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Avant-propos
La présente étude n’a pas la prétention de proposer la solution idéale à la délicate question du
développement (ou du sous-développement) en Afrique (et singulièrement en Côte d’Ivoire).
Toutefois, il nous semble que la recherche d’une telle solution ne devrait pas être l’apanage
des seuls experts des organismes spécialisés et des institutions de Bretton Wood (Banque
Mondiale et Fonds Monétaire International). L’ingénierie du développement humain1
concerne plusieurs disciplines. Le géographe, par exemple, a un rôle important à jouer dans
cette quête collective. Sa discipline, faudrait-il le rappeler, a pour objet l’organisation et la
gestion de l’espace terrestre. « La géographie est d’abord une intelligence de l’espace ; c’est
pourquoi elle a toujours été utile aux stratèges, aux marchands, aux promoteurs et autres
investisseurs ; et même au promeneur » (R. Brunet et al., 1993, p. 233). Le géographe
s’intéresse donc aux modes de fonctionnement spatial du système socioéconomique :
problèmes de répartition des populations, de distribution des équipements et de localisation
des activités (productions, transports, services, échanges, etc.) sur le territoire. En somme, il
est grandement concerné par la planification stratégique du développement qui, en principe,
prend nécessairement en compte la gestion spatiale des activités et des populations, c’est-à-
dire l’aménagement des territoires et leur intégration dynamique, à un moment où le leitmotiv
est de penser Global tout en agissant Local.
Si en général les initiatives de développement en Afrique prônent ces stratégies, parce que
jugées nécessaires, dans les faits celles-ci ne sont pas toujours mises en oeuvre. Et c’est
probablement là, de notre point de vue, une des causes du sous-développement du continent, à
côté des situations de guerres civiles et d’instabilité politique. En effet, les déséquilibres
territoriaux de développement, très flagrants partout, engendrent des fractures de tous genres
qui ont pour incidence de provoquer les phénomènes migratoires incontrôlés vers les régions
plus favorisées ou prospères ; d’accentuer la pauvreté. Ils suscitent aussi des frustrations qui
1 Très régulièrement dans cette étude, nous utiliserons davantage le terme «développement humain» (concept
onusien qui traduit mieux l’idée que nous nous faisons du développement), plutôt que celui de «développement
économique et social» plus orienté vers l’idée d’accumulation de biens matériels ou de progression du revenu
national (voir plus loin, définitions du concept de développement).