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L’INFORMATION DENTAIRE n° 14 - 8 avril 2015
Us et abus des antibiotiques
Au Canada, une enquête de l’American Dental Association
en novembre 2000, menée auprès de tous les praticiens
en fonction, montrait clairement des habitudes de pres-
cription confuses et inappropriées, aussi bien au niveau
du dosage que de la durée, pouvant contribuer au déve-
loppement de résistances.
Le ratio risque/bénéfice doit toujours être pesé avant
la prescription d’antibiotiques. Les antibiotiques systé-
miques sont utiles pour certains patients ciblés. L’usage
restreint et conservateur des antibiotiques est haute-
ment recommandé en endodontie. L’utilisation indis-
criminée des antibiotiques est contraire à un exercice
sain de la profession et peut provoquer une sélection et
un développement incontrôlé de souches bactériennes
intrinsèquement résistantes. Cela prédispose le patient
aux infections secondaires ainsi qu’aux super-infections
(super-bugs) et peut rendre les antibiotiques inefficaces
contre des maladies infectieuses potentiellement fatales.
Les antibiotiques sont parmi les rares
catégories de médicaments qui affectent
non pas un seul individu, mais une
population entière par le biais de leurs effets
collectifs sur l’écologie microbienne.
Ainsi, la responsabilité du chirurgien-dentiste ne se
limite pas à ses seuls patients : elle s’étend à un monde de
patients. « Act locally, think globally. »
Le rôle du chirurgien-dentiste, qui se sent souvent en
dehors de ces préoccupations médicales, est donc beau-
coup plus significatif qu’il ne le pense.
Conclusion
Face à notre préoccupation de soulager les patients, les
antibiotiques se révèlent généralement inefficaces et
injustifiés.
• L’indication raisonnée pour la prise d’antibiotiques
systémiques est excessivement rare en endodontie.
• C’est l’acte local qui est essentiel pour éliminer le
réservoir infectieux endodontique. Le plus souvent, la
prescription antibiotique n’est pas nécessaire : « Kill the
bugs without the drugs. »
• Dans les cas d’infection localisée, l’utilisation d’anti-
biotiques adjuvants au traitement local n’est pas justifiée.
• En endodontie, la prescription d’antibiotiques adju-
vants en complément du traitement local est restreinte :
1. AFSSAPS. Prescription des antibiotiques en pratique bucco-den-
taire. Recommandations de bonne pratique de l’ANSM (Agence
Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé.
Juillet 2011. www.ansm.sante.fr
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report of a national survey. J Endod. 2002 ; 28 : 396-404.
bibliographie
- au cas d’infections diffuses et sévères qui tendent à se
propager ;
- en antibioprophylaxie pour les actes invasifs sur
patients à risque.
• Le chirurgien-dentiste ne doit pas minimiser sa res-
ponsabilité en tant que prescripteur, ni son rôle en santé
publique dans le développement de résistances bacté-
riennes : « Act locally, think globally. »
• Éduquons nos patients an qu’ils remettent en ques-
tion des habitudes potentiellement dangereuses dont
ils sont souvent demandeurs voire auto-prescripteurs.
« Les antibiotiques, utilisés à tort, ils deviendront
moins forts. » (Assurance Maladie).
L’auteur ne déclare aucun lien d’intérêt.
cecilia.bourguignon@gmail.com