28 juin 1914 - 11 novembre 1918 Guerre 14-18. Quatre ans de conflit en vingt dates © Rue des Archives/Rda Portrait d'un poilu français de 1914-1918 vêtu de son uniforme bleu horizon 28 juin 1914 L'attentat de Sarajevo L'archiduc François-Ferdinand, prince héritier de l'empire austro-hongrois, est assassiné à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine) par un jeune nationaliste serbe. Les systèmes d'alliances vont, dès lors, plonger l'Europe dans le chaos. L'Autriche-Hongrie, principal allié de l'Allemagne, déclare le 28 juillet la guerre à la Serbie, qui fait appel à la Russie, laquelle est liée par la Triple-Entente à la France et la Grande-Bretagne. © La Croix/BNF 31 juillet 1914 L'assassinat de Jean Jaurès Député socialiste, directeur fondateur du quotidien L'Humanité et porte-parole d'un courant pacifiste opposé à la guerre, Jean Jaurès est tué par balle, dans un café à Paris, par le militant nationaliste Raoul Villain. Après sa mort, sous l'impulsion du président Raymond Poincaré, l'idée de « l'Union sacrée » face à l'ennemi prévaut à gauche. Ce concept se traduit par une trêve entre les partis politiques de tous bords et par une réconciliation entre la République et l'Église, qui envoie les prêtres au front comme aumôniers et brancardiers. © La Croix/BNF 3 août 1914 L'Allemagne déclare la guerre à la France Cette déclaration intervient deux jours après que l'Allemagne a déclaré la guerre à la Russie. La France a commencé à mobiliser la veille en diffusant un « ordre de mobilisation générale ». Les Français sont frappés de stupeur car, s'ils parlaient de la guerre, ils n'y croyaient pas vraiment. La Grande-Bretagne entre en guerre le 4 août: alliée de la France et de la Russie, elle s'alarme de l'invasion de la Belgique par l'armée allemande. 24 août 1914 La retraite de Belgique L'Allemagne frappe d'abord la France, via la Belgique, afin d'envelopper Paris par l'ouest, puis d'encercler les troupes françaises massées à l'est. Le général Joseph Joffre, chef d'étatmajor français, lance l'attaque en Lorraine et dans les Ardennes pour couper en deux l'armée ennemie. Peine perdue: la puissance de feu allemande fait un carnage dans une région aux difficultés de terrain nombreuses. Puis, la Ve armée du général Charles Lanrezac est envoyée vers le nord, mais se replie à partir de Charleroi. Les Allemands occupent entièrement les Ardennes et partiellement le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie. Ces journées d'août sont les plus meurtrières de toute la guerre pour l'armée française. 2 septembre 1914 Le gouvernement à Bordeaux Cela s'impose, car les Allemands sont arrivés à Senlis (Oise), à un peu moins de 50 kilomètres de Paris. Le 30 août, des avions allemands ont survolé la capitale, lâchant quelques bombes. 6 septembre 1914 - 11 septembre 1914 La première bataille de la Marne Une contre-offensive française et britannique permet d'arrêter la progression des Allemands, qui se replient jusqu'à l'Aisne. Les Alliés ont exploité une brèche dans le dispositif allemand rendant possible une attaque depuis la capitale. Le général Joseph Gallieni, rappelé du service de la réserve pour être gouverneur de la capitale, est parvenu à convaincre le général Joffre d'attaquer et a fait réquisitionner 630 taxis parisiens pour aider à convoyer des renforts sur place. Jusqu'alors sur la sellette à cause d'initiatives malheureuses, Joffre sort grandi de la victoire. © Topfoto/Roger-Viollet Septembre 1914, taxis et autocars sont mobilisés lors de la première bataille de la Marne 17 septembre 1914 - 17 novembre 1914 La course à la mer Les commandements allemands comme français cherchent à déborder l'adversaire dans une course à la mer. Le front s'étire ainsi de la frontière suisse à la mer du Nord et se fige. Chaque armée creuse des tranchées pour se protéger. La phase se termine le 17 novembre avec l'échec allemand dans la bataille d'Ypres (Belgique). La guerre de positions succède à la guerre de mouvement. Le gouvernement français revient à Paris, le 10 décembre. © Gsl/Wikimedia commons 19 février 1915 Le « feu vert »pour l'opération des Dardanelles Les navires français et britanniques tentent en vain de forcer le passage des détroits. L'objectif est de trouver une issue à l'impasse de la confrontation à l'ouest. L'Empire turc, qui est entré en guerre le 1er novembre 1914 aux côtés de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie, oppose une résistance farouche. Les Occidentaux rembarqueront de la péninsule de Gallipoli le 9 janvier 1916 et seront dirigées vers Salonique, créant un front d'Orient. © United Kingdom Government/Wikimedia commons Plage de Cap Helles, Gallipoli, le 06 mai 1915 22 avril 1915 La guerre des gaz toxiques commence Pour la première fois, les gaz asphyxiants sont utilisés par les Allemands à Langemark, près d'Ypres, contre des soldats français et canadiens. On les appelle « gaz moutarde ». © MEPL/Rue des Archives 1915. Des soldats allemands portent une protection contre les gaz. 26 avril 1915 L'Italie change de camp L'Italie signe le pacte de Londres et rejoint ainsi la Triple-Entente (France, Grande-Bretagne, Russie). Faisant partie au tout début de la guerre de la Triple-Alliance avec l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, elle avait, dans un premier temps, opté pour la neutralité. Le 23 mai 1915, l’Italie entre en guerre aux côté de la Triple-Entente. © Historicair/Wikimedia Commons 7 mai 1915 Le « Lusitania » est coulé Il a été torpillé près de l'Angleterre par un sous-marin allemand (1 198 morts, dont 120 citoyens des États-Unis). © German Federal Archive/Wikimedia Commons 21 février 1916 - 18 décembre 1916 La bataille de Verdun Sur à peine une vingtaine de kilomètres carrés, l'« enfer de Verdun » tue 162 000 Français et 143 000 Allemands, et fait environ 200 000 blessés dans chaque camp. Un déluge de feu (plus de 60 millions d'obus tirés en dix mois) s'est d'abord abattu sur les 19 forts de la ville située au bord de la Meuse. L'offensive de l'armée de Guillaume II se voulait décisive. Le général Erich von Falkenhayn, chef d'état-major allemand, voulait « saigner l'armée française ». La bataille se transforma en une interminable guerre dans la guerre où, de part et d'autre, la prise d'une tranchée au prix de terribles corps-à-corps passait pour une victoire inespérée. 1er juillet 1916 - 18 novembre 1916 La bataille de la Somme La bataille de la Somme a été la plus meurtrière du premier conflit mondial. Totalisant 470 000 morts et 600 000 blessés dans les deux camps, elle a fait près de deux fois plus de morts et de blessés que celle de Verdun. L'armée britannique y a perdu 200 000 hommes. Des blindés sont utilisés pour la première fois en septembre par les Britanniques. Les combats durent jusqu'en novembre. 6 avril 1917 Les États-Unis rejoignent la Triple-Entente Le Congrès américain vote l'entrée en guerre à la demande du président Thomas Woodrow Wilson, qui répond ainsi à la guerre sous-marine antiaméricaine que l'Allemagne a lancée, début février, dans l'Atlantique. Les Allemands veulent s'en prendre aux navires marchands américains qui ravitaillent l'Europe occidentale. Début janvier 1918, Wilson rendra publics ses « 14 buts de guerre », dont la création d'une Société des nations. © The library of Congress/Wikimedia commons 16 avril 1917 La bataille du Chemin des Dames Le général Robert Nivelle lance l'offensive. L'échec quasi immédiat provoque dans l'armée française des mutineries, qui débutent dès le 17 avril. Sur 2 000 mutins, environ 30 sont fusillés. Ce n'est pas la première fois que des soldats sont fusillés pour l'exemple. Au total, durant la guerre, il y en aura 675. Le plus grand nombre de fusillés est enregistré en 1914 (67 pour le seul mois d'octobre). © Rue des Archives/Tallandier En 1917, des soldats français apportent la soupe pendant la bataille du Chemin des Dames 7 novembre 1917 La révolution en Russie Les bolcheviques prennent le pouvoir à Moscou où, selon le calendrier russe, c'est le mois d'octobre (d'où l'appellation « révolution d'Octobre »). Ils n'ont pas besoin de haranguer les soldats russes, qui mettent aussitôt l'arme au pied. Et ils négocient dans la foulée un armistice avec l'Allemagne. 16 novembre 1917 Le retour de Georges Clemenceau À la tête de l'armée, le commandement général a changé en mai, Philippe Pétain ayant pris le relais de Georges Nivelle et s'imposant par une plus grande attention portée au quotidien des soldats. Sur le plan politique, la gauche est de nouveau divisée entre pacifistes et non pacifistes depuis l'affaire de la mutinerie du Chemin des Dames. Le président de la République, Raymond Poincaré, décide alors de faire appel à Georges Clemenceau pour conduire la guerre avec énergie. Le « Tigre », comme on le surnomme, a déjà été président du Conseil de 1906 à 1909: il va se rendre régulièrement sur le front pour galvaniser les troupes. © U.S. Signal Corps/Wikimedia commons 15 juillet 1918 - 20 juillet 1918 La seconde bataille de la Marne Au printemps, jouant leur va-tout grâce aux renforts venus de l'Est, les Allemands ont bousculé le front des Alliés en Picardie et en Champagne mais ne sont pas parvenus à le rompre. Leur moral est bas lorsque les Alliés engagent la contre-offensive. C'est la seconde bataille de la Marne. Les troupes françaises, parmi lesquelles figurent des tirailleurs marocains et malgaches, attaquent avec le contingent américain. Les chars Renault sont utilisés massivement. Les Allemands finissent par reculer. Le général Ferdinand Foch est chef des forces alliées, le général John Pershing commande le contingent américain, et le général Erich Ludendorff se trouve à la tête des troupes allemandes. © History Department of the US Military Academy West Point / Wikimedia commons 15 septembre 1918 L'offensive sur le front d'Orient Commandée par le général français Louis Franchet d'Espèrey, l'Armée d'Orient attaque avec succès les forces germano-bulgares à partir de la Grèce. Un mois plus tard, sur le front italien, les Alliés font reculer l'Autriche-Hongrie. DR Franchet d'Espèrey décore le drapeau de la 5 armée grecque. 11 novembre 1918 La signature de l'armistice L'empereur allemand Guillaume II a abdiqué le 9 novembre et s'est réfugié aux Pays-Bas. Les généraux allemands signent l'armistice le 11 novembre, à 6 heures du matin, dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne (Oise). À 11 heures, les hostilités sont suspendues. La République est proclamée en Autriche le 12 novembre. Le traité de Versailles sera signé le 28 juin 1919. © La Croix/BNF La chanson de Craonne Quand au bout d'huit jours, le r'pos terminé, On va r'prendre les tranchées, Notre place est si utile Que sans nous on prend la pile. Mais c'est bien fini, on en a assez, Personn' ne veut plus marcher, Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot On dit adieu aux civ'lots. Même sans tambour, même sans trompette, On s'en va là haut en baissant la tête. Refrain Adieu la vie, adieu l'amour, Adieu toutes les femmes. C'est bien fini, c'est pour toujours, De cette guerre infâme. C'est à Craonne, sur le plateau, Qu'on doit laisser sa peau Car nous sommes tous condamnés C'est nous les sacrifiés ! C'est malheureux d'voir sur les grands boul'vards Tous ces gros qui font leur foire ; Si pour eux la vie est rose, Pour nous c'est pas la mêm' chose. Au lieu de s'cacher, tous ces embusqués, F'raient mieux d'monter aux tranchées Pour défendr' leurs biens, car nous n'avons rien, Nous autr's, les pauvr's purotins. Tous les camarades sont enterrés là, Pour défendr' les biens de ces messieurs-là. au Refrain Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance, Pourtant on a l'espérance Que ce soir viendra la r'lève Que nous attendons sans trêve. Soudain, dans la nuit et dans le silence, On voit quelqu'un qui s'avance, C'est un officier de chasseurs à pied, Qui vient pour nous remplacer. Doucement dans l'ombre, sous la pluie qui tombe Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes. Refrain Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront, Car c'est pour eux qu'on crève. Mais c'est fini, car les trouffions Vont tous se mettre en grève. Ce s'ra votre tour, messieurs les gros, De monter sur l'plateau, Car si vous voulez la guerre, Payez-la de votre peau !