personne de conduire pour raison de santé, sauf s’il s’agit d’un professionnel, ou si elle a fait
l’objet d’une sanction impliquant le passage devant une commission de médecins agréés du
permis du conduire.
Les personnes âgées au volant : une réalité sociologique à ne pas négliger
Pour les personnes âgées, beaucoup plus nombreuses qu’autrefois à prendre le volant,
devoir renoncer à la conduite peut représenter une véritable « mort sociale », surtout dans
les zones périurbaines et rurales ne disposant pas, contrairement aux grandes villes, de
réseaux de transports publics performants. La sociologue Catherine Espinasse n’hésite pas à
parler de « deuil de l’objet voiture » et relève que les séniors qui décident d’arrêter de
conduire, quelle qu’en soit la raison, ne « revendent pas leur voiture au premier venu mais
l’offrent très symboliquement à un proche, un peu comme un legs ».
Mais les constructeurs automobiles savent aussi s’adapter aux spécificités des personnes
âgées souhaitant continuer à conduire, comme l’a montré le Pr Jean-Yves Le Coz (Renault),
en présentant différentes initiatives de son groupe pour permettre, par exemple, à des
personnes souffrant de troubles musculaires ou osseux de monter plus facilement en voiture
et de s’y attacher plus aisément. A moyen terme, des véhicules sinon « autonomes », du
moins fortement connectés, pourront simplifier la vie de leurs utilisateurs les plus âgés. Par
contre, ces véhicules devront être abordables, mais aussi attractifs et modernes, en tenant
compte du fait que les personnes âgées ne veulent surtout pas conduire une « voiture de
papi-mami ».
Les praticiens face aux conducteurs âgés
Au-delà des chiffres et des études, les praticiens sont souvent désarmés face aux conseils à
donner à certains conducteurs âgés. Comme le précisait toutefois le Dr Philippe Lauwick,
président de l’ACMF, ce sont rarement les conducteurs, mais très souvent leur famille, qui
interpellent les médecins à ce sujet. Par ailleurs, au-delà d’un certain stade, les patients
atteints de démences ou d’Alzheimer arrêtent de conduire car ils n’en sont tout simplement
plus capables.
Rappelant lui aussi que de nombreux conducteurs âgés se disent « prêts à se flinguer » si on
les prive de volant, le Pr Régis Gonthier, (CHU de Saint Etienne) souligne que le médecin doit
« conseiller sans ordonner », tout en gardant à l’esprit la forte symbolique de la conduite et
l’importance du déplacement pour la liberté et l’autonomie. Inciter trop tôt un conducteur à
arrêter, risque d’avoir des effets contraires au but recherché : cela peut accroître son
isolement et à terme sa dépendance, mais aussi le mettre lui-même en danger, car un piéton
âgé est plus vulnérable qu’un conducteur. Sauf en présence de risques cognitifs avérés, le
médecin a donc plutôt intérêt à donner des conseils « de bon sens » au patient : ne plus
conduire la nuit, éviter les parcours inconnus, surtout dans les grandes villes, ainsi que les
jours d’intempéries, et faire des pauses et des trajets courts sur des itinéraires familiers.
Certains pays, dont l’Allemagne ou l’Autriche, proposent des « recyclages gratuits » aux
conducteurs âgés qui le souhaitent, une initiative jugée très positivement par les intéressés.
Ailleurs, l’Etat de Floride (Etats-Unis), a institué un dépistage visuel obligatoire pour les plus