LA
THÉOLOGIE SOLAIRE DU PAGANISME ROMAIN.
L'héliolatrie fut la dernière forme que prit le paganisme
romain. En
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7l'empereur Aurélien lui donna une consécra-
tion officielle lorsqu'il fonda en l'honneur de Sol invictus un
temple fastueux, desservi par des pontifes qui eurent la pré-
séance même sur les membres de l'antique Collegiam ponti-
ficum, et, au siècle suivant, le dernier païen qui ait occupé le
trône des Césars, Julien l'Apostat, nous a laissé un discours
où il justifie, en théologien subtil et en dévot fervent, le culte
rendu à l'astre roi dont il se regardait comme le fils spirituel.
Le Soleil invincible, élevé au rang suprême dans la hiérarchie
divine , protecteur spécial des souverains et de l'empire, tend à
absorber en lui ou à se subordonner toutes les autres divinités
de l'ancien Olympe.
Ces faits ont été souvent exposés
(1)
et il serait superflu d'y
insister. Mais, si l'on a depuis longtemps constaté l'importance
prépondérante que prend l'héliolatrie dans la religion de
l'époque impériale, si l'on a reconnu l'origine orientale et, plus
précisément, syrienne du dieu solaire qui, sous des noms di-
vers, règne sur l'ancien panthéon romain, on n'a pas aperçu
aussi clairement quelles raisons lui firent accorder cette souve-
raineté et sur quel fondement théologique reposa l'idée de son
hégémonie
Voir par exemple WISSOWA , Religion der Rômev, p. Зоб, et mes Mon. myst. de
Mithra, I, p. 336.
M. FRANZ CUMONT. X