Ce bouton "Like" permet aux marques de récupérer, à leur tour, des informations sur vous. Selon une étude d'Eventbrite
publiée en 2011, un "like" rapporterait 1,34 dollar. Un tweet sur un événement payant rapporterait quant à lui 0,80 dollar.
Sans le savoir, vous rapportez de l'argent à vos réseaux préférés. Sachez donc une chose: si vous utilisez gratuitement un
service sur Internet, alors c'est vous qui êtes le produit.
Cette poursuite à la recherche des données privées constitue la nouvelle bataille commerciale. Les marques sont ainsi
prêtes à tout pour disposer de vos caractéristiques, humeurs, motivations, afin de vous proposer le meilleur produit qui soit.
Et ces montagnes d'informations valent de l'or, car une fois déposées sur Internet elles peuvent être vendues. Mais pas
seulement par qui vous croyez.
FACEBOOK OU TWITTER NE SONT QUE LA FACE EMERGEE
Il y a les grands groupes qui s'imposent à tout le monde, comme Facebook ou Twitter, mais aussi des sociétés moins
connues. Ces dernières s'appellent des "data brokers", ou "courtiers en données". Grâce à de puissants algorithmes ils
chassent les moindres données privées sur Internet et les reconstituent dans un ensemble cohérent. Une fois organisé,
l'ensemble permet de dresser un profil d'utilisateur, qu'il est possible de voir évoluer en fonction de vos mises à jour laissées
sur Internet.
Ces courtiers d'un nouveau genre sont déjà une bonne centaine aux Etats-Unis. Avec un leader, Acxiom, une entreprise
inconnue du grand public installée au Texas. Malgré son relatif anonymat et son nom bizarre, Acxiom exploiteraient les
données de 700 millions de personnes. Et ça rapporte: le groupe générerait un chiffre d'affaire de 1,1 milliard de dollars.
Mais comment monétise-t-il votre vie? C'est simple, chaque événement a un prix.
Le trio âge-sexe-adresse constitue une base dans ce milieu, évaluée à 0,007 dollar. C'est peu, mais les prix montent vite. Si
vous laissez des messages sur Facebook évoquant un prochain mariage, votre cote grimpe à 0,107 dollar. Vous prenez la
photo d'une échographie sur Instagram (sous-entendu vous allez avoir un enfant), votre prix atteint 0,187 dollar. Si vous
faites des recherches sur Google en rapport avec une maladie du coeur, vous grimpez à 0,447 dollar. Si vous cherchez à
faire du sport pour maigrir, vous êtes évalué à 0,552 dollar
Au final, chaque somme est faible. Mais à l'arrivée le montant est colossal si on le multiplie par des milliards d'internautes.
On estime à 315 milliards de dollars les données des Européens, avec un objectif fixé à 945 milliards de dollars d'ici 2020.
Et tout ça, sans que vous touchiez le moindre centime...
SE REAPPROPRIER NOS DONNEES PRIVEES
Certains internautes se sont élevés contre ces pratiques. Federico Zannier, un étudiant italien vivant à New-York, a tiré la
sonnette d'alarme avec une démarche hors-norme: vendre ses données, soit sa vie privée en ligne, au plus offrant. Sur le
site de financement participatif Kickstarter, le jeune homme propose ainsi à de parfaits inconnus d'acquérir une partie de sa
vie sur le web. Objectif: alerter les internautes sur le nombre de données qu'ils cèdent sans se poser de questions aux
géants du net.
En présentation, il précise avoir enregistré toute son activité en ligne depuis février: les pages visitées, les déplacements de
sa souris, les touches de son clavier enfoncées, des photos de sa webcam, des captures d'écrans, mais aussi la
géolocalisation de ses déplacements. Il a réussi à vendre ses données pour 2733 dollars, avec au passage une belle
publicité pour son initiative.
Mais en attendant la révolte citoyenne, les start-up spécialisées dans la gestion des données personnelles prospèrent.
Leurs analyses deviennent une science, et leurs domaines d'application de plus en plus nombreux. Les compagnes
électorales sont désormais dopées au Big Data. Le premier à avoir utilisé cette nouvelle arme, c'est Barack Obama pour sa
réélection en 2012. Il a notamment utilisé des données pour débusquer les électeurs indécis qu'il pouvait encore
convaincre. François Hollande aussi a utilisé cette méthode.
Aux Etats-Unis, les banques utilisent aussi les données pour rattraper des clients mécontents. Le banquier peut accéder à
vos données publiées sur les réseaux sociaux et constater les griefs sur l'établissement. Il peut ainsi vous proposer une
offre exceptionnelle afin de garder les clients rentables dans ses rangs. Et ce n'est que le début...
Alors, vous trouvez toujours que ces start-up rachetées des milliards de dollars sont surévaluées?