Cas image Virologie 2008, 12 (3) : 219-21 Le bocavirus humain (HBoV) : de la découverte moléculaire à la description de particules virales Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. V. Foulongne N. Brieu B. Gay M. Segondy doi: 10.1684/vir.2008.0167 Laboratoire de virologie, pôle d’infectiologie, hôpital Saint-Éloi, centre hospitalier universitaire de Montpellier, 34295 Montpellier Cedex 5 <[email protected]> Virologie, Vol. 12, n° 3, mai-juin 2008 Le bocavirus humain (HBoV) est un nouveau membre de la famille des Parvoviridae fréquemment détecté par biologie moléculaire dans les sécrétions respiratoires de jeunes enfants qui présentent une infection respiratoire. Nous décrivons ici l’observation de particules virales dans des prélèvements respiratoires préalablement détectés positifs par PCR pour l’ADN du HBoV. Les particules observées, évocatrices d’un parvovirus, confirment ainsi les données moléculaires et apportent un argument supplémentaire pour conforter le potentiel infectieux du bocavirus humain dans le tractus respiratoire. L’utilisation de techniques de biologie moléculaire de plus en plus sophistiquées a permis ces dernières années l’identification et la caractérisation de génomes viraux préalablement inconnus conduisant à la découverte de nouveaux virus humains potentiellement pathogènes. Ces progrès considérables dans le domaine de la virologie médicale permettent d’espérer que l’on sera bientôt capable de définir ce que certains ont proposé de dénommer le « virome » humain, c’est-à-dire l’ensemble des virus capables d’infecter l’homme. Toutefois, une certaine frustration demeure devant ces découvertes, car d’une part leur signification clinique est souvent difficile à évaluer, et d’autre part les approches virologiques traditionnelles comme la culture cellulaire, l’utilisation de modèles animaux ou encore la microscopie électronique trahissent souvent leur incapacité à concrétiser cette nouvelle vision moléculaire de la virologie moderne. La découverte récente du bocavirus humain (HBoV) dans des prélèvements respiratoires de jeunes enfants illustre bien ce décalage relatif entre des approches moléculaires performantes et les techniques traditionnelles de virologie. Ce nouveau virus identifié par une technique moléculaire appelée DNase SISPA (DNase Sequence-Independent Single Primer Amplification) [1] n’était à ce jour caractérisé que par son seul génome. C’est en effet l’analyse des séquences génomiques identifiées qui a permis de classer ce virus dans la famille des Parvoviridae, sous-famille des Parvovirinae et dans le genre Bocavirus. Aucun modèle cellulaire n’autorise à ce jour la culture du HBoV, on ne connaît pas de modèle animal, et la morphologie des particules virales restait à définir. De nombreuses études récentes basées sur l’amplification de séquences virales rapportent une prévalence notable, de 2 % à 18 %, de ce nouveau virus dans les prélèvements respiratoires de jeunes enfants [2]. Nous avons, au cours d’une étude épidémiologique sur la prévalence du HBoV, testé par microscopie électronique des prélèvements respiratoires préalablement détectés positifs en PCR temps réel pour le HBoV, afin de visualiser des particules virales [3]. Des prélèvements présentant une forte charge virale (> 8 log copies/ml) ont été sélectionnés. Ces prélèvements ont été filtrés par centrifugation sur des colonnes filtrantes de 0,22 lm (Ultrafree-MC, Millipore). Les filtrats ainsi obtenus ont ensuite été concentrés sur des colonnes d’exclusion de 3 KD (Ultracell YM-3, Millipore) par centrifugation à 14 000 g. Un volume de 10 ll a été adsorbé sur une grille pour microscopie électronique (300 mesh) et coloré à l’acétate d’uranyle 4 %. Ces colorations négatives ont été observées sur un microscope élec219 Cas image Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. A B C Figure 1. Observation au microscope électronique (H7100, Hitachi, Tokyo, Japon) après coloration négative à l’acétate d’uranyle 4 % ; 1A : grossissement x 60 000 ; 1B : grossissement x 100 000 ; 1C : grossissement x 150 000. La barre blanche représente l’échelle de taille 100 nm. 220 Virologie, Vol. 12, n° 3, mai-juin 2008 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Cas image tronique (H7100, Hitachi, Tokyo, Japon) à des grossissements allant de 60 000 x à 150 000 x. Des particules évocatrices ont été observées dans les prélèvements sélectionnés, et leur présence n’était pas retrouvée dans les échantillons de contrôle négatifs pour la détection d’ADN viral. Ces particules ont une forme hexagonale avec un centre présentant une coloration plus soutenue, évoquant une structure isosaédrique. La taille moyenne de ces particules, mesurée au grossissement 150 000 x, est de 25 nm (+/- 4 nm) (figure 1). Ces observations correspondent aux caractéristiques attendues de la capside d’un virus appartenant à la famille des Parvoviridae et confirment donc les données issues de la biologie moléculaire. La microscopie électronique n’est plus utilisée en pratique courante dans les laboratoires de diagnostic en virologie. C’est en effet une technique lourde, nécessitant un appareillage complexe et demandant un temps prolongé d’observation pour une sensibilité analytique très médiocre. Elle ne permet de détecter que des particules présentes de manière très abondante dans les prélèvements. Enfin, les critères uniquement morphologiques ne permettent au mieux que d’identifier l’appartenance à une famille virale Virologie, Vol. 12, n° 3, mai-juin 2008 sans qu’il soit possible de définir le genre, l’espèce ou le type en cause. La microscopie électronique conserve toutefois l’avantage de permettre une caractérisation morphologique incomparable, et elle est donc particulièrement précieuse pour l’étude morphologique de ces nouveaux virus découverts par biologie moléculaire. De plus, la visualisation de particules virales dans des prélèvements pathologiques représente un argument supplémentaire pour établir le probable caractère infectieux du bocavirus humain, la détection d’ADN génomique n’étant qu’un argument indirect pour démontrer la multiplication virale dans l’arbre respiratoire. Références 1. Allander T, Tammi MT, Eriksson M, Bjerkner A, Tiveljung-Lindell A, Anderson B. Cloning of a human parvovirus by molecular screening of respiratory tract samples. Proc Natl Acad Sci USA 2005 ; 102 : 12891-6. 2. Kahn J. Human bocavirus : clinical significance and implications. Curr Opin Pediatr 2008 ; 20 : 62-6. 3. Brieu N, Gay B, Segondy M, Foulongne V. Electron microscopy observation of human bocavirus (HBoV) in nasopharyngeal samples from HBoV-infected children. J Clin Microbiol 2007 ; 45 : 3419-20. 221