Version 1 - Novembre 2011 5
GESED asbl
Les luxations des petites articulations
– par exemple dans la main et les doigts –
sont très fréquentes et peuvent susciter
des problèmes de force de préhension, qui
se manifestent par une tendance à lâcher
facilement les petits objets et par une
incapacité d’ouvrir les petits couvercles et
autres éléments similaires. Un autre aspect
notable tient à l’apparition régulière de
(sub) luxations temporo-mandibulaires lors
d’une consultation chez un dentiste ou
après avoir mordu dans un aliment dur, par
exemple u ne p o mme ( 1 4- 1 5) . Le s
(sub)luxations costales et vertébrales sont
en revanche moins courantes, mais
beaucoup plus douloureuses.
Les luxations récidivantes survenant
principalement au niveau des articulations
de soutien du poids, tels la hanche et le
genou, peuvent être à l’origine d’une
arthrose en cas de SED hypermobile. Le
cartilage étant notamment constitué de
fibres de collagène, lesquelles présentent
des anomalies dans le cas de cette
pathologie, le SED pourrait être associé à
une perte de fermeté du cartilage et, en
conséquence, à une sensibilité accrue à
l’arthrose. La littérature fournit à cet égard
peu d’informations concernant les patients
atteints de SED. La tuméfaction des
grandes (p. ex. le genou) et des petites (p.
ex. les doigts) articulations – résultant le
plus souvent d’une surcharge – est
relativement peu courante et rarement
considérée comme un trouble «sérieux»
par le patient. L’hypermobilité articulaire
extrême engendre fréquemment des
déformations du pied telles que le pied plat,
le pied bot varus équin, le pied bot
congénital et l’hallux valgus (16) ainsi que
des scolioses, surtout chez les adultes,
lesquelles gagnent en rigidité avec l’âge et
s’avèrent de plus en plus difficiles à
corriger. Les patients avec SED
hypermobile souffrent très souvent et
précocement de douleurs
musculosquelettiques chroniquesétendues,
qui semblent s’intensifier avec l’âge (17,
19). Les douleurs articulaires représentent
le trouble le plus sérieux et le plus courant
chez de nombreux patients, principalement
au niveau des extrémités (épaule, genou,
hanche, cheville, pied et doigts), de la
nuque et du dos (7, 18, 20, 21). Des points
de pression peuvent parfois apparaître. Les
douleurs articulaires peuvent résulter de
(sub)luxations fréquentes et de lésions
répétées des parties molles. La douleur ne
semble pas purement périphérique, la
chronicité entraînant selon toute probabilité
une sensibilisation centrale. Les céphalées
sont moins répandues (7, 20). Différentes
études indiquent que des patients atteints
de SED hypermobile font état d’une
intensité douloureuse moyenne de 4-5 sur
10 sur l’échelle VAS, un résultat qui
souligne l’existence – dans une large
mesure – d’une douleur journalière (18,
21). La douleur apparaît très difficile à
maîtriser et peut varier d’un jour à l’autre,
mais reste toujours présente à un certain
degré (18). Dans certains cas, son impact
est tel que les activités quotidiennes s’en
ressentent considérablement (8, 18, 19).
Problèmes musculaires en
cas de SED hypermobile
Même s’ils ne sont pas décrits dans
les critères diagnostiques de Villefranche
relatifs au SED hypermobile, les problèmes
musculaires constituent un trouble
fréquemment associé à cette pathologie.
La faiblesse musculaire, au niveau des
extrémités supérieures et inférieures,
survient chez la majorité des patients et
semble plus importante dans les groupes
de muscles proximaux et axiaux tels que
les quadriceps, les ischio-jambiers, les
muscles fléchisseurs de la hanche et les
muscles du cou et du tronc (22-24). Une
explication généralement admise en ce qui
concerne la faiblesse musculaire en cas de
SED hypermobile tient au fait que
l’hyperextensibilité des tendons entraînerait
une diminution de la transmission de force
myotendineuse avec, à la clé, une perte de
force musculaire. Des recherches récentes
(22-23) suggèrent cependant un rôle
pathophysiologique du tissu conjonctif
extracellulaire du muscle même, au niveau
de l’endomysium, du périmysium et de
l’épimysium musculaires.
Les anomalies observées dans le
collagène – modification de la composition
et perte de densité des fibrilles – entraînent
une diminution de la résistance à la traction
du tissu conjonctif dans le muscle et
peuvent en conséquence influencer la
fonction musculaire via une dysfonction
myofasciale (transmission de force), ce qui
peut entraver la production de force
musculaire. Cette faiblesse musculaire
pourrait aussi résulter de modifications de
la conduction nerveuse (polyneuropathie)
et de dysfonctionnements mitochondriaux.
Enfin, l’inhibition réflexe des muscles
suscitée par la douleur joue potentiellement
un rôle à cet égard. Il se produit non
seulement une diminution de la force
musculaire, mais aussi – très fréquemment
– une baisse de l’endurance de force (24).