Le rêve d’Anna d’Eddy Pallaro mise en scène Bérangère Vantusso - compagnie trois-six-trente Création janvier 2014 Théâtre de Sartrouville et des Yvelines–CDN Une fable sociale et enfantine – Tout public à partir de 8 ans Anna vit seule avec son père qui est préoccupé par la recherche d’un travail. Elle rêve d’un cheval blanc avec qui elle parle et qui la réconforte. Son amie Louise, elle, est visitée par un taureau brutal qui lui apparaît en cauchemar. Le Cheval et le Taureau se connaissent de longue date, vieux rivaux des rêves. Le premier est une force «pure» de la nature, le second une force brutale du pouvoir. Anna ne sait pas toujours distinguer le rêve de la réalité, ce qui lui cause quelques soucis au quotidien, notamment à l’école où les autres ont du mal à la suivre. Son père l’accompagne autant qu’il peut dans ses méandres. Lui passe des entretiens d’embauche avec Mac and Mac, deux directeurs des ressources humaines d’une entreprise immorale. Très vite, ces entretiens prennent la tournure d’une mascarade cynique. Le père d’Anna va faire le choix douloureux de refuser le poste qu’on lui propose et d’affirmer sa dignité face à une société triviale guidée par le mépris de l’autre. Le cauchemar éveillé du père est comme un écho au rêve de la fillette. La pièce se termine dans la chambre d’Anna où Le Cheval et Le Taureau font une arrivée fracassante, ayant trouvé le chemin qui mène du rêve à la réalité. Après s’être réconciliés sur l’oreiller d’Anna, ils conviennent que le réel est trop étroit pour leurs grands corps mythiques et laissent Anna se réveiller… doc avril 15 1 Tout est double dans la pièce d’Eddy Pallaro, chaque personnage, chaque entité du récit trouve son complément, son contraire ou son équivalent. Le Cheval et le Taureau, l’adulte et l’enfant, l’imaginaire et le réel, le rêve et le cauchemar, la vérité et le mensonge, l’école et l’entreprise. Tout est double, pourtant rien n’est binaire, et c’est bien là que la pièce atteint sa dimension philosophique. L’échelle des valeurs « convenues » est remise à plat, avec beaucoup d’humour et de tendresse, mais sans complaisance. Eddy Pallaro invite à changer de point de vue sur les situations. Ces acrobaties de la pensée éclairent le monde autrement, ni mieux, ni moins bien (car le « mieux » et le « bien » ont été renversés) mais avec un vrai souffle poétique et théâtral. A travers cette fable sociale et enfantine, c’est la notion même de valeur que j’ai souhaité interroger. Qu’est-ce qui est vrai ? Est-ce que le cheval du rêve d’Anna existe moins que les recruteurs de son père ? Qui sont vraiment les forts et les faibles ? Nos rêves sont-ils moins vrais que nos vies ? Le réel est une notion très relative. Celui des enfants et celui des parents sont sans doute très différents. Mais à l’opposé d’un conte comme Peter Pan qui propose un monde imaginaire coupé du monde « réel » des adultes -s’y opposant même- Le rêve d’Anna déploie un imaginaire en prise directe avec le réel, à la manière des films de Michel Gondry ou de Myazaki. Le spectateur bascule avec bonheur d’un monde à l’autre sans plus pouvoir définir vraiment où il est. Ainsi la relation adulte-enfant trouve son équilibre dans la capacité de chacun à se glisser dans « le monde » de l’autre, à l’accepter. Monter Le rêve d’Anna répond au désir d’investir théâtralement le décalage existant entre différentes façons d’appréhender le monde selon qu’on est adulte ou enfant. Ce spectacle me permet d’ élargir encore le projet sur l’hyperréalisme entamé en 2006 : la pièce met en jeu plusieurs niveaux de réalité qui s’entremêlent et c’est une porte ouverte à nos marionnettes dont l’essence même est d’être entre deux états, au seuil du réel et de l’imaginaire. Pour la première fois dans mon travail, certains personnages sont joués par des marionnettes (tous ceux liés à Anna) et d'autres par des acteurs (le père et les deux DRH qui le recrutent). Enfin, il me semble essentiel de prendre la parole au théâtre pour aborder des questions sociales avec les jeunes spectateurs. La famille monoparentale et la figure du père au chômage font partie du quotidien de bien des enfants d’aujourd’hui. Les valeurs liées au travail et au pouvoir méritent d’être abordées avec eux au cœur du mélange subtil que propose Eddy Pallaro entre réalité sociale et onirisme. Bérangère Vantusso (Extrait) ANNA Il parle. LE PÈRE D'ANNA Qui? ANNA Le cheval. LE PÈRE D'ANNA Il te parle? ANNA Oui. LE PÈRE D'ANNA doc avril 15 2 Et qu'est-ce qu'il te dit? ANNA Que tu vas trouver du travail. LE PÈRE D'ANNA Tu lui diras que c'est gentil de penser à moi. ANNA Tu vas trouver du travail. LE PÈRE D'ANNA Il te dit autre chose ? ANNA Non. C'est tout. LE PÈRE D'ANNA Tu lui parles de moi alors? ANNA Un peu. LE PÈRE D'ANNA Tu le remercieras pour son attention. Dis lui que tout va s'arranger. C'est un sacré cheval que tu as. PRESSE "Présenté en ouverture du festival sur la grande scène du Théâtre de Sartrouville, le Rêve d'Anna tient ses promesses. Pour accompagner le beau texte d'Eddy Pallaro, qui mêle dimension onirique et problématique sociale avec délicatesse et une bonne dose d'optimisme, Bérangère Vantusso convoque marionnettes hyperréalistes et acteurs dans un bel ensemble. Et joue le jeu de l'enfant qui place la réalité et le rêve sur le même plan, en semant habilement le doute entre le vivant et l'objet. Troublant." Maïa Bouteillet - Paris mômes (fev 2014) « Ce n’est pas parce que Le Rêve d’Anna proposé par le Théâtre du Nord à l’Idéal de Tourcoing est accessible dès 8 ans que l’on ne peut pas, à plus de 50, entrer avec une facilité déconcertante dans l’univers poétique de ces marionnettes portées. Parce que Le Rêve d’Anna parle de la vie, des angoisses et de la poésie de l’enfance face aux doutes des grands et à leur mal-vivre, les adultes s’y retrouvent aussi. Anna rêve d’un cheval blanc qui parle, son père cauchemarde éveillé à ne pas trouver de doc avril 15 3 travail. Il y a dans le texte d’Eddy Pallaro tout un ensemble d’entrées, entre le vrai et le faux, le réel et l’irréel. Le tout est ici magnifié par le travail des manipulateurs-comédiens de la compagnie Trois-six-trente de Bérangère Vantusso. Oubliez les marionnettes à fils, celles-ci sont d’un hyperréalisme frappant. Anna est quasi-vivante sur scène et un cheval de belle taille semble tout droit sorti d’un haras magique. Dans de nombreuses scènes, jeunes et moins jeunes finissent par oublier les manipulateurs, leur regard fixé, subjugué par les gestes et les expressions des marionnettes. Il est rare que des spectacles visibles en famille touchent autant les imaginaires de tous les âges. Parents, n’ayez pas trop de craintes sur la longueur car la pièce ne dure qu’un peu plus d’une heure. Il est fort probable que vos enfants n’auront qu’une envie, celle de retourner voir du théâtre. En tout cas, peut-être plus l’année prochaine à l’Idéal de Tourcoing… » Ch. Vincent – La Voix du Nord (12 avril 2015) « Bérangère Vantusso met joliment en scène le quotidien qui se nourrit des songes et l’effacement progressif de la frontière entre rêve et réalité. » Françoise Sabatier-Morel - Télérama Sortir « La coexistence des deux mondes – humain et marionnettique – fonctionne extrêmement bien. Du réalisme, pour sûr. L’ensemble se construit en dualité, selon la vie de l’enfant et celle de l’adulte, tout en finissant par se rejoindre, par converger. » Delphine Le Calvez - Le Clou dans la planche (31 janvier 2014 ) « Il y a une grande intelligence dans la manipulation, puisqu’elles ressemblent à des enfants, ce ne sont pas des marionnettes à gaine, et les manipulateurs s’en saisissent comme s’ils portaient un enfant, comme une caresse, tout en délicatesse et fluidité. Eddy Pallaro pose aussi un regard très juste sur l’enfance et l’imaginaire. Un superbe spectacle, remarquablement réalisé, avec une bande son très réussie, qui saura toucher un public de tout âge…» Julien Barsan - Théâtre du Blog (12 février 2014 ) PARCOURS Bérangère Vantusso Avec sa compagnie trois-six-trente, Bérangère Vantusso élabore une des démarches les plus singulières de la marionnette contemporaine. En 2006, avec la création de Kant de Jon Fosse, elle affirme l’identité de la compagnie trois-six-trente en imposant l’hyperréalisme (tombé en désuétude au début du XX° siècle) comme source de renouveau du lien entre le théâtre et la marionnette contemporaine. Elle met en scène Les Aveugles de Maeterlinck, L’herbe folle d’Eddy Pallaro (pièce d’appartement), Violet de Jon Fosse. Récemment, elle crée Personne(s)- installation pour un théâtre immobile, qui met en scène les 19 marionnettes hyperréalistes des spectacles précédents. Elle collabore également aux créations d'autres metteurs en scène : Arnaud Meunier, Antoine Caubet, Guillaume Vincent, Fabrice Murgia, Paul Desvaux, Sylvain Maurice, Fabrice Melquiot... Elle est artiste invitée au Théâtre national de Toulouse de 2011 à 2013 et depuis 2014 au Théâtre du Nord à Lille. Elle est également membre du collectif d’auteurs et d’artistes du Théâtre du Nord à Lille et de l’Ensemble artistique du CDN de Sartrouville et artiste associée à Scènes Vosges à Epinal. À l'automne 2013, le Festival mondial des théâtres de marionnettes de CharlevilleMézières lui a consacré un focus. Bérangère Vantusso est lauréate du programme Hors les Murs de l'Institut Français. doc avril 15 4 A l'automne 2015, elle partira deux mois à Tokyo pour rencontrer les artistes du Théâtre national de Bunraku. Eddy Pallaro Après une formation de comédien au CDN de Nancy de 1992 à 1995, il fonde avec Bérangère Vantusso et Anne Dupagne la Compagnie trois-six-trente. Pendant dix ans, il joue dans les mises en scène de la compagnie, ainsi que dans d'autres spectacles. Depuis 2005, il mène essentiellement un travail d’auteur. Il écrit pour le théâtre, mais également pour l'opéra, la danse et le théâtre de marionnettes. Ses pièces sont éditées par Actes Sud, Lansman et Crater et portées à la scène par Michel Didym, Arnaud Meunier, Kheirreddine Lardjam et Bérangère Vantusso. Il est membre fondateur avec Fabrice Melquiot du collectif d’auteurs La coopérative d’écriture. D is trib u tio n Mise en scène Bérangère Vantusso Interprétation Anne Dupagne, Guillaume Gilliet, Christophe Hanon, Junie Monnier, Philippe Rodriguez-Jorda Marionnettes : Conception Marguerite Bordat, Bérangère Vantusso, Einat Landais – Réalisation Marguerite Bordat, Einat Landais, Sébastien Puech, Michel Ozeray, Carole Allemand, Sophie Coeffic, Laurent Huet – Costumes Sara Bartesaghi Gallo - Perruques Nathalie Régior Scénographie Marguerite Bordat – Création lumière Maryse Gautier – Création sonore Aline Loustalot – Décor : Construction François Gauthier-Lafaye – Peinture Pierre-Guilhem Coste - Régie générale et régie lumière Philippe Hariga – Régie son Vincent Petruzzellis Assistante décor, mise en scène, marionnette Cerise Guyon Administration et production Christine Tiana - Diffusion et communication Florence Kremper Photos : Ivan Boccara Co p r o d u c tio n Théâtre de Sartrouville et des Yvelines–CDN, Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées, Théâtre Am Stram Gram-Genève, Scènes Vosges, Compagnie trois-six-trente (conventionnée par la DRAC Lorraine et soutenue par le Conseil régional Lorraine), avec l’aide à la production d’ARCADI Ile-de-France, de l’ADAMI, de la SPEDIDAM, et la participation de la Région Ilede-France, remerciements au TGP–CDN de Saint-Denis. Un spectacle Odyssées, biennale de création en Yvelines conçue par le Théâtre de Sartrouville et des Yvelines–CDN, en collaboration avec le Conseil général des Yvelines. texte publié dans la collection Heyoka jeunesse, coédition Actes Sud-Papiers–CDN de Sartrouville doc avril 15 5 L ie u x , e x p lo ita tio n 2 0 1 4 Du 15 au 20 janvier I Théâtre de Sartrouville dans le cadre d’Odyssées, biennale de création en Yvelines conçue par le Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN er 23 janvier au 1 février Théâtre national de Toulouse 6 et 7 février Le Prisme, Elancourt – Odyssées en Yvelines 13 février Théâtre Alexandre Dumas, St-Germain en Laye – Odyssées en Yvelines 19 et 20 Février Scènes Vosges - auditorium de la Louvière, Epinal 6 et 7 mars Théâtre Simone Signoret, Conflans-Sainte-Honorine – Odyssées en Yvelines 14 mars Théâtre La Barbacane, Beynes – Odyssées en Yvelines 20 au 25 mars Théâtre Am Stram Gram à Genève 28 et 29 mars Théâtre du Mantois au Collectif 12, Mantes-la-Jolie – Odyssées en Yvelines 2 au 5 avril Et moi alors ? Théâtre Gérard Philipe, CDN de Saint-Denis 10 et 11 avril Théâtre Jean Arp à Clamart 23 mai Un oiseau dans la tête, un temps fort autour des écritures jeunes publics en collaboration entre le Théâtre Gabrielle Robinne, le Centre culturel Athanor et le Fracas, CDN de Montluçon 6 au 12 octobre TJP, Strasbourg 3 au 10 décembre Théâtre Olympia CDR – Tours L ie u x , e x p lo ita tio n 2 0 1 5 19 au 21 mars Théâtre de Villefranche 9 au 17 avril Théâtre du Nord – Lille 29 et 30 avril Théâtre Gérard Philipe – Frouard 5 et 6 mai Théâtre de Bourg-en-Bresse 18 au 20 mai Théâtre d’Arles 24 et 25 sept 2015 Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes Charleville Mézières Co n ta c ts c ie Administration et Production Christine Tiana I tel 01 40 24 01 91 ou 06 21 38 03 06 I [email protected] Diffusion et Communication Florence Kremper I tel 06 74 68 16 43 I [email protected] doc avril 15 6