Selon le Ministère de l’Intérieur, il existe en France
1 536 mosquées et salles de prière :
– 13 lieux de culte accueillent plus de 1 000 fidèles
(six d’entre elles – les « Grandes Mosquées » – ont
été construites spécialement à cette fin : à Évry
[Essone], Lyon, Mantes-la-Jolie [Yvelines], Montpellier,
Paris et St-Denis à la Réunion; les sept autres
« mosquées » ont été aménagées dans un site existant :
à Lille, Marseille, Paris [2], Roubaix et Strasbourg [2]);
– 34 lieux de culte accueillent de 500 à 1 000
fidèles;
– 300 lieux de culte accueillent de 150 à 500 fidèles;
– Plus des 2/3 des lieux de cultes accueillent moins
de 150 fidèles.
Le Monde, dans son édition du 24 mai 2000, a publié une carte exhausti-
ve de ces 1 536 lieux de culte musulman avec une explication du cadre ju-
ridique de ces implantations et un commentaire sur les projets de
construction de deux grandes mosquées à Strasbourg.
LIEUX DE CULTE MUSULMAN EN FRANCE
30 • Questions actuelles
– Certains groupements organisent des cam-
pagnes pour empêcher la construction de
mosquées au nom de la préservation de la
culture et de l’identité française.
Privés de lieux de culte convenables, beau-
coup de musulmans se sentent refoulés dans
une pratique semi clandestine, un «islam
des caves ».
Des questions
Quelle est la nature des lieux de culte?
Lieux de prière? Lieux de rencontre de la
communauté? Lieux de formation doctrinale?
Lieux de conscientisation politique?
S’interroger sur la qualité des demandeurs :
à quelle association, à quel courant appartien-
nent-ils? Sont-ils représentatifs de la popula-
tion musulmane locale ou seulement d’un
segment de celle-ci? Cependant, étant sauf
l’ordre public, chaque courant n’a-t-il pas le
droit de se donner un lieu de culte?
Quel est le projet? Grande ou petite mos-
quée? Simple lieu de culte ou centre culturel
avec dispensaire, librairie, école coranique, etc.
Comment gérer la symbolique de la mos-
quée dans l’espace public ? Quel avenir
voulons-nous construire ? Le lieu de culte
sera-t-il le symbole d’un accueil amical ou
celui d’une «victoire à l’arraché» remportée
par l’islam sur une population hostile?
Des convictions
Il faut savoir que, même si la pratique reli-
gieuse pour l’islam ne recouvre pas exacte-
ment le sens qu’elle a pour un chrétien, elle
garde un caractère d’obligation (en particulier
la prière du vendredi).
Le droit à la liberté religieuse s’étend non
seulement à l’adhésion privée, mais aussi à la
profession de foi publique. Ce droit, l’Église
le reconnaît aussi pour les autres croyants,
même si les mentalités ont encore beaucoup
à évoluer dans ce domaine.
Des orientations
Importance de l’enjeu pour la crédibilité de
l’Église : être capable de défendre le droit de
l’autre, même quand elle n’en tire pas profit.
Aider la communauté chrétienne à com-
prendre que la présence d’une autre religion
n’est pas une offense à Dieu et que toute reli-
gion a le droit de s’organiser étant sauf le res-
pect de l’ordre républicain.
Éviter de déclencher une guerre des sym-
boles (clocher contre minaret). Notamment ne
pas transformer une église inutilisée en mos-
quée car on touche à une symbolique identi-
taire dont le retentissement nous échappe :
blessure à l’identité locale «chrétienne » ou
non, perspective d’un islam dont la vocation
serait de remplacer le christianisme à plus ou
moins long terme. Même le prêt provisoire
d’une salle ou d’une édifice n’est pas sans
conséquences négatives possibles. Dans l’hy-
pothèse d’un accord, certaines garanties sont
nécessaires. Dans tous les cas, consulter
l’évêque du lieu.
Possibilité d’utiliser cette demande de lieux
de culte pour organiser des rencontres entre
communautés musulmane et chrétienne afin
de mieux comprendre les demandeurs, leurs
buts et leurs plans, et offrir des suggestions
pour une meilleure intégration «dans le pay-
sage » (minaret ou non, etc).
Ne pas oublier que l’imam est rémunéré
par une association dont le président est le vé-
ritable représentant de la communauté locale.
En solidarité avec les communautés chré-
tiennes qui vivent en pays majoritairement
musulman, amorcer une dynamique de la
réciprocitépositive en précisant bien qu’il
ne s’agit pas de monnaie d’échange, mais de
droits de l’homme. ■