NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 145 x 225 — 06-08-07 18:44:51
120936AVO - Albin Michel - Au fondement des sociétés humaines - Page 3 — Z20936$$$1 — Rev 18.02
AU FONDEMENT
DES SOCIE
´TE
´S HUMAINES
Bibliothèque Albin Michel
Idées
NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 145 x 225 — 06-08-07 18:44:51
120936AVO - Albin Michel - Au fondement des sociétés humaines - Page 5 — Z20936$$$1 — Rev 18.02
Maurice Godelier
AU FONDEMENT
DES SOCIE
´TE
´S
HUMAINES
Ce que nous apprend l’anthropologie
Albin Michel
NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 145 x 225 — 06-08-07 18:44:51
120936AVO - Albin Michel - Au fondement des sociétés humaines - Page 6 — Z20936$$$1 — Rev 18.02
Collection « Bibliothèque Albin Michel Idées »
©E
´ditions Albin Michel, 2007
NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 145 x 225 — 06-08-07 18:44:51
120936AVO - Albin Michel - Au fondement des sociétés humaines - Page 7 — Z20936$$$1 — Rev 18.02
INTRODUCTION
A
`quoi sert l’anthropologie ?
C’est au cours d’un débat qu’est né le projet de ce livre.
J’avais été invité à prononcer un cycle de quatre conférences
par l’université de Virginie, les fameuses « Page Barbour Lec-
tures
1
». C’était en 2002.
Deux groupes s’opposaient : les uns affirmaient qu’ils ne
croyaient plus ou pas qu’on puisse encore accorder un quel-
conque « crédit » scientifique, attribuer une « autorité » parti-
culière aux analyses et aux écrits des anthropologues, mais
pas davantage à ceux des historiens, orientalistes, etc., qui
enseignent dans les universités de l’Occident ; les autres invo-
quaient les hauts faits de l’anthropologie, tels la découverte
et l’inventaire des divers systèmes de parenté connus à nos
jours, et maintenaient que cette discipline ne pouvait être
regardée comme un pur auxiliaire de l’expansion et de la
domination de l’Occident sur le reste du monde, mais
comportait, dans ses méthodes et dans ses résultats, des élé-
ments qui faisaient d’elle une discipline « scientifique » à part
entière, même si son degré de scientificité était modeste
comparé à celui des sciences de la nature.
Ce genre de débat n’était pas vraiment nouveau. En anthro-
pologie, on avait même pris l’habitude depuis la fin des années
1. Les chapitres 2 et 3 de ce livre prennent appui sur une première
version des deux premières conférences.
7
NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 145 x 225 — 06-08-07 18:44:51
120936AVO - Albin Michel - Au fondement des sociétés humaines - Page 8 — Z20936$$$1 — Rev 18.02
Au fondement des socie
´te
´s humaines
1980, quand Marcus, Fischer, Clifford, Rabinow
1
, Tyler
2
et
un certain nombre d’autres avec eux, ou après eux, exhortaient,
dans leurs écrits, leurs collègues à prendre une conscience « ré-
flexive » et critique de leur discipline, à la « déconstruire » dans
ses moindres recoins et à inventer une nouvelle manière de la
pratiquer, « a New Ethnography », disait-on, d’en communi-
quer les résultats, cette façon « plurivocale » d’écrire qui laisse-
rait entendre beaucoup d’autres voix que celle de l’ethnologue
qui, désormais, ne revendiquerait aucune autorité particulière
dans l’interprétation des faits rapportés. Ceux-ci, aux yeux de
certains, ne pouvaient et ne devaient plus être « re-présentés »
mais seulement « évoqués » – et si possible poétiquement. A
`
cette frontière, anthropologie et littérature se fonderaient l’une
dans l’autre pour produire des sortes de récits-fictions. Dans le
flot de ces appels à une nouvelle ethnographie et à la décons-
truction générale de l’ancienne, d’autres figures emblématiques
furent également convoquées afin qu’elles apportent le poids de
leur autorité : leurs voix venaient d’outre-Atlantique bien
qu’elles eussent pour noms Lyotard, Derrida, Foucault,
1. Paul Rabinow, 1977. Reflexions on Fieldwork in Morocco. Berkeley,
University of California Press.
2. James Clifford, George E. Marcus (éd.), 1986. Writing Culture : The
Poetics and Politics of Ethnography. Berkeley, University of California Press ;
G. Marcus et Michael Fischer, 1986. Anthropology as Cultural Critique : An
Experimental Moment in the Human Sciences. Chicago, The University of
Chicago Press. Rappelons que James Clifford, qui a beaucoup écrit sur
l’ethnographie, réduit celle-ci aux textes qu’écrivent les ethnologues pour
communiquer les résultats de leurs recherches sur le terrain, mais laisse
entièrement de côté le moment essentiel du travail ethnographique qui est
précisément le travail sur le terrain, source des données originales que l’eth-
nologue va ensuite analyser et publier. Cet « oubli » (ou ce silence) de James
Clifford s’explique peut-être par le fait qu’il n’a jamais lui-même fait du
terrain et s’est spécialisé dans la critique des ouvrages publiés par ceux qui
en avaient fait : Malinowski, Leenhardt, etc. L’analyse critique de ces textes
est assurément une chose utile et nécessaire, mais elle ne touche pas à l’es-
sentiel, la nature des observations réalisées et des faits compris et restitués.
8
1 / 17 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !