Homicide et maladie mentale grave : quelles sont les différences

L’Encéphale (2009) 35, 304—314
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
journal homepage: www.elsevier.com/locate/encep
MÉMOIRE ORIGINAL
Homicide et maladie mentale grave : quelles sont les
différences sociodémographiques, cliniques et
criminologiques entre des meurtriers malades
mentaux graves et ceux indemnes de troubles
psychiatriques ?
Homicide and major mental disorder: What are the
social, clinical, and forensic differences between
murderers with a major mental disorder and
murderers without any mental disorder?
S. Richard-Devantoya,, A.-S. Chocardb, M.-C. Bourdelc, B. Gohiera,
J.-P. Duflotd, J.-P. Lhuilliere, J.-B. Garréa
aDépartement de psychiatrie et psychologie médicale, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 9, France
bUnité de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, CHU d’Angers, France
cService hospitalo-universitaire de santé mentale et de thérapeutique, CHS Sainte-Anne, 7, rue Cabanis, 75014 Paris, France
d100, rue de la Tricottière, Mayenne, France
eSecteur 7, CHS CESAME, Sainte Gemmes sur Loire, France
Rec¸u le 17 d´
ecembre 2007 ; accepté le 29 mai 2008
Disponible sur Internet le 27 septembre 2008
MOTS CLÉS
Homicide ;
Maladie mentale
grave ;
Étude clinique ;
Criminologie
Résumé
Introduction. — L’homicide est un acte rare. Il est souvent, dans l’imaginaire collectif, l’acte
d’un malade mental. S’il est possible aujourd’hui d’établir un lien entre les troubles mentaux
graves et la violence, celui-ci doit être nuancé. La majorité des meurtriers ne présentent pas
de maladie mentale grave : 80 à 85% des auteurs d’homicides en sont indemnes.
Objectif. — L’objectif principal de cette étude rétrospective est de mettre en lumière les res-
semblances et les dissemblances entre les meurtriers malades mentaux graves et ceux indemnes
de trouble psychiatrique.
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (S. Richard-Devantoy).
0013-7006/$ — see front matter © L’Encéphale, Paris, 2008.
doi:10.1016/j.encep.2008.05.006
Des meurtriers malades mentaux graves et ceux indemnes de troubles psychiatriques 305
Méthode. — À partir d’une étude clinique sur une série de 210 homicides volontaires, dont 37
sont commis par des sujets souffrant d’une maladie mentale grave (schizophrénie, trouble
délirant, trouble de l’humeur), nous déterminons les caractéristiques sociodémographiques,
cliniques et criminologiques du meurtrier souffrant d’une maladie mentale grave et consta-
tons les éventuelles différences avec les meurtriers indemnes de trouble psychiatrique. Nous
retenons la définition consensuelle de Hodgins des troubles mentaux graves, qui regroupe les
diagnostics de schizophrénie, de trouble de l’humeur et de trouble délirant qui correspond dans
la nosographie franc¸aise à la psychose paranoïaque. Cette définition restreinte de la maladie
mentale (troubles psychotiques ou dépressifs exclusivement), s’oppose à celle, plus large, du
DSM-IV qui inclut, en outre, les troubles de la personnalité, les abus d’alcool et les démences.
Résultats. — À l’exception de certaines variables, le meurtrier présentant une maladie men-
tale grave a les mêmes caractéristiques sociodémographiques que tout meurtrier : c’est un
homme jeune, isolé, aux antécédents judiciaires, consommant des toxiques. Les malades men-
taux meurtriers sont plus âgés (37,8 ans versus 31,7 ans) au moment des faits, ont davantage
d’antécédents psychiatriques personnels (81 % versus 32,9 %) et de comorbidités psychiatriques
que les sujets indemnes de troubles psychiatriques. Ils s’en distinguent aussi par une clinique
propre au processus psychopathologique. La dépression, le délire et les idées suicidaires sont
caractéristiques de la clinique des malades mentaux avant leur crime, tandis qu’une dispute
ou une altercation physique concourt à la genèse du meurtre chez les sujets sans pathologie
mentale. La proximité affective entre l’auteur et sa victime est d’autant plus marquée que le
meurtrier présente une maladie mentale. Le malade mental tue rarement une victime incon-
nue. L’irresponsabilité pénale est la règle pour les meurtriers souffrant d’un trouble mental
grave.
Conclusion. — Les différences entre meurtriers avec et sans maladie mentale grave reposent sur
une psychopathologie propre au processus morbide qui infiltre l’acte homicide. En tant que cli-
nicien, il faut focaliser notre attention sur la psychopathologie propre à chaque entité clinique.
Ces données permettent de dégager des facteurs de risque généraux de violence homicide (sexe
masculin, âge jeune, milieu défavorisé, abus d’alcool) et des facteurs plus spécifiques (maladie
mentale, comorbidités...), auxquels il faudrait intégrer les aspects dynamiques de la rencontre
entre les protagonistes.
© L’Encéphale, Paris, 2008.
KEYWORDS
Homicide;
Major mental
disorder;
Clinical study;
Criminology
Summary
Objectives. — To establish the social, clinical, and forensic differences between murderers suf-
fering from a major mental disorder and murderers without any psychiatric disorder and, in
particular, to compare their respective records of psychiatric symptoms and their respective
relationship with their victims.
Method. — We studied 210 forensic examinations of murderers, the offences related to the mur-
ders, and the social and clinical information collected from psychiatric court reports on persons
convicted of homicide. Firstly, we identified the socio-demographic, clinical and criminological
profiles of 210 murderers from which were distinguished murderers with major mental disor-
der. Then, we compared the profiles of murderers suffering from a major mental disorder with
those of murderers without any mental disease. In other words, we compared 37 persons affec-
ted with major mental disorder (schizophrenia, paranoiac delusional disorder, and affective
disorder) with 73 persons without any mental disorder. We deliberately excluded subjects with
personality disorder or abuse of/dependency on drugs, mental retardation or dementia.
Results. — With the exception of certain variables, murderers with major mental disorder have
the same characteristics as others murderers: young man, living alone, with psychiatric and
offence records and substance abuse. Murderers with major mental disorder are older (37.8
versus 31.7 years old) than perpretators without any mental disorder, and the former have
a psychiatric record more often than the latter (81 versus 32.9%). In addition, contrary to
the latter, the former show clinical symptoms of a psychopathological process. Depression,
delusional and suicidal ideas are frequent among murderers with a major mental disorder,
whereas the persons without mental disorder quarrel or have a row with their victim just before
their crime. The victim was known to the perpetrator significantly more often in the major
mental disorder group than in the no mental disorder group (94,6 versus 76,7%, p= 0,008). The
most major mental disorders’ homicide was more likely to be against intimates than strangers.
The application of the former article 64 or the present article 122-1 of the French Criminal Code
are envisaged more often in the major mental disorder group than in the no mental disorder
group.
306 S. Richard-Devantoy et al.
Conclusion. — The main difference between murderers with a major mental disorder and murde-
rers without any mental disorder is the psychopathology of the morbid process which underlies
the homicide. Impairment of judgment at the time of the crime should be taken into account.
As a clinician, we should focus our attention on general risk factors of violence and homicide
(male, young, underprivileged class, abuse of alcohol) and on more specific factors (mental
disorder co-morbidities...). To these factors should be added the dynamic characteristics of
the meeting of the protagonists.
© L’Encéphale, Paris, 2008.
Introduction
Le meurtre est souvent dans les représentations collectives,
l’acte d’un malade mental. L’homicide est considéré comme
étant par essence pathologique, corroborant le propos de
Dostoïesvski [6] :«Le criminel, au moment où il accom-
plit son crime, est toujours un malade ». Dans l’enquête
«Santé mentale en population générale : images et réalité »,
le meurtre et le viol sont associés, pour une majorité de
personnes interrogées, au malade mental [15]. Quarante-
huit pour cent des franc¸ais pensent que les schizophrènes
sont dangereux pour les autres [33]. Depuis les années
1990, des études méthodologiquement mieux construites
permettent de dire que la croyance relevée par ces son-
dages franc¸ais sans être illégitime, n’est pas entièrement
fondée. S’il est possible aujourd’hui d’établir un lien entre
les troubles mentaux graves et la violence, celui-ci doit
être nuancé. La majorité des meurtriers ne présentent
pas de maladie mentale grave [28,37] :80à85%des
auteurs d’homicides en sont indemnes. En revanche, si on
se réfère à une définition large de la maladie mentale,
selon les séries et selon les pays, 30 à 90 % des meur-
triers répondraient aux critères diagnostiques d’un trouble
psychiatrique au sens du DSM-IV. Nous retenons la défini-
tion consensuelle de Hodgins [16] et Hodgins et al. [17]
des troubles mentaux graves qui regroupe les diagnostics
de schizophrénie, de trouble de l’humeur et de trouble
délirant, qui correspond dans la nosographie franc¸aise à
la psychose paranoïaque. Cette définition restreinte de la
maladie mentale (troubles psychotiques ou dépressifs exclu-
sivement), s’oppose à celle, plus large, du DSM-IV [1] qui
inclut, en outre, les troubles de la personnalité et/ou les
abus d’alcool.
L’objectif principal de cette étude rétrospective est
de mettre en lumière les ressemblances et les dissem-
blances entre les meurtriers malades mentaux graves et
ceux indemnes de trouble psychiatrique. À partir d’une
étude clinique sur une série de 210 homicides volontaires,
dont 37 sont commis par des sujets souffrant d’une maladie
mentale grave, nous tentons de déterminer les éventuelles
différences entre le profil sociodémographique, clinique et
criminologique des meurtriers malades mentaux «sévères »
et de ceux indemnes de trouble psychiatrique.
Étude clinique
Matériel et méthode
Cette recherche, de nature essentiellement descriptive et
concrète, porte sur 210 expertises d’homicides volontaires
réalisées par deux experts psychiatres de la cour d’appel
d’Angers entre le 1er janvier 1975 et le 1er janvier 2005.
L’objectif principal de cette étude rétrospective est de
déterminer les différences entre les profils sociodémogra-
phique, clinique et criminologique des meurtriers malades
mentaux graves et ceux indemnes de trouble psychia-
trique. Nous avons préalablement caractérisé les profils
sociodémographique, clinique et criminologique d’une
population de 210 meurtriers d’où sont extraits les malades
mentaux graves auteurs de meurtre. Dans un second temps,
nous avons comparé le profil des meurtriers souffrant d’un
trouble mental sévère à celui des meurtriers ne présentant
pas de pathologie mentale. En d’autres termes, nous avons
comparé 37 sujets atteints d’un trouble mental grave (schi-
zophrénie, délire paranoïaque, trouble de l’humeur), à 73
sujets indemnes de pathologie mentale. Retenant la défi-
nition de Hogdins et al. [17] des malades mentaux graves,
nous avons exclu les individus présentant un trouble de la
personnalité, un abus/une dépendance aux toxiques, une
déficience mentale ou une démence.
Nous avons conservé le diagnostic des experts pour les
diagnostics de maladie mentale grave (schizophrénie, délire
paranoïaque, trouble de l’humeur). Le diagnostic oscille
parfois entre expertise et contre-expertise, voire surex-
pertise. Dans tous les cas, les diagnostics posés par les
psychiatres experts ont été classifiés en tenant compte des
critères du DSM-IV [1]. Nous avons analysé quatre grandes
rubriques :
la biographie, les antécédents et la pathologie mentale
de l’auteur du crime ;
les caractéristiques de la victime ;
les faits criminels avec les affects ainsi que les compor-
tements avant, pendant et après l’homicide, les données
connues concernant la situation, les circonstances et le
mode opératoire ;
les conséquences médicolégales pour le devenir de
l’individu et l’appréciation par l’expert de la dangerosité
psychiatrique de l’auteur.
La bibliographie a été recherchée par Medline. L’analyse
des données est faite par le logiciel statistique SPSS 12.
Le risque de première espèce est fixé à 0,05, avec un test
significatif si p< 0,05.
Résultats
Caractérisation sociodémographique, clinique et
criminologique d’une population de 210 meurtriers
Les meurtriers de notre série sont majoritairement des
hommes (73 %) d’âge jeune, 32 ans en moyenne, non
Des meurtriers malades mentaux graves et ceux indemnes de troubles psychiatriques 307
immigrés, sans emploi (53 %), isolés, vivant seuls au moment
des faits (49 %). Ils ont des antécédents psychiatriques dans
deux tiers des cas, des antécédents médicaux dans un cin-
quième des cas et des antécédents judiciaires dans plus
d’un tiers des cas. Ils ont vécu dans plus de 50 % des cas
un événement de vie significatif dans leur enfance :
décès d’un parent ;
placement en foyer ;
maltraitance physique ou sexuelle.
L’éthylisme paternel et le suicide représentent les anté-
cédents familiaux psychiatriques les plus fréquemment
constatés. Moins d’un cinquième des meurtriers présentent
une pathologie mentale grave (schizophrénie n= 14 [295.30
à 295.60]), délire paranoïaque n= 8 [297.1], trouble de
l’humeur n= 15 [296.2x]), un dixième souffre d’une patho-
logie mentale «organique »(débilité mentale n= 11 [317 à
319]), démence n= 5 [294.8], tableau neurologique n=5)et
plus d’un tiers a un diagnostic de trouble de la personnalité
(n= 44 [301.20] à [301.9]) ou d’abus ou de dépendance à
l’alcool (n= 35 [305.0] ou [303.90]). Un tiers des meurtriers
de cette série est indemne de trouble psychiatrique (n=73
[V71.09]).
Le meurtre, associé à un délit dans 20 % des cas, est
commis préférentiellement le soir (59 %), au domicile de
la victime (70 %), au moyen d’une arme à feu (36 %),
d’une arme blanche (21 %) ou par strangulation (9,6 %) dans
un contexte d’alcoolisation (50 %), de dispute (49 %) et
d’altercation physique (28 %), ou plus rarement dans un
moment délirant (14 % des cas). La victime est connue (83 %).
L’irresponsabilité pénale est prononcée pour un cinquième
des meurtriers de notre série.
Caractérisation sociodémographique, clinique et
criminologique des auteurs présentant une maladie
mentale grave versus ceux qui en sont indemnes
L’auteur du crime. Les meurtriers présentant une mala-
die mentale grave (n= 37) et ceux exempts de trouble
mental (n= 73) ont les mêmes caractéristiques sociodémo-
graphiques et socioculturelles à l’exception de quelques
variables portant sur l’âge, les antécédents psychiatriques,
la clinique psychiatrique et les comorbidités (Tableau 1). Les
malades mentaux meurtriers sont plus âgés (37,8 ans versus
31,7 ans [2 : 925,30 ; p= 0,023]) et la moitié des auteurs
vivent seuls (54,1 % versus 46,6 % [2 : 0,550 ; p= 0,546]) au
moment des faits. Les antécédents psychiatriques person-
nels sont deux fois plus fréquents en cas de trouble mental
de l’auteur (81,1 % versus 32,9 % [2 : 22,83 ; p< 0,0001]).
Plus de la moitié des meurtriers malades mentaux ont eu un
contact dans leur vie avec des structures de soins en psy-
chiatrie. En revanche, les antécédents de violence contre
les personnes sont identiques dans les deux groupes (18,9 %
versus 23,9 % [2 : 0,355 ; p= 0,631]). Les malades men-
taux sévères présentent plus fréquemment une comorbidité
(48,6 % versus 1,4 % [2 : 38,49 ; p< 0,0001]) ou deux comor-
bidités (5,4 % versus 0 % [2 : 4,01 ; p= 0,134]) de l’axe I ou
II du DSM-IV par rapport à ceux indemnes de troubles psy-
chiatriques. Il s’agit alors essentiellement d’un alcoolisme
(42,9 % des schizophrènes ; 13,3 % des sujets souffrant d’un
trouble de l’humeur et 62,5 % des délirants paranoïaques)
Figure 1 Principaux thèmes des meurtriers malades mentaux
graves et délirants.
ou d’un trouble de la personnalité (7,1 % des schizophrènes ;
6,7 % des sujets souffrants d’un trouble de l’humeur et 0 %
chez les paranoïaques).
Le meurtre. Eu égard à l’éventuelle pathologie mentale
de l’auteur, le modus operandi est différent (Tableau 2). Les
malades mentaux préméditent moins souvent que les sujets
indemnes de trouble psychiatrique leur crime comme peut
nous le laisser supposer la moins grande fréquence d’une
qualification juridique des faits en assassinat (meurtre avec
préméditation) dans ce groupe (21,6 % versus 39,7 % [2:
8,77 ; p= 0,063]). Sans être le moyen privilégié du meurtre,
les malades mentaux tuent plus souvent leur victime par
strangulation que les sujets sans pathologie avérée (10,8 %
versus 4,2 %). Dans les deux groupes, le nombre de coups
portés à l’encontre de la victime est élevé ; l’acharnement
serait plus spécifique des meurtriers souffrant d’un trouble
mental sévère (10,8 % versus 1,5 % [2 : 4,52 ; p= 0,053]).
Le comportement et les affects de l’auteur au moment
du crime donnent des indices sur l’état mental du sujet au
moment des faits. La dépression (33,3 % versus 1,4 % [2:
22,49 ; p< 0,0001]), le délire (58,3 % versus 0 % [2 : 50,92 ;
p< 0,0001]), l’exaltation (5,6 % versus 0 %) et les idées sui-
cidaires (33,3 % versus 4,3 % [2 :16,51 ; p< 0,0001]) sont
caractéristiques de la clinique des malades mentaux avant
leur crime, tandis que les sujets sans pathologie mentale
se disputent (52,9 % versus 16,7 % [2 : 12,91 ; p< 0,0001])
ou ont une altercation physique (27,1 % versus 2,8 % [2:
9,2 ; p= 0,003]) dans les minutes précédant le crime. Les
principaux thèmes délirants de malades mentaux sévères
sont résumés dans la Fig. 1. Les mécanismes sont alors
multiples, variés et intriqués : interprétatifs, intuitifs et
imaginatifs ; 35 % des meurtriers malades mentaux sont hal-
lucinés au moment des faits, dont 78 % des schizophrènes. La
présence d’injonctions hallucinatoires est relativement rare
(5 %). La clinique dépressive ou délirante et les violences
interpersonnelles aboutissent à des sentiments de colère
(13,9 % versus 37,1 % [2 : 6,21 ; p= 0,014]), de passion (8,3 %
versus 11,4 % [2 : 0,245 ; p= 0,746]) ou de peur (13,9 % ver-
sus 24,3 % [2 : 1,56 ; p= 0,312]). Dans un tiers des cas, le
meurtrier est alcoolisé au moment des faits (33,3 % ver-
sus 35,5 % [2 : 0,046 ; p= 1,000]). Le comportement après
le crime caractérise le meurtrier souffrant d’un trouble
308 S. Richard-Devantoy et al.
Tableau 1 L’auteur du meurtre.
Auteur sans pathologie
mentale (n= 73)
Auteur avec une maladie
mentale grave (n= 37)
p
Âge 31,7 ans 37,8 ans 0,023*
Homme 48 (65,8 %) 27 (73 %) 0,519
Enfant unique 5 (7 %) 5 (13,5 %) 0,306
Marié 26 (35,6 %) 13 (35,1 %) 0,733
Célibataire au moment des faits 34 (46,6 %) 20 (54,1 %) 0,546
Niveau d’étude primaire 39 (54,2 %) 14 (38,9 %) 0,117
Vit en milieu urbain 35 (48,6 %) 22 (59,5 %) 0,316
Immigré 6 (8,2 %) 2 (5,4 %)
Sans emploi 31 (39 %) 20 (54 %) 0,104
Événements de vie (0—18 ans) 36 (49,3 %) 20 (54,1 %) 0,689
Antécédents psychiatriques personnels 24 (32,9 %) 30 (81,1 %) <0,0001*
Antécédents de tentative de suicide 10 (16,9 %) 12 (32,4 %) 0,025*
Antécédents d’alcoolisme 12 (19,7 %) 15 (40,5 %) 0,0009*
Antécédents d’hospitalisation 7 (12,5 %) 16 (43,2 %) < 0,0001*
Antécédents somatiques 7 (9,7 %) 4 (10,8 %) 1
Antécédents de violence contre des personnes 17 (23,9 %) 7 (18,9 %) 0,631
Antécédents judiciaires 20 (28,2 %) 9 (24,3 %) 0,820
Antécédents psychiatriques familiaux 21 (31,3 %) 17 (50 %) 0,084
Antécédents judiciaires familiaux 4 (6 %) 2 (5,9 %) 1
*p< 0,05.
Tableau 2 Qualification des faits, mode opératoire et affects et comportements au moment des faits.
Auteur sans pathologie
mentale (n= 73)
Auteur avec une maladie
mentale grave (n= 37)
p
Assassinat 29 (39,7 %) 8 (21,6 %) 0,063
Délit associé 20 (27,4 %) 3 (81 %) 0,024*
Crime au domicile 50 (70,4 %) 28 (75,5 %) 0,184
Crime en ville 31 (42,5 %) 23 (62,2 %) 0,069
Crime le soir 38 (54,3%) 20 (55,6 %) 0,631
Arme à feu 27 (37,5 %) 21 (40,4 %) 0,035*
Arme blanche 13 (18,1 %) 5 (13,5 %) 0,035*
Strangulation 3 (4,2 %) 4 (10,8 %) 0,035*
Plusieurs moyens 13 (18,1 %) 7 (18,9 %) 0,912
Nombre de coups > 3 21 (31,3 %) 12 (33,3 %) 0,455
Acharnement 1 (1,5 %) 4 (10,8 %) 0,053
Dépression 1 (1,4 %) 12 (33,3 %) < 0,0001*
Idées suicidaires 3 (4,3 %) 12 (33,3 %) < 0,0001*
Délire 0 (0 %) 21 (58,3 %) < 0,0001*
Colère 26 (37,1 %) 5 (13,9 %) 0,14
Dispute 37 (52,9 %) 6 (16,7 %) < 0,0001*
Altercation physique 19 (27,1 %) 1 (2,8 %) 0,003*
Alcool au moment des faits 22 (35,5 %) 12 (33,3 %) 1
*p< 0,05.
psychiatrique. Les meurtriers malades mentaux appellent
les secours (33 % versus 29 % [2 : 8,04 ; p= 0,034]), res-
tent sur place (55,6 % versus 39,7 % [2 : 2,44 ; p= 0,152]) et
tentent de se suicider après l’homicide (30,6 % versus 2,7 %
[2 : 17,75 ; p< 0,0001]), alors que les auteurs indemnes de
trouble psychiatrique maquillent plus souvent leur crime
(32,9 % versus 8,3 % [2 : 7,79 ; p= 0,008]) et fuient fréquem-
ment (60,3 % versus 36,1 % [2 : 5,64 ; p= 0,025).
La victime. Les protagonistes se connaissent dans 94,6 %
des cas quand l’auteur a une maladie mentale grave, contre
76,7 % des cas en l’absence de pathologie mentale de
l’auteur. La relation entre l’auteur et sa victime est résumée
dans le Tableau 3.
L’expertise. Le délai entre les faits et l’expertise est
significativement plus court lorsque l’auteur présente
une pathologie mentale (69,9 jours versus 139,5 jours
1 / 11 100%
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