L’ALOÈS
Aloe indica Royle
Liliaceae
Professeur
Isabelle Fourasté
Faculté des Sciences Pharmaceutiques de Toulouse
Fondation d’Entreprise pour la Protection
et la Bonne Utilisation du Patrimoine Végétal
Connus de la plus haute antiquité, les Aloès, dont il existe plus de 150 espèces,
sont originaires dAfrique. Ce sont les espagnols qui auraient apporté les premiers
plants en Amérique, d’abord aux Antilles, puis sur les côtes du Venezuela.
Actuellement, le genre Aloe est répandu sur tous les continents de la planète.
Lorigine du mot est certainement orientale et reste incertaine. Elle peut provenir du
grec Alos (mer) pour indiquer que la plante pousse près de la mer ou encore de
l’arabe « alua » (amère), allusion à la saveur du suc.
LAloès est connu en tant que plante médicinale depuis des millénaires. Tous les écrits
traitant de l’art de soigner — de l’antique Mésopotamie (1750 avant notre ère) à la
Grèce des débuts de l’ère chrétienne, en passant par l’Égypte des pharaons — mentionnent
l’utilisation du gel d’Aloès pour traiter les infections de la peau, et celle du suc pour
ses propriétés laxatives.
Dans l’Évangile selon St Jean, il est relaté qu’une pâte de feuilles écrasées d’Aloès
aurait été étendue sur les blessures du corps du Christ tout de suite après la déposition
de la Croix pour favoriser la cicatrisation.
Dioscoride décrit la plante dans son célèbre traité sur les plantes médicinales
« De Materia Medica ». De même, on relate que les blessures des soldats d’Alexandre
le Grand étaient soignées avec du suc d’Aloès.
La médecine du Moyen Âge, celle de la Renaissance et jusqu’au début du 20esiècle
n’a retenu que l’usage laxatif des Aloe. Aussi, en 1935, lorsqu’un groupe de méde-
cins préconise le gel d’Aloès pour traiter des brûlures causées par les rayons X, on
assiste à un regain d’intérêt pour l’emploi par voie topique de cette plante. Dès lors,
l’utilisation dans les domaines pharmaceutique et cosmétique de l’Aloès n’a cessé de
croître.
Aloe indica fut décrit, en tant que nouvelle espèce, par J.-F. Royle en 1840, dans
« Illustrations of the botany and other branches of the natural history of the Himalayan
mountains and of the flora of Cashmere ».
- L’ALOÈS -
Aloe indica Royle (Liliaceae)
Difrente de l’espèce type par la couleur de ses fleurs rouges, cette espèce fut
cependant rattachée assez rapidement à Aloe barbadensis Mill., à fleurs jaunes.
Actuellement, il est admis que Aloe indica Royle est un synonyme de Aloe barbadensis
Mill. (= Aloe vera (L.) Burm.f.).
Plante vivace, à tronc court, cylindrique, elle porte un grand nombre de feuilles en
rosette, épaisses, charnues, étalées puis ascendantes, pointues, amplexicaules, portant
des épines sur la marge dentée. Une hampe florale cylindrique part du centre de la
rosette de feuilles et porte de petites écailles. L’inflorescence, en grappe dressée,
atteint environ 1 m de haut et comporte de nombreuses fleurs entourées de bractées.
Le périanthe charnu, d’un rouge vif, comporte 6 pièces d’environ 2,5 cm de long,
soudées en tube à la base. Il y a 6 étamines un peu plus longues que le périanthe,
entourant l’ovaire libre à 3 loges. Le fruit est une capsule loculicide, triloculaire, renfermant
dans chacun de ses carpelles de nombreuses graines albuminées, demi-circulaires,
anguleuses et aplaties.
Deux drogues végétales, inscrites à la Pharmacopée française (XeÉdition) sont issues
de la plante :
- le suc épaissi qui s’écoule spontanément des feuilles coupées qui, après concentration
fournit « l’aloe »,
- le mucilage, appelé « gel », qui est extrait de la partie centrale des feuilles.
Actuellement, différentes autres fractions obtenues à partir des feuilles dont des extraits
lipophiles, des extraits organiques… sont commercialisées pour les besoins de la
cosmétologie.
Composition du suc d’Aloès (Bruneton)
LAloe contient 15 à 40 % de dérivés hydroxyanthracéniques qui sont des C-glucosides
en C-10 de l’aloé-émodol-anthrone. Le plus connu de ces composés est l’aloïne.
Celle-ci, très largement majoritaire, est en fait un mélange d’aloïne A (10-R) et
d’aloïne B (10-S) interconvertibles via la forme anthranolique. Citons également
l’aloïnoside, dérivé rhamnosylé sur l’hydroxyméthyle en C-3 de l’aloïne.
Les hydroxy-aloïnes permettent de différencier les deux principales espèces fournissant
des produits commercialisés. La 5-hydroxy-aloïne A caractérise A. ferox, tandis que les
7-hydroxy-aloïnes A et B et leurs homologues 8-O-méthylés ne sont présents que chez
A. barbadensis.
Le suc contient également une fraction résineuse à partir de laquelle ont été isolés des
C-glucosides en C-8 de 2-atonyl-7-hydroxy-5-méthylchromones : l’aloésine et
l’aloérésine A. Ces chromones majoritaires peuvent être accompagnés de faibles
quantités de dérivés non C-glycosylées en C-8 (isoaloérésine D, dérivés de l’aloésol,
de l’aloediol, de la noreugénine, isorabaichromone, etc.).
On note aussi l’existence d’une tétraline, la féroxidine, libre ou glycosylée.
- COMPOSITION CHIMIQUE -
Composition du gel d’Aloès (Bruneton)
Très riche en eau, il est surtout constitué de polysaccharides : pectines, hemicelluloses
et surtout l’acémmanane, mélange de polymères de longueur de chaînes variable
composés de mannose acétylé, lié en ‚ β14 (MANNA, 1993).
De plus, cette fraction polysaccharidique, mucilageuse, emprisonne de nombreuses
substances comme des stérols (β-sitostérol), des vitamines, des amino-acides ou des
enzymes…
Aloerésine B (aloésine): R = H
Aloerésine A: R = (E)-p-coumaroyl
Aloerésine F: R = (E)-cinnamoyl
R1 R2
Aloïne A et B HH
7-hydroxyaloïnes A et B OH H
5-hydroxyaloïne A H OH
Aloïnoside B
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