Une analyse de l`inflation en France depuis le lancement de l`euro

Diagnostics Prévisions
et Analyses Économiques
Direction Générale du Trésor
et de la Politique Économique
N° 112 – Juin 2006
Direction Générale du Trésor
et de la Politique Économique
Une analyse de l'inflation en France depuis le lancement de l'euro1
Depuis 1999, l'inflation en France est demeurée stable et modérée, autour d'une moyenne un
peu inférieure à 2%. Cette régularité s'est produite dans un environnement pourtant riche de chocs
affectant a priori l'inflation : embardées du prix du pétrole, crise de la «vache folle», redéfinition récente
du seuil de revente à perte dans la grande distribution, modifications apportées à la fiscalité (TVA, droits
sur le tabac) ou réformes du secteur de la santé. Le passage à l'euro lui-même (début 1999, puis début
2002 pour l'euro fiduciaire), ainsi que les fluctuations de sa parité vis-à-vis des monnaies tierces, cons-
tituent eux aussi des événements qui ont pu affecter la trajectoire récente de l'inflation.
Une analyse des grandes composantes de l'inflation montre que sa stabilité masque la grande
diversité des mouvements désagrégés de prix avec globalement des effets de compensation
entre secteurs. Un certain découplage, qui n'exclut cependant pas la possibilité de liens plus lâches ou
retardés, apparaît entre les évolutions des composantes les plus volatiles de l'inflation - comme celles
liées au prix de l'énergie - et les tendances globalement plus stables qualifiées de «sous-jacentes». La
modération progressive de l'inflation sous-jacente, passée de 2 ¼% début 2002 à 1% fin 2005-début
2006 a ainsi compensé le dérapage des prix volatils, et notamment des prix pétroliers.
Cette modération inattendue de l'inflation malgré l'inflation des produits volatils (l'absence
d'«effets de second tour») renvoie à plusieurs facteurs dont une modélisation économétrique
des prix et des salaires permet de quantifier l'impact :
L'appréciation de l'euro a eu un impact cumulé de 0,5 point sur le niveau des prix entre 2002 et
2005 ;
•Le comportement de marge du secteur de la distribution, suite notamment aux accords signés
en juin 2004 entre industriels, pouvoirs publics et grande distribution, a pesé sur les prix à hauteur
d’environ ¼ de point ;
L'intensification de la concurrence des pays émergents dans les produits manufacturés semble éga-
lement avoir joué un rôle modérateur sur l'inflation.
Le rôle du cycle semble plus modeste : la bouffée de croissance enregistrée dans les années 1998
à 2000 a bien poussé à la hausse l'inflation, et la faiblesse de la croissance depuis 2002 à la baisse,
mais ces effets ont été dans les deux cas longs et se manifester et d'une amplitude n'excédant guère
¼ de point. Même si l'outil utilisé sous-estime peut-être les effets du cycle sur les prix, cette faiblesse
estimée de la réaction des prix au cycle est bien cohérente avec la grande stabilité manifestée par
l'inflation sous-jacente depuis une dizaine d'années.
1. Ce document a été élaboré sous la responsabilité de la Direction Générale du Trésor et de la Politique Économique et ne reflète pas nécessairement
la position du Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie.
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Juin 2006 n°111 Caractéristiques des marchés du travail dans les pays de l’OCDE, Romain Bouis,
Jean-Paul Renne
Mai 2006 n°110 Evolutions comparées des exportations en zone euro, Thibault Cruzet, Antoine Langlet
n°109 Analyse de l’évolution des bénéficiaires de la PPE, Ludivine Barnaud, Gaël Bescond
n°108 L'investissement en Chine est-il excessif ? Benjamin Delozier, Diana Hochraich
Avril 2006 n°107 Vers la fin de la déflation au Japon ? Yann Pouëzat
n°106 Enjeux économiques liés à l’intégration des industries post-marché en Europe, Frédéric
Cherbonnier, Séverine Vandelanoite
Mars 2006 n°105 Le ciblage d’inflation à travers l’expérience des pays latino-américains, Sophie Chauvin,
Olivier Basdevant
n°104 La compétitivité de l’économie allemande, Alexandre Espinoza
n°103 La situation économique mondiale au printemps 2006, Pierre Beynet, Nathalie Fourcade
n°102 Structure et comportement des entreprises exportatrices françaises, Nila Ceci, Bruno
Valersteinas
n°101 Le droit des défaillances d’entreprises, Frédéric Cherbonnier, Anne Épaulard, Xavier Payet
Fév. 2006 n°100 Perspectives d’appréciation du taux de change réel chinois : une analyse économique,
Mars Y. Robert
n°99 Une modélisation analytique des stratégies d’endettement de l’État, Jean-Paul Renne, Nico-
las Sagnes
n°98 Les indicateurs de retournement : des compléments utiles à l’analyses conjoncturelle,
Pierre Emmanuel Ferraton
Janv. 2006 n°97 Bilan des finances locales depuis 1980, Julie Marcoff
n°96 Mondialisation et marché du travail dans les pays développés, Nadia Terfous
n°95 Les interventions de change japonaises semblent faire s’apprécier l’euro à court terme,
Benjamin Delozier
Déc. 2005 n°94 Croissances et réformes dans les pays arabes méditerranéens, Jacques Ould-Aoudia
n°93 L'Asie émergente et la libéralisation du compte de capital, Pierre Mongrué, Marc Robert
n°92 Influence de la fiscalité sur les comportements d’épargne, Maud Aubier, Frédérier Cherbon-
nier, Daniel Turquety
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3
Direction Générale du Trésor
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1. Une inflation très stable depuis le lance-
ment de l'euro
Depuis 15 ans, à l'exception d'un point bas en 1999,
l'inflation au sens de l'indice des prix à la consomma-
tion (IPC) est demeurée stable et modérée en France
(cf. graphique 1) : elle se situe en moyenne à +1,9%
depuis 2000.
Graphique 1 : l'inflation selon l'IPC, l'IPCH et le défla-
teur de la consommation des ménages
Source : INSEE.
En perspective sur plus longue période, cette stabilité
des prix à la consommation2 fait suite à la période de
désinflation des années 1980. Ainsi, après avoir bondi
au-delà de 10% à la suite des deux grands chocs pétro-
liers de 1974 et 1979, l’inflation a très nettement reculé
jusqu'en 1986, à +2,5% ; puis, après un léger rebond à
la fin des années 1980 (à moins de 4%), elle s'est de
nouveau repliée progressivement pour atteindre un
creux historique en 1999 (à +0,2% en janvier).
Graphique 2 : inflation, croissance et chômage
Source : INSEE.
Depuis la création de l’Union Economique et
Monétaire en 1999, l'évolution de l’inflation peut
surprendre à première vue. En 1999-2001, les prix
n'ont réagi que modérément au dynamisme de l'acti-
vité, à la baisse du chômage et à la dépréciation de
l'euro (cf. graphique 2) : elle n'a augmenté qu'un peu
tardivement (au second semestre 1999 et en 2000)
pour atteindre environ 2%, alors que, lors du précé-
dent haut de cycle à la fin des années 80, elle s'était éle-
vée à près de 4%.
En revanche, dans les années 2002-2003, c'est la per-
sistance de l'inflation qui a pu surprendre dans un con-
texte de ralentissement marqué de l'activité
économique et d’une forte appréciation de l'euro. Au
début des années 1990, dans une conjoncture il est
vrai nettement plus déprimée, le reflux de l'inflation
avait été plus rapide.
Enfin, depuis 2003, l'inflation est restée contenue mal-
gré la très forte hausse du prix du pétrole en euro
(+72% entre 2003 et 2005, cf. graphique 3).
Graphique 3 : prix du pétrole et taux de change /$
Source : Datastream.
2. La stabilité des prix depuis 2000 recouvre
des mouvements contrastés de l'inflation
sous-jacente et des composantes volatiles
de l'inflation
L'inflation peut être décomposée en une partie qui
reflète la tendance de fond (cf. encadré 1 pour des
précisions sur le champ couvert par l'inflation sous-
jacente) et une autre qui résulte de facteurs volatils et
donc en général3 transitoires. Par commodité, on qua-
lifiera de «volatile» la partie non sous-jacente de l'infla-
tion.
Au cours des six dernières années, les facteurs «vola-
tils» ont expliqué en moyenne la moitié de l'inflation
alors que leur poids dans l'IPC est de 40% environ
(cf. graphique 4). Ils ont joué un rôle prépondérant
dans le redressement de l'inflation en 1999-2000
(expliquant 60% de l'inflation) ; en revanche, en 2001
et en 2002, les facteurs «volatils» n'ont plus contribué
que pour 30% à l'inflation en moyenne. Enfin, depuis
la mi-2002, leur contribution a de nouveau augmenté,
à près de 70% de l'inflation en 2005.
En dépit des effets inflationnistes des facteurs «vola-
tils», l'inflation est, depuis 1999 et de façon encore
plus marquée depuis 2004, restée très modérée. En
effet, la hausse des prix du pétrole ne s'est accompa-
gnée que d'une hausse faible et légèrement décalée
puis d'une baisse de l'inflation sous-jacente comme on
le voit sur le graphique 4. En 2004 et 2005, l'impact
direct du choc pétrolier sur les prix de consommation
a été compensé par un repli de l'inflation sous-jacente
jusqu'à la mi-2005, puis une stabilisation de celle-ci à
un rythme de l'ordre de 1%. Enfin, entre ces deux
périodes, l'inflation sous-jacente a plutôt surpris par
son inertie, ne se repliant que peu (+2,1% en 2002 et
+1,6% en 2003) en dépit de l'appréciation de l'euro et
de la faiblesse de la croissance.
2. Il existe un large consensus pour définir la stabilité des prix à la
consommation, non par un taux d'inflation égal à zéro, mais par une
inflation «modérée» (d'environ 2%).
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IPC
déflateur de la consommation des ménages
IPCH
glissement annuel, en %
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1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004
6
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9
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11
12
13
croissance du PIB
inflation (IPC)
taux de chômage (éch. dte)
%échelle inversée
(%)
3. Même si, depuis 2003, les prix du pétrole, traditionnellement consi-
dérés comme volatils, ont eu tendance à croître de manière quasi-
continue.
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40
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1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006
0,60
0,80
1,00
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1,40
1,60
1,80
cours du brent ($ / baril) taux de change € / $ (éch. dte)
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Graphique 4 : contributions à l'inflation
Source : INSEE.
2.1 Un environnement perturbé : les principaux
facteurs «volatils»
2.1.1 1999-2002 : effet pétrole puis prix de la viande
Plus précisément au niveau sectoriel, la hausse de
l'inflation en 1999 et 2000 provient essentiellement du
renchérissement des produits pétroliers (cf. graphi-
que 5). De fait, les prix des produits pétroliers (hors
impact des changements de barème de TIPP et de
TVA) ont contribué à eux seuls pour plus de 60% en
moyenne à l'inflation totale en 1999-2000 (et même
75% au premier semestre 2000). En effet, la hausse du
cours du pétrole en dollar a été accentuée par le recul
concomitant de l'euro. Le prix du pétrole est ainsi
passé de 10 € le baril début 1999 à 38 € fin 2000.
L'inflation a ensuite été alimentée de la mi-2000 à la
mi-2002 par le renchérissement de l'ensemble des
viandes consécutif aux crises alimentaires de l'ESB
d'octobre 2000 et de la fièvre aphteuse de février 2001
(cf. graphique 7). Cette accélération du prix des vian-
des s'explique par la baisse de l'offre de viande sous
l'effet de nombreux abattages d'animaux, le report de
la consommation des ménages vers des viandes de
qualité supérieure4 et la répercussion sur les prix à la
consommation des coûts des tests de dépistage de
l'ESB et d'une nouvelle taxe finançant l'équarrissage.
En outre, la fin de l'année 2001 a connu de mauvaises
conditions climatiques, entraînant une brève flambée
des prix des produits frais début 2002.
Les mesures de baisse de la fiscalité indirecte ont tou-
tefois eu un effet modérateur sur les prix : notamment
la baisse du taux normal de TVA de 20,6% à 19,6% au
1er avril 2000. Son impact mécanique sur l'évolution
des prix est de –0,4 point (cf. graphique 6) car les pro-
duits concernés représentent la moitié du panier de
consommation des ménages et ils ont subi une baisse
mécanique de prix de 0,8%. Cet effet, qui correspond
à celui qui existerait si la baisse du taux de TVA était
intégralement répercutée dans les prix n’a toutefois
pas été observé dans la réalité : l'augmentation de la
consommation a incité les détaillants à dilater un peu
leurs marges. Ainsi, l'impact réel, tel que l'a estimé
l'INSEE, aurait été de –0,2 point sur le court terme5.
Enfin, la détente du prix du pétrole en 2001-2002 a
également contribué à limiter la hausse des prix «vola-
tils», notamment au second semestre 2001.
2.1.2 Depuis 2002 : petits chocs puis pétrole de
nouveau
De 2002 à 2004, l'augmentation de la contribution des
facteurs «volatils» à l'inflation s'explique par une suc-
cession de divers chocs inflationnistes : des mesures
Encadré 1 : Champ couvert par l’inflation sous-jacente
Il existe en pratique plusieurs indicateurs d'inflation sous-jacente. Nous nous intéressons ici à celui calculé par l'INSEE qui
exclut les produits et les services dont les prix sont administrés ou soumis à des chocs exogènes importants (phénomènes
climatiques, évolution des marchés mondiaux du pétrole et des matières premières) et est également corrigé des mesures de
fiscalité indirecte à hauteur de leur impact mécanique.
Plus précisément, l'inflation sous-jacente exclut :
les prix des produits pétroliers (carburants automobiles et fioul domestique) et les tarifs du gaz, dont les mouvements
sont affectés par les variations du pétrole brut ;
les prix de l'alimentation qui subissent des mouvements exogènes importantsa : ce sont principalement les prix des pro-
duits frais et des viandes, fortement dépendants des aléas climatiques ou épidémiologiques, mais aussi les prix des pro-
duits exotiques (café, cacao, etc…) et des produits laitiers ;
l’impact des mesures fiscales : l'inflation sous-jacente, d'une part, exclut les prix du tabac, qui sont frappés de droits
d'accise et, d'autre part, est corrigée des modifications de fiscalité à hauteur de leur impact mécanique (changements de
barème de TVA et de TIPP notamment) ;
d'autres prix qui sont en grande partie dépendants de la puissance publique et concernent pour l'essentiel les services et
les produits de santéb ainsi que les tarifs d'EDF, de la SNCF, de la RATP ou des services postaux.L'inflation sous-
jacente telle que la publie l'INSEE se décompose en trois sous-secteurs : alimentation (dont le poids dans l'indice des
prix sous-jacent est de près de 12% en 2005), produits manufacturés (42%) et services (46%). Dans chacun de ces sous-
groupes, les évolutions des prix recouvrent des conditions de marché différentes : par exemple, les prix des produits
manufacturés sont sensibles aux effets d'inflation importée (énergétique ou autre) tandis que les prix dans les services
dépendent principalement des coûts salariaux et donc des tensions domestiques.
a. Les produits concernés représentent un pan important des produits alimentaires consommés par les ménages (près de 60% des dépenses
alimentaires en valeur).
b. Les prix des services de santé sont toutefois également déterminés par le niveau des dépassements d'honoraires des médecins et les prix des
produits de santé par le niveau des marges sur les médicaments.
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0,5
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1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
facteurs sous-jacents facteurs "volatils" inflation totale
%
4. Cette préférence des consommateurs pour les produits labellisés
s'est traduite par une augmentation de l'offre des produits de qualité
dans les points de vente qui ont donc vu leur poids dans l'indice des
prix progresser, d'où une hausse de ce dernier.
5. Cf. «Une inflation contenue en 2000», INSEE Première n°763,
mars 2001.
5
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de relèvement de la fiscalité indirecte, sur les pro-
duits pétroliers jusqu'en 2003 et sur le tabac jusqu'en
2004 (entraînant notamment un surcroît d'inflation de
0,6 point entre janvier et septembre 2004) ; des reva-
lorisations des honoraires des professionnels de
santé courant 2002 (pour 0,3 point d'inflation en
moyenne de juillet 2002 à juillet 2003) ; de fortes
hausses des prix des produits alimentaires frais à
l'été 2003, marqué par la canicule (pour plus de
0,2 point d'inflation).
Depuis le printemps 2004, les prix des produits
énergétiques contribuent à nouveau fortement à
l'inflation (pour 0,7 point en moyenne, soit une con-
tribution comparable à celle observée de la mi-1999 à
la fin 2000) : la hausse du prix du brent, exprimée en
euros, observée entre le début de l'année 2004 et la fin
2005 (de 25 à 48 €/bl) est en effet d'une ampleur
comparable à celle de 1999-2000 (de 10 à 38 €/bl).
Après la disparition des effets des fortes hausses de
prix du tabac en 2003-2004, les produits énergétiques
(produits pétroliers et gaz de ville) représentent la
principale source «volatile» d'inflation : ils expliquent
à eux seuls la moitié de l'inflation totale en 2005.
2.2 La faible variabilité de l’inflation sous-
jacente masque des évolutions contrastées de
ces composantes
Dans le secteur manufacturier, les prix à la consom-
mation ont accéléré de façon modérée du début 2000
à la mi-2001 (passant de –0,5% à un peu plus de 1%),
répercutant avec retard la hausse des prix de produc-
tion (cf. graphique 11). Par la suite, les prix à la con-
sommation ont progressivement décéléré et ont
même baissé en moyenne en 2005, malgré la hausse
constatée des prix de production, en liaison avec la
mollesse de la conjoncture en 2005, l'appréciation pas-
sée de l'euro et les effets d'une concurrence internatio-
nale accrue avec la montée en puissance des pays
émergents.
Dans le secteur de l'alimentation, l'indice sous-
jacent (qui exclut les produits frais et les viandes) a
connu une accélération tendancielle du milieu des
années 1990 à 2002 (cf. graphique 7), en lien avec les
pratiques du secteur de la grande distribution : con-
centration accrue du secteur et accroissement régulier
des «marges arrière»6 avec l'adoption en 1996 de la loi
Galland, qui a renforcé la législation sur la revente à
perte.
Deux actions récentes du gouvernement ont visé à
inverser cette évolution : en juin 2004, le Ministre des
Finances a suscité un engagement commun des distri-
buteurs et de leurs fournisseurs en faveur de baisses de
prix ; en août 2005, l'adoption d'une réforme de la loi
Galland dont la mise en œuvre a débuté au 1er janvier
2006. La première de ces deux mesures a d'ores et déjà
eu un impact favorable : les prix des produits de
grande consommation (essentiellement des produits
alimentaires hors frais) ont baissé à l'automne 2004 ; la
modération tarifaire a ensuite prévalu sur l'ensemble
de l'année 2005.
Graphique 7 : contributions à l’inflation sous-jacente
Source : INSEE.
Graphique 5 : contributions des produits énergétiques
à l'inflation (hors fiscalité)
Graphique 6 : contribution des mesures fiscales
à l'inflation
Source : INSEE, calculs DGTPE, ces contributions sont calculées à partir
d'une modélisation univariée des seuls prix à la consommation des
produits énergétiques. Elles diffèrent donc nettement de celles présentées
ci-dessous qui sont déterminées à partir d'une boucle prix-salaires et qui
tiennent compte des effets des prix des produits énergétiques sur les
autres prix.
Source : INSEE, calculs DGTPE, ont été retenues les principales mesures
de fiscalité ayant affecté l'inflation : les modifications de TIPP ; les
augmentations des taxes sur le tabac ; la suppression progressive du droit
au bail en janvier 2000 et 2001 ; la baisse du taux normal de TVA de
20,6% à 19,6% en avril 2000, à hauteur de l'impact mécanique. Les autres
mesures de fiscalité intervenues depuis 1999, dont les contributions sont
faibles au regard de celles indiquées ci-dessusa, n'ont pas été retenues.
a. Cf. Biau et Sobczak, «Prévoir l'inflation en France», INSEE, Note de conjoncture, juin 2001, et Bilke, «Quelles hypothèses pour expliquer un
changement de régime de l'inflation en France», Bulletin de la Banque de France, n°141, septembre 2005. Dans ces deux études, il a en particulier
été construit une série de taux moyen de TVA. On observe alors que l'ampleur de la baisse du taux moyen de TVA lors du passage au taux réduit sur
les abonnements à EDF et GDF en janvier 1999 ou sur les travaux d'entretien de la maison en septembre 1999 est très inférieure à celle intervenue
lors de la baisse du taux normal de 20,6% à 19,6%.
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brent taux de change € / $
gaz de ville autre
inflation totale
%
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1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
mesures fiscales inflation totale
%
6. Les «marges arrière» ont augmenté dans le champ des produits de
grandes marques. Elles sont passées de 20% du prix facturé au dis-
tributeur en 1996 à 32% en 2002 puis à 33,5% en 2004.
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1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
alimentaire produits manufacturés services inflation sous-jacente
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