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Le récent Congrès européen de
cardiologie (septembre 2008) a permis
de passer en revue de nombreux
aspects de l'hypertension. De
nouvelles techniques, de nouveaux
médicaments y furent présentés et les
règles d'un meilleur traitement, tel
qu'énoncé dans les recommandations
de 2007 pour la prise en charge de
l'hypertension1, ont été expliquées.
Toutefois, l'ensemble des données
rassemblées dans le monde entier
souligne que l'objectif (qui consiste à
ramener la tension artérielle à des
valeurs normales) n'est atteint que
dans une petite partie de la
population hypertendue.
Le défi que représente le contrôle de
la tension artérielle dans la popula-
tion se pose depuis de nombreuses
années. Après les études de référence
menées au début des années 70 sur la
prévalence et l'efficacité du traitement,
plusieurs organisations et ligues de lutte
contre l'hypertension dans le monde ont
consacré la majeure partie de leurs
efforts à informer les patients des
risques qu'ils courent et de ce qu'ils peu-
vent faire pour prévenir et traiter ultérieu-
rement l'hypertension. Tel a également
été le cas en Belgique.
Pour la prévention, une modification
de mode de vie constituait générale-
ment le message principal : réduire la
quantité de sel dans l’alimentation,
notamment dans le pain, a générale-
ment été présenté à la population
comme étant une manière peu coûteu-
se de lutter contre l'élévation de la ten-
sion artérielle liée à l'âge et de diminuer
la nécessité de médicaments antihyper-
tenseurs. Pour le traitement, les avan-
tages des antihypertenseurs ont été
expliqués.
Ceci marquait une nouvelle ère pour
les patients hypertendus. Pour la popula-
tion générale aussi, le message s'est
répandu rapidement. Tout le monde
s'est intéressé au problème de l'hyper-
tension et, par conséquent, le contrôle
s'est grandement amélioré. La descrip-
tion habituellement donnée à propos de
l'hypertension a pu être adaptée : au
départ, on estimait que, dans la popula-
tion hypertendue totale, seuls 50%
étaient connus du monde médical et
que, parmi ces 50%, seule la moitié
recevait un antihypertenseur et, pour les
50 % restants, seule la moitié atteignait
les valeurs cibles. Cela signifiait que l'hy-
pertension était réduite avec succès
chez seulement 10 à 12,5% des hyper-
tendus. Grâce aux campagnes mon-
diales contre l'hypertension, ce faible
chiffre a pu facilement être porté à 30 %.
Cependant, depuis lors, les efforts
dans ce sens ont diminué et il est mani-
feste que le contrôle de la tension arté-
rielle piétine. A ce jour, un contrôle satis-
faisant de la tension artérielle est obtenu
dans 50% tout au plus des cas de par le
monde.
La réaction spontanée à cette conclu-
sion est qu’elle ne concerne pas notre
entourage immédiat. Pourtant, c’est bel
et bien le cas ! Les chiffres indiquent que
ces statistiques sont applicables pour la
majeure partie des pays du monde, y
compris la Belgique. Plus perturbant
encore, il semblerait que même les
patients qui ont connu un accident coro-
narien et qui, en toute logique, devraient
présenter les meilleurs chiffres, ne
reviennent pas à une tension artérielle
satisfaisante (études EuroAspire
2). Les
dernières données issues de cette étude
présentée lors du Congrès européen de
cardiologie semblent confirmer cette ten-
dance négative …
Une triste conséquence de cette mau-
vaise tension artérielle est le retour éven-
tuel de toutes les complications drama-
tiques de l'hypertension. Le coeur doit
surmonter l'hypertension pour pomper
du sang vers les vaisseaux, le processus
d'artériosclérose au niveau des artères
coronaires (angine de poitrine, infarctus
du myocarde) est lié à l'hypertension et
le danger (et pas des moindres) d'acci-
dent vasculaire cérébral, avec toutes ses
conséquences sociales, pourrait
rejoindre les niveaux auxquels il était pré-
cédemment.
Il est bon de garder à l'esprit que la
tension artérielle que nous devrions au
moins viser est de 14/9 cm Hg et qu’en
cas de risque plus élevé, comme chez
les patients diabétiques, il est préférable
d'être en dessous de 13/8. Ces valeurs
sont également recommandées chez les
personnes plus âgées. N'oublions pas
que la première valeur (pression systo-
lique) est plus importante que la secon-
de (pression diastolique). Auparavant,
on pensait que le chiffre le plus bas
(pression diastolique) était le plus impor-
tant, mais plusieurs études récentes ont
démontré que le premier chiffre était
bien plus important.
Heureusement, nous assistons à un
regain d'intérêt pour ces aspects
majeurs de la médecine cardiovasculai-
re. Les résultats des études EuroAspire
mentionnées ci-dessus ont encouragé
les médecins à reconsidérer les progrès
réellement réalisés. Après tout, le
contraste entre notre capacité à contrôler
la tension artérielle et les résultats obte-
nus est impressionnant. Oui, nous avons
toutes les cartes en main pour bien agir :
prévenir en modifiant le mode de vie,
diagnostiquer grâce à des moyens
simples et sophistiqués, utiliser des anti-
hypertenseurs anciens et nouveaux :
tous sont d'excellents outils permettant
d'abaisser la tension aux niveaux cibles
indiqués dans les recommandations.
Mais nous n'en sommes pas encore là.
Bien que, dans certains pays, la situation
s'améliore. Aux Etats-Unis, les données
semblent refléter un meilleur contrôle. En
Europe, et en France en particulier, les
informations tendent à souligner un
contrôle sensiblement meilleur de la ten-
sion artérielle dans la population.
Que peut-on faire ? Les recommanda-
tions de 2007 donnent plusieurs excel-
lentes suggestions permettant d'amélio-
rer le contrôle de la tension artérielle. Ces
principaux conseils sont repris au
◗◗◗ ARTICLES MÉDICAUX ◗
Contrôle de la tension artérielle : où en sommes-
nous en 2008 ?
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