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Le premier cas de choc anaphylactique dû à une allergie au latex a été décrit dans la
littérature médicale dès les années 20 (NB : on utilise les gants en latex au bloc opératoire
depuis 1900), mais la fréquence de ces problèmes, et leur prise en compte par la
communauté médicale, a nettement augmenté à partir des années 80. Aucune étude n’a pu
déterminer le taux minimal de protéines de latex qui exclut l’apparition de toute
réaction allergique généralisée. La littérature décrit le cas de patients ayant fait un choc
anaphylactique rien que sur l’injection d’un produit qui était contenu dans un flacon scellé par
un bouchon en latex.
Définition
On définit le choc anaphylactique comme une réaction allergique exacerbée, laquelle
entraîne le plus souvent de graves conséquences et peut engager le pronostic vital. Il se
manifeste par une chute sévère et soudaine de la pression artérielle, une accélération du
rythme cardiaque, des troubles respiratoires et des troubles digestifs (nausées,
vomissements, diarrhées, trouble de la déglutition). La littérature décrit aussi des
situations d’arrêt cardiaque, d’asphyxie causée par un spasme bronchique ou encore un
œdème pulmonaire, trois causes de décès chez les patients concernés.
Prévalence des allergies au latex
On estime que 6% de la population présente une allergie au latex. La situation peut se
compliquer en cas d’allergie croisée (ex : kiwi + latex) : c’est l’homogénéité structurale des
protéines de latex et de certaines protéines alimentaires (des fruits exotiques dans 50% des
cas) qui explique ces allergies croisées. L’allergie au latex peut conduire à une allergie à
certains fruits (kiwi, bananes, noix, noisettes, …) ou inversement, ce qui reste invalidant dans
la vie de tous les jours.
L’allergie au latex représente un tel problème de santé publique qu’on parle désormais de
travailleurs à risques et de patients à risques.
o Les travailleurs à risques sont les travailleurs de la santé, avec une prévalence
d’allergie au latex allant jusqu’à 17%. Des différences se marquent selon qu’on
travaille hors du bloc opératoire ou au bloc opératoire, lieu de forte concentration.
Mais l’allergie ne se cantonne pas au personnel concerné directement. Certaines
allergies sont provoquées par les particules fines qui restent en suspension dans l’air,
lesquelles peuvent migrer d’un endroit à l’autre. C’est ce qui explique l’apparition ou
l’aggravation d’allergies au latex chez une partie du personnel qui ne porte pas de
gant (infirmières circulantes, …). A titre de comparaison, les travailleurs de la filière de
fabrication du latex présentent une prévalence de 40% d’allergie. Notons encore que
l’allergie au latex est reconnue comme maladie professionnelle.
o Les patients à risques sont notamment les nouveau-nés et les enfants. On estime
que le risque augmente avec le jeune âge et les opérations multiples. A titre
d’exemple, les enfants qui sont nés avec un spinabifida ou une pathologie du système
génito-urinaire et qui devront être opérés de manière répétitive dans les premières
semaines ou les premiers mois de leur vie, présentent une prévalence d’allergie au
latex pouvant aller jusque 70%. Les milieux médicaux considèrent dès lors que les
nouveau-nés et les bébés devraient d’emblée être opérés dans un environnement
sans latex.
Si la prévalence de l’allergie au latex est en augmentation constante dans la population, force
est de constater qu’il n’existe actuellement aucun traitement efficace et sans danger contre
cette affection.
L’allergie au latex représente la deuxième cause des complications allergiques per-
opératoires, avec une occurrence de 20% (après le curare, 54% et avant les antibiotiques,
14%). Elle constitue aussi la première cause de choc anaphylactique chez l’enfant (76%). La
fréquence de ces réactions sévères dans le décours opératoire est estimée à 1/10.000
anesthésies. Les cas de décès sont estimés à 1/100.000. (NB : si ces chiffres sont importants,
ils sont à mettre en perspective. A titre comparatif, le risque de mourir d’un accident de
voiture est estimé à 1/1.000 dans nos pays.)
Au CHC, où on pratique environ 40.000 interventions par an, on estime qu’un patient
présentant une allergie (connue ou méconnue) au latex est opéré tous les jours dans un des