Livret ressources

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Table des matières
Introduction
>>
La malle « Abeilles et pollinisateurs »
1. Lien avec le programme européen Life+ Urbanbees
2. Le contenu de la malle pédagogique
Fiche 1
>> La classification des abeilles
1. Classer les êtres vivants
2. Reconnaître les insectes, classification et morphologie
Fiche 2
>> Abeilles mellifères et abeilles sauvages
Fiche 3
>> La morphologie fonctionnelle
1. Comprendre le lien entre la forme et la fonction d’un organe
2. Exemple de la corolle des fleurs
3. Longueur de la langue du butineur
4. Anatomie d’une fleur
Doucment réalisé par ARTHROPOLOGIA
5. Diversité des plantes à fleurs
Fiche 4 >> Le cycle de vie des plantes à fleurs
1. Schéma de rappel sur le cycle de reproduction des plantes à fleurs
2. La pollinisation entomophile
3. La genèse et le rôle des fruits
4. Schéma de rappel sur le développement du fruit
5. L’importance écologique des pollinisateurs en chiffres
Fiche 5
>>
Les relations entre insectes et environnement
1. La limite de la notion d’utilité du vivant
2. Généralités sur les rôles écologiques des insectes
3. Quelques autres relations entre plantes et insectes
Fiche 6
>>
Pollinisation, alimentation et santé
1. Importance de la pollinisation pour les productions agricoles
2. Généralités sur l’équilibre alimentaire
>>
>>
Glossaire
Utilisation de fiches d’activités
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Introduction
>>
La malle « Abeilles et pollinisateurs »
La malle « Abeilles et pollinisateurs » a pour but de permettre aux enseignants et aux
éducateurs de sensibiliser les enfants à l’importance des pollinisateurs. Les différents
outils de la malle permettent d’adapter votre projet au type de public visé (éducation
informelle, cycles 1, 2 et 3).
Les nombreux outils proposés vous permettront de composer votre cycle d’animation
avec différentes approches pédagogiques (didacticielles, expérimentales, sensibles,
ludiques...). Ils permettront aux enfants de redécouvrir la richesse de leur environnement
de proximité en partant à la découverte du monde fascinant des abeilles sauvages et des
autres insectes pollinisateurs.
1. Lien avec le programme européen Life+ Urbanbees
Cette malle a pour but de compléter les outils Urbanbees et permettre
de sensibliser un plus large public.
Le programme européen Life+ Urbanbees a pour objectif de valider
puis diffuser un plan de gestion visant à sauvegarder la diversité
des abeilles sauvages en milieux urbains et périurbains. Ce guide
de gestion, à destination des villes et des habitants, proposera
différentes actions pour favoriser la présence des abeilles sauvages,
des autres insectes pollinisateurs et l’entretien d’espaces fleuris. Un
suivi permanent des différents sites aménagés pour accueillir ces
abeilles sauvages sur le territoire du Grand Lyon, a permis d’observer
et d’étudier le comportement de ces populations d’abeilles afin
d’affiner les connaissances et d’améliorer la gestion des ressources
dont elles ont besoin. Tout au long du programme, de nombreuses
actions de communication (animations, sorties, conférences, ateliers,
formations) permettent aux différents publics concernés (enfants,
grand public, élus, professionnels) de s’informer et de prendre part
ou même de s’investir activement (démarches participatives) dans
le programme Urbanbees.
1.1 Modalités des animations URBANBEES
A destination des classes de cycle 3, les animations Urbanbees se décomposent en 3
séances * dont une sortie pour la visite d’un site aménagé en faveur des abeilles sauvages.
* Une séance correspond à une demi-journée scolaire soit environ 3h00 d’intervention.
1.2 Objectifs pédagogiques
Mieux connaître les insectes pollinisateurs qui nous entourent et comprendre leurs
différents rôles (écologiques, économiques...).
Découvrir plus particulièrement les abeilles sauvages, leur diversité, leurs modes de
vie (nourriture et nidification) et leur rôle essentiel pour la biodiversité.
Participer activement à la préservation des abeilles sauvages.
3
I
N
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R
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T
I
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N
1.3 Plus d’informations
Le programme Urbanbees : www.urbanbees.eu
Les animations Urbanbees : www.urbanbees.eu/pageressources/enseignants
Inscription et informations complémentaires : [email protected]
ou [email protected]
2.Le contenu de la malle pédagogique
Pour apprendre :
 Le livret ressources ;

le classeur d’activités (une à deux fiches pour chaque outil proposé).
Pour transmettre :
 La mallette «abeilles sauvages» (7 dioramas) ;
le jeu « Où sont les abeilles ? » (1 mini-jeu de cartes) ;
 pollinisateurs en tous genres (30 puzzles) ;
 l’anatomie des abeilles (activité sur feuille) ;
 l’alimentation des abeilles (jeu type relai en extérieur) ;
 la pollinisation (maquettes et marionnettes) ;
 le rallye des pollinisateurs (jeu type rallye en extérieur) ;
 pollinisation, nutrition et santé (jeu de plateau) ;
 diaporamas et autres outils du CD.
Doucment réalisé par ARTHROPOLOGIA

4
Fiche 1
>>
La classification des abeilles
1.Classer les êtres vivants
Dans les sciences du vivant, la classification scientifique des espèces correspond à la
combinaison de la systématique et de la taxonomie.
 La
systématique est l’ensemble des méthodes pour classer le vivant ;
 la taxonomie est la « science » de la classification, c’est donc la résultante de
l’application des méthodes de systématique.
L’« ancienne classification » fondée sur la morphologie comparée s’est modifiée peu à peu
avec l’arrivée des méthodes utilisant la proximité génétique des espèces (phylogénétique).
Cela a conduit à la « nouvelle classification » que l’on appelle cladistique.
Avec cette nouvelle classification, toutes les terminologies fondées sur l’absence
d’un critère ont disparu. Par exemple, les « invertébrés » (= sans colonne vertébrale)
ont été remplacés par plusieurs embranchements dont celui des Arthropodes qui inclut
les « Hexapodes » (= avec 6 pattes).
Empire
Règne *
Embranchement *
Procaryote
Eucaryote
Archée &
Fungus
Plante
Animal
Bactérie
Champignon
2 ex. de description
Chordés
Arthropodes
Sous-embranchement
Vertébrés
Hexapodes
Classe *
Mammifères
Insectes
Ordre *
Primates
Hyménoptères
Sous-ordre
Apocrites
Infra-ordre
Aculéates
Super-famille
Apoïdés**
Famille *
Hominidés
Mégachilidés
Sous-famille
Megachilinae
Tribu
Osmini
Genre *
Homo
Osmia
Espèce *
sapiens
bicornis
Sous-espèce *
sapiens
* Eléments issus de la classification traditionnelle. Ils « suffisent » à une description complète d’une espèce.
** La Super-famille Apoidés (Apoidea) inclut les apiformes (= tout ce qu’on nomme abeilles) et les sphégiens.
Quelle nomenclature utiliser pour un nom scientifique ?
Pour définir un être vivant de manière simplifiée, la convention veut qu’on utilise la
nomenclature binomiale, établie par Linné à partir de 1758 : un nom de genre et un
nom d’espèce (voire de sous-espèce). Le genre débute par une majuscule, l’ensemble
s’écrit en italique, ex. Homo sapiens sapiens.
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activité 1
F
I
C
H
E
1
2.Reconnaître les insectes, classification et morphologie
Définition
Les insectes sont des arthropodes : embranchement du règne animal comprenant tous
les animaux à pattes articulées et dont le corps est formé de segments. Par ailleurs, les
arthropodes ont la particularité d’avoir un squelette externe rigide (exosquelette).
2.1 Généralités sur les insectes
Les principales caractéristiques qui définissent les insectes au sein des arthropodes sont :
 Leur
corps constitué de 3 parties distinctes : tête, thorax et abdomen.
 Leurs 3 paires de pattes à l’état adulte.
 Les
insectes possèdent tous exactement 2 antennes.
Doucment réalisé par ARTHROPOLOGIA
La métamorphose est une autre capacité importante des insectes (mais pas exclusive).
C’est une transformation qui permet au stade juvénile (larve) de devenir adulte (imago).
Elle peut être complète, la larve passe alors par un stade immobile (nymphe) avant
de se transformer totalement pour devenir adulte : ce sont les insectes holométaboles
(endoptérygotes) comme les papillons par exemple.
La métamorphose partielle ne nécessite pas de stade immobile. La larve ressemble
fortement à l’imago en plus petit, mais ce dernier acquiert cependant de nouvelles
caractéristiques comme la capacité à se reproduire (qui s’accompagne souvent de l’apparition
d’ailes) : ce sont les insectes hétérométaboles comme les punaises par exemple.
Les insectes à métamorphose complète sont dits
« holométaboles » (endoptérygotes) et ceux à métamorphose
partielle sont dits « hétérométaboles » (exoptérygotes). Les
crustacés sont aussi capables de se métamorphoser.
2.2 Les principaux ordres d’insectes pollinisateurs
La classe des insectes se divise en une trentaine d’ordres différents. Les principaux
insectes pollinisateurs sont répartis dans 4 ordres principaux :
Les hyménoptères >> Etymologie : hymen = membrane ou mariage, pteron = aile
Les hyménoptères sont des insectes avec 4 ailes membraneuses de
longueurs inégales (souvent transparentes), attachées par paires en
Guêpe poliste
vol. Historiquement, Hymen était d’ailleurs le Dieu du Mariage dans la
mythologie grecque.
Exemples de représentants : abeilles, fourmis, guêpes, tenthrèdes...
Les fourmis sont une exception chez les hyménoptères. En effet, seuls les adultes fertiles
possèdent des ailes avant leur reproduction.
Cuivré des marais
activité 2
Les lépidoptères
>> Etymologie : lepido = écaille, pteron = aile
Les lépidoptères sont des insectes avec 4 ailes recouvertes d’écailles
colorées. Cet ordre regroupe tous les insectes que l’on appelle « papillons »,
« mites », « teignes »...
6
Les diptères
>> Etymologie : di = deux, pteron = aile
Les diptères n’ont que 2 ailes fonctionnelles. Les 2 ailes postérieures sont
modifiées par des balanciers nommés « haltères » qui leur assurent une
fluidité de vol exceptionnelle.
Syrphe
Les coléoptères
>> Etymologie : koleos = étui, pteron = aile
Les coléoptères ont souvent 2 ailes postérieures pour voler et 2 ailes
antérieures (ou « élytres ») rigides qui recouvrent tout ou partie de
l’abdomen. Les élytres assurent ainsi la protection de l’abdomen et de la Hanneton
paire d’ailes motrices (quand elle existe).
Certains coléoptères sont dépourvus d’ailes (ex. Méloé) voire d’élytres (ver luisant femelle).
Récapitulatif
>>
Etymologie de quelques ordres d’insectes
Hyméno -
Lépido -
Di -
Coléo -
- ptères
Membranes
Écailles
Deux
Étui, bouclier
Ailes
activité 3
2.3 Gros plan sur les abeilles
Reprenons dans le détail, l’exemple de l’osmie rousse (Osmia bicornis) et expliquons
chacun des critères de détermination utilisés pour sa classification.
Embranchement
>> Arthropodes
Sous-embranchement
>> Hexapodes
Classe
>> Insectes
Les abeilles ont un exosquelette (composé de chitine) et
des pattes articulées.
Les abeilles ont 6 pattes.
Les abeilles ont un corps segmenté en 3 parties bien
distinctes (tête, thorax et abdomen) et effectuent une
métamorphose. Leur thorax contient 3 segments qui
portent chacun une paire de pattes.
Note : Certains hexapodes ne sont plus classés parmi les
insectes (ex. collembole). La séparation s’effectue au niveau
de l’absence de métamorphose et la présence des pièces
buccales cachées à l’intérieur de la tête (entognathe).
Ordre
>> Hyménoptères
Sous-ordre
>> Apocrites
Infra-ordre
>> Aculéates
Super-famille
>> Apoïdés apiformes
Les abeilles ont 4 ailes membraneuses transparentes
reliées 2 par 2 en plein vol.
Les abeilles ont un étranglement très marqué entre le
thorax et l’abdomen. Elles partagent cette caractéristique
notamment avec les guêpes et les fourmis (en
résumé : apocrite = « taille de guêpes »).
Les femelles d’abeilles ont un appareil de ponte
(ovipositeur), dont une partie est modifiée en un dard.
Les abeilles possèdent des poils ramifiés caractéristiques,
dit branchus. En outre, leur langue permet d’atteindre et
de collecter le nectar des fleurs et les femelles possèdent
des structures de récolte de pollen appelé « scopa » (sauf
chez les espèces parasites).
Strictement herbivores, les abeilles nourrissent donc leurs
de nectar (parfois modifié en miel) et de pollen.
7
activité 4
Fiche 2
>> Abeilles mellifères et abeilles sauvages
En France, il existe près de 1000 espèces d’abeilles dont 1 extrêmement connue :
l’abeille de ruches ou abeille mellifère (Apis mellifera). Par opposition à cette espèce
« domestiquée », on dit que les autres espèces sont des « abeilles sauvages ».
Cependant, les abeilles des ruches conservent leurs caractères
sauvages : si les conditions sont favorables, une colonie peut nidifier et se
développer sans l’intervention de l’homme.
L’abeille mellifère vit en colonie mais la grande majorité des abeilles sauvages sont
solitaires ce qui impliquent de nombreuses différences comportementales ou biologiques.
Les principales particularités des abeilles sauvages sont les suivantes :
Un cycle de vie saisonnier : les adultes ne vivent que quelques semaines à une
saison précise.

Doucment réalisé par ARTHROPOLOGIA
 Un
mode de vie solitaire : la majorité des espèces ne forment pas de colonie, chaque
individu femelle construit ses propres loges et récolte elle-même la nourriture (attention,
quelques exceptions existent comme les bourdons par exemple). Il existe également
des espèces grégaires qui nidifient en bourgades comme certaines Andrènes (Andrena)
ou Collètes (Colletes).
 Les
femelles font des réserves de nourriture pour leur descendance sous la forme de
pain de pollen qu’elles stockent dans les différentes cellules larvaires.
 Chaque
loge contient un œuf sur un pain d’abeille (mélange de nectar et de pollen).
 La
phase de développement larvaire est relativement longue : l’œuf éclot rapidement,
la larve consomme son pain de pollen, commence sa croissance puis tombe dans une
diapause qui lui permettra d’éviter les saisons difficiles. L’année suivante, quand le
froid hivernal déclinera, la larve reprendra sa croissance et ce n’est qu’une fois sa
métamorphose effectuée, que l’abeille devenue adulte sortira de sa loge.
Abeilles mellifères ayant installé
leur nid dans un mur en pisé.
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La grande diversité morphologique et comportementale des abeilles sauvages est corrélée
à la biodiversité des plantes à fleurs qu’elles pollinisent (co-évolution).
Quelques exemples de la diversité des abeilles sauvages
F
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C
H
E
2
Collète du lierre
Panurgede la salicaire
Mélitte
Andrène
Osmie à cornes
Mégachile
Anthidie
Abeille mellifère
Bourdon
Xylocope
Eucère
Anthophore
9
Fiche 3
>> La morphologie fonctionnelle
1.Comprendre le lien entre la forme et la fonction d’un organe
La biodiversité actuelle est la résultante de nombreux phénomènes de sélection. Cette
longue évolution donne souvent l’impression que les espèces sont parfaitement équipées
pour survivre dans leur milieu de vie. C’est le résultat d’un long processus d’adaptation
à la nature environnante. Cette adaptation au milieu est tellement indispensable à la
survie d’une espèce que l’on peut même relier les spécialisations d’un même organe
aux différentes fonctionnalités qu’elles permettent d’acquérir (et parfois même au
comportement spécifique d’une espèce).
Exemple des célèbres pinsons de Darwin
Charles Darwin s’était rendu compte que sur des îles voisines, les pinsons
présentaient une grande diversité de formes de becs : cette diversité de
forme est à mettre en lien avec le régime alimentaire de l’oiseau (granivore,
frugivore, insectivore...).
Doucment réalisé par ARTHROPOLOGIA
Sans entrer dans les détails de la morphologie fonctionnelle, nous pouvons isoler deux
exemples d’organes dont la fonction (et donc la forme) est fortement liée à la pollinisation.
2.Exemple de la corolle des fleurs
Grande camomille
[ Composées ]
Pois de senteur
[ Légumineuses ]
La fleur est composée d’un calice contenant les parties fertiles de la
plante et d’une corolle regroupant les pièces florales stériles (sépales
et pétales et receptacle florale). La corolle offre 2 avantages vis-à-vis
de l’activité pollinisatrice : attirer les pollinisateurs grâce à un signal
visuel (la couleur des pétales/sépales) et leur aménager une « piste
d’atterrissage » tout en guidant l’insecte vers les pièces fertiles du
centre de la fleur. Forme et couleur des corolles sont très différentes
d’une fleur à l’autre : cette variété de formes est essentielle car elle est
reliée à la variété de formes des animaux qui les pollinisent.
2.1 La couleur de la corolle
Les animaux voient dans un spectre de couleur qui peut varier d’une espèce à une autre. Ils
iront préférentiellement sur les couleurs qui émettent dans les longueurs d’onde auxquelles
ils sont sensibles (notamment parmi les bleus, les jaunes et les blancs pour les abeilles).
2.2 Forme et couleur de la corolle
activité 5
Ophrys abeille
[ Orchidées ]
Certaines fleurs ont une corolle dont la couleur et l’ornementation miment
des femelles d’insectes. Elles attirent ainsi des mâles qui en tentant en
vain de s’accoupler avec ces leurres, vont transporter le pollen d’une fleur
à l’autre.
10
2.3 Taille et forme de la corolle
C’est en récupérant des éléments dans la fleur que les animaux sont susceptibles d’être
en contact avec du pollen et donc de le transporter. Ils doivent donc pouvoir se poser sur
la fleur et accéder à la zone où se trouve le pollen... La morphologie de la fleur influence
ainsi la diversité des animaux qui la pollinisent, et réciproquement (co-évolution).
En fonction de la taille et du caractère libre ou soudé des pétales, l’accès au centre de la
fleur sera plus ou moins facile selon la taille et l’équipement du butineur.
Exemple
Seuls les plus gros insectes sont capables de soulever les pétales soudés d’une fleur de genêt.
3.Longueur de la langue du butineur
Les abeilles ont une langue qui leur permet d’atteindre le nectar au fond des fleurs. On
classe les abeilles selon 2 grands types : les abeilles à langue courte et celles à langue
longue.
Les abeilles appartenant au groupe « langue longue » s’alimenteront préférentiellement
dans des fleurs à pétales soudés (ex. légumineuses, lamiacées...) et celles du groupe
« langue courte » dans des fleurs ouvertes (ex. asteracées). Les abeilles assurent
principalement la pollinisation des plantes dans lesquelles elles se nourrissent, mais la
grande diversité du groupe garantit la pollinisation d’une grande diversité de plantes à fleur.
Gros plan sur une abeille à langue courte Halictus sp.
et sur une abeille à langue longue
Anthophora plumipes
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F
I
C
H
E
3
4.Anatomie d’une fleur
Il est impossible de représenter ici toutes les différentes formes de fleurs que l’on peut
rencontrer chez les angiospermes. Le schéma ci-dessous présente une fleur théorique à
cinq pétales réunissant les organes mâles et femelles.
Le nombre de pièces florales varie en fonction de la famille
botanique, du genre voire au sein d’une même espèce.
!
Stigmate
Pollen
Sac
pollénique
Etamine
Style
Pistil
Filet
Ovaire
Doucment réalisé par ARTHROPOLOGIA
Pétale
Sépale
Nectar
Pédoncule floral
Selon les espèces, les sexes sont ou non séparés, les fleurs mâles et femelles peuvent
être contenues :
 dans une même fleur ;
 dans différentes fleurs ;
 sur la même plante (monoïque)
ou sur des plantes différentes (dioïque).
La reproduction nécessite la rencontre d’un grain de pollen (cellule mâle) sur le stigmate
du pistil. L’ovule contenu dans le pistil deviendra la graine après la fécondation.
Pollen de Pâquerette
Pollen de Cardamine
Pour assurer le brassage des gênes, le grain de pollen doit
provenir d’une autre plante de la même espèce. Les vecteurs de
transmission des grains de pollen sont variés (vent , eau, animaux)
tout comme leur efficacité relative. Le transport du grain de
pollen nécessaire à la reproduction des plantes à fleurs est, chez
certaines, assuré uniquement par le vent (ex. : les graminées),
chez d’autres ce transport de pollen ne peut être fait que par un
animal (ex. : poirier) voire même par un genre ou une espèce en
particulier (ex. : Arum tacheté & moucherons Psychoda). Enfin
chez certaines, le transport peut être réalisé indifféremment par
le vent ou un insecte (ex. : le fraisier).
12
5.Diversité des plantes à fleurs
Les abeilles et les autres insectes pollinisateurs trouvent toute leur nourriture sur les
fleurs des espèces de plantes locales. Aussi, il serait prétentieux de lister ici de manière
exhaustive toutes les plantes à fleurs. Voici donc un simple aperçu de quelques familles de
plantes à fleurs sauvages ou cultivées qui présentent un intérêt en nectar ou pollen.
Les plantes aromatiques ne sont pas toutes indigènes mais elles sont utiles et
appréciées des abeilles : aneth, basilic, chataire, ciboulette, fenouil, hysope, lavande,
marrube, mélisse, menthe, népéta, origan, romarin, rue, sarriette, sauge, thym... Elles
appartiennent à différentes familles botaniques.
Voici quelques familles botaniques et exemples d’espèces nectarifères observables dans
la région :
 Apiacées (Ombellifères) Angélique, berce, carotte, panais, fenouil, aneth...
Astéracées (Composées) 
Achillée, bardane, bleuet, centaurée, chardon et
cirse, laiteron, pâquerette, pissenlit...
Carotte sauvage
( Daucus carota )
Chardon penché
[ Carduus nutans ]
 Brassicacées (Crucifères ]
Alliaire
(Alliaria petiolata)
Cardamine, giroflée, monnaie du pape, moutarde,
alliaire...
Borraginacées 
Bourrache, consoude, pulmonaire, vipérine..
Pulmonaire
[ Pulmonariasp. ]
 Fabacées (Légumineuses)
Trèfle, luzerne, genêt, gesse, lotier, mélilot, vesce...
Lotier corniculé
[ Lotus corniculatus ]
Lamiacées (Labiées) 
Ballote, épiaire, germandrée, lamiée, prunelle... et
la plupart des aromatiques.
Sauge des près
[ Salvia pratensis ]
 Papavéracées
Chélidoine, coquelicot et pavot...
Rosacées 
Pimprenelle, potentille, spirée… et la plupart des Aubépine à un style
[ Crataegus monogyna ]
arbres et arbustes fruitiers (alisier, amélanchier,
aubépine, églantier, framboisier, néflier, prunelier et prunier, roncier, sorbier...).
Coquelicot
( Papaver rhoeas )
Autres
Cornouillers, gentianes, géraniums (indigènes), mauves, millepertuis, primevères,
valérianes, salicaires, sédums, silènes et stellaires, sureaux, troènes, véroniques...
De nombreuses espèces et variétés largement répandues comme plantes d’ornement
n’ont aucun intérêt pour les abeilles et les insectes. Citons par exemple, les géraniums
de balcon (qui sont en général des pélargoniums) et autres bégonias... A l’inverse,
d’autres espèces pourtant très nectarifères, sont aussi très envahissantes et posent
problème car elles pourraient proliférer rapidement
dans les milieux naturels aux dépens d’espèces
indigènes : buddleia, cosmos, phacélie, renouée de
Phacélie
Verge d’or américaine
Bohème, séneçon du Cap, verges d’or américaine...
[ Phacelia tanacetifolia ]
[ Solidago sp. ]
13
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C
H
E
4
Fiche 4 >> Le cycle de vie des plantes à fleurs
Doucment réalisé par ARTHROPOLOGIA
1.Schéma de rappel sur le cycle de reproduction des
plantes à fleurs
© Mariana Ruiz (libre pour toute utilisation)
Les plantes étant immobiles, la rencontre du gamète mâle (pollen) et du gamète
femelle (ovule) nécessite donc l’intervention d’un acteur extérieur qui peut être le vent
(pollinisation anémophile) ou essentiellement les insectes (pollinisation entomophile).
activité 6
14
2.La pollinisation entomophile
Les abeilles sauvages assurent la pollinisation de 80% des plantes à fleurs. A
coté des abeilles, certains lépidoptères, diptères et coléoptères sont eux aussi
des pollinisateurs efficaces.
Les abeilles sont d’excellentes pollinisatrices pour plusieurs raisons :
Les femelles possèdent des structures de récolte spécialisées, appelées scopae
(variables selon l’espèce) qui leur permettent de collecter, de stocker et de transporter
beaucoup de pollen pour leur descendance ;
 Les abeilles ont des poils branchus qui forment autant de « petites fourchettes » qui
facilitent la récupération du pollen sur leur corps ;
 Afin de stocker assez de pollen pour leur descendance, les abeilles doivent visiter de
nombreuses fleurs, ce qui multiplie les probabilités de pollinisation.

Même si les abeilles sont des pollinisatrices hors-pair, il faut noter que chaque espèce
d’abeille possède un spectre fixe et limité de plantes qu’elle peut butiner et donc
polliniser. Ainsi, pour la pollinisation d’une grande variété de plantes il faut une grande
(bio)diversité d’abeilles.
3.La genèse et le rôle des fruits
A la suite d’une pollinisation efficace, la fécondation a lieu et la fleur se transforme peu à
peu en un fruit qui contiendra l’embryon (la graine) né de l’union des gamètes.
Il est important de noter que le fruit au sens biologique n’a que très peu à voir avec
le statut comestible ou non d’une plante : c’est l’organe pour la dissémination de
la graine !
Exemple
« L’hélicoptère » de l’érable est une disamare (samare double) avant de tomber. qui permet de
ralentir la chute de la graine et favorise ainsi sa dissémination. Chaque samare contient une
graine d’érable.
Il est vrai que les fruits que nous mangeons sont naturellement comestibles ! Malgré
tout, une longue sélection a souvent été nécessaire pour qu’ils atteignent ces tailles.
D’autres fruits sont comestibles uniquement pour d’autres animaux mais d’autres
encore sont très toxiques !
Certaines graines nécessitent de se faire pré-digérer par des animaux
avant de pouvoir germer (levée de dormance) dans leurs excréments.
15
F
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C
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E
4
4.Schéma de rappel sur le développement du fruit
Doucment réalisé par ARTHROPOLOGIA
Le cas du poirier (Pyrus sp.)
Une plante peut avoir recours à 2 éléments extérieurs différents pour sa reproduction et
sa dispersion. L’érable cité précédemment est un arbre à pollinisation entomophile (par
les insectes) mais la dispersion de ses graines se fait par le vent (anémochorie).
16
5.L’importance écologique des pollinisateurs en chiffres
Quelques chiffres
80 %
C’est le pourcentage d’espèces de plantes à fleurs qui requiert l’intervention des insectes
pour se reproduire (20 % utilisent le vent, des graminées principalement).
75 %
C’est le pourcentage d’espèces végétales dans le monde qui sont des plantes à fleurs.
Une grande majorité d’entres elles ont recourt à la pollinisation animale 1.
70 %
C’est la fraction des cultures vivrières françaises qui dépendent de la pollinisation par les
insectes (principalement les abeilles).
35 %
C’est le pourcentage de la production alimentaire mondiale (en tonnes) qui dépend
d’une activité pollinisatrice. Les 65 % restant seront indépendants de ces pollinisateurs
(essentiellement les céréales : orge, blé, seigle...). Enfin, 5 % provient de cultures pour
lesquelles l’impact des pollinisateurs est encore inconnu.
Étude menée sur 124 cultures dans 200 pays à la demande de l’Organisation des Nations Unies pour
2
l’alimentation et l’agriculture (FAO – Food and Agricultur Organization) .
153 milliards d’euros *
C’est l’estimation de la valeur économique de la pollinisation entomophile (par les insectes)
à l’échelle mondiale sur l’année 2005! Cela représente 9,5 % du chiffre d’affaires de la
production agricole mondiale.
(*source : Gallai N. Salles J-M, Vaissière B.E., 2008. Economic valuation of the vulnerability of world
agriculture confronted with pollinator decline. Ecol. Econ. 68, 810–821.)
Avec le déclin des abeilles de ruches, le prix de location
d’une ruche a triplé en 3 ans atteignant 135 $ sur une
période de floraison (soit entre 3 et 4 semaines).
1 www.fao.org/ag/portal
2 www.internationalpollinatorsinitiative.org/uploads/Protocol_PolDef_FINAL.PDF
17
Fiche 5
>>
Les relations entre insectes et environnement
1.La limite de la notion d’utilité du vivant
Plus un être vivant nous dérange, plus on se demande souvent « à quoi sert-il ? ».
Ce type de questionnement limite notre capacité de compréhension du vivant car on
y sous-entend une finalité pour chaque espèce comme si elles existaient dans un but
précis. En réalité, chaque espèce n’a qu’un seul but : survivre assez longtemps pour
se reproduire ! Cette question est d’autant plus discutable qu’elle implique souvent une
recherche d’utilité par rapport à l’être humain et non l’environnement général : « à quoi
(nous) sert-il ? »...
Mouche à damier
Exemple
La mouche grise ou mouche à damier (Sarcophaga carnaria) est une de nos
meilleures ennemies. Son « utilité » est pourtant indéniable : pollinisatrice de
certaines fleurs, décomposeur d’exception à l’état larvaire et, à cette occasion,
indice crucial dans les enquêtes policières... Tel est son profil méconnu !
2.Généralités sur les rôles écologiques des insectes
Doucment réalisé par ARTHROPOLOGIA
2.1 Pollinisation
Se reporter à la. fiche 4
2.2 Décomposition
C’est un des rôles prépondérants des insectes ! Les décomposeurs
assurent l’équilibre entre les êtres vivants en transformant la matière
organique inerte (cadavres, excréments, déchets organiques,...) en
éléments assimilables (éléments minéraux) par les végétaux. Parmi les
Larve de cétoine
insectes, larves de cétoine, bousiers, larves de mouche à damier (...)
sont des décomposeurs. Le collembole est un bon exemple parmi les hexapodes. Pour
le reste, la cohorte des décomposeurs regroupe beaucoup de bactéries, champignons,
mollusques et vers annelés.
2.3 Prédation
Les prédateurs sont essentiels pour la régulation des populations. Selon les proies
chassées, les effets nous sont perceptibles, comme la limitation d’animaux « nuisibles »
tel que les pucerons par exemple. Coccinelles, larves de chrysope, carabes, libellules,
sauterelles, mantes religieuses... sont des exemples de prédateurs.
2.4 Proie (...et oui !)
Larve de syrphe
Même si c’est un rôle souvent négligé, elles sont indispensables au
maintien des écosystèmes. Chaque être vivant possède une place dans la
chaîne alimentaire. Plus il se situe en haut de cette chaîne plus il dépend
d’un grand nombre d’espèces pour sa survie car chaque espèce qu’il
consomme nécessite elle-même l’existence d’autres espèces, etc.
18
Les prédateurs des abeilles sont nombreux :  oiseaux insectivores : mésanges, bondrées, pics...
 mammifères : hérissons, rongeurs...
 amphibiens et reptiles
 araignées
... et même les insectes : mantes religieuses...
F
I
C
H
E
Ainsi à travers les différents rôles écologiques que peuvent jouer les insectes, on découvre
que chacun d’entre eux est indispensable à la survie d’autres êtres vivants...
Exemple d’une petite bête incomprise
Mal-aimée par excellence, la femelle moustique est susceptible de nous infliger
une piqûre qui démange. Mais les adultes, notamment les mâles, consomment
du nectar la plupart du temps et cette piqûre n’est qu’un passage obligé pour
leur génération future...
Larve de
A notre échelle, il s’agit donc d’un désagrément notable ! En élargissant cela à moustique
notre environnement, nous voyons que ce « don de sang » permet la ponte de 200
à 400 œufs... A l’état larvaire, dans l’eau, ils seront la nourriture principale de nombreux insectes,
poissons et amphibiens ! Et une fois adultes, ils deviendront une des bases de la nourriture des
oiseaux insectivores comme les mésanges (qui mangent près de 1000 moustiques par jour) et de
nombreux autres prédateurs.
3.Quelques autres relations entre plantes et insectes
Quelques interactions plus rares permettent de mieux comprendre le lien étroit qui s’est
installé entre les plantes et les insectes.
3.1 La protection
En échange de nourriture, certains insectes peuvent attaquer des animaux qui seraient
nuisibles à la plante. Les insectes principalement concernés sont des « parasitoïdes », cela
signifie qu’ils pondent leurs œufs à l’intérieur du corps d’autres insectes (chenilles, punaises,
pucerons,...). L’hôte sert alors de nourriture aux larves et sera tué en fin de développement.
 Intérêt
pour la plante
Même si l’insecte adulte est phytophage, ses dégâts seront moindres que ceux qu’il
préviendra en chassant d’autres insectes (ex. chenille).
 Intérêt
pour l’insecte Sur le même site, il trouve de quoi se nourrir et des proies à parasiter pour sa descendance.
3.2 L’aide à la dispersion
Les plantes peuvent avoir recours à différents moyens de dispersion pour leurs graines.
L’eau, le vent ou les oiseaux sont certains des éléments de prédilection de la dispersion
des graines ou fruits des plantes... Il existe cependant quelques cas mettant en œuvre un
transport par des insectes. C’est le cas par exemple de la chélidoine ou herbe à verrues
(Chelidonium majus) dont les graines sont munies d’une excroissance charnue et sucrée
(élaïsome) dont les fourmis raffolent.
19
5
Intérêt pour l’insecte
Les fourmis trouvent une source de nourriture riche en sucre à consommer sur place
ou à emporter.

 Intérêt
pour la plante
En venant chercher les graines pour leur élaïsome les fourmis participent à leur
dissémination (myrmécochorie). De plus, les fourmis à proximité de la plante peuvent
chasser une multitude d’autres insectes venus pour dévorer cette plante.
3.3 Les interactions au détriment de la plante
Bien évidemment, les relations plantes-insectes ne sont pas toujours aussi « positives ».
Certains insectes consomment les plantes sans contrepartie pour ces dernières.
D’autres utilisent les plantes comme support de développement de leurs larves qui ont un
besoin de nourriture plus important que les adultes pendant leur croissance. Leur plantehôte peut donc subir de lourds dommages au cours de cette période.
Selon les espèces, les larves peuvent consommer des parties différentes de la
plante : racine et tubercule (rhizophage), limbe de la feuille (phyllophage), l’intérieur de la
tige ou de la feuille, les fruits (frugivore ou carpophage) ou encore le bois (xylophage).
3.4 Notes sur le terme d’insecte « ravageur »
Ce terme est fréquemment utilisé en agriculture ou lorsque l’on parle de nos jardins.
Cependant, il ne présente que l’effet de ces insectes sans tenir compte ni de l’origine ni
du cadre de leur nuisance : nos écosystèmes artificiels.
Doucment réalisé par ARTHROPOLOGIA
a - Culture monospécifique ou « monoculture »
Une seule espèce végétale recouvrira la parcelle dans le cas des cultures monospécifiques. Si
cette culture recouvre de grandes surfaces, cela peut engendrer quelques complications :
 la présence d’une seule espèce limite les interactions avec le reste de l’environnement,
la biodiversité autour de ces parcelles est donc peu représentée.
 Ce manque de diversité végétale et animale autour de l’espèce cultivée ne permet pas
aux équilibres naturels de s’instaurer : l’homme devra donc compenser par des intrants
afin d’assurer la survie de la plante (problèmes de pollution + surcoût).
En cas d’attaque de maladie ou d’insectes phytophages, cette immense manne
nourricière permet une augmentation rapide de la population qui causera alors
d’importants ravages sur la culture.

20
b - Espèces exotiques et risques d’invasion
Avec la mondialisation, les transferts d’espèces entre différents pays sont devenus de plus
en plus fréquents. Rares sont les lieux qui ne contiennent aucune trace de ces échanges.
Le changement de territoire est riche de conséquences sur les espèces déplacées :
 Il
peut nécessiter une acclimatation pour que l’espèce survive puis se développe.
 L’espèce peut trouver des conditions optimales dans son nouveau milieu et réussit
alors à se développer de manière exceptionnelle. Dans ce cas particulier, une espèce
exotique peut même se développer plus efficacement qu’une espèce locale et ainsi
rentrer en compétition avec elle... C’est ce qu’on appelle les espèces invasives ! Les
espèces invasives ont toutes été transportées par l’Homme volontairement ou non...
Exemple de transport volontaire
La Renouée du Japon (Reynoutria japonica) comme plante fourragère puis
en tant que plante d’ornement ou la Tortue de Floride (Trachemys scripta
elegans) comme animal de compagnie ou encore la coccinelle asiatique
(Harmonia axyridis) pour la lutte biologique contre les pucerons.
Exemple de transport involontaire
Le « rat d’égout » ou surmulot est très présent dans le monde entier car il
s’est invité dans les cales des premiers navires marchands et a su s’adapter
à presque tous les milieux... On le dit anthropophile (qui aime l’Homme) ; il
est installé où l’homme est, pullulant notamment sur nos déchets.
Autres exemples d’actualité, le frelon asiatique (Vespa velutina nigrithorax)
introduit involontairement, probablement lors d’une importation de poteries
chinoises.
Tortue de Floride
Coccinelle asiatique
21
activité 7
Fiche 6
>>
Pollinisation, alimentation et santé
1.Importance de la pollinisation pour les productions agricoles
Pour beaucoup de personnes, le lien entre l’alimentation de l’homme et les abeilles se fait
grâce à l’apiculture et aux produits qu’elle fournit. Mais cela ne concerne qu’une espèce
(Apis mellifera). En réalité les liens entre l’activité pollinisatrice des abeilles (et d’autres
insectes) et certaines activités agricoles sont primordiaux.
A l’échelle du globe, il existe de nombreux exemples de productions vivrières qui
dépendent directement de l’activité pollinisatrice d’un insecte :
la production de cacao dépend d’un moucheron du genre Forcipomyia, seul
pollinisateur des fleurs du cacaoyer ;
 en Indonésie, la fructification des palmiers à huile dépend d’un charançon (petit
coléoptère).

Doucment réalisé par ARTHROPOLOGIA
Plus proche de nous, beaucoup de nos cultures vivrières ont des capacités
de production liées à l’activité des insectes pollinisateurs. A l’échelle de
l’Europe, c’est la production de 84 % des espèces cultivées qui dépend
de la pollinisation par les insectes et en particulier les abeilles.
En fonction de l’espèce végétale cultivée, les insectes pollinisateurs auront une
influence plus ou moins importante sur la production : soit sur la quantité produite,
soit sur la taille ou la qualité des fruits.
1.1 Influence directe sur la production du fruit
Les fleurs de certaines espèces ne se transformeront en fruit que si la pollinisation
est faite par un insecte. Ainsi la production du fruit est directement liée à la présence
de pollinisateurs.
Exemple
Les poires, cerises, courgettes, tomates...
1.2 Influence sur la taille ou la qualité
 La fraise a la particularité d’être un faux-fruit issu de la fécondation d’une fleur
multiple (inflorescence composée d’un assemblage de multiples petites fleurs).
Pour obtenir une fraise bien formée, chaque fleur devra être pollinisée : la
fréquentation de celle-ci par des insectes garantit alors bien plus efficacement
la pollinisation de chaque fleur par rapport à l’action du vent.
activité 8
La pollinisation de la pastèque est assurée par les insectes. Ils devront
visiter plusieurs fois chaque fleur afin de permettre la formation d’un fruit
plus coloré et plus riche en saveur.

22
1.3 La valeur d’un service gratuit
Rendu jour après jour gratuitement par des milliers d’insectes, le service de pollinisation
génère un coût exhorbitant lorsque les pollinisateurs ne sont pas (ou plus) présents
pour assurer ce rôle.
Dans les années 1960, une entreprise agro-alimentaire a mis en place en Malaisie
des plantations de palmier à huile d’Afrique de l’Ouest. Malgré des plantes en pleine
croissance, la production d’huile (extraite du fruit) était faible en raison d’une mauvaise
pollinisation. Une première étape consista à effectuer à la main le long et laborieux travail
de pollinisation. Puis, l’introduction d’un petit charançon du Cameroun (Elaeidobius
kamerunicus), meilleur pollinisateur des fleurs de palmier, a permis de réduire le
coût de la pollinisation (pratiquement zéro) alors que la production passait en 5 ans de
13 à 23 millions de tonnes 1.
L’ampleur des conséquences de la perte de pollinisateurs et du service de
pollinisation a été traduit par le manque à gagner sur les productions agricoles :
selon une étude conjointe de l’INRA d’Avignon et du LAMETA de Montpellier
l’activité pollinisatrice des insectes dans le monde est estimée à 153 milliards
d’euros par an. Soit 9,5 % du chiffre d’affaires de la production agricole mondiale.
De même, en se basant sur l’hypothèse d’un déclin total, la diminution de la production
induirait une augmentation des prix agricoles. Autrement dit, la perte de ce service gratuit
engendrerait de très importants surcoûts sur un grand nombre de produits alimentaires.
1.4 Auxiliaire des cultures
Certaines méthodes de production font directement appel aux abeilles sauvages : les
tomates sont des solanacées dont les fleurs sont dites vibratiles. Seuls certains gros
insectes pollinisateurs comme les bourdons arrivent à polliniser ces fleurs en France. La
production de tomates sous serre nécessite de compenser l’absence de vent et d’insectes
à l’intérieur de la serre. Après divers essais plus ou moins fructueux
(ex. : dispositifs mécaniques permettant de secouer les fleurs) une
solution plus efficace fut trouvée. Depuis quelques années, les
producteurs de tomates peuvent acquérir des ruchettes à bourdons
(Bombus terrestris) qu’ils disposent dans la serre afin que ces bourdons
Nid artificiel de
butinent et pollinisent les fleurs de tomates (entre autres...).
bourdon terrestre
La majorité des cultures fruitières, légumières, oléagineuses et protéagineuses,
de fruits à coques, d’épices et de stimulants (café, cacao), bénéficient de l’activité
pollinisatrice des animaux pour leur production.
Ainsi plus des 3/4 2 des cultures de l’homme dépendent de ce service écologique.
D’après la FAO, sur un peu plus de 100 3 espèces végétales qui fournissent 90 % des
approvisionnements alimentaires pour 146 pays, 71 sont pollinisées par les abeilles
(principalement par les abeilles sauvages), et les autres sont pollinisées par d’autres
groupes d’insectes (thrips, guêpes, mouches, coléoptères, papillons...).
1 SPOTLIGHT / 2005 - Magasine du département Agriculture et protection des consommateurs
http://www.fao.org/ag/magazine/0512sp1.htm
2 International Pollinators Initiative - action mondiale en faveur des services de pollinisation pour une agriculture durable
http://www.internationalpollinatorsinitiative.org/
3 SPOTLIGHT / 2005 - Magasine du département Agriculture et protection des consommateurs
http://www.fao.org/ag/magazine/0512sp1.htm
23
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C
H
E
6
Cette étroite relation entre l’activité pollinisatrice d’un insecte et la production d’une
espèce végétale est variable selon la plante cultivée. Si toutes les productions
agricoles ne dépendent pas directement de la pollinisation, certaines d’entre elles
sont fortement conditionnées.
Parmi les 10 premières productions agricoles françaises en 2010 1, certaines comme
le raisin, le maïs, le blé, l’orge ne dépendent pas de la pollinisation par un insecte alors
que d’autres comme la production de graines de colza dépendent fortement de l’activité
pollinisatrice des insectes. La pomme de terre qui fait partie de ce Top 10, ne dépend pas
de la pollinisation entomogame pour la production du tubercule mais les insectes assurent
toutefois un meilleur brassage génétique de l’espèce grâce aux transports de pollen.
On a ainsi pu établir un indice qui définit la dépendance d’une production agricole à
l’activité pollinisatrice des insectes. Cet indice varie de 0 (production indépendante de
l’activité pollinisatrice d’un animal) à 1 (production dépendante de cette même activité).
Doucment réalisé par ARTHROPOLOGIA
Quelques exemples sont donnés dans le tableau suivant
1
Espèces
Dépendance à la pollinisation animale
Indice 2
Kiwi, melon, courge,vanille
Très forte
0,95
Abricot, pomme, cerise
Forte
0,65
Chataigne,
aubergine,framboise
Modeste
0,25
Citron
Faible
0,05
Raisin
Nul
0
Pomme de terre
Améliore le brassage génétique de
l’espèce
-
Salade
Améliore la production de graines
-
Base de données statistiques de la FAO - http://faostat.fao.org/
2 FAO et INRA - Outil pour l’évaluation des services de pollinisation à l’échelle nationale
http://www.internationalpollinatorsinitiative.org/uploads/POLL%20VALUE%20NATIONAL%20MANUAL.pdf
La feuille de calcul <POLLINATION VALUE ARRAY.xls> est disponible ici :
http://www.internationalpollinatorsinitiative.org/jsp/documents/documents.jsp
24
2.Généralités sur l’équilibre alimentaire
On constate donc rapidement que les pollinisateurs nous permettent l’accès à une
nourriture variée et équilibrée. Un grand nombre d’aliments à base de fruits, de légumes
et d’oléagineux seraient peu disponibles sur les étals voire n’existeraient pas du tout,
ou sinon à quel prix ?
La production de certains aliments ne dépend pas (directement) de la pollinisation
(viande, produits laitiers...) *. D’autres encore dépendent de la pollinisation par le vent
(les céréales, les épinards, les châtaignes et les noix). Mais ces aliments ne suffisent pas
à eux seuls à garantir une nourriture diversifiée et équilibrée. Les fruits et légumes que
nous consommons apportent différents éléments nécessaires au bon fonctionnement de
notre organisme :
 de
l’eau ;
 des fibres nécessaires au bon fonctionnement du sytème digestif ;
 des éléments nutritifs indispensables : vitamines, minéraux,
antioxydants, sucres.
oligoéléments,
Grâce à tous ces apports, on considère que les fruits et légumes jouent un rôle
protecteur non négligeable vis-à-vis de certaines maladies (cancers, diabètes, maladies
cardiovasculaires).
Ainsi à travers les fruits, les abeilles et autres insectes pollinisateurs participent à la
préservation de notre santé.
Le conflit hygiène-équilibre alimentaire
Cuire un aliment est une excellente façon de limiter les proliférations microbiennes.
Par exemple, les salmonelles sont les principales responsables des intoxications
alimentaires et sont détruites dès qu’elles sont exposées à + 65°C pendant 20
minutes (10 min. à 80°C).
Malheureusement, une cuisson prolongée peut nuire à la fois aux qualités
gustatives et à la valeur nutritionnelle des aliments. En effet, la majorité des
vitamines ne résistent pas aux hautes températures... Il faut donc trouver
l’équilibre entre ces 2 paramètres !
* Plus d’information sur le thème Nutrition et Santé : http://www.mangerbouger.fr/
25
>>
Glossaire
Glossaire des termes utilisés
Zoologie : science qui a pour objet l’étude du règne animal.
Systématique : science de la classification logique des différents groupes d’organismes
vivants (taxons).
Taxonomie, taxinomie : sciences des lois et des principes permettant le regroupement
des organismes vivants en entités conceptuelles nommées taxons.
segment : en zoologie, un segment est une subdivision du tronc d’un animal qui
correspond à un métamère (= une unité anatomique) embryonnaire ou produit
secondairement.
Métamorphose : ensemble des modifications morphologiques et structurales subies
par certains organismes (la grenouille, le papillon, etc.) au cours de leur développement
post-embryonnaire.
Doucment réalisé par ARTHROPOLOGIA
Holométabole : métamorphose complète passant par un stade nymphe, la larve
diffère radicalement de l’adulte.
hétérométabole : métamorphose incomplète sans stade nymphal, la larve ressemble
à un imago (adulte) sans ailes.
Parasite : le parasitisme désigne la relation entre deux organismes vivants. Le parasite
se nourrit de substances produites par un autre être vivant sur lequel ou dans lequel il vit,
le parasite causant un(des) dommage(s) à l’hôte, ce dernier ne tire donc aucun bénéfice
de cette relation.
Social : en biologie, désigne le fait que les individus d’une même espèce vivent en
société organisée (cohabitation des différentes générations, partage des tâches ...).
Rédaction & Relecture
ARTHROPOLOGIA
Mise en page
M.AUbert
Crédit photo Site URBANBEES, Abeilles mellifères, Mélitte de la salicaire, Andrène, Mégachile, Bourdon, Xylocope, Anthidie, Grande camomille, Ophrys
abeille, Carotte sauvage, Chardon penché, Alliaire, Pulmonaire, Lotier corniculé, Sauge des prés, Coquelicot, Aubépine à un style, Phacélie,
Verge d’or, Larve de cétoine, Mouche à damier, Parcelle de maraîchage, Nid artificiel de bourdon terrestre, Tortue de Floride : © H. Mouret
Syrphe, Hanneton, Guêpe poliste, Pois de senteur, Collète du lierre, Eucère, Abeille mellifère (p.9), Coccinelle asiatique : © D. Bourgeois
Activités enfants (1ère de couverture), Stand d’information avec boîtes entomologiques, Observation d’abeilles, Comparaison langue
courte/langue longue, Gros plan sur une langue d’abeille : © Arthropologia
Abeille (1ère de couverture), Cuivré des marais, Osmie à cornes, Anthophore, Larve de syrphe, Larve de moustique, Xylocope (4ème
de couverture) : © F. Lafond
Photographie en microscopie électronique : © R. Chifflet & I. Bornard INRA Avignon
26
activité 1
Les abeilles sauvages ?
>>
1
Durée
45 minutes
3
Matériel utilisé
n
2
Effectif
32 enfants
A
c
t
i
v
i
t
7 boîtes entomologiques de 40 x 30 x 5cm (cf.ci-dessous)
1 & 2 : « Diversité et classification »
3 : « Cycle de vie »
4 & 5 : « Nidification »
6 : « Pollinisation»
7 : « Le rôle écologique des abeilles sauvages »
4
n
Un questionnaire sur ces boîtes.
n
L’ imagier page 4.
F
I
c
h
e
é
1
Objectifs
n
n
Découvrir la diversité des abeilles sauvages.
Connaître certaines particularités comportementales des abeilles sauvages.
5
Prérequis
Aucun
6
Notions abordées
n La morphologie générale des abeilles.
n La diversité spécifique des abeilles sauvages
1000 espèces en France).
n La différence entre le comportement des abeilles de
et des abeilles sauvages (solitaires) ainsi que les
avantages qui y en découlent.
n
(centrée
7
sur
les
>>
Les abeilles sauvages
F
I
c
h
e
rûches (sociales)
contraintes
et
Déroulement de l’activité
n On commence par recueillir toutes les représentations que les enfants se font des
abeilles. On les note pour qu’elles soient visibles par le groupe (on pourra se limiter
à une idée par enfant).
1
On ne corrige pas directement les idées des enfants pour qu’ils aient la possibilité de
se rectifier d’eux-mêmes grâce aux boîtes entomologiques.
Le cycle de vie des abeilles sauvages.
A
c
t
i
v
i
t
On répartit les 7 boîtes dans la salle. On peut alors distribuer les questionnaires à
tous les enfants et les répartir en équipe pour les faire coopérer.
n
é
4
n On laisse un temps aux enfants pour qu’ils répondent à toutes les questions en
naviguant entre les boîtes. On s’assurera qu’il y ait bien des roulements autour des
boîtes et que chacun participe.
1
Une fois que tous les questionnaires sont remplis, on effectue une correction
collective en s’appuyant autant que possible sur les réponses des enfants uniquement.
n
7
Après cette phase, on reprend les représentations qui sont au tableau pour les
corriger grâce aux enquêtes effectuées par les enfants. A ce moment, on peut
également rajouter de nouvelles informations issues de la réflexion collective.
n
n
On laisse un moment aux enfants pour noter les représentations revues et corrigées.
La séance se termine sur des questions libres sur les boîtes ou sur les abeilles
en général.
Document réalisé par ARTHROPOLOGIA
n
8
Précisions et développements
Cette animation est centrée sur l’observation des boîtes entomologiques. A ce
titre, on pourra la prolonger avec un autre exercice d’observation que ce soit
à la loupe binoculaire ou sur photographie voire par la réalisation d’un dessin
d’observation scientifique.
9
Approche ludique
Pour une approche plus ludique, distribuez une image de la page 4 à chaque enfant
(ou équipe) afin qu’il tente de retrouver cet animal au sein de l’exposition. On peut
aussi compléter l’activité en demandant aux enfants d’enquêter sur leur animal à
l’aide des dioramas (couleur / taille / lieu de nidification...)
10
Explications sur les dioramas
CD
Ces dioramas représentent des « scènes de vie » de quelques abeilles ou autres
insectes butineurs. Ils sont faits à partir d’insectes naturalisés et d’éléments décoratifs
en plastique ou en résine. Les dioramas sont des outils fragiles et coûteux, nous vous
demandons par sécurité de limiter leur manipulation seulement aux adultes.
Installez les enfants dans le calme pour une meilleure observation
(table débarassée, interdiction de soulever les boîtes, de toucher
les vitres ...).
Reportez-vous au document
« Consignes de manipulation et rangement ».
Document réalisé par ARTHROPOLOGIA
>>
Contacts
[email protected]
www.arthropologia.org
60 chemin du Jacquemet
69 890 La Tour de Salvagny
tél 04 72 57 92 78
Dossier réalisé avec le soutien financier de la fondation Nature & Découvertes
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