Voir le communiqué de presse du 26 novembre 2010

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Liège, le 26 novembre 2010
CENTRE
HOSPITALIER
CHRETIEN
SERVICE
COMMUNICATION
Catherine Marissiaux
Tél. 04 224 80 99
0486 24 89 16
Fax 04 224 80 93
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Le CHC parmi les premiers hôpitaux sans latex en
Europe
Introduction
L’allergie au latex constitue un problème de santé en constante augmentation. Si les
méthodes de production et de fabrication du latex ont été pointées du doigt, le
principal facteur de risque reste l’exposition répétée au latex, désormais omniprésent
dans notre quotidien mais également dans l’univers hospitalier. L’exposition au latex
peut se faire par inhalation ou par ingestion, mais le scénario le plus fréquent reste le
contact direct, notamment le contact du gant du chirurgien sur les tissus et séreuses
du patient au bloc opératoire. En cas d’allergie sévère, la réaction est immédiate, avec
des symptômes allant jusqu’au choc anaphylactique, mettant en danger la vie du
patient. L’allergie au latex existe également chez le personnel de soins, à tel point
qu’elle a été reconnue comme maladie professionnelle.
On estime que 6% de la population est allergique au latex. Cette allergie représente la
e
2 cause de complications allergiques per-opératoires. Les réactions sévères, comme
le choc anaphylactique, surviennent dans 1 cas sur 10.000 opérations, et on déplore
un décès dans 1 cas sur 100.000.
Au CHC, vu le nombre d’opérations pratiquées chaque année, on estime que chaque
jour, 1 à 2 patient allergique (dépisté ou non) est opéré dans un des 6 blocs
opératoires. Dans un contexte où les mesures préventives n’offrent pas une fiabilité à
100%, le CHC vient de décider d’éradiquer totalement tout matériel contenant du
latex, tant dans ses blocs opératoires que dans ses autres environnements de soins.
Cette mesure entrera en vigueur en janvier prochain et fera du CHC un des premiers
hôpitaux européens sans latex.
Les pays nordiques, l’Allemagne, les Pays-Bas et quelques hôpitaux français
présentent déjà des blocs opératoires sans latex. Le CHC fait un pas important en
appliquant sa mesure d’éradication à l’ensemble de ses services de soins. Cette
mesure, qui correspond à un investissement supplémentaire de plus de
200.000€/an, constitue surtout un investissement pour la sécurité des patients et pour
la santé des soignants.
Qu’est-ce que l’allergie au latex ?
Siège social
CHC asbl
rue de Hesbaye 75
B-4000 LIEGE
www.chc.be
L’allergie au latex constitue un problème de santé en constante augmentation
depuis les années 80. Le latex intervient dans la fabrication de nombreux objets de la
vie courante, mais également une part importante du matériel médical (on parle
essentiellement des gants, mais le latex est également présent dans certains
bouchons de fioles à médicaments, les cathéters,…). On estime à 40.000 le nombre
de produits contenant du latex, dont 200 sont constamment présents dans notre
environnement quotidien : emballages divers, gants ménagers, ballons, tétines de
biberons, gommes, pneus, préservatifs,…
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Extrait de l’hévéa (l’arbre à caoutchouc), le latex est composé de 240 protéines naturelles,
dont au moins 60 sont allergisantes. L’allergie croissante au latex s’explique par plusieurs
facteurs :
o La modification des modes de culture de l’hévéa depuis les années 70 (les arbres
sont stimulés à l’éthylène pour être plus productifs) pourrait avoir augmenté le
phénomène allergène.
o La modification et le raccourcissement des étapes de fabrication du latex, ainsi
que les nombreux additifs qui entrent dans la composition des produits sont
également cités. Pour obtenir les qualités techniques requises, le latex naturel est
additionné de nombreux produits chimiques : conservateurs (ammonium, sulfite
de sodium), accélérateurs (thiuranes, thiocarbonates, …), antioxydants
(phénylène, diamine) et composés vulcanisants (sulfure).
o La quantité et le type de protéines déterminent également le niveau allergisant. Le
contenu des gants en protéines de latex varie considérablement en fonction des
lots : jusqu’à 1000 fois pour le même fabricant, jusqu’à 3000 fois pour des
marques différentes.
Mais le principal facteur de risque, comme pour toute allergie, reste l’exposition répétée au
latex, désormais omniprésent dans notre quotidien, ce qui accélère la réaction allergique.
Il existe trois type d’exposition au latex : par inhalation, par ingestion, et par contact direct.
o par inhalation : en milieu hospitalier, on pense surtout aux gants médicaux
poudrés. La poudre prévue pour faciliter l’enfilage des gants contient de fines
particules de latex. Elle se répand dans l’air ambiant et peut rester en suspension
pendant 5 heures. Dans des lieux clos, comme les blocs opératoires, la
concentration et l’aérosolisation des particules de latex accentuent les réactions
allergiques.
o par ingestion : par exemple par dilution des molécules lors de la succion d’une
tétine ou d’une sucette, ou par ingestion de résidus d’emballages sur les aliments.
o par contact direct
• contact de la peau : allergie cutanée
• contact des muqueuses : tétines de biberon, ballons qu’on gonfle,
préservatif
• contact des tissus et séreuses : contact entre le gant du médecin et les
tissus du patient. Ce contact peut intervenir dans diverses situations :
cabinet dentaire, service d’urgences, soins intensifs, mais l’exemple le
plus fréquent est le bloc opératoire, où le gant du chirurgien entre en
contact direct avec le tissu du patient. De ce fait, les gants médicaux sont
la cible prioritaire dans les cas d’allergie au latex.
Comment se manifeste l’allergie au latex ?
Avant d’aller plus loin, il convient de faire une distinction entre la sensibilisation et l’allergie au
latex.
o La sensibilisation se définit par la présence d’anticorps (présence
d’immunoglobuline E) sans manifestation clinique.
o A l’inverse, l’allergie se traduit par une réaction allergique immédiate (type I) ou
retardée (type IV – dermite de contact), accompagnée de manifestations cliniques
survenant chez des personnes déjà sensibilisées.
La réaction allergique immédiate (type I) peut être
o légère : elle se manifeste par des démangeaisons, rougeurs ou éternuements
o modérée : la personne a les yeux gonflés, la sphère ORL est atteinte avec des
rhinites, une toux, un essoufflement qui peut aller jusqu’à l’oppression respiratoire
ou l’asthme.
o sévère : dans ce cas, les symptômes observés peuvent aller jusqu’à une forte
hypotension, une détresse respiratoire, un choc anaphylactique. La vie du patient
est en danger et se joue sur un quart d’heure, nécessitant une réanimation
immédiate.
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Le premier cas de choc anaphylactique dû à une allergie au latex a été décrit dans la
littérature médicale dès les années 20 (NB : on utilise les gants en latex au bloc opératoire
depuis 1900), mais la fréquence de ces problèmes, et leur prise en compte par la
communauté médicale, a nettement augmenté à partir des années 80. Aucune étude n’a pu
déterminer le taux minimal de protéines de latex qui exclut l’apparition de toute
réaction allergique généralisée. La littérature décrit le cas de patients ayant fait un choc
anaphylactique rien que sur l’injection d’un produit qui était contenu dans un flacon scellé par
un bouchon en latex.
Définition
On définit le choc anaphylactique comme une réaction allergique exacerbée, laquelle
entraîne le plus souvent de graves conséquences et peut engager le pronostic vital. Il se
manifeste par une chute sévère et soudaine de la pression artérielle, une accélération du
rythme cardiaque, des troubles respiratoires et des troubles digestifs (nausées,
vomissements, diarrhées, trouble de la déglutition). La littérature décrit aussi des
situations d’arrêt cardiaque, d’asphyxie causée par un spasme bronchique ou encore un
œdème pulmonaire, trois causes de décès chez les patients concernés.
Prévalence des allergies au latex
On estime que 6% de la population présente une allergie au latex. La situation peut se
compliquer en cas d’allergie croisée (ex : kiwi + latex) : c’est l’homogénéité structurale des
protéines de latex et de certaines protéines alimentaires (des fruits exotiques dans 50% des
cas) qui explique ces allergies croisées. L’allergie au latex peut conduire à une allergie à
certains fruits (kiwi, bananes, noix, noisettes, …) ou inversement, ce qui reste invalidant dans
la vie de tous les jours.
L’allergie au latex représente un tel problème de santé publique qu’on parle désormais de
travailleurs à risques et de patients à risques.
o Les travailleurs à risques sont les travailleurs de la santé, avec une prévalence
d’allergie au latex allant jusqu’à 17%. Des différences se marquent selon qu’on
travaille hors du bloc opératoire ou au bloc opératoire, lieu de forte concentration.
Mais l’allergie ne se cantonne pas au personnel concerné directement. Certaines
allergies sont provoquées par les particules fines qui restent en suspension dans l’air,
lesquelles peuvent migrer d’un endroit à l’autre. C’est ce qui explique l’apparition ou
l’aggravation d’allergies au latex chez une partie du personnel qui ne porte pas de
gant (infirmières circulantes, …). A titre de comparaison, les travailleurs de la filière de
fabrication du latex présentent une prévalence de 40% d’allergie. Notons encore que
l’allergie au latex est reconnue comme maladie professionnelle.
o
Les patients à risques sont notamment les nouveau-nés et les enfants. On estime
que le risque augmente avec le jeune âge et les opérations multiples. A titre
d’exemple, les enfants qui sont nés avec un spinabifida ou une pathologie du système
génito-urinaire et qui devront être opérés de manière répétitive dans les premières
semaines ou les premiers mois de leur vie, présentent une prévalence d’allergie au
latex pouvant aller jusque 70%. Les milieux médicaux considèrent dès lors que les
nouveau-nés et les bébés devraient d’emblée être opérés dans un environnement
sans latex.
Si la prévalence de l’allergie au latex est en augmentation constante dans la population, force
est de constater qu’il n’existe actuellement aucun traitement efficace et sans danger contre
cette affection.
L’allergie au latex représente la deuxième cause des complications allergiques peropératoires, avec une occurrence de 20% (après le curare, 54% et avant les antibiotiques,
14%). Elle constitue aussi la première cause de choc anaphylactique chez l’enfant (76%). La
fréquence de ces réactions sévères dans le décours opératoire est estimée à 1/10.000
anesthésies. Les cas de décès sont estimés à 1/100.000. (NB : si ces chiffres sont importants,
ils sont à mettre en perspective. A titre comparatif, le risque de mourir d’un accident de
voiture est estimé à 1/1.000 dans nos pays.)
Au CHC, où on pratique environ 40.000 interventions par an, on estime qu’un patient
présentant une allergie (connue ou méconnue) au latex est opéré tous les jours dans un des
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6 blocs opératoires du groupe. Comme dans d’autres hôpitaux, des mesures de prévention
ont été mises en œuvre dans les blocs opératoires du CHC.
Mesures de prévention au bloc opératoire
Les mesures de prévention primaire visent à réduire l’exposition au latex afin d’éviter les
sensibilisations tant chez le patient que le soignant:
o Les patients qui se savent allergiques au latex sont opérés sans latex
o Le personnel allergique dispose de matériel sans latex.
o Une politique de prévention mise en place depuis plusieurs années a permis de
donner priorité au matériel disposable et aux fournitures sans latex, permettant ainsi
de réduire l’exposition des patients mais aussi des soignants.
Des mesures de prévention secondaire ont également été mises en place, qui consistent à
dépister les patients allergiques (latex et autres allergies) ou mettre en place des
protocoles d’éviction au bloc opératoire. Si elles sont efficaces, ces mesures ne sont pas
fiables à 100%. Les protocoles d’éviction restent discutables et repérer l’allergie est difficile.
Les protocoles d’éviction restent dangereux parce que partiels :
o Le protocole d’éviction prévoit un chariot ne contenant que du matériel sans latex.
Cependant en gardant un double matériel, avec et sans latex, il existe toujours un
risque d’erreur humaine de prendre le mauvais kit.
o Le protocole d’éviction prévoit aussi de planifier l’opération sans latex en début de
programme opératoire, pour éviter les particules de latex générées par les gants
poudrés. Cependant, même en aménageant le programme opératoire, on peut
craindre une contamination à l’intérieur du bloc opératoire (les particules contenues
dans les gants poudrés restent dans l’air pendant 5 heures et peuvent migrer d’une
salle d’opération à l’autre). Et cet aménagement du planning est impossible pour toute
opération réalisée en urgence.
Repérer et diagnostiquer le patient allergique restent difficile :
o un patient allergique sur deux s’ignore
o les tests cutanés n’ont pas une valeur prédictive fiable à 100%. De plus, les résultats
varient en fonction des tests utilisés, ce qui explique qu’ils ne sont pas réalisés
systématiquement
o l’allergie est un phénomène croissant jusqu’à atteinte du seuil déclencheur. On ne nait
pas allergique, on le devient, et de ce fait, tout nouveau contact peut faire basculer la
personne sensibilisée en personne allergique
Ces mesures de prévention peuvent être renforcées par l’utilisation de gants sans poudre ou
dé-protéinés. Les gants sans poudre ont subi un procédé de lavage et de chlorination, ce qui
en fait des gants moins allergisants que les gants standards. Les gants dits dé-protéinisés
sont composés de latex naturel dont la majorité des protéines ont été détruites. Dans les deux
cas, ces gants ne sont pas exempts de latex et ne peuvent pas être utilisés chez les patients
allergiques. L’utilisation de ces gants ne règle donc en rien le problème des patients
allergiques. Simplement, elle permet de diminuer l’exposition du personnel soignant aux
protéines allergisantes.
Le CHC, un des premiers hôpitaux sans latex en Europe
Mesures de prévention limitées et donc pas fiables à 100%, absence de traitement efficace et
sans danger. Face à cette situation, l’éviction totale du latex apparaît comme la seule solution
pour les hôpitaux. C’est le choix qu’a posé le CHC, à l’instar de quelques autres hôpitaux
européens, en s’engageant à ne plus utiliser de latex à partir de janvier 2011, ni dans ses
blocs opératoires, ni dans aucun autre service de soins. Il sera dès lors parmi les premiers
hôpitaux sans latex en Europe. Cet engagement vise la sécurité des patients mais aussi le
confort et la santé des soignants.
Ces deux dernières années, malgré les mesures de prévention mises en place, le CHC a
connu deux cas de patients présentant une allergie sévère au latex. Cette allergie, méconnue
par les patients eux-mêmes, n’a pas pu être détectée préalablement. Tous deux ont été
victimes d’un choc anaphylactique en salle d’opération. Si l’un a pu être réanimé, l’autre
patient est malheureusement décédé, malgré la réanimation immédiate mise en œuvre par les
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médecins. Cette situation regrettable a servi d’accélérateur dans le choix pour un hôpital sans
latex.
Pour faire face à l’allergie au latex, la seule vraie mesure efficace consiste à éradiquer le latex
de tout le bloc opératoire, voire de tout l’hôpital. Cette mesure drastique présente de
nombreux avantages pour le patient comme pour le soignant :
o éviter tout accident anaphylactique dû au latex chez les patients opérés, avec une
fiabilité totale
o diminuer l’exposition du personnel soignant sensibilisé
o empêcher l’aggravation des symptômes chez le personnel déjà allergique
o simplifier l’organisation, qu’il s’agisse de la planification du programme opératoire ou
de la gestion du matériel (commandes, logistique, stockage)
Depuis plusieurs années, le CHC avait déjà réalisé une revue systématique de son matériel,
en modifiant ses fournitures et en donnant la priorité au matériel sans latex. De leur côté, les
fabricants ont eux aussi été sensibilité au phénomène d’allergie au latex, et ont donc modifié
leurs compositions et emballages.
Au CHC, la dernière cible était constituée des gants (employés au bloc opératoire, mais
également dans les unités de soins, cabinets médicaux, laboratoires…) et des sondes
vésicales. Le choix de passer au matériel sans latex est un choix responsable mais également
un choix coûteux.
A titre d’exemple, on emploie plus de 180.000 paires de gants par an au CHC, et il faut savoir
qu’un gant sans latex coûte jusque 5 fois le prix d’un gant standard. Autre exemple, le CHC
emploie 11.000 sondes vésicales par an, et la version sans latex de ce matériel coûte plus du
double de la sonde contenant du latex.
Pour ce changement de matériel, le CHC va investir plus de 200.000 € par an, un coût
supplémentaire que gestionnaires et soignants considèrent comme un investissement dans
la sécurité.
Dans les pays nordiques, aux Pays-Bas, en France et en Allemagne, certains blocs
opératoires fonctionnent sans latex. C’est le cas aussi en Grande-Bretagne pour de nombreux
blocs. En choisissant de supprimer le latex de ses blocs opératoires et en étendant cette
mesure d’éradication du latex à tous les environnements de soins de l’ensemble de ses 6
cliniques, le CHC pose un choix de sécurité et de santé et s’inscrit parmi les pionniers en la
matière.
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