situation de fragilité métabolique. L’administration de vin
blanc à la dose de 0,75 g d’alcool/kg à des diabétiques
insulino-dépendants diminue les glycémies matinales et
post-prandiales et favorise la survenue d’hypoglycémies
vers 10 h le matin [6]. L’hypoglycémie induite par l’alcool
est réputée réfractaire à l’administration de glucagon. Elle
peut être méconnue en raison d’une confusion possible
entre les signes d’alerte de l’hypoglycémie et les symptô-
mes de l’alcoolisation excessive. Dans le diabète de type 2,
l’ingestion concomitante d’alcool et de glucides peut être à
l’origine d’une hypoglycémie réactionnelle. La teneur en
glucides de certaines boissons alcoolisées loin d’être com-
pensatrice peut, au contraire, être l’élément facilitant d’une
hypoglycémie réactionnelle.
En revanche, la consommation modérée et régulière d’al-
cool au cours d’un repas ne modifie ni la glycémie ni les
besoins en insuline des sujets diabétiques.
Autres conséquences métaboliques
de l’alcool dans le diabète
L’hypertriglycéridémie alcoolo-induite survient chez des
sujets prédisposés. Composée de VLDL de grande taille
sans perturbation du LDL cholestérol, elle ne contribue
guère à une majoration du risque cardiovasculaire d’autant
qu’elle peut être associée à un taux de HDL augmenté par
l’alcool.
L’acidose lactique, beaucoup plus rare, peut être la consé-
quence d’une inhibition de la néoglucogenèse liée à l’al-
cool et d’un déficit en thiamine lors d’une période d’alcoo-
lisation aiguë. Elle est favorisée par un traitement par
metformine ou par une hépatopathie associée.
L’acidose alcoolique est la conséquence d’une ingestion
massive d’alcool qui interagit avec le métabolisme intermé-
diaire. Elle n’est pas favorisée par le diabète. La constata-
tion d’une glycémie normale permet de distinguer l’acido-
cétose alcoolique de l’acidocétose diabétique.
Consommation d’alcool et risque de diabète
De nombreuses études épidémiologiques concluent à
l’existence d’une relation favorable quelque peu inattendue
entre une consommation modérée d’alcool et l’incidence
du diabète de type 2 selon une courbe en J, suggérant
qu’une consommation excessive a un effet néfaste.
Une telle relation favorable avait été décrite dès 1988 dans
une étude prospective de population [7]. D’autres études de
population ont confirmé cette relation. Une revue systéma-
tique ayant pris en compte 32 études sélectionnées à partir
de 974 références consacrées de près ou de loin à ce sujet
entre 1996 et 2003 a montré que la consommation de une à
trois boissons alcoolisées par jour était associée à une
diminution de l’incidence du diabète de 33 à 56 % et à des
maladies ischémiques du cœur chez les diabétiques de 34 à
55 %. En revanche, une consommation excessive est asso-
ciée à un accroissement de l’incidence du diabète pouvant
atteindre 43 % [8].
Deux méta-analyses ultérieures ont confirmé ces données.
La méta-analyse de Carlson [9] décrit une diminution de
l’incidence du diabète de type 2 de 28 % (RR : 0,72 ;
0,67-0,77), comparable chez les hommes et les femmes.
Dans cette méta-analyse, une consommation importante
n’accroît pas le risque de diabète mais s’avère non protec-
trice. Une autre méta-analyse [10] porte sur 15 études
prospectives dont 10 étaient communes avec la précédente
et rassemble 11 959 cas-incidents de diabète de type 2 chez
369 862 sujets suivis en moyenne pendant 12 ans. Les
consommateurs d’alcool ont une incidence de diabète infé-
rieure à celle des abstinents. Au-delà de 48 g/jour d’alcool,
il n’existe plus d’effet significatif. La diminution du risque
de l’ordre de 30 % apparaît plus nettement chez les femmes
que chez les hommes. Elle n’est pas influencée par l’indice
de corpulence.
Quelques études ont permis de préciser cette relation. Dans
une étude prospective menée chez 8000 hommes, la surve-
nue d’un diabète de type 2 est plus fréquente chez les
abstinents que chez les consommateurs (RR = 1,8) mais il
existe une relation en U entre la quantité d’alcool consom-
mée et l’incidence du diabète, le nadir se situant à hauteur
du 2e quartile de consommation de la population soit 62 à
123 g d’alcool par semaine, correspondant à un à deux
verres/jour [11]. Dans la cohorte des professionnels de
santé, après un recul de 12 ans, la consommation d’au
moins un verre d’une boisson alcoolisée est associée à une
réduction significative du risque de diabète de type 2, le
risque le plus faible étant observé pour une consommation
de5à6verres par semaine (RR : 0,67 ; 0,51-0,89). Cette
relation persiste chez les buveurs occasionnels et chez les
femmes. Dans la cohorte des nurses, le RR est de 0,8 chez
celles qui consomment5à15g/jd’alcool et de 0,6 chez
celles dont la consommation est > 15 g [12]. A l’exception
des spiritueux, toutes les boissons alcooliques semblent
avoir le même effet favorable.
L’effet protecteur est plus apparent chez les sujets à haut
risque de diabète en raison de la présence d’un surpoids ou
d’un syndrome métabolique. Cet effet persiste après ajuste-
ment sur l’insulinémie et le HDL cholestérol. Une étude
finlandaise de paires de jumeaux (n = 11501) menée sur
une période de 20 ans aboutit aux mêmes conclusions chez
les hommes et chez les femmes pour des consommations
quotidiennes respectivement de5à30g/jet5à20g/j. Les
STV, vol. 20, n° 1, janvier 2008 15
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