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Pape «martyr», et permet de mieux comprendre la «crise de l’Eglise», qui a suivi Vatican
II et dont nous continuons à souffrir. Le jeune théologien, Joseph Ratzinger, avait mis en
garde, en 1966 : le triomphalisme progressiste engendrera l’intégrisme ! Ce grand théolo-
gien voyait juste : le christianisme moderniste, qui a oublié la Croix de Jésus, a été un
christianisme mondain, qui voulait s’adapter au monde. Le modernisme progressiste a
bien engendré l’intégrisme, comme l’annonçait Joseph Ratzinger. Ne nous laissons in-
fluencer ni par le modernisme progressiste, ni par l’intégrisme, mais demeurons dans l’in-
terprétation de Vatican II donnée par Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI : l’herméneuti-
que de la continuité dans la fidélité aux Encycliques Humanae Vitae, Evangelium Vitae,
Veritatis Splendor et au Catéchisme de l’Eglise Catholique sans oublier toutes les autres
Encycliques et Exhortations apostoliques des derniers Papes, qui nous gardent dans le véri-
table esprit du Concile Vatican II, le Concile réel (auquel on a opposé le concile des Mé-
dias, comme le disait Benoît XVI dans son dernier entretien avec les prêtres de Rome).
Vous pouvez lire le livre de Monsieur Gérard Soulages «épreuves et espérances»
pour mieux comprendre encore la «crise de l’Eglise» des années 70. J’ai eu la grâce de par-
ticiper, pendant plus de 20 ans, aux riches journées d’été de « Fidélité et Ouverture ». Elles
m’ont beaucoup apporté. Gérard Soulages était un grand intellectuel, passionné pour la Foi
de l’Eglise et son unité. Il souffrait de la crise de la Foi et de la crise de l’Eglise. Il connais-
sait le modernisme de l’intérieur, parce qu’il avait été tenté par lui et parce que certains de
ses amis, qui faisaient partie de la Paroisse universitaire, étaient devenus modernistes. Il ne
critiquait jamais le cœur des modernistes et nous invitait toujours à comprendre leurs diffi-
cultés et leurs combats. Mais devant «l’abrupt de la Foi», disait-il, l’homme croyant doit se
soumettre à Dieu. Il était convaincu que les modernistes ne voulaient pas détruire l’Eglise
mais la rendre «crédible» aux hommes du monde moderne. Mais ils se trompaient !
Pour Gérard Soulages, les racines du modernisme étaient à rechercher dans le pro-
testantisme libéral allemand du XVIIIe siècle. Ces savants connaissaient bien mieux que
nous les langues anciennes, mais la plupart ne partageaient plus la Foi de l’Eglise et ne
croyaient pas que Jésus était le Fils de Dieu. Ils constataient, cependant, que, dans la Bible,
la Foi était omniprésente. Alors d’où vient cette Foi si présente dans l’Ecriture Sainte ?
Ils ont comparé la Bible avec les récits mythologiques des grandes religions anciennes et
ils ont eu la conviction que cette Foi scripturaire était, de fait pour eux, un mythe. Il fallait
donc «démythologiser» la Bible et les évangiles afin de rendre «crédible» l’Eglise aux
hommes du monde moderne qui s’en étaient éloignés.
Les scientifiques, pensaient-ils, ne pouvaient plus croire aux miracles. Il était donc
important de montrer que, de fait, les miracles n’étaient pas historiques, mais étaient des
mythes. Ce qui devenait important, ce n’était plus le fait miraculeux en tant que tel, mais
ce que l’auteur, à travers ce mythe, voulait signifier. Mais remettre en question les mira-
cles, c’est aussi remettre en question l’historicité des évangiles, remettre en question la
Résurrection de Jésus et Sa Divinité. Si Jésus n’est plus le Fils de Dieu que devient notre
Foi catholique ?
Après Vatican II s’est développée une nouvelle forme de modernisme : le progres-
sisme. Cette tendance, comme l’expliquaient Jean-Paul II et le Cardinal Joseph Ratzinger,
était fascinée par la notion de «progrès», de «nouveau». Il est vrai que, dans le domaine
technologique, le progrès est important. Il est vrai que le monde moderne s’est beaucoup
développé grâce au progrès des sciences. L’Eglise n’est absolument pas contre le progrès.
Mais «le nouveau» n’est pas forcément le critère du vrai. La Tradition se développe, elle
«n’évolue pas». Il y a bien une sorte de «nouveauté» dans ce développement, mais l’arbre
de la Tradition ne peut se développer que dans la fidélité à ses racines.
Benoît XVI, à la suite de Jean-Paul II, a dit que la tendance progressiste ne com-
prenait pas la «continuité» de la Tradition. Ils ont également souligné que la tendance inté-
griste ne comprenait pas le mystère de la Tradition vivante, pas figée dans le passé.
La réponse au modernisme progressiste et à l’intégrisme résidait, pour Gérard Sou-
lages, dans la fidélité et l’ouverture. Fidélité à la Foi et à la Tradition et ouverture aux
hommes de notre temps. Gérard Soulages et notre Fondateur insistaient beaucoup sur la fi-
délité à l’évangile. Si l’on ne croit plus en l’évangile, les fondements de notre Foi sont
ébranlés, disait Gérard Soulages. Avec Vatican II (Dei Verbum), nous devons affirmer avec
conviction l’historicité de nos évangiles, avoir confiance aux témoins oculaires et servi-
teurs de la Parole. Les miracles et les enseignements rapportés dans nos évangiles sont his-
toriques. Ils ne sont pas des mythes mais des faits historiques réels. Les évangélistes ont
transmis fidèlement tout ce que Jésus a dit, fait et a été. Benoît XVI, par ses trois tomes sur
Jésus, a répondu avec compétence au modernisme progressiste.
Notre engagement aujourd’hui en France et en Europe
Nous vous invitons à lire les articles de Jean-Marie Guénois « Réveil des conscien-
ces : nos évêques verront-ils les signes des temps ?» (Le Figaro Magazine édité la semaine
avant Pâques 2014) et l’appel courageux du Père Daniel Ange aux évêques de France
(début juillet). Ces deux articles, nous en sommes convaincus, n’ont pas comme but la criti-
que des évêques de France, mais ils sont des cris du cœur en vue du renouveau de notre
Eglise de France. « Notre Eglise, écrivait Jean-Marie Guénois, traîne une mauvaise cons-
cience. Elle regrette d'avoir «perdu» la classe ouvrière au cours du XXe siècle… Mais au-
jourd'hui, elle pourrait bien avoir perdu sa propre jeunesse ! ... Depuis des mois, des ca-
tholiques de base, jeunes ou vieux, essentiellement des familles, se sont mobilisés par cen-
taines de milliers face à des évolutions de société voulues par le pouvoir socialiste. Cepen-
dant certains prélats, et non des moindres, font mine de ne pas voir ce mouvement… Seul
problème : en composant avec le politiquement correct, ces évêques perdent leur crédit
chez une partie des catholiques, surtout chez les jeunes ... La discussion franche (entre les
évêques) de Lourdes, le 8 avril, n'a rien changé. Si les évêques partent du même constat -
la famille classique est battue en brèche par les évolutions de société -, les uns pensent que
c'est une raison de ne pas baisser les bras ; d'autres estiment que l'Eglise ne doit plus privi-
légier une vision unique de la famille, mais prendre en compte toutes ses formes en les met-
tant sur même plan... »
L’appel du Père Daniel Ange a fait la «une» de plusieurs réseaux sociaux: « Nous,
pasteurs, prêtres, évêques, petits bergers d’un peuple confié à nos cœurs de pères, serons-
nous interpellés par les questions que nous pose paisiblement et non sans humour, cette
nouvelle génération baptismale ? Étrange : Vous ne cessez de pousser vos fidèles à s’enga-
ger résolument en politique, à être actifs dans la société, à s’immerger dans les combats du
monde, à s’investir dans la construction d’un monde plus juste et fraternel, à se responsa-
biliser dans l’actualité. Et voici des jeunes adultes par centaines de mille, prenant à bras le
corps les conséquences d’un projet prométhéen de révolutionner l’humanité, allant jusqu’à
se présenter aux élections secouant le monde politique. Et devant une réponse aussi mas-
sive à vos appels, vous n’en exulteriez pas de reconnaissance ? Vous ne cessez de lancer
des appels — parfois désespérés — aux jeunes, à leur créativité, générosité, dévouement. Et
voilà des jeunes par milliers se donnant sans compter, se dévouant jour et nuit, ne calcu-
lant ni leur temps, ni leurs forces, ni leurs sous. Et vous feriez la fine bouche ? « Ah ! mais
ce n’est pas à ce genre de jeunes et d’actions que nous pensions. » Vous ne cessez d’ap-