Dans l’exposé qui suit, le Docteur Roland Schmoker, un éminent expert du TARMED, explique le concept et l’utilité des valeurs intrinsèques dans le TARMED. De ses explications ressort clairement que les valeurs intrinsèques qualitatives et quantitatives font partie intégrale du TARMED. Vouloir les abolir, comme on l’a fait avec le nouveau tarif ats–tms 1.0, n’est ni judicieux, ni conforme à une révision correct du TARMED et serait, point décisif, contraire aux intérêts des patients. Valeurs intrinsèques : un instrument de la qualité Bien que ce point soit régulièrement contesté, la relation directe entre valeur intrinsèque et assurance qualité est évidente. Le tarif devient dès lors un instrument de la qualité des processus. Les experts de toutes les sociétés de discipline médicale ont débattu jusque dans les moindres détails des valeurs intrinsèques, et les ont intégrées d’un commun accord dans le Tarmed. Un consensus négocié selon la même méthode par les disciplines chirurgicales s’apparente quant à lui à une assurance de qualité des processus unique et adoptée de manière volontaire. La valeur intrinsèque qualitative fixe la discipline qui est compétente pour telle prestation. La valeur intrinsèque quantitative stipule le nombre minimal d’années de formation postgraduée structurée pour le chirurgien. La formation postgraduée se réfère aux prestations spécifiques. Il ne s’agit pas là d’une simple expérience professionnelle. Seul un représentant d’une discipline spécialisée définie, ayant suivi une formation postgraduée définie pendant un nombre minimal d’années lui aussi défini, peut réaliser une intervention définie. Toute personne peut consulter cette qualité des processus dans la structure tarifaire Tarmed, et celle-ci n’intervient que pour les prestations à l’acte. Le point de vue profane selon lequel la valeur intrinsèque est superflue parce que chaque médecin est suffisamment responsable pour savoir ce qui relève de ses compétences, parce que la qualité est inscrite dans la loi, et parce que chaque patient peut faire valoir ses droits devant un tribunal et, par la suite, via l’assurance arif UNION tarifaire 20 mai 2016 / Nr. 8 – FR responsabilité civile ou l’assurance maladie, est naïf et extrêmement méprisant à l’égard des patients. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les organisations de patients ont posé des questions : Que se passe-t-il pour un patient qui a acquis des droits mais a été traité par un médecin ou un dentiste ayant séjourné 90 jours dans la commune sans avoir d’assurance responsabilité civile, et qui n’est de toute manière plus localisable ? Qui supportera en fin de compte les frais de procédure judiciaire, d’assurance responsabilité civile et d’assurance maladie ? Qui souffre de l’incertitude et de tous les désagréments ? Et, question centrale, qui d’autre, sinon le patient, supportera les nouvelles douleurs en cas de réopération ou les éventuelles séquelles ? On en arrive nécessairement à la conclusion que la valeur intrinsèque est liée à la prestation, et non au praticien. Le reproche lié aux « réflexions monétaires de la qualité » repose sur cette mauvaise interprétation selon laquelle la valeur intrinsèque dépendrait du praticien. Conférer la valeur intrinsèque ad personam au praticien, indépendamment du tarif, en d’autres termes sur la base de son expérience professionnelle, serait au mieux conforme à la Loi sur le contrat d’assurance (LCA). Un patient LCA peut le souhaiter dans le cadre de son libre choix du médecin. Du point de vue de la LAMal, cela va toutefois totalement à l’encontre des critères EAE (efficacité, adéquation, économicité) et ne plaît pas non plus, à juste titre, aux assureurs. Il n’existe dans la LAMal aucun droit à bonification du fait d’une expérience professionnelle bien supérieure à la valeur intrinsèque de la prestation. L’expérience professionnelle intervient au niveau de l’efficacité. Il est par conséquent admis par tous les chirurgiens que les interventions chirurgicales ne peuvent être tarifées qu’en tant que prestations à l’acte. Dans le cas contraire, l’inexpérience serait récompensée, et l’expérience, elle, sanctionnée. L’assurance de qualité par le biais des prestations à l’acte garantit également au médecin de premier recours la revalorisation qui lui a été promise. Avec les prestations à l’acte, le salarié qui dépend des prestations au temps redevient un entrepreneur rémunéré pour le travail de ses employés. Une amélioration durable qui ne soit pas automatiquement sacrifiée au nom de la neutralité des coûts ne peut passer que par des prestations à l’acte. Ou bien, en complément, par l’introduction de la LCA dans le secteur ambulatoire. L’assurance qualité au travers des prestations à l’acte a pour effet supplémentaire de mettre durablement un terme aux plaintes liées à la rentabilité. Les trustcen- arif UNION tarifaire 20 mai 2016 / Nr. 8 – FR ters rapportent une augmentation massive de ces plaintes. Le ton s’est sensiblement durci, la volonté d’un débat objectif semble s’être atténuée. Ce qui frappe tarifsuisse, c’est que 20% des prestations au temps se trouvent à l’extrémité supérieure de la courbe de Gauss, phénomène récurrent et automatique. Le modèle type consisterait en une opération dont la durée serait consignée, avec intervalles de 5 minutes. Les 20% d’interventions les plus longues seraient immédiatement remises en question. Le temps passé devrait être justifié. Chaque assurance maladie, et même chaque employé spécialisé pourrait prendre part à la discussion, en fonction du temps supposément mis par les praticiens censés être situés dans la moyenne. La demande de remboursement entrerait alors en jeu. Les demandes de remboursement ne devraient être traitées qu’en cas de compensation incomplète du temps passé, surtout pour un chirurgien expérimenté auquel on n’attribue que les interventions difficiles. Les prestations à l’acte avec définition de la valeur intrinsèque de manière qualitative et quantitative, ainsi que les paramètres consignés garantissent une plausibilisation statistique automatique de l’ensemble du système de santé. En outre, chaque décompte gagne en visibilité, impact et clarté pour le patient et l’assureur. Espérons donc que le corps médical s’opposera durablement, en coopération avec les organisations de patients, aux attaques contre l’assurance qualité reposant, quant au tarif, sur le concept de la valeur intrinsèque et les prestations à l’acte. Dr méd. et Dr méd. dent. Roland R. Schmoker, Berne Veuillez s.v.p diffuser le newsletter aussi largement que possible ! Informations utiles : Comment remplir le bulletin de vote ? Ne pas oublier la légitimation de vote ! Quels sont les membres de l’Union tarifaire ?