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Direction Générale du Trésor
et de la Politique Économique
de relèvement de la fiscalité indirecte, sur les pro-
duits pétroliers jusqu'en 2003 et sur le tabac jusqu'en
2004 (entraînant notamment un surcroît d'inflation de
0,6 point entre janvier et septembre 2004) ; des reva-
lorisations des honoraires des professionnels de
santé courant 2002 (pour 0,3 point d'inflation en
moyenne de juillet 2002 à juillet 2003) ; de fortes
hausses des prix des produits alimentaires frais à
l'été 2003, marqué par la canicule (pour plus de
0,2 point d'inflation).
Depuis le printemps 2004, les prix des produits
énergétiques contribuent à nouveau fortement à
l'inflation (pour 0,7 point en moyenne, soit une con-
tribution comparable à celle observée de la mi-1999 à
la fin 2000) : la hausse du prix du brent, exprimée en
euros, observée entre le début de l'année 2004 et la fin
2005 (de 25 € à 48 €/bl) est en effet d'une ampleur
comparable à celle de 1999-2000 (de 10 à 38 €/bl).
Après la disparition des effets des fortes hausses de
prix du tabac en 2003-2004, les produits énergétiques
(produits pétroliers et gaz de ville) représentent la
principale source «volatile» d'inflation : ils expliquent
à eux seuls la moitié de l'inflation totale en 2005.
2.2 La faible variabilité de l’inflation sous-
jacente masque des évolutions contrastées de
ces composantes
Dans le secteur manufacturier, les prix à la consom-
mation ont accéléré de façon modérée du début 2000
à la mi-2001 (passant de –0,5% à un peu plus de 1%),
répercutant avec retard la hausse des prix de produc-
tion (cf. graphique 11). Par la suite, les prix à la con-
sommation ont progressivement décéléré et ont
même baissé en moyenne en 2005, malgré la hausse
constatée des prix de production, en liaison avec la
mollesse de la conjoncture en 2005, l'appréciation pas-
sée de l'euro et les effets d'une concurrence internatio-
nale accrue avec la montée en puissance des pays
émergents.
Dans le secteur de l'alimentation, l'indice sous-
jacent (qui exclut les produits frais et les viandes) a
connu une accélération tendancielle du milieu des
années 1990 à 2002 (cf. graphique 7), en lien avec les
pratiques du secteur de la grande distribution : con-
centration accrue du secteur et accroissement régulier
des «marges arrière»6 avec l'adoption en 1996 de la loi
Galland, qui a renforcé la législation sur la revente à
perte.
Deux actions récentes du gouvernement ont visé à
inverser cette évolution : en juin 2004, le Ministre des
Finances a suscité un engagement commun des distri-
buteurs et de leurs fournisseurs en faveur de baisses de
prix ; en août 2005, l'adoption d'une réforme de la loi
Galland dont la mise en œuvre a débuté au 1er janvier
2006. La première de ces deux mesures a d'ores et déjà
eu un impact favorable : les prix des produits de
grande consommation (essentiellement des produits
alimentaires hors frais) ont baissé à l'automne 2004 ; la
modération tarifaire a ensuite prévalu sur l'ensemble
de l'année 2005.
Graphique 7 : contributions à l’inflation sous-jacente
Source : INSEE.
Graphique 5 : contributions des produits énergétiques
à l'inflation (hors fiscalité)
Graphique 6 : contribution des mesures fiscales
à l'inflation
Source : INSEE, calculs DGTPE, ces contributions sont calculées à partir
d'une modélisation univariée des seuls prix à la consommation des
produits énergétiques. Elles diffèrent donc nettement de celles présentées
ci-dessous qui sont déterminées à partir d'une boucle prix-salaires et qui
tiennent compte des effets des prix des produits énergétiques sur les
autres prix.
Source : INSEE, calculs DGTPE, ont été retenues les principales mesures
de fiscalité ayant affecté l'inflation : les modifications de TIPP ; les
augmentations des taxes sur le tabac ; la suppression progressive du droit
au bail en janvier 2000 et 2001 ; la baisse du taux normal de TVA de
20,6% à 19,6% en avril 2000, à hauteur de l'impact mécanique. Les autres
mesures de fiscalité intervenues depuis 1999, dont les contributions sont
faibles au regard de celles indiquées ci-dessusa, n'ont pas été retenues.
a. Cf. Biau et Sobczak, «Prévoir l'inflation en France», INSEE, Note de conjoncture, juin 2001, et Bilke, «Quelles hypothèses pour expliquer un
changement de régime de l'inflation en France», Bulletin de la Banque de France, n°141, septembre 2005. Dans ces deux études, il a en particulier
été construit une série de taux moyen de TVA. On observe alors que l'ampleur de la baisse du taux moyen de TVA lors du passage au taux réduit sur
les abonnements à EDF et GDF en janvier 1999 ou sur les travaux d'entretien de la maison en septembre 1999 est très inférieure à celle intervenue
lors de la baisse du taux normal de 20,6% à 19,6%.
-1,0
0,0
1,0
2,0
3,0
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
brent taux de change € / $
gaz de ville autre
inflation totale
%
-1,0
0,0
1,0
2,0
3,0
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
mesures fiscales inflation totale
%
6. Les «marges arrière» ont augmenté dans le champ des produits de
grandes marques. Elles sont passées de 20% du prix facturé au dis-
tributeur en 1996 à 32% en 2002 puis à 33,5% en 2004.
-1,0
-0,5
0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
2,5
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
alimentaire produits manufacturés services inflation sous-jacente
%