles, un peu comme si l’être humain ne pouvait comprendre ou réaliser ce que pourrait être le royaume autrement. C’est tellement quelque chose de divin, que l’on ne peut tenter d’en définir les contours uniquement que par des images…. Celles des graines plantées dans différentes terres ou qui poussent toutes seules, celle de la graine de moutarde, d’un festin joyeux, d’un endroit où il fait bon se reposer sur l’herbe ou d’une nouvelle Jérusalem dans l’apocalypse. La notion du Royaume de Dieu est profondément liée à celle de notre mort et de ce qu’il peut bien y avoir après ? La révolution opérée par Luther et par les réformateurs a été de refuser le concept du purgatoire, n’ayant pas de fondements bibliques solides ainsi que le principe de rétribution d’un paradis s’opposant à la gratuité du salut. Le but de la vie n’est donc pas de gagner son salut mais de manifester le salut que nous donne gratuitement Dieu par le Christ. Luther a proposé une interprétation spirituelle des lieux de l’au-delà : l’enfer désignant la séparation d’avec Dieu, le paradis la communion avec lui, il se détourne ainsi l’idée d’endroits précis au ciel, sous la terre ou ailleurs pour axer sa pensée sur le lien, la relation avec Dieu ou sans Dieu. 2 Pour d’autres théologiens de l’histoire du salut, le chrétien une fois décédé ne se trouve plus sur terre mais pas encore au Royaume qui n’est pas advenu et se retrouve dans les mains du Christ, dans un état qu’on peut comparer à un sommeil, attendant le retour du Christ. Et à la fin des temps, lorsque le Royaume s’installera un nouveau monde adviendra où Dieu sera tout en tous, vivants et morts, dans un univers régénéré. Certains ont une théologie dite existentielle, se basant sur les paroles de Paul qui dit (aux Colossiens 2.12) : vous êtes ressuscités avec le Christ et en lui par la foi » ainsi le croyant est dépassé par la mort et déjà ressuscité, spirituellement il se trouve déjà dans la vie éternelle. Ainsi la mort physique n’est plus une angoisse, ou une préoccupation, juste un passage où le croyant place sa confiance en Dieu qui ne l’abandonnera pas. Luther et Calvin et bien d’autres après eux sont bien conscients qu’ils utilisent des images, pour parler de l’au-delà, du Royaume, de la fin des temps, qui nous aident à avoir un petit goût de ce qu’il y aura après. Le théologien Bultmann a combattu l’idée de se faire toute représentation symbolique de ce royaume, de cet après, pour lui si on projette une image, on ne projette que son propre désir, ou ses rêves idéalisé. Comment se représenter quelque chose de fondamentalement différent de ce que nous connaissons, en plus pour lui, toute image nous ferait perdre le sens d’une réalité agissante ici et maintenant et que nous sommes invités à œuvrer pour le royaume dans notre monde, par notre engagement, nos dons et nos actes. Ce courant existentiel souligne que le fait que le Nouveau Testament affirme qu’il y a bien une vie après la mort, mais sans plus d’indication à ce sujet : il y a un royaume de Dieu et la résurrection des corps, mais on ne peut rien en savoir de plus… On peut se dire en effet que l’on ne sait rien de plus, du Royaume, de l’après, on ne peut que simplement croire… et je crois, comme Jésus l’a fait et dit, pour nous aider à saisir même des infimes bribes de ce monde là, qu’il est bon de s’en faire des images… Jésus, a utilisé des images pour nous faire goûter ou toucher du doigt quelque chose d’extraordinaire. A ses auditeurs, à chacun de nous de placer notre confiance et notre croyance en ses paroles. C’est comme une promesse. Je pense que c’est rassurant pour l’homme d’avoir quelque chose à laquelle s’accrocher pour vivre ici et maintenant un peu dans la 3 paix, la paix de savoir que celles et ceux que l’on a aimés et connus et qui sont morts sont dans les mains de Dieu, dans son Royaume, dans un Royaume qui adviendra un jour, d’imaginer cette vie éternelle, de se représenter un temps sans plus de pleurs, de souffrances, de blessures…. C’est notre espérance face à nos frères et sœurs qui ont perdu espoir, et ne voient que le néant dans l’au-delà. C’est notre espérance de penser retrouver nos parents et amis à notre mort, c’est notre espérance de rencontrer en face à face, en cœur à cœur le Seigneur dans son Royaume et d’enfin comprendre un peu mieux le sens de toute vie, c’est notre espérance de manifester déjà ici et maintenant un petit bout de ce royaume de joie, paix, partage, repos et amour sur cette terre qui en a cruellement besoin…. Mon image du Royaume de Dieu, ressemble à celle d’un pique-nique sur l’herbe des collines. J’y vois sur de jolies couvertures mes grands-parents, ma famille et mes amis, il y a dans cette vision une atmosphère toute particulière, empreinte de bienveillance, de paix, de sourires et de repos. J’y perçois le souffle long et serein des miens, une lumière douce et une brise légère, j’y perçois la présence de Dieu partout et en tout, comme enveloppé, emmailloté par la douceur de Dieu. Avec cette image, qui n’est que celle de mon imaginaire, chacun pourrait y apposer/ ou opposer la sienne, différente, mais peu-importe, l’essentiel est qu’elle fasse du bien à notre âme… Se représenter le Royaume c’est peut-être cela, juste quelque chose qui fait du bien, et Jésus dans la parabole de l’évangile de Marc entendue toute à l’heure, nous parle de cette graine plantée en terre par le fermier, après il ne s’en préoccupe plus, il est paisible, il va dormir sereinement, tout se passera bien pour les graines, elles germent et poussent sans problème, c’est tout simple, c’est une évidence idéale, c’est facile… voilà qui fait du bien au semeur de l’histoire…. Pas besoin d’en savoir plus après tout, le moment de la récolte arrivera et tout ira bien là encore… Cette représentation du Royaume est la plus simple dans les évangiles, d’autres passages sont plus ardus à comprendre, il y a séparation du bon grain de l’ivraie, il y a des épis qui donnent mieux que d’autres, il y a des mesures différentes, il y a les méchants vignerons encore, sans parler du lac brûlant de feu et de soufre de l’apocalypse et bien d’autres paroles encore… 4 Ce Royaume de Dieu semble être complexe à faire comprendre pour Jésus luimême et il en a livré des infimes bribes à ses auditeurs… Mais après tout est-ce que cela change vraiment les choses dans notre quotidien ? Chacun avec son imaginaire propre, chacun avec sa parabole, ce qui nous lie et nous unit c’est notre suivance du Christ, qui nous appelle à tenter de le suivre au notre mieux sur cette terre, et de rayonner de quelque chose qui nous dépasse, aussi bien le Royaume de Dieu, la résurrection des morts que cet infini amour offert, cela nous dépasse complètement et pourtant je le crois et je l’espère nous avons tous goûté un peu de sa présence une fois ou l’autre dans notre vie… Pâturages verdoyants du Psaume 23, salle de noces, cité radieuse, Jérusalem nouvelle, festin ou récolte à profusion, peu-importe, quand on y sera on rigolera de nos images d’Epinal, de toutes nos peurs passées, nos craintes de ne pas avoir été dans le bon lot de la moisson, de se tromper de chemin, d’avoir un nouveau corps ou n’être qu’une âme, je me réjouis déjà d’en sourire avec vous, avec Abraham, Jésus, Paul, Luther, Elvis Presley ou Charlie Chaplin, un jour, un temps, demain ou dans mille ans…. En attendant…. Que cette espérance joyeuse là, nous aide à retrousser nos manches pour être des hommes, des femmes, des enfants rayonnants de l’amour inconditionnel de Dieu, des êtres agissants et sereins pour notre entourage, pour nos contemporains, pour nous-mêmes, en nous souvenant de cette parole du Seigneur dans Esaïe, entendue ce matin : « C’est toi qui est mon peuple, je te confie mon message, je te mets à l’abri de ma main »… Voilà, il n’y a plus qu’à….. Celui qui est l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin, a tout prévu, et chaque chose en son temps…. En attendant, je le crois Dieu règle son pas sur le nôtre, comme un compagnon de vie qui n’abandonne jamais et souhaite déjà nous emmailloter de son amour, c’est peut-être cela le début du Royaume… comme une brèche de lumière dans les obscurités de notre monde, déjà pour ici et maintenant ! Amen