Ibn al-‘Arabi entre la philosophie et le sufisme.
En étudiant les doctrines des philosophes musulmans, les penseurs avaient
l'habitude de les ramener aux philosophies anciennes. Ils n'ont pas pu s'empêcher
dans leurs analyses des idées de ces philosophes, de ne pas les rapprocher de la
pensée grec comme la philosophie platonicienne par exemple, la pensée indienne,
gnosticienne, juive ou chrétienne.
N'est-il pas possible d'étudier la doctrine de Ibn ‘Arabi, par exemple, sans réduire
sa pensée ou la ramener à des catégories telles que « l'Unité de l'être » ou
« l'incarnation » comme beaucoup de chercheurs, surtout des occidentaux, ont
essayé de le faire comme l'a signalé avec justesse Henri Corbin dans son livre
L'imagination Créatrice dans le Soufisme d'Ibn 'Arabi.
Est-ce qu’on n’a pas le droit de le nommer philosophe en se référant uniquement à
ses propres opinions sur la philosophie et la pensée rationnelle en premier lieu, et
sa doctrine philosophique sur l’existence, en deuxième lieu ?
Si l’on veut dénombrer combien de fois Ibn ‘Arabi a étudié les causes
métaphysiques afin d’élever la méthode soufie, la valeur de la contemplation et la
révélation face à la réflexion et la raison, le nombre en est grand. Pourtant si l’on
veut aborder la question de l’autre point de vue, on posera la question suivante :
est-ce que faire des recherches sur les problèmes métaphysiques est une recherche
dans la matière de la philosophie elle-même ? Et par conséquence Ibn ‘Arabi
mérite –t- il le titre de philosophe ?
En effet, Ibn ‘Arabi explique bien sa position envers la philosophie dans son grand
ouvrage al-Futuhat al-makieyh, Dar Sader, Beyrouth, t. 2, p. 523 : « c’est une
science noble qui vise l’amour de la sagesse et la recherche du Créateur ». Ibn
‘Arabi n’est donc pas quelqu’un qui hait la philosophie comme on lui a attribué.
Ce sont les gens de l’Islam «Ahl-u el-islam» (tels que les Mu’tazilites) qui la