World Climate
Négocier un accord global sur le climat avec le simulateur de politique climatique C-ROADS
CONFIDENTIEL : Briefing pour les prochaines négociations climatiques
A: Négociateurs de l'Inde à la conférence des Nations unies sur le changement climatique
OBJET: Objectifs des négociations
Vous dirigez la délégation indienne aux prochaines négociations sur le changement climatique.
La science actuelle montre que les risques du changement climatique sont réels et sérieux. L'Inde cherche à négocier un accord pour
réduire les émissions en gaz à effet de serre (GES) qui pourrait limiter ces risques. Mais nous cherchons aussi le meilleur compromis
pour notre économie et les intérêts vitaux de notre nation. Beaucoup de personnes, dans notre pays, pensent que le changement
climatique est réel, cependant, ils sont beaucoup moins à soutenir un accord pour en régler la question.
En plus des bénéfices environnementaux, obtenir un accord pour limiter le changement climatique aurait aussi des avantages
politiques pour l'Inde, incluant des négociations sur le commerce avec les pays développés. Notre économie connaît une forte
croissance et nous sommes en train d'émerger en tant que puissance globale. Cependant, notre niveau de vie moyen est bien inférieur
à ceux des Etats-Unis, de l'Europe, du Japon ou des autres nations développées et même de la Chine. Notre première priorité est notre
développement économique. Notre peuple, comme tous les peuples, veut vivre dans un environnement sain, mais veut aussi
augmenter son niveau de vie : avec un environnement sain nous entendons aussi les emplois, le logement, la nourriture, le système de
santé, la mobilité et la sécurité nationale.
Comme lors des conférences précédentes, les nations développées nous pousserons à réduire nos émissions car notre population
excède maintenant un milliard d'habitants et parce que notre économie et nos émissions en gaz à effet de serre (GES) connaissent ont
forte croissance. Cependant, le taux d'émission par personne, dans ces pays, est bien plus élevé que le nôtre (le taux d'émission par
personne aux Etats-Unis est 12,5 fois plus important qu'en Inde!). Ainsi, tout accord qui ferait porter sur nous le plus grand fardeau
serait inacceptable.
Les pays développés ressentent et craignent le rapide développement économique que nous apprécions finalement aujourd'hui. Ils
pensent qu'ils peuvent utiliser un accord sur le changement climatique pour ralentir notre croissance, limiter les marchés pour nos
produits et fragiliser notre diplomatie et notre influence militaire dans le monde.
Les pays développés sont les responsables de la crise climatique et doivent prendre la responsabilité de leurs actions passées. Environ
75% du CO2, relâché par combustion d'énergies fossiles depuis le début de la révolution industrielle, provient des pays développés.
Ces pays ont utilisé cette énergie pour construire leurs économies et enrichir leurs populations, souvent en exploitant nos ressources
naturelles. Les pays développés vont demander que nous diminuions nos émissions avant que notre peuple puisse avoir une chance
d'atteindre le niveau de développement économique dont ils jouissent aujourd'hui et ce, pendant que beaucoup d'entre nous continuent
de vivre dans la pauvreté.
Nous sommes prêts à prendre notre part de responsabilité, mais les pays riches doivent s'accorder sur des actions significatives à la
hauteur de leur contribution à ce problème. Nous ne paierons pas le prix de leurs émissions passées. Nous attendons donc des pays
développés, comme les Etats-Unis, qu'ils prennent l'initiative en terme de réductions d'émissions. Faites observer que les dernières
études, dont le rapport bipartite « Risky Business », signé par des secrétaires au Trésor américain des deux bords, montrent que les
coûts de l'inaction sont élevés alors que la plupart des régions des Etats-Unis néficieraient d'une politique de réductions des
émissions. De son côté, le rapport du GIEC (AR5) souligne que le changement climatique frappe d'ores et déjà la planète et que, sans
réductions drastiques des émissions, les conséquences n'en seront que beaucoup plus graves.
Nous avons aussi l'opportunité de limiter nos émissions de GES à travers le programme REDD (Réduction des Emissions résultant du
Déboisement et de la Dégradation des forêts). Les pays en voie de développement, dont l'Inde, possèdent les principales forêts
tropicales et, malheureusement la déforestation y est substantielle. Les programmes pour protéger les forêts peuvent réduire notre
contribution aux émissions en CO2. Nous devons être autorisé à compter nos efforts en reforestation (en plantant des arbres dans des
zones précédemment déforestées) en regard de nos objectifs d'émissions sur lesquels nous nous accordons dans les traités.
Sur le verso de cette page, vous trouverez des données qui vous seront utiles dans vos négociations. Bonne chance !
Préparé par John Sterman (MIT Sloan School), [email protected], revu par Juliette Rooney-Varga (Umass Lowell CCI), [email protected] , déc. 2014.
www.climateinteractive. org/worldclimate
Révision et traduction : Laurent Richard (Albedo), lrichard@ albedoclimat.org / www.albedoclimat.org
Le graphique ci-dessous montre les émissions de CO2, par personne, issues de l'utilisation énergétique
(principalement les énergies fossiles) dans le Monde et dans certains pays et régions. Les pourcentages précisés indiquent
l'évolution des émissions pour la période 1980-2013. Les émissions en CO2 par personne, dans l'Union européenne et
particulièrement aux Etats-Unis sont bien supérieures à la moyenne mondiale et aux émissions des pays en
développement. Par exemple, les émissions par personne aux Etats-Unis sont plus de 2 fois plus élevées qu'en Chine, 9
fois plus qu'en Inde et 16 fois fois plus qu'en Afrique. Cet écart est encore plus important pour les pays les plus pauvres.
Par exemple, les émissions par personne aux Etats-Unis sont plus de 275 fois plus élevées que celles du Mali. Les pays
développés génèrent plus de la moitié des émissions mondiales de CO2 liées aux énergies fossiles. Avec moins de 5% de
la population mondiale, les Etats-Unis, à eux seuls, génèrent 15% des émissions.
Emissions de CO2 par personne issues des énergies fossiles (en tonnes)
Source : Global Carbon Project
Le graphique ci-dessous montre les émissions cumulées de CO2, issues des énergies fossiles, de 1900 à 2010. La
grande majorité de tout le CO2 relâché dans l'atmosphère, pendant cette période, provient des nations développés de la
planète (environ 75%). Par conséquent, ces pays sont les premiers responsables du réchauffement observé jusqu'à
aujourd'hui. Selon le scénario « Business As Usual » (GIEC RCP8.5), la part des émissions cumulées de nos pays va
augmenter jusqu'à la fin de ce siècle. Cependant, les émissions cumulées des pays développés représenteront toujours
plus de la moitié du total en 2050, et à peu près 43% en 2100. Comme la durée de vie du CO2 dans l'atmosphère est
d'environ 100 ans, la plus grande partie du réchauffement, de l'élévation du niveau de la mer, ainsi que des autres
conséquences du changement climatique auxquelles nous aurons à faire face lors de ce siècle, seront dues aux émissions
des pays riches.
Emissions cumulées de CO2 liées à l'utilisation des énergies fossiles (GtCO2)
Source : IEA
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